Critique Monstres Academy
Mercredi 26 juin 2013 avait lieu l'avant-première française de Monstres Academy. C'est dans le cadre somptueux de la Sorbonne que j'ai eu le plaisir de découvrir le dernié né des studios Pixar, en présence des voix françaises : Jamel Debbouze, Catherine Deneuve, Malik Bentalha, Éric Métayer et Xavier Fagnon, ainsi que de nombreuses célébrités. Cadre somptueux certes mais pas idéal pour la découverte d'un film : bancs en bois extrêmement inconfortables et son très mauvais. Mais qu'importe, ce fut tout de même un plaisir de découvrir Monstres Academy dans un cadre aussi prestigieux. Surtout que le film ne déçoit pas... Ou presque.
Réaliser une suite à un film devenu classique n'est pas simple. Les studios Pixar nous ont prouvé que dans ce domaine ils étaient capable du meilleur (Toy Story 2 et Toy Story 3) comme du pire (Cars 2). Mais Monstres Academy n'est pas une suite à proprement parlé mais une préquelle, car l'action se déroule avant le film original. On y retrouve donc Bob et Sulli quelques années auparavant, lors de leurs études à l'académie des monstres, section terreur (la section d'élite où tout monstre rêve d'entrer). C'est à peu près le seul lien qu'il y aura entre ce nouveau film et le premier opus. Personnellement je m'attendais à plus de clins d'oeil à Monstres & Cie, avec notamment la présence de plus de personnages déjà connus. Mais apparemment les scénaristes ont décidé de faire table rase et de ne garder du premier film que le strict minimum (Bob, Sulli et l'entreprise Monstres & Cie). On se retrouve alors devant tout un panel de nouveau personnages, certain très réussis (Art et Squishy), mais la plupart ne sont malheureusement pas à la hauteur des personnages originaux... Je pense notamment à la Doyenne Hardscrabble qui manque de consistance malgré un physique original. C'est également le cas des personnages des différentes fraternités qui ne brillent pas par leur originalité. Bien que Bob et Sulli soient présents dans Monstres Academy, ils n'ont plus du tout le même caractère que dans Monstres & Cie. Bob, qui était le moteur comique du film original, est devenu un étudiant plein d'espoir et d'ambition qui ne rêve que d'une chose : devenir une terreur d'élite. Il est par la même occasion devenu ennuyeux mais surtout beaucoup moins drôle. Quant à Sulli, qui était la grosse boule de poil au grand coeur, on le retrouve en fils à papa qui n'en glande pas une mais que tout le monde adore. Le duo fonctionne toujours mais est moins touchant.
L'histoire en elle-même est finalement assez classique. On se retrouve devant un "teen movie" à la sauce monstre avec une morale assez mièvre : crois en toi et tu pourra réaliser tout tes rêves. Mouais, difficile de faire moins original ! Cependant on ne s'ennuie pas une seconde, le rythme est soutenu, les personnages nombreux et l'action omniprésente. Je regrette juste de ne plus retrouver l'humour du premier film, les mini gag et le jeux de mots qui étaient la marque de fabrique des premiers longs métrages des studios Pixar. Même si l'humour est bien présent dans Monstres Academy, le film n'a pas le même charme que le premier opus. Toute la poésie a également disparu, sans aucun doute en raison du choix d'en faire un "teen movie". Tous les ingrédients de ce genre de film sont ainsi présents : l'université, les fraternités, les fêtes, les rivalités entre groupes (les sportifs, les losers, etc.). Tout sauf l'alcool et les filles bien évidemment (on reste chez Disney tout de même). Tout cela me fait regretter l'absence de Pete Docter à la réalisation, je suis persuadé que Monstres Academy aurait été meilleur avec le créateur du premier film aux commandes... Je me demande d'ailleurs pourquoi avoir choisi Dan Scanlon pour réaliser cette préquelle. Alors que le choix de Lee Unkrich pour réaliser Toy Story 3 était évident (il avait travaillé sur les deux premiers volets et avait co-réalisé plusieurs films), celui de Dan Scanlon, qui n'a même pas participé à la réalisation de Monstres & Cie, ne me semble vraiment pas justifié. Je ne suis pas contre donner leur chance à de nouveau réalisateurs, mais quand il s'agit d'une suite autant reprendre quelqu'un de l'équipe originale.
Techniquement, Monstres Academy est tout simplement magnifique. Autant on peut reprocher à Pixar de nous pondre des scénarios un peu moins aboutis ces dernières années, autant graphiquement ils restent numéro un. La gestion de la lumière a tout particulièrement fait un énorme bon en avant grâce à un nouveau processus d'éclairage nommé Global Illumination. En plus de prendre en compte les sources lumières directes, ce processus permet de mieux gérer toutes les lumières indirectes provenant de la réflexion de la lumière sur l'environnement. Cet éclairage plus abouti rend le monde des monstres plus crédible que jamais, et donc un peu moins cartoon que dans le film original. On aime ou on aime pas, personnellement je trouve que Pixar a trouvé le juste milieu entre monde imaginaire et rendu réaliste.
Douze ans après Monstres & Cie, la technologie a énormément évolué, on retrouve ainsi beaucoup plus d'environnements, de personnages et de rendus gourmand en mémoire. Par exemple, alors que Sulli était un des seuls personnages poilu du premier film (à cause du temps de calcul de la fourrure qui était interminable), ici on se retrouve avec des dizaines de personnages à poils plus ou moins longs, dont le délirant Art, un de mes coups de coeur du film avec ses grande jambes, ses petits bras et son passé mystérieux.
Malgré ses quelques défauts et son éloignement par rapport au film original, Monstres Academy reste un bon Pixar, bien au dessus de leurs deux dernières productions (Rebelle et Cars 2). Mais qu'on se le dise, le film ne surpasse en rien Monstres & Cie, il apporte simplement une profondeur supplémentaire au film original qui était déjà parfait. De là à dire que Monstres Academy ne sert à rien... À nous divertir, c'est déjà pas mal ?
Monstres Academy sortira au cinéma le 10 juillet en 3D dans les salles équipées.