08 décembre 2013
Expo Les Princesses de Disney
La galerie Arludik (ancêtre d'Art Ludique - Le Musée) située sur l'Île Saint-Louis dans le 4ème arrondissement de Paris, met à l'honneur du 3 décembre 2013 au 11 janvier 2014 nos chères princesses Disney dans une nouvelle exposition hommage aux talents d'hier et d'aujourd'hui des Walt Disney Animation Studios. Nous retrouvons ainsi de superbes dessins d'animation de Pochontas, une Légende Indienne réalisés par le grand Glen Keane , mais aussi de somptueux dessins d'animation de Maléfique certainement dessinés par Marc Davis. Je dis bien "certainement" car malheureusement aucun des auteurs n'est mentionné.
Toutes les oeuvres présentées sont en vente (comptez entre 420€ pour des dessins crayonnés et jusque 6000€ pour les plus beaux celluloïds). L'expo se nommant Les Princesses de Disney, on y retrouve évidemment des oeuvres de Blanche Neige et les Sept Nains, Cendrillon, La Belle au Bois Dormant, La Petite Sirène ainsi que Pochontas, une Légende Indienne. Mais pas de Raiponce... Cependant, on peut également y admirer des dessins et des celluloïds de Mickey Mouse (Mickey au Moyen-Âge - 1933), Bambi et La Belle et le Clochard. Dans l'ensemble ne vous attendez pas à être soufflé par la beauté des oeuvres exposées, il s'agit avant tout d'une vente pour les collectionneurs. Les celluloïds de Blanche Neige et les Sept Nains sont par exemple assez médiocres, ont mal vieillis mais coûtent tout de même plusieurs milliers d'euros ! Le pire restant tout de même les celluloïds de La Belle au Bois Dormant présentés sur des décors semblant être des captures DVD du film... J'ai largement préféré les dessins d'animation, bien plus jolis et dynamiques. Pour ceux qui n'auraient pas la chance de visiter cette petite exposition (qui vaut tout de même le coup d'oeil), vous trouverez ci-dessous quelques photos pour vous faire votre propre avis.
04 décembre 2013
La Reine des Neiges
53ème long métrage des Walt Disney Animation Studios, Frozen (La Reine des Neiges) est réalisé par Chris Buck et Jennifer Lee. Projet de longue date (vous pouvez en apprendre plus sur les anciennes versions ici), La Reine des Neiges doit finalement sa concrétisation au succès de Raiponce sorti en 2010. Le film ayant démontré l'attrait du public pour les contes de fée réalisés en 3-D, il fut décidé de remettre la production de La Reine des Neiges sur les rails. Et c'est Chris Buck, co-réalisateur de Tarzan qui fut choisi pour réaliser le film. Il sera rejoint en cours de production par Jennifer Lee, scénariste de Les Mondes de Ralph.
La Reine des Neiges est inspiré du conte du même nom d'Hans Christian Andersen et publié pour la première fois en 1844 dans le reccueil Nouveaux Contes. Hans Christian Andersen est né en 1805 à Odens au Danemark. Fils d'un artisan et d'une domestique, Hans vécut une enfance heureuse jusqu'à la mort de son père en 1816. Marqué par cette disparition soudaine, le jeune Hans finit par se faire renvoyer de l'école publique et passe le plus clair de son temps à confectionner des robes pour ses poupées et lire des oeuvres dramatiques et des pièces de théâtre, dont celles de Shakespeare qui le marquèrent profondément. Après quelques tentatives pour trouver un travail convenable, Hans est finalement inscrit à des cours d'éducation religieuse. Ses études terminées, il refuse de rentrer en apprentissage chez un tailleur, préférant se consacrer à sa passion première : le théâtre. Il part alors à Copenhague, où il tentera en vain de devenir acteur. Cependant il y fait la rencontre du directeur du Théâtre de Copenhague, qui le prend sous son aile et lui finance ses études. Baccalauréat en poche, Hans Christian Andersen se met à l'écriture et publie ses premiers poèmes dans le journal Kjoebenhavns flyvende Post en 1827 et 1828. C'est au cours de ses nombreux voyages dans toute l'Europe qu'Andersen puisa son inspiration pour l'écriture de ses contes qui le rendirent célèbre dans le monde entier. Éclectique, il écrivit également de nombreux poèmes, romans et pièces de théâtre. À sa mort en 1875 il était devenu le danois le plus célèbre et le plus respecté dans le monde.
La Reine des Neiges ne fut pas le seul conte d'Andersen qui inspira les studios Disney. Walt Disney en personne était d'ailleurs amateur de ses écrits. Dès 1931, il adapte le conte Le Vilain Petit Canard dans un Silly Symhonie en noir et blanc, puis en réalise son remake en couleurs en 1939. En 1943, les artistes du studio planchent sur un long métrage "package" en collaboration avec le studio Goldwyn, exploitant plusieurs contes d'Hans Christian Andersen et retraçant sa vie sous forme de séquences live. Parmi ces contes se trouvait La Petite Sirène, La Petite Fille aux Allumettes, Le Vilain Petit Canard et bien sur La Reine des Neiges. C'est surtout sur ce dernier conte que les équipes des studios Disney butèrent. En effet, ils eurent de grosse difficultés à adapter le conte. Le projet sera finalement abandonné. En 2000, une première version de La Reine des Neiges, est mis en chantier mais cette fois-ci dans le but d'en faire un nouveau long métrage d'animation. Prévu en animation traditionnelle, le projet fut finalement mis de côté après la fermeture du département 2-D en 2004. Enfin, en 2006 sort le court métrage La Petite Fille aux Allumettes. Initialement prévu pour être inclus à la troisième version de Fantasia (Fantasia 2006), il sortira finalement directement en vidéo en 2006 sur l'édition DVD de La Petite Sirène après l'abandon du projet.
Chris Buck a donc été choisi pour réaliser La Reine des Neiges. Né le 25 octobre 1960 à Witchata au Kansas, Chris Buck étudie l'animation durant deux ans à CalArts (où il enseignera également entre 1988 et 1993) aux côtés d'autres artistes talentueux tels que Brad Bird, Tim Burton ou bien encore John Lasseter. Il débute sa carrière d'animateur aux Walt Disney Animation Studios sur le moyen métrage Le Petit Âne de Bethléem puis sur Rox et Rouky et le court métrage Fun With Mr. Future. Il participe ensuite à la création de plusieurs productions du studio Hyperion Pictures, notamment sur la série animée Family Dog et le film The Brave Little Toaster. Il est également crédité au générique du court-métrage en stop-motion Frankenweenie réalisé par son collègue et ami Tim Burton. Chris Buck revient chez Disney à la fin des années 80 pour travailler sur l'animation d'Oliver & Compagnie, La Petite Sirène et Bernard et Bianca au Pays des Kangourous. Il se verra par la suite confié la direction de l'animation de trois personnages de Pocahontas, une Légende Indienne avant d'être nommé co-réalisateur de Tarzan aux côtés de Kevin Lima. On le retrouve ensuite au poste de responsable de l'animation du personnage de Maggie sur La Ferme se Rebelle qui sera son dernier projet chez Disney. En effet suite à la fermeture du département 2-D Chris Buck quitte les Walt Disney Animation Studios pour Sony Pictures Animation avec qui il co-réalisera Les Rois de la Glisse sorti en 2007. Il reviendra finalement chez Disney a qui il propose le projet de La Reine des Neiges.
Jennifer Lee a rejoint le projet en tant que co-réalisatrice. Il s'agit de la première femme de toute l'histoire des studios à atteindre ce poste. Elle doit cette nomination à son travail de grande qualité sur le scénario de Les Mondes de Ralph. C'est d'ailleurs aussi en tant que scénariste qu'elle avait rejoint les équipes de La Reine des Neiges avant de finalement être nommée co-réalisatrice. D'un naturel agréable et chaleureuse, tout en étant bouillonnante d'imagination, Jennife Lee était l'artiste idéale pour mener à bien ce projet aux côtés de Chris Buck.
Le projet d'adaptation de La Reine des Neiges revient sur la table des Walt Disney Animation Studios en 2008, lorsque Chris Buck propose aux dirigeants du studio une nouvelle version de l'histoire. Il devait s'agir du prochain film d'animation 2-D des studios après La Princesse et la Grenouille. Alors nommé Anna and the Snow Queen (Anna et la Reine des Neiges), le projet piétinne en raison de grosses difficultés dans l'écriture du scénario. De plus, suite au succès en demi teinte de La Princesse et la Grenouille, il est décidé d'abandonner l'animation traditionnelle pour en faire un film d'animation 3-D. Le film est alors renommé Frozen (dans la droite lignée de Rapunzel renommée en Tangled). En 2011, le scénario avance bien mais John Lasseter trouve que le personnage de la reine ne fonctionne pas. Il est alors décidé de faire d'Anna (inspiré de Gerda du conte originale) et Elsa des soeurs et non des ennemies. Cette décision marqua un tournant dans la production qui reparti de plus belle, enfin libérée des impasses du conte original !
