Fantasia 2000 : Rhapsody in Blue
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Troisième segment de Fantasia 2000, Rhapsody in Blue est le résultat d'un mariage artistique de deux génies, l'un de la musique et l'autre du dessin. Composée en 1924 par George Gershwin, Rhapsody in Blue est une œuvre atypique. Crée en moins de quinze jours en raison d'un oubli de l'auteur, le morceau fut immédiatement un triomphe. Pour la première fois le public avait l'occasion d'écouter du jazz dans une salle de concert, ce qui était à l'époque quelque chose d'exceptionnel. Le morceau comportait des parties lentes, d'autres rapides, des parties drôles, des reprises, etc. Des éléments parfaits pour être retranscrit en animation.
Le projet fit son apparition aux studios Disney en 1995, lorsque que Eric Goldberg (animateur du Génie dans Aladdin et réalisateur de Pocahontas, une Légende Indienne), arrivé chez Disney quelques années auparavant, présenta le projet aux dirigeants du studio. Son idée était d'allier le style graphique de l'illustrateur Al Hirschfeld avec le morceau de Gershwin, le tout dans la ville de New York des années 20. Le projet n'emballa guère les pontes du studios et fut mis de côté... Il fallut attendre 1998 pour que la production du court métrage prenne enfin son envol et ce pour une raison peu glorieuse. En effet à cette période la production de Kuzco, l'Empereur Mégalo (alors encore nommé Kingdom of the Sun) avait pris du retard, ce qui eut pour fâcheuse conséquence de mettre les animateurs du studio au chômage technique. Pour éviter cela, la direction remit en marche le projet Rhapsody in Blue afin d'occuper les animateurs durant leurs six mois de trou! C'est aussi à ce moment qu'il fut décidé d'intégrer le court métrage à Fantasia 2000 alors qu'il n'en était nullement question à l'origine.
Eric Goldberg (réalisateur) George Gershwin (compositeur) Donald Ernst (producteur)
En plus d'en être la principale inspiration, l'illustrateur américain Al Hirschfeld était aussi le consultant artistique sur la séquence. Le style graphique de Rhapsody in Blue est ainsi la parfaite retranscription animée du style d'Hirschfeld. L'équipe du film a eu la permission de l'artiste d'utiliser tout son travail déjà existant afin de s'en inspirer. Eric Goldberg, qui tenait le rôle de réalisateur sur Rhapsody in Blue a toujours été un grand admirateur d'Al Hirschfeld. Il trouvait que le style de l'artiste se prêtait vraiment bien à l'animation. La plupart des personnages crées par Al Hirschfiled qui inspirèrent la galerie de personnages du film ont été utilisé tels qu'il les avait dessiné à l'origine, tant son trait était fin et fluide. Il pouvait ainsi exprimer tout un panel d'émotions avec une simple ligne. La ligne a d'ailleurs une grande importance dans le travail d'Hirschfeld, et donc dans Rhapsody in Blue. Voici ce que disait l'artiste à ce propos : "La ligne domine. Elle exprime l'intention émotionnelle de l'artiste. Quand on trace une ligne, elle communique. Quand on déplace cette ligne, ça prend une autre dimension. Elle ne communique plus."
En animation la ligne sert surtout à délimiter les différentes zones de couleurs, sur Rhapsody in Blue elle avait en plus un rôle important dans la retranscription du caractère des personnages.
Susan McKinsey Goldberg (art director) Al Hirschfeld (consultant artistique) Les décors ont été colorisés à l'ordinateur
La palette de couleurs de Rhapsody in Blue est logiquement basée sur la couleur bleue. Ce bleue fut ensuite détourné pour avoir des violets, des mauves, des verts, qui contiennent toujours beaucoup de bleu. L'équipe voulait conserver une palette très limitée, mais qui exprime un éventail de luminosités. De temps en temps, ils utilisaient une couleur chaude, pour faire remarquer un détail, comme la sacoche de Duke (l'ouvrier fan de jazz), ou la balle rouge de Rachel (la petite fille). Ca attire l'oeil car tout le reste est bleu. Cela permet au spectateur de remarquer certaines choses qui vont s'avérer intéressante dans l'histoire.
Avec Rhapsody in Blue, les artistes des studios Disney expérimentèrent une nouvelle technique aujourd'hui devenue courante. La totalité des décors de la séquence ont été peint numériquement. Ainsi les artistes n'était pas obligé de peindre les décors briques par brique, cela simplifia beaucoup la production. Le rendu finale est très plat, mais c'était l'effet voulu. Hirschfeld lui-même peignait des fonds unis en arrière-plan de ses dessins.
Rhapsody in Blue est une des séquences les plus réussies de Fantasia 2000, et la première introduction de musique dite "populaire" dans un Fantasia. Al Hirschfeld fut enchanté du résultat final, et George Gershwin aurait certainement été du même avis!
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Dessins d'Al Hirschfeld :
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Color keys :
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Conception des personnages :