Alors que le défi technique de Raiponce était de créer des humains plus crédibles et d'offrir à l'héroïne une chevelure réaliste, le défi principal de La Reine des Neiges a été de donner encore plus de subtilité aux expressions faciales mais aussi de développer l'animation dans des paysages enneigés. Pour la production du film une partie de l'équipe est parti en voyage d'étude en Norvège afin d'y étudier les paysages mais aussi l'architecture dont ils se sont fortement inspirés pour le film. Ils ont également visité un hôtel de glace au Canada afin d'étudier de plus près les effets de transparences de la matière que l'on retrouve énormément dans La Reine des Neiges. Pour Sven, la production a fait venir aux studios des rennes pour que les animateurs étudient au plus près leur anatomie et leur façon de se mouvoir. Enfin, l'équipe de production a testé la marche dans la neige en pleine montagne avec de grandes robes (les hommes également) afin d'étudier la façon dont les mouvements des personnages et de leurs vêtements fonctionnent dans ces conditions. Une majeure partie du film se passant dans les montagnes, il était important pour l'équipe de se rendre compte des difficultés auquel pourraient être confronté les personnages.
La gestion de la neige et de la glace a également été un des principaux défis techniques sur La Reine des Neiges. Présentes dans un grand nombre de plans du film et sous toutes ses formes, elle ont demandé un soin tout particulier, obligeant les artistes à collaborer étroitement avec les équipes techniques. Pour créer une neige réaliste, les techniciens ont créé un nouveau logiciel baptisé Matterhorn (du nom du plus haut sommet alpin de Suisse mais aussi inspiré de la célèbre attraction Matterhorn Bobsleds du Parc Disneyland de Californie). Concernant les pouvoirs magiques d'Elsa qui se manifestent sous forme de glace, ils n'ont pas été réalisé grâce à Matterhorn, mais à partir de tests en animation 2-D réalisés par l'animateur Dan Lund.
La direction artistique de La Reine des Neiges a été confiée à Micheal Giaimo, qui s'était déjà occupé de la direction artistique de Pocahontas, une Légende Indienne et La Ferme se Rebelle. On retrouve également au générique les talentueuses Brittney Lee, Claire Keane et Lorelay Bove, qui avaient déjà fait des merveilles sur les précédentes productions des studios. Bien que le film ne se passe pas dans un pays bien défini, il fut décidé que sa principale inspiration visuelle serait la Norvège. Les paysages à couper le souffle, les fjörds majestueux, l'architecture et les costumes traditionnels raffinés en ont fait le modèle parfait pour raconter l'hisoire d'Elsa et Anna. Qui dit conte de fée dit également château ! Celui-ci est ainsi inspiré de l'architecture norvégienne et a été placé non pas en hauteur comme c'est souvent le cas, mais en contrebas d'immenses montagnes, au bord d'un fjörd. Le but est ainsi de mettre en valeur les décors impressionnants du film, qui sont d'ailleurs bien plus présents à l'écran que n'est le château. Il fait également contraste avec le palais de glace d'Elsa qui se trouve lui en haut d'un montagne.
Les neuf chansons du film ont été écrites et composées par Robert Lopez et Kristen Anderson-Lopez. Il s'agit de leur seconde collaboration avec les Walt Disney Animation Studios, le couple ayant déjà écrit et composé six chansons pour Winnie l'Ourson sorti en 2011. Les deux artistes se sont notamment fait remarqués en composant des comédies musicales à succès The Book of Mormon et Avenue Q pour lesquelles ils furent récompensés de plusieurs Tony et Grammy Awards. En plus de leur travail sur les chansons de La Reine des Neiges, Robert et Kristen ont également joué un grand rôle dans la création de l’histoire, comme le fit le grand Howard Ashman à l'époque de La Petite Sirène et de La Belle et la Bête. Les deux compositeurs ont ainsi passé quotidiennement deux heures en vidéo conférence depuis New-York afin de donner leur avis et leurs conseils sur l'intrigue du film. Pas forcément pour discuter des chansons, mais plutôt pour évoquer les personnages, ce qu’ils sont, ce qu’ils veulent, ce qu’ils pensent. Chaque chanson renforce l’histoire, permettant au spectateur d’être entraîné dans ce monde, leur point de vu était donc très important.
La musique du film a quant à elle été confiée à Christophe Beck qui s'était déjà occupé de la musique du court métrage Paperman. On lui doit également la bande originale de Les Muppets, Le Retour et de sa suite, Muppets Most Wanted, ainsi que de la trllogie Very Bad Trip ou bien encore Burlesque. Pour la musique d'introduction de La Reine des Neiges, le compositeur s'est inspiré de chants norvégiens. On retrouve cette influence nordique sur bon nombre des vingt-deux titres composés par le compositeur pour le film.
La Reine des Neiges est sorti le 27 novembre 2013 aux États-Unis. Avec 93 millions de dollars de recettes engrengés au premier week-end d'exploitation, le film bat tous les records d'un film d'animation des Walt Disney Animation Studios ! Pour comparaison, en 2010, Raiponce avait rapporté 68,5 millions de dollars de recettes sur la même période (et l'on connaît le succès qu'eut le film par la suite). La presse fut également enchantée par cette nouvelle production, certains trouvant même qu'il s'agit du meilleur film Disney depuis Le Roi Lion ! Grâce à un travail de longue haleine (en grande partie du au retour de John Lasseter aux studios), les Walt Disney Animation Studios sont passé de chenille à papillon en seulement quelques années, faisant par la même occasion oublier leur traversé du désert des années 2000. Un nouvel âge d'or de l'animation Disney s'offre désormais à nous, pour le plus grand bonheur des fans et du public !
Recherche de Jim Finn :
Recherches de David Womersley :
Recherches de Brittney Lee :
Recherches de Jean-Christophe Poulain :
Recherches de Lisa Keene :
Artistes inconnus :
Recherches de Bill Schwab :
Recherche de Victoria Ying :
Recherches de Julia Kalantarova :
Recherche de Bill Perkins :
Peintures du palais et recherches de Cory Loftis :
Recherches de Minkyu Lee :
Recherches de Jin Kim :
Recherches de Hyun Min Lee :
20 novembre 2013
Monstres Academy
14ème long métrage des Pixar Animation Studios, Monsters University (Monstres Academy) est la première réalisation de Dan Scanlon. Après le misérable Cars 2 et le médiocre Rebelle, Monstres Academy était attendu au tournant par tous les fans d'animation. Le défi était double : ne pas décevoir les fans de Monstres & Cie, anxieux à l'idée de voir leurs personnages préférés sous exploités mais aussi ne pas gâcher la superbe fin du premier film. Il fut donc décidé de réaliser non pas une suite, mais un préquel au film original, une première pour les studios Pixar. Bob et Sulli seraient donc de retour, mais à l'université des monstres !
C'est en 2005 que l'idée de réaliser une suite à Monstres & Cie commence à émerger. A cette époque, les relations entre les Pixar Animation Studios et Disney est au plus bas. Steve Jobs, alors propriétaire de Pixar et Micheal Eisner, PDG de la Walt Disney Company sont en effet en désaccord depuis 2001 sur le contrat qui les lie depuis la sortie de Toy Story. Ce contrat stipulait que Pixar s'engageait à réaliser cinq films en collaboration avec les studios Disney qui s'occuperaient eux de leur financement partiel et de leur distribution, tout en acquérant les droits sur les personnages (notamment pour le merchandising et l'exploitation des licences dans les parcs). Mais les deux géants n'étaient pas d'accord sur les films en question, Pixar voulant y intégrer les suites (Toy Story 2) et Disney s'y refusant. En 2004, les deux studios tentent de s'entendre sur un nouveau contrat. Depuis 1995, les Pixar Animation Studios ont grandement évolué jusqu'à devenir un des studios d'animation les plus populaires au monde, dépassant par la même occasion les Walt Disney Animation Studios, alors en pleine crise existentielle. Pixar décide alors de redistribuer les cartes et propose à Disney un nouveau contrat leur permettant de financer leurs films à 100% tout en restant propriétaire des droits, laissant simplement à Disney le rôle de distributeur. Ces derniers refusent en bloc la proposition de Pixar qui décide alors à se mettre à la recherche d'un nouveau distributeur. De son côté, Disney décide de ne pas se laisser abattre et crée un tout nouveau studio d'animation baptisé Disney Circle 7 Animation qui sera en charge de réaliser des suites aux productions Pixar dont ils sont propriétaires. Son ainsi mis en chantier Toy Story 3, Le Monde de Nemo 2 et Monstres & Cie 2. Monsters, Inc. 2 : Lost in Scaradise voyait Bob et Sulli partir rendre visite à Bouh dans le monde des humains. Cette dernière ayant malheureusement déménagé, les deux monstres se mettaient alors à sa recherche, ne voulant pas repartir tant qu'ils ne l'auraient pas retrouvé.
Ce film au pitch de base plus que discutable ne verra fort heureusement jamais le jour, et ce grâce au départ de Michael Eisner. En 2005, Bob Iger, ex bras droit d'Eisner, est nommé nouveau PDG de la Walt Disney Company. Conscient du trésor financier que représentait les Pixar Animation Studios, une de ses premières décisions fut de se réconcilier avec Pixar et de négocier le rachat pur et simple du studio ! Le deal est passé en 2006 pour la coquette somme de 7,4 milliards de dollars. Par la même occasion, Bob Iger place John Lasseter à la direction artistique des Walt Disney Animation Studios et Ed Catmull au poste de directeur. Le studio Disney Circle 7 Animation est bien entendu fermé, et ses projets annulés. Pixar reprend alors directement les rennes sur Toy Story 3 et met au placard le projet de suite à Monstres & Cie, tout du moins temporairement...
En 2008, les premières rumeurs autour d'une suite à Monstres & Cie commencent à apparaître sur la toile. Beaucoup pensent alors qu'il s'agira du prochain projet de Pete Docter après la sortie de Là-Haut, prévu pour 2009. Le film est finalement officialisé en 2010 mais avec Dan Scanlon aux commandes, Pete Docter étant parti réaliser Inside Out. Né le 21 juin 1976, Dan Scanlon a grandi dans la petite ville de Clawson dans l'état du Michigan. Il se passionne très tôt pour l'art de l'animation, notamment pour les cartoons Warner Bros, les films d'animation Disney et... Les premiers courts métrages Pixar ! Il étudie l'illustration au Colombus College of Art and Design dont il ressort diplômé en 1998. Dan débute alors sa carrière comme animateur et storyboarder chez Character Builders, un studio d’animation 2D situé à Columbus produisant des longs métrages et des films publicitaires. Il travaillera notamment sur le court métrage The Indescridable Nth avant de partir en Californie chez Dreamworks Animation SKG pour travailler sur le film Joseph, le Roi des Rêves sorti directement en vidéo en 2000. On le retrouve ensuite en tant que storyboarder aux DisneyToon Studios où il travaillera sur l'histoire de La Petite Sirène 2 : Retour à l'Océan et 101 Dalmatiens 2 : Sur la Trace des Héros. En septembre 2001, Dan Scanlon quitte les DisneyToon Studios pour venir grossir les rangs des Pixar Animation Studios. On le retrouve en tant que storyboarder sur Cars - Quatre Roues et Toy Story 3. Entre temps il sera également co-réalisateur du court métrage Martin et la Lumière Fantôme, aux côtés de John Lasseter. Ce dernier lui confiera par la suite les rennes de Monstres Academy. Parallèlement à son travail chez Pixar, Dan Scanlon a écrit et réalisé le film en prises de vues réelles Tracy, sorti en 2009.
Monstres Academy est produit par Kori Rae. Arrivée en 1993 au sein des Pixar Animation Studios, Koie Rae est une vétéran qui a aidé à façonner le studio pour en faire ce qu'il est aujourd'hui. Grâce à sa formation en éducation et en management, c'est en tant que productrice qu'elle rejoint le studio à la lampe de bureau. Sa première tâche consistera à produire plusieurs publicités animées, première source de revenu des studios Pixar avant la sortie de Toy Story. On la retrouve ensuite en tant qu'animation manager sur 1001 Pattes (a bug's life) et Toy Story 2 avant de passer productrice associée sur Monstres & Cie et Les Indestructibles. Après avoir été productrice de la pré-production de Là-Haut, Korie Rae fait ses armes en tant que productrice sur la séries de courts métrages Cars Toon avant de passer aux choses sérieuses en produisant Monstres Academy, son tout premier long métrage à ce poste. Petite anecdote intéressante, Kori Rae est mariée depuis 2008 à Karla D. Anderson, la productrice de Cars - Quatre Roues, Toy Story 3 mais aussi Monstres & Cie. La production du second volet de la saga reste ainsi une affaire de famille !
Monstres Academy nous raconte donc la rencontre entre Sulli et Bob durant leurs études à l'université des monstres. On ne sait pas vraiment qui a eu l'idée de créer un préquel à Monstres & Cie et non une suite. Peut-être Pete Docter en personne qui a travaillé sur les prémices du projet, mais rien n'est moins sur. Toujours est-il que cette rencontre entre les deux monstres pose un problème de cohérence avec le premier film. En effet dans Monstres & Cie, Bob explique qu'il connaît Sulli depuis la maternelle et non l'université. Ce détail a posé de gros problèmes lors de l'élaboration du scénario. Il fut ainsi tout d'abord décidé de faire rencontrer Bob et Sulli à la maternelle avant de les faire se retrouver plusieurs années plus tard à l'université. Mais cela ne fonctionnait pas et les scénaristes se retrouvèrent dans une impasse. Pete Docter et John Lasseter conseillèrent alors à Dan Scanlon de passer outre car ils ne voulaient pas que ce petit détail nuise à la qualité du film. Il fut ainsi décidé que la phrase prononcée par Bob dans le premier film était une petite blague pour dire qu'il connaissait Sulli depuis longtemps. Et voilà comment se débarrasser d'un détail gênant tout en gardant une cohérence entre les deux films !
D'un point de vu visuel, Monstres Academy reprend le concept de personnalisation extrême qui avait déjà fait ses preuves dans d'autres productions du studio, notamment dans Cars - Quatre Roues et Cars 2. Dans ces deux films le monde des humains avait été recréé mais à l'image des voitures, on parlait alors de "carisation". Dans Monstres Academy, les monstres ont logiquement été le point central pour la création de l'université. Ainsi, on peut par exemple retrouver de gros globes oculaires et des serpents s'enroulant autour des colonnes du département de la peur. Le dôme du même bâtiment est également parsemé de pointes et de dents tandis que la forme des vitraux renvoient à ceux de certains monstres. Pour le reste, l'université des monstres s'inspire des plus grandes universités et écoles américaines que les artistes du film ont pris soin de visiter durant la production.
Nous retrouvons dans Monstres Academy nos deux monstres favoris et certains autres personnages du premier film, mais surtout des centaines de nouveaux monstres plus originaux les uns que les autres. Parmi ces nouveaux personnages c'est certainement la doyenne Dean Hardscrabble qui fut la plus difficile à concevoir. Dans Scanlon souhaitait que le personnage "terrifie avec élégance". Il pensa pour cela au mille-pattes qui se trouvait être un insecte à la fois répugnant et gracieux avec ses dizaines de pattes crochues bougeant en rythme. Un mille-pattes géant fut ainsi apporté aux studios pour que les artistes puissent observer de près les mouvements de l'insecte. Cela fut très utile aux animateurs afin de réaliser une animation réaliste des innombrables pattes de la doyenne.
Techniquement, Monstres Academy est le premier long métrage des Pixar Animation Studios exploitant une nouvelle version de leur célèbre logiciel Renderman qui utilise désormais la technique d'illumination globale. Contrairement à l'illumination locale utilisée dans les productions antérieures, l'illumination globale permet de réduire de manière conséquente les sources de lumières d'une scène et ainsi d'avoir un aperçu plus rapide du rendu final. Cette technique, en déterminant la lumière tombant sur une surface, tient compte non seulement de la lumière qui a pris un chemin partant directement d'une source lumineuse (illumination directe), mais également la lumière ayant subi la réflexion d'autres surfaces dans la scène à 3 dimensions (illumination indirecte). L'éclairage devient ainsi beaucoup plus réaliste. Si vous désirez avoir plus d'informations sur cette nouvelle technique, je vous invite à lire cet article publié sur le site officiel des studios.
La bande originale de Monstres Academy a été confiée à Randy Newman, qui s'était déjà occupé des musiques de Monstres & Cie. Il fut le compositeur phare des studios Pixar durant de longues années, jusque la sortie de Le Monde de Nemo en 2003 dont la musique fut confiée à Thomas Newman, le cousin de Randy, puis Les Indestructibles dont la bande originale fut composée par Micheal Giacchino. Randy Newman revient chez Pixar pour composer les musiques de Cars - Quatre Roues puis Toy Story 3. La bande originale de Monstres Academy est sa sixième collabration avec les studios à la lampe de bureau.
Monstres Academy est sorti le 21 juin 2013 au États-Unis et rapporta 268 millions de dollars au box office américain, faisant du film le cinquième plus gros succès des Pixar Animation Studios derrière Toy Story 3 (415M$), Le Monde de Nemo (339M$), Là-Haut (293M$) et Les Indestructibles (261M$). Au niveau mondial, Monstres Academy se hisse sur la troisième marche du podium avec 743 millions de dollars de recettes tout pays confondus. Pour autant les critiques restent assez partagées, soulignant pour la plupart un manque de prises de risques et de fantaise de la part des studios Pixar qui, en dehors d'avoir réalisé leur premier "film de campus" n'ont pas réussi à innover et à atteindre l'excellence du premier opus. Sur la pente descendante depuis la sortie de Cars 2, Pixar aurai-il perdu sa folie imaginative qui fit sa renommée par le passé ? Seule l'avenir nous le dira...
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14 novembre 2013
Exposition Pixar, 25 ans d'Animation
Débuté en 2005 au MoMA de New York, l'exposition Pixar, 25 ans d'Animation a depuis parcouru le monde (Angleterre, Japon, Écosse, Australie, Finlande, Corée, Mexique, Taiwan, Singapore, Chine, Italie, Allemagne et Pays Bas). Huit ans plus tard, nous pouvons enfin la découvrir en France du 16 novembre 2013 au 2 mars 2014 ! Évolutive, l'exposition s'est étoffée au fils des années, s'enrichissant de nouvelles recherches, storyboards et autre color scipts tirés des productions plus récentes. Plus de 500 œuvres sont ainsi présentées dans une dizaine de salles du tout nouveau musée Art Ludique, le premier musée au monde entièrement consacré à l'Art du divertissement !
Et quel plaisir (quelque peu chauvin) de voir ce genre de musée nouvelle génération s'ouvrir chez nous à Paris ! Qui plus est à deux pas de chez moi, mais ça vous vous en foutez... C'est donc au 34 quai d'Austerlitz dans le 13ème arrondissement de Paris que Jean-Jacques et Diane Launier ont décidé d'implanter leur tout nouvel espace entièrement dédié aux artistes du divertissement. Le couple n'en n'est pas à sa première initiative dans le domaine, c'est en effet à eux que l'on doit la création de la galerie Arludik sur l'Île Saint-Louis, une sorte de mise en bouche avant la création du musée. Je m'y étais d'ailleurs rendu à plusieurs reprises, notamment pour l'exposition consacrée à Glen Keane et celle sur Alice au Pays des Merveilles.
Installé aux Docks, qui abritent également la Cité de la Mode et du Design, le Musée Art Ludique est situé en bord de Seine dans un bâtiment à l'originalité et à la modernité surprenante qui divisa le public lors de la présentation du projet. Surnommé le « Beaubourg vert » par ses admirateurs (Nicolas Sarkozy, guère fan de ce genre d'architecture l'avait nommé le « truc vert » ) le bâtiment est composée d’acier et de verre sérigraphié, son enveloppe, appelée « plug-over » (de l’anglais « to plug », brancher) vient se greffer sur la structure en béton de l'ancien bâtiment qui abritait autrefois les magasins généraux de transit qui servaient à transférer les marchandises des péniches aux trains. A la nuit tombée, son éclairage fluorescent en fait un bâtiment très futuriste. Je ne sais pas pour vous mais pour ma part je le trouve tout simplement somptueux !
Venons en à l'exposition en elle-même : il y a de quoi voir ! Riche de ses 500 et quelques œuvres exposées, vous aurez le bonheur de découvrir les coulisses des productions Pixar de Les Aventures d'André et Wally B., le premier court métrage des studios à Le Parapluie Bleu, en passant par tous les longs métrages maison (hormis Monstres Academy). Son ainsi exposés au mur les plus beaux dessins de production, mais aussi de nombreuses sculptures de personnages et pas mal de vidéos. Ces vidéos (la plupart en version originale sous-titrés) s'attardent notamment sur la vie des artistes aux studios. Certaines sont déjà visibles en bonus sur les éditions Blu-ray des films, mais il y a également de l'inédit. Bien évidemment toutes les oeuvres exposées sont signées de leurs auteurs, histoire de ne pas faire oublier au pubic que de nombreux artistes ont participé à l'élaboration de tout ces films. Nous retrouvons ainsi des noms bien connus comme Lou Roumano, Teddy Newton, Carter Goodrich, Joe Ranft ou bien encore John Lasseter himself pour les premiers courts métrages. Si vous êtes de fidèles lecteurs du site vous reconnaîtrez certainement la plupart des dessins exposés, ces derniers étant déjà présents en nombre sur le site. J'ai tout de même eu la bonne surprise de découvrir quelques œuvres inédites jamais publiés. Mais le but premier de cette exposition est bien découvrir la richesse artistique des studios Pixar de vos propres yeux, d'admirer de près les fondations d'un studio devenu culte au fils des décennies. Par contre, avancées technologiques oblige, pratiquement tous les dessins réalisés à partir de Ratatouille sont entièrement numérique et nous avons donc juste droit à des reproductions imprimés grand format. Pas très glamour mais bon, il faut savoir vivre avec son temps...
Bien qu'extrêmement riche, l'exposition Pixar, 25 Ans d'animation n'a tout de même pas la même ambition que l'exposition Il Était une Fois Walt Disney, aux Sources de l'Art des Studios Disney qui eu lieu en 2006 au Grand Palais. Ici pas de comparaison avec les artistes et œuvres ayant influencé le studio. L'aménagement de l'exposition se veut également assez sobre et ma foi plutôt classique. Mais le cheminement est agréable, bien qu'il ne se fasse non pas de manière chronologique mais par thème : les personnages, l'histoire et l'univers.
En dehors de tous les dessins, sculptures et vidéos présentés, nous avons également droit à deux "attractions" qui méritent le coup d'oeil. Tout d'abord le fameux zootrope Toy Story fait de centaines de figurines fixés sur un socle tournant. Grâce à une lumière stroboscopique, les personnages prennent littéralement vie devant nos yeux pour un rendu assez impressionnant. Vous pouvez voir le zootrope dans des vidéos sur le net mais inutile de vous dire que le rendu en vrai est bien plus réussi. Autre animation de l'expo, la diffusion dans une salle à part d'une vidéo nommée Artscape. Longue d'une dizaine de minutes elle nous permet de parcourir les différentes productions du studio au travers des recherches graphiques animées par ordinateur accompagnées d'une ambiance sonore propre à chaque film. Extrêmement bien réalisé, cette ballade numérique à travers les films et le temps est un condensé de la richesse artistiques des studios Pixar, à ne surtout pas rater !
Comme vous vous en doutez je suis ressorti conquis de cette exposition d'une richesse incroyable, malgré le peu d'œuvres inédites présentées. Mais il faut dire qu'à par moi et une poignée de passionnés, le grand public ne connaît absolument pas le travail titanesque des artistes des studios Pixar, et c'est bien lui que cette exposition vise. Dommage cependant de ne pas avoir pris la peine de mettre plus de textes explicatifs, les moins éclairés d'entres eux risquent d'être légèrement perdu, ne sachant pas vraiment ce qu'ils regardent. Ils auraient pu par exemple expliquer plus en détails les différentes étapes de production.
Malgré cela l'exposition Pixar, 25 Ans d'Animation est un vrai régal pour tous les passionnés du studio à la lampe de bureau, tout comme pour les néophytes qui découvriront que réaliser un film d'animation est tout un art !
Voici quelques oeuvres que vous pourrez découvrir en chair et en os (enfin en papier) à l'exposition :
09 novembre 2013
Critique La Reine des Neiges
53ème long métrage des Walt Disney Animation Studios, Frozen (La Reine des Neiges) nous embarque dans une aventure glacée où nous faisons la connaissance de non pas une mais deux nouvelles princesses Disney : Elsa et Anna du royaume d'Arendelle ! Après l'immense succès de Raiponce en 2010, les studios Disney décident de remettre sur les rails La Reine des Neiges, un projet vieux de dix ans. Prévu à l'origine en 2-D, c'est finalement en 3-D que sera adapté le conte d'Hans Chistian Andersen. Découvrons tout de suite ce que vaut le rafaîchissant nouveau film d'animation des studios Disney !
Trois ans après Raiponce, les Walt Disney Animation Studios reviennent donc avec une nouvelle adaptation de conte de fée, respectant ainsi le cycle de sorties mis en place aux studios (alternance entre un conte et un film au scénario plus contemporain). Comme c'est souvent le cas, le scénario de La Reine des Neiges n'a plus grand chose à voir avec le conte original. Qu'importe, les Walt Disney Animation Studios sont passés maîtres dans l'art de moderniser les contes populaires, jusqu'à complètement occulter le récit original dans l'inconscient collectif des spectateurs. Ce fut le cas avec Raiponce, nul doute qu'il en sera de même pour La Reine des Neiges. Et les similitudes entre les deux films ne s'arrêtent pas là. Malgré les nombreux efforts de l'équipe en charge de la production, on ne peut s'empêcher de remarquer pas mal de points communs entre les deux longs métrages. Raiponce avait permis aux Walt Disney Animation Studios d'enfin trouver et imposer leur style graphique pour leurs productions 3-D, c'est donc sans surprise que l'on retrouve un design des personnages assez proche dans La Reine des Neiges. Il en est de même pour le rôle de chacun, Anna est ainsi assez proche de Raiponce même si le côté juvénile est un peu moins marqué. Mais elle est aussi maladroite et peu autoritaire malgré ses efforts avec Kristoff, l'ermite des montagnes. Ce dernier joue ici le rôle de Flinn, le côté brigand en moins. C'est lui qui est chargé de mener Anna dans les montagnes afin de retrouver sa soeur (Raiponce était, elle, partie retrouver son royaume avec Flinn à ses côtés, bon grès mal grès). Autre ressemblance, le comportement très canin de Sven, le renne de Kristoff, tout comme Maximus le cheval du capitaine de la garde dans Raiponce. Enfin, le royaume d'Arendelle est assez similaire à celui de Raiponce, avec les mêmes influences scandinaves au niveau architectural. Il reste tout de même une belle réussite visuelle.
Malgré ces similitudes, La Reine des Neiges a tout de même son identité propre. Le fait d'exploiter deux princesses est ainsi une première dans une production Disney. On aurait pu croire que cette volonté de proposer "gratuitement" deux princesses (au lieu d'une habituellement) aurait pour unique but d'agrandir plus rapidement le panel déjà bien fourni de princesses Disney mais il n'en est rien. Les deux personnages ont une réelle importance dans le récit, leur relation étant le point central de l'histoire. Les scénaristes s'amusent d'ailleurs beaucoup à jouer avec les codes des princesses, leur donnant ici un côté plus moderne et désacralisé, peut-être encore plus que dans Raiponce. Autre originalité de La Reine des Neiges, le fameux "méchant" au sens propre du terme est ici absent. Le déroulement de l'histoire et l'évolution des personnages est plus subtile que d'accoutumé, les scénaristes jouent ainsi avec les spectateurs qui ne peuvent véritablement discerner dès le départ qui est bon et qui ne l'est pas. Comme dans la vraie vie rien n'est vraiment tout blanc ou tout noir dans La Reine des Neiges, certains personnages apportant leur lot de surprises. Cette manière de fonctionner permet au scénario du film d'apporter de véritables surprises, s'éloignant de l'histoire Disney classique. Bien sûr beaucoup d'éléments fondateurs des contes de fées restent présents, comme la magie, l'aventure, l'amour, etc. Bravo donc à Jennifer Lee (scénariste et co-réalisatrice du film aux côtés de Chris Buck), d'avoir monté une histoire qui, tout en restant dans les rails des productions passées, arrive à innover et à nous surprendre !
Là où La Reine des Neiges est sans conteste un cran au dessus de Raiponce, c'est au niveau de ses chansons. On retrouve ici le style comédie musicale de Broadway qui avait fait le succès des longs métrages des années 90. Et pour cause, ce sont Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez qui ce sont occupé des chansons. On leur doit notamment la musique et les chansons de deux comédies musicales à succès : The Book of Mormon et Avenue Q. Ils se sont également occupé de composer les chansons du dernier film d'animation 2-D des Walt Disney Animation Studios, Winnie l'Ourson.
N'étant pas un grand fan de comédie musicale, j'ai trouvé qu'il y avait peut-être un peu trop de chansons dans La Reine des Neiges, certaines ressortant plus du lot que d'autres. Premier élément à relever, le film débute avec un superbe chant norvégien, qui n'est pas sans rappeler le fameux chant africain au début du Roi Lion. Et comme dans ce dernier, en plus d'être magnifique, il a comme qualité de nous transporter immédiatement dans l'univers du film. Do You Want to Build a Snowman? permet de montrer la relation entre Anna et Elsa et sa dégradation au fils du temps. For the First Time in Forever, la chanson d'Anna, est également une belle réussite. Mais c'est sans nul doute Let it Go, la chanson d'Elsa qui reste la plus mémorable du film. J'avais déjà été impressionné par sa force émotionnelle lors de la preview du film au mois de juillet dernier, même si la scène n'était pas encore finalisée. Quel plaisir de la découvrir dans sa version finale, nul doute qu'elle vous donnera des frissons ! Du côté des morceaux plus légers on retrouver In Summer, la chanson d'Olaf, qui est un véritable petit bijou de drôlerie, jouant sur le rêve du bonhomme de neige de voir à quoi ressemble l'été. Enfin Reindeer(s), la chanson de Kristoff est une chansonnette très légère mais qui fonctionne également à merveille, tout comme Fixer Upper, la chanson des trolls.
Visuellement, La Reine des Neiges est somptueux. Le directeur artistique Micheal Giaimo (connu pour son travail de directeur artistique sur Pocahontas, une Légende Indienne) et son équipe on fait des merveilles sur le traitement de la neige et de la glace. Ainsi, la neige n'est jamais blanche dans La Reine des Neiges. Elle passe du rose au bleu en passant par l'orange et le gris, en fonction de l'heure de la journée mais aussi de l'émotion de la scène. Cela donne une belle palette de couleurs au film qui aurait put se contenter de rester dans les teintes blanches et bleutées habituellement utilisées pour retranscrire un monde glacée (comme on peut le voir dans la saga L'Âge de Glace). Le rendu de la neige est également bluffant de réalisme. Pour ce faire, les équipes techniques ont créé un nouveau logiciel qu'ils ont nommé Matterhorn. Cet outil permet à la neige d'avoir un rendu bien plus crédible en toute circonstance, qu'elle soit poudreuse ou collante. La glace quant à elle est un véritable personnage du film. Parfois douce et belle, formant de magnifiques arabesques, elle peut se montrer extrêmement violente et tranchante au bout des doigts d'Elsa. Le plus bel exemple étant le somptueux château de glace construit par Elsa au sommet d'une montagne. Jouant sur la lumière et la transparence, il est une des plus belles réussites visuelles du film, dépassant largement le château du royaume d'Arendelle.
Du côté de l'animation des personnages, on reste assez proche de Raiponce ou Les Mondes de Ralph. Même si l'absence de Glen Keane à la supervision de l'animation (remplacé ici par Mark Henn) se fait tout de même ressentir, notamment au niveau des poses des différents personnages un peu moins bien réussies. On notera tout de même que l'animation des personnages marchant dans la neige est très bien réalisée, tout comme la glace se répandant sur le paysage.
Marchant dans les pas de Raiponce, La Reine des Neiges nous démontre que les Walt Disney Animation Studios ont bel et bien repris du poil de la bête ! Grâce à une palette de personnages charismatiques (même si certain ressemblent un peu trop à ceux de Raiponce), un humour bien présent et une émotion amplifiée par de superbes chansons, La Reine des Neiges est une réussite totale qui ravira sans hésiter les nostalgiques de l'âge d'or des années 90. Un retour aux sources à la sauce 3-D qui fait de La Reine des Neiges la recette parfaite d'un succès assuré !
La Reine des Neiges sortira le 4 décembre au cinéma en Disney Digital 3-D dans les salles équipées et en exclusivité au Grand Rex à partir du 19 novembre !
06 novembre 2013
Fraidy Cat
Fraidy Cat est un projet de film d'animation 3-D des Walt Disney Animation Studios de la première moitié des années 2000. Il devait s'agir du prochain film du duo John Musker / Ron Clements après La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers. Les deux compères commencèrent à travailler sur Fraidy Cat dès 2002, avec l'aide de plusieurs artistes du studio qui les aidèrent à trouver le style graphique du film. On notamment participé au projet Andreas Deja, Han Bacher et Harald Siepermann (dont vous pouvez voir les recherches ci-dessous).
Fraidy Cat se passait dans les années 60 et devait ressembler à un film d'Alfred Hitchcock à la sauce animée et animale. On y suivait Oscar, un chat accusé d'un crime qu'il n'avait pas commis. Accompagné de Corina un cacatoès, ils se mettaient à enquêter pour tenter de faire innocenter Oscar. Malgré l'enthousiasme des artistes qui travaillaient sur le projet, Fraidy Cat fut finalement annulé en 2005. La raison ? Le style du film était trop éloigné des standards du studio. Cette annulation eu pour conséquence le départ en retraite anticipée de John Musker et Ron Clements qui ne se sentaient plus à leur places aux Walt Disney Animaition Studios. Ils revinrent finalement en 2007 après l'arrivée de John Lasseter à la tête du studio. Certaines rumeurs disent qu'ils auraient proposé Fraidy Cat à John Lasseter avant de finalement développer La Princesse et la Grenouille.
On ne sait toujours pas si Fraidy Cat sera produit un jour ou si le projet a finalement été mis de côté pour de bon. En attendant John Musker et Ron Clements s'attèlent à Moana, un nouveau projet de film d'animation 3-D qui se passera dans l'archipel d'Hawaï il y a 2000 ans... Affaire à suivre !
Recherches d'Han Bacher :
Recherches d'Andreas Deja :
Recherches d'Harald Siepermann :
02 novembre 2013
Critique Volt, Star Malgré Lui
(Critique rédigée en février 2009) Ca y'est je l'ai vu, il était temps ! Il aura donc fallu que j'attende la sortie officielle pour découvrir le dernier Grand Classique Disney, ayant raté l'avant-première du mois de janvier. Dernier né des studios Disney, Volt, Star Malgré Lui est le troisième Grand Classique entièrement réalisé en images de synthèse. C'est également la première réalisation des studios sur laquelle John Lasseter (producteur exécutif) a eu un contrôle total, virant Chris Sander le premier réalisateur (remplacé par Chris Williams et Byron Howard) et modifiant en profondeur le scénario, d'où un changement de titre en cours de route, passant d'American Dog à Bolt. Après le flop monumental de Bienvenue chez Les Robinson en 2007, les studios Disney se devaient de renouer avec le succès, ou tout du moins avec la qualité, au risque de perdre définitevement un public déjà beaucoup moins enthousiaste depuis le début des années 2000...
Depuis le rachat des studios Pixar par Disney en 2006, le studio à la lampe de bureau n'a cessé de déteindre sur son grand frère. Normal me direz-vous, John Lasseter a désormais une place importante au sein de la compagnie, que ce soit en animation ou au sein de l'imagineering (branche s'occupant des différents parcs). Volt, Star Malgré Lui en est un parfait exemple. Techniquement tout d'abord, le bond technologique entre ce film et son prédecesseur est tout bonnement énorme ! Alors que les studios Disney étaient à la traîne dans ce domaine depuis 2005, avec Pixar sous le coude, ils se retrouvent dans le peloton de tête des meilleurs studios d'animation 3D ! Que ce soit les décors, les textures ou l'animation des personnages, tout est bien plus beau que dans Bienvenue chez Les Robinson. Les décors en particulier sont de toute beauté, grâce à une nouvelle technique donnant une impression de fonds peints à la main. Le résultat est tout bonnement sublime, surtout pour les décors végétaux. Les effets de fumée sont également bluffants de réalisme, tout comme les effets aquatiques. L'animation des différents personnages est quant à elle excellente, même si ce n'est pas encore du niveau d'un Pixar. Le design des personnages rappelle également celui de films Pixar tels que Les Indestructibles ou Ratatouille. Mais qui s'en plaindrait, c'est du très haut niveau, même si ça peut ne pas plaire à tout le monde.
Avec le changement de réalisateur et le remaniement du scénario, la trame principale de Volt, Star Malgré Lui avait fait peur à de nombreux fans, reprenant dans les grandes lignes l'histoire de 101 Dalmatiens 2 : Sur les Traces des Héros. Alors qu'en est-il après avoir vu le film? Eh bien pour ma part l'impression est resté, même si au final le film est bien plus éloigné de cette suite que l'on aurait put l'imaginer. Le gros problème vient en fait de ce thème (le personnage qui se prend pour un héros), vu et revu au cinéma. L'histoire est agréable à suivre dans son ensemble mais tout reste assez prévisible. L'autre thème du fim (le voyage initiatique) a encore été plus souvent exploité au cinéma que le précèdent, et déjà plusieurs fois par Disney qui plus est ! Mais c'est dans sa forme que le film séduit. La réalisation tout d'abord est d'une efficacité surprenante. Les deux jeunes réalisateurs ont effectué un merveilleux travail de mise en scène, en particulier lors des scènes d'action, un régal pour les mirettes ! Brad Bird (le réalisateur de Les Indestructibles et Ratatouille) a trouvé des adversaires à sa taille ! J'avais un peu peur qu'ils gâchent le projet de Chris Sanders (le papa de Lilo & Sttich parti depuis travailler sur Monstres vs Aliens chez Dreamworks Animation SKG), mais en fait pas du tout, ils ont réussi à donner leur propre version de l'histoire. Mon seul regret est de ne pas avoir put voir ce qu'aurait donné le film s'il avait été réalisé par Chris...
Les personnages principaux ont aussi leur part de responsabilité dans la réussite du film, et en premier lieu Volt, le héros. Cette boule de poil est vraiment trop mignonne ! Il est amusant de voir ce brave toutou être très sérieux pendant une grosse partie du film, je pense que c'est ce contraste entre son physique et son comportement qui le rend vraiment irrésistible. Par contre je n'ai pas aimé sa voix française (Richard Anconina) qui parlait vraiment trop du nez. Mitaine la chatte de goutière est également excellente. Prisonnière de Volt, elle apprendra beaucoup de choses sur elle-même. Interprétée en VF par Marie Vincent (la voix de Fran dans Une Nounou d'Enfer), le personnage est sublimé par ce doublage de grande qualité. Rhino le hamster est quant à lui intéressant mais peut-être un peu lourd à la longue, même si certain gags le mettant en scène sont hilarants. Penny, la maîtresse de Volt est une jeune ado pleine de vie mais n'a pas grand intérêt. C'est également le cas du vrai/faux méchant. Les autres personnages sont plutôt réussis mais rien de vraiment mémorable non plus. Les pigeons ne sont pas très drôles, les chats sont amusants et les différents protagonistes humains (l'agent, la mère de Penny, le réalisateur) sont plutôt fades.
La bande originale est elle, de grande qualité, John Powell le compositeur a fait du très bon boulot ! Les morceaux accompagnant les scènes d'action sont rythmés et efficaces, et ceux des scènes plus calmes moins présente mais tout aussi agréables. Seul ombre au tableau, l'horrible VF du morceau Barking at the Moon qui casse un peu l'ambiance du fim en plein milieu. Les paroles sont d'une nullité affligeante : "Un chien, un chat et un hamster, c'est le secret du bonheuuuuuuurrrr"... Rien à voir avec la version originale !
Fort d'une animation de qualité, de personnages charismatiques et d'un scénario efficace, Volt, Star Malgré Lui est sans aucun doute un des meilleurs Disney de ces dernières années. Mais cela ne fait pas de lui un chef-d'œuvre, loin de là. Le film pêche par un manque de rythme en milieu de récit et des thèmes déjà surexploités au cinéma. Malgré cela il reste un excellent divertissement qui n'a pas à rougir face à la concurrence. Le studios Disney peuvent être fiers de leur nouveau bébé qui leur permettent de revenir sur la bonne voie, vivement le prochain !
Volt, Star Malgré Lui est sorti le 4 février 2009 en Disney Digital 3-D dans les salles équipées :
28 octobre 2013
Le Parapluie Bleu
22ème court-métrage des Pixar Animation Studios, The Blue Umbrella (Le Parapluie Bleu) est réalisé pas Saschka Unseld. Né à Hambourg en Allemagne, Saschka Unseld a étudié l'animation à l'école de cinéma de Baden-Württenberg. Après avoir fait ses armes en coréalisant plusieurs courts métrages d'animation pour divers studios allemands, Saschka Unseld traverse l'Atlantique pour rejoindre les studios Pixar en 2008 en tant qu'artiste layout sur Toy Story 3, Cars 2 puis Rebelle avant de se voir offrir l'opportunité de réaliser son premier court-métrage qui marque également les premiers pas de Pixar dans le rendu photo-réaliste.
C'est en 2009 lors d'une ballade sous la pluie dans les rues de San Francisco que Saschka Unseld trouva le fil conducteur de son court-métrage. Il découvrit dans le caniveau un parapluie cassé qui avait été abandonné par un passant. Cette image plutôt triste marqua profondément le jeune réalisateur. Ce n'est que deux ans plus tard, alors qu'il cherchait une idée de court métrage à proposer à la direction des studios Pixar, qu'il s'est souvenu de ce pauvre parapluie délaissé. Il eut alors l'idée de le transformer en personnage animé, dans la pure tradition des studios qui avaient par le passé déjà donné vie à des lampes de bureau (Luxo Jr.), des monocycles (Red's Dream), des jouets (Tin Toy et Toy Story) ou bien encore des voitures (Cars - Quatre Roues). Pour présenter son idée aux vétérans du studio, Saschka alla filmer le visage d'inconnus dans la rue qu'il monta grossièrement sur des parapluies. John Lasseter, Lee Unkrich, Andrew Stanton et d'autres vétérans Pixar adorèrent l'idée. Il passèrent alors plusieurs semaines à conseiller le réalisateur afin de développer son idée. C'est ainsi que fut inventé l'histoire d'amour entre le parapluie bleu et le parapluie rouge, tombant amoureux en même temps que leur propriétaire respectif. Le parapluie bleu fut choisi comme personnage principal en raison de sa couleur, le court comportant quelques moments tragiques, la couleur rouge auait été bien moins adaptée.
Le Parapluie Bleu est la première production Pixar a adopter un style photo-réaliste. Cela n'a pas été chose facile pour les artistes du studio habitués à déformer le monde réel pour un créer un rendu très fantaisiste. Ils se sont appliqués ici sur les détails qui rendent un décors crédible : les couleurs sobres, la finesse des textures, les formes très strictes, la saleté, etc. La lumière a également eu droit à une attention toute particulière. Grâce à la nouvelle technique d'illumination globale (également utilisée dansMonstres Academy) qui consiste à utiliser bien plus de sources de lumières différentes qu'auparavant, le rendu du court métrage se rapprocha encore plus de la réalité. Pour autant, il fut décidé de garder un côté cartoon pour les personnages, le contraste entre le réalisme des décors et la fantaisie des personnage n'en était que plus accentué. Enfin, malgré les apparences les visages des deux parapluies ont été réalisés en 3-D. Il était en effet difficile de faire coller de la 2-D sur des modèles 3-D de parapluie.
Le plus gros défi du film, en dehors de son côté photo-réaliste, fut de créer les parapluies avec des mouvements crédibles. En particulier dans une des scènes du court métrage dans laquelle le parapluie bleu se retrouve couché dans le caniveau, sa toile à moitié distendue. Cela n'a l'air de rien mais ce plan fut extrêmement complexe à réaliser. Il a en effet fallut prendre en compte de nombreux paramètres comme la texture du parapluie luisant sous la pluie, son ossature mais aussi ses mouvements en fonction du vent. Le pari fut relevé haut la main par les techniciens du studio qui réussirent à créer à la fois des parapluies photo-réalistes mais aussi avec une touche de fantaisie propre aux productions du studio.
Le Parapluie Bleu fut présenté pour la première fois le 12 février 2013 lors du Festival International du film de Berlin, puis le 21 juin 2013 en avant-programme de Monstres Academy. La plupart des critiques s'entendirent sur le fait que le court métrage était très impressionnant techniquement parlant mais furent plus partagés sur son scénario jugé trop classique et déjà-vu. Il est vrai que Le Parapluie Bleu n'est pas sans rappeler un court métrage Disney de 1954, Johnnie Panama et Alice Bonnetbleu (à l'origine intégré au film La Boîte à Musique) où l'on suivait la romance entre deux chapeaux dans une ville hostile. Néanmoins, Le Parapluie Bleu reste une belle vitrine technique pour les studios Pixar qui nous démontrent encore une fois leur grande maîtrise de l'animation 3-D. Et comme le dit si bien Saschka Unseld, une véritable déclaration d'amour à la pluie !
19 octobre 2013
Critique La Belle et la Bête le Musical de Broadway
Suite au succès de la comédie musicale Le Roi Lion en 2007 au Théâtre Mogador (1 300 000 spectateurs et 1000 représentations), Stage Entertainment nous offre aujourd'hui l'adaptation française du musical La Belle et la Bête ! Après 13 ans d'exploitation à Broadway et 35 millions de spectateurs dans le monde, c'est désormais à nous petits français de découvrir cette version scénique du classique des Walt Disney Animation Studios. Et c'est de nouveau au Théâtre Mogador que se produira ce nouveau musical à partir du 24 octobre 2013. J'ai pour ma part eu le bonheur de le découvrir en avant-première le 17 octobre dernier.
Autant je peux sans me vanter me considérer comme un connaisseur éclairé des productions animées des studios Disney, autant du côté des comédies musicales mes connaissances sont assez proche du néant. Il faut dire que je n'ai jamais été un grand fan de ce genre de production, certainement en raison de l'image kitsch colportée par les comédies musicales low-cost françaises de ces quinze dernières années. Des Dix Commandements à Robin des Bois en passant par 1789, Les Amants de la Bastille, je ne peux m'empêcher de trouver ces spectacles inintéressants et bien loin de leurs modèles, à savoir les comédies musicales de Broadway. Véritable institution outre Atlantique, ces spectacles sont la base de ce qu'on aime appeler les shows à l'américaine, bien plus grandioses et qualitatif que n'importe quelle production française. Le fossé est énorme et ça, Stage Entertainment l'a parfaitement compris en exportant et adaptant certaines des comédies musicales les plus acclamées de Broadway. L'aventure commence en 2007 avec l'adaptation de la comédie musicale Le Roi Lion, suivi en 2010 de Mamma Mia! et de la comédie musicale Sister Act en 2012. Grâce à une adaptation à la fois fidèle et collant parfaitement au public français et un casting de grande qualité, ces trois spectacles furent parmi les plus gros succès scéniques de ces dernières années. Lors de l'annonce de l'arrivée de La Belle et la Bête, le Musical de Brodway, j'avoue ne pas avoir sauté au plafond. C'est seulement après avoir assisté à la présentation officielle du spectacle en juillet 2013 à la salle Gaveau (que vous pouvez revoir en intégralité ici) en présence d'Alan Menken que mon enthousiasme a pointé le bout de son nez. En plus de voir pour la première fois en chair et en os le compositeur de légende, nous avons put y découvrir plusieurs morceaux du show ainsi que le visage et la voix de la Belle (Manon Taris) et de la Bête (Yoni Amar). Quelques semaines de répétitions plus tard, nous les retrouvons sur la scène du Théâtre Mogador pour enfin découvrir la version française d'une des comédies musicales les plus populaires au monde.
Première constatation, le Théâtre Mogador est une salle magnifique ! Je n'y avais encore jamais mis les pieds avant cette soirée et je dois dire que j'ai été plutôt impressionné. Subtilement décorée, la salle est tout bonnement parfaite pour accueillir un classique tels que La Belle et la Bête. Un petit bémol tout de même, la scène en elle-même m'a paru légèrement trop petite pour accueillir un tel show, j'ai senti les acteurs un peu étriqués à certains moments, notamment quand ils sont presque tous présent sur scène. Impression confirmé lorsque j'ai vu des images du show de Broadway où la scène était bien plus imposante. 20h, le rideau se lève, le spectacle débute comme dans le film d'animation, avec le célèbre prologue. On peut dores et déjà se délecter des musiques de l'orcherstre constitué de sept/huit musiciens cachés dans la fosse devant les premiers rangs. Malgré leur nombre restreint ils ont réussi tout au long du spectacle à parfaitement retranscrire les musiques originales, qui ont bien évidemment été réadaptés et certains morceaux rallongés. Car contrairement au film, La Belle et la Bête, le Musical de Brodway dure près de 2h30 ! Nous avons ainsi droit à pas mal de chansons inédites plus ou moins marquantes. La meilleure restant certainement Humain Comme Avant, plus connu chez les amateurs du long métrage sous le titre Humain à Nouveau. Cette chanson, créée à l'origine pour le film mais coupé au montage, avait été intégré au show de Broadway. Suite à sa grande popularité elle fut par la suite animée puis réintégrée au film lors de la sortie de l'édition DVD collector en 2002. À noter que contrairement au reste du show qui reprend presque au mot près la traduction française du film, la chanson Humain à Nouveau a elle été entièrement retraduite, d'où son nouveau titre, Humain Comme Avant. Du côté des morceaux emblématiques du film de 1991, deux sortent véritablement du lot : Gaston et C'est la Fête. La raison est simple, ce sont les deux chansons les plus rythmées et qui nous offrent logiquement les meilleurs chorégraphies. Petite déception par contre pour Histoire Éternelle qui manque un peu de magie, certainement en raison de l'absence du sublime décor de la salle de bal.
Du côté du casting, Manon Taris incarne une Belle plutôt crédible lors des parties jouées, mais un peu moins selon moi lors des parties chantées. Le gros reproche que je lui ferai c'est d'être un peu trop "puissante" à certains moments, en tout cas bien plus que Bénédicte Lécroart dans la version française du film. Alors certes elle est certainement un peu obligée de pousser la voix pour passer au dessus des musiques, mais cela m'a tout de même gêné à certain moment. La Bête, incarnée par Yoni Amar s'en sort un peu mieux, mais il faut avouer que l'acteur n'a pas la carrure assez imposante pour incarner parfaitement le personnage, ni la gravité et la puissance dans la voix d'ailleurs. Il se fait ainsi facilement volé la vedette par Gaston (Alexis Loizon) qui est la copie parfaite du personnage animée, hormis ses nombreux déhanchés évocateurs en présence de Belle. C'est finalement du côté du casting des personnages secondaires que l'on se délecte le plus. Le Fou (Alexandre Faitrouni) est hilarant et parfaitement habité par le personnage. Il se transforme ainsi très souvent en véritable cascadeur, recevant un nombre incalculable de coups de poing et de pied de la part de Gaston. Dan Menasche incarne un Lumière plus que parfait, en plus d'être quelque peu indescent lors de ses petits jeux de séduction avec Plumette (Alix Briseis). Il forme avec Big Ben (David Eguren) un duo très naturel qui ne cesse de s'envoyer des vannes faites de jeux de mots en rapport avec leur apparence, la plupart absents du film, un régal ! Madame Samovar (Léovanie Raud) est plutôt bien interprétée, même si je m'attendais à un personnage avec plus de rondeurs. Elle est accompagné du petit Zip joué par un jeune inconnu enfermé durant tout le spectacle dans un plateau à roulette ne laissant dépasser que sa tête habillé d'une tasse de de thé, ce qui lui donne un aspect assez étrange... Mme Grande Bouche (Gabriella Zanchi) est l'armoire de la chambre de Belle, elle a ici un peu plus présente que dans le film, à la différence qu'elle devient ici une sorte de cantatrice d'opéra. Enfin Maurice, interprété par Didier Clusel est plutôt réussi, même si un brin moins déluré que l'original.
Malgré quelques défauts dans le casting principal et une scène qui manque d'envergure, La Belle et la Bête, le Musical de Broadway est une franche réussite. Les décors grandioses, les costumes somptueux et les acteurs excellents pour la plupart, font assurément de ce nouveau spectacle un futur hit des planches parisiennes ! La Belle et la Bête, le Musical de Broadway se jouera à partir du 24 octobre 2013 au Théâtre Mogador dans le 9ème arrondissement de Paris et ce jusqu'au 31 juillet 2014 (et plus si affinités). Plus d'infos sur le site officiel du spectacle : http://www.labelleetlabete.fr
18 octobre 2013
Robin des Bois
21ème long métrage des Walt Disney Animation Studios, Robin Hood (Robin des Bois) remet au goût du jour l'utilisation d'animaux anthropomorphiques, déjà brièvement réapparus dans L'Apprentie Sorcière sorti deux ans plus tôt. Auparavant il faut remonter à 1951 et la sortie d'Alice au Pays des Merveilles pour retrouver ce genre de personnages mélangeant caréctéristiques humaines et animales. Et c'est donc Robin des Bois, célèbre héros de la culture anglo-saxonne volant les riches pour donner aux pauvres qui a été choisi pour ce nouveau film d'animation, le second réalisé après la mort de Walt Disney.
Le nom de Robin Hood (littéralement "Robin la Capuche" et non Robin des Bois) est apparu pour la première fois dans un document judiciaire anglais de 1228. Il y est écrit qu'un certain Robinhood a été mis en prison pour le paiement d'une dette ou d'une amende. D'autres références à un Rabunhod apparaissent elles entre 1261 et 1300. Dès le début du XIVème siècle et tout au long du XVème siècle, des ballades populaires célèbrent les aventures du personnage. La légende est en marche. Mais Robin des Bois n'est pas encore le voleur au grand coeur que l'on connaît, il est décrit comme un paysan cruel, n'hésitant pas à faire appel à la violence pour arriver à ses fins. Le personnage est mentionné pour la première fois par écrit dans Pierre le Laboureur de William Langland en 1377. Au fil des ballades, la mythologie autour du personnage se met en place. Il est ainsi parfois accompagné de Petit Jean ou de Frère Tuck. Son ennemi juré devient le shérif de Nottingham et surtout le vil Prince Jean. Avec le développement de l'imprimerie, de nombreux ouvrages sur les aventures du personnages sont édités tout au long du XVIème siècle, accroissant sa popularité mais aussi édulcorant petit à petit le personnage le transformant en véritable gentleman et lui inventant une histoire d'amour avec Dame Marianne. Le personnage est également déplacé définitivement de la ville de Barnsdale à celle de Nottingham et sa célèbre forêt de Sherwood.
Par la suite, Robin des Bois eut droit à de multiples adaptations théâtrales, puis cinématographiques à partir du début du XXème siècle. Les plus mémorables restant celles de 1922 et 1938, sans oublier le film de 1991 avec Kevin Costner dans le rôle de Robin. Les studios Disney ne sont pas en reste, une première adaptation filmée des aventures du voleur au grand coeur sort en 1952, avec Richard Tood dans le rôle titre. Il s'agissait du second film live des studios Disney (alors produits exclusivement en Angleterre), mais certainement pas le plus mémorable. L'adaptation animée de 1973 aura vite fait de faire oublier cette première incursion dans la forêt de Sherwood.
L'adpatation animée des aventures de Robin des Bois doit son existence à... Une partie de pêche ! C'est en effet lors d'une sortie en bateau que l'artiste Ken Anderson et le PDG des studios Disney de l'époque Card Walker se remémorent les magnifiques scènes animées du film Mélodie du Sud. Bien que volontairement tombé dans l'oubli en raison de son contexte historique sensible, les deux hommes avaient été profondément marqué par la qualité d'animation des différents personnages du film. Il en était de même pour les animateurs du studio qui avaient pris énormément de plaisir à animer ces personnages à l'époque. À la fin des années 60 les studios Disney souhaitaient réaliser une adaptation animée de Robin des Bois. Tout d'abord prévu avec des personnages humains, il fut finalement décidé d'exploiter des animaux anthropomorphiques à la plus grande joie de Ken Anderson et des animateurs vétérans !
Né à Seattle en 1909, Ken Anderson intégra les studios Disney en 1934 après une formation d'architecte débutée en France et terminée à Washington. "Forcé" de se reconvertir dans l'animation à cause de la dépression, il y pris finalement goût et continua sa carrière aux studios Disney pendant plus de quarante ans. Tout d'abord animateur sur plusieurs Silly Symphonies, il devient ensuite artiste layout sur Blanche Neige et les Sept Nains, puis directeur artistique sur Pinocchio et enfin scénariste sur de nombreux projets durant les années 40. Grâce à sa formation d'architecte, il rejoint WED Entreprise au début des années 50 et participe à la conception de Disneyland. Il revient à l'animation au début des années 60 en tant que directeur artistique sur Les 101 Dalmatiens. C'est à lui que l'on doit la décision d'utiliser le fameux procédé de xérographie mis au point par Ub Iwerks. Il redevient par la suite animateur sur Le Livre de la Jungle en supervisant l'animation de Shere Khan, tout en créant le design de nombreux personnages et en participant grandement à l'écriture du scénario. Il est par la suite l'initiateur du projet d'adaptation animée de Robin des Bois où il s'occupera du storyboard et du design des personnages. Il est enfin le créateur d'Elliott sur Peter et Elliott le Dragon. Ken Anderson partit à la retraite en 1978, il reçut le titre de Disney Legend en 1991, deux ans avant son décès survenu le 13 décembre 1993.
Wolfgang Reitherman fut choisi pour réaliser le film. Animateur mais aussi leader dans l'âme, Woolie pris la place qu'occupait Walt Disney lorsqu'il était encore impliqué dans la production des long métrages d'animation. Il avait ainsi déjà réalisé Merlin l'Enchanteur en 1963, le court métrage Winnie l'Ourson et l'Arbre à Miel en 1966 et Le Livre de la Jungle en 1967. Mais l'ancien animateur avait aussi une vision bien différente du maître. Adepte des productions à budget réduit (également imposé par la direction des studios), Wolfgang Reitherman n'hésitait pas à récupérer des séquences entières d'animation issus d'anciennes productions des studios afin de gagner du temps et de l'argent. Le processus était alors grandement facilité grâce à la xérographie qui permettait de dupliquer très facilement n'impore quel dessin. Et Robin des Bois ne dérogea pas à la règle, c'est peu de le dire ! L'exemple le plus flagrant est certainement la danse de Dame Marianne dans la forêt, calqué au geste près sur l'animation de Blanche Neige dansant lors de la fête dans la chaumière des nains. Ce genre de "tricherie" étaient très mal vu des artistes, alors que les dirigeants appréciaient l'inventivité de Woolie pour réaliser des économies, au dériment de l'originalité.
Pour autant, l'animation de Robin des Bois reste de haut niveau grâce à une équipe d'animateurs talentueux et expérimentés. Nous retrouvons ainsi quelques Nine Old Men dont certains pour la dernière fois en tant qu'animateur. C'est le cas d'Eric Larson, redevnu simple animateur après La Belle au Bois Dormant, qui s"occupa de quelques scènes de Petit Jean. Eric laissa ensuite définitivement de côté sa table d'animateur pour se consacrer à la formation des étudiants en animation de CalArts. Frank Thomas fut responsable de l'animation de plusieurs personnages : Robin, Dame Marianne, Toby, les lapins et quelques scènes du Shérif de Nottingham. Son acolyte de toujours, Ollie Johnston, supervisa l'animation du Prince Jean et de Triste Sir, tandis que Milt Kahl supervisa l'animaton de Robin, Petit Jean et du Shérif de Nottingham. Milt travailla également sur le design des personnages. Enfin John Lousnbery supervisa quelques scènes du Shérif de Nottingham. Marc Davis et Ward Kimball n'ont quant à eux pas participé à la production du film, le premier travaillant pour Walt Disney Imagineering, et le second ayant démissioné.
Du côté du casting vocal original, Robin des Bois a été putôt gâté. Brian Bedford, célèbre acteur shakespearien, double Robin. Phil Harris, qui avait déjà prêté sa voix à Baloo dans Le Livre de la Jungle et Thomas O'Malley dans Les Aristochats, reprend le rôle d'un ours au grand coeur en doublant Peit Jean. En 1989, l'acteur reprendra son rôle de Baloo pour la série animée Super Baloo. L'actrice anglaise Monica Evans prête quant à elle sa voix à Dame Marianne. Il s'agira de son dernier rôle avant de mettre fin à sa carrière d'actrice. Elle avait également doublé Abigail, une des oies britanniques dans Les Aristochats. Le coq Adam de la Halle est doublé par le chanteur de country Roger Miller. Andy Devine termine sa longue carrière d'acteur comique avec le doublage de Frère Tuck. L'acteur anglais Peter Ustinov, lauréat de deux Oscars, double le Prince Jean en compagnie du déluré Terry-Thomas qui prête sa voix à Triste Sire.
La bande originale de Robin des Bois a été composé par George Bruns. Embauché par Disney en 1953, le compositeur commença sa carrière au sein des studios en créant la musique du film Davy Crockett Roi des Trappeurs (1955). Il travailla ensuite sur la célèbre émission Mickey Mouse Club et sur divers courts métrages des Walt Disney Animation Studios : Jack and Old Mac (1956), In the Bag (1956), A Cow Boy Needs a Horse (1956), The Truth About Mother Goose (1957), Paul Bunyan (1958), Noah's Ark (1959), Goliath II (1960) et enfin The Saga of Windwagon Smith (1961). George Bruns composa ensuite la musique de Les 101 Dalmatiens, sa première bande originale de film d'animation. Devenu le compositeur phare des studios Disney, George Bruns composa la musique d'une grande partie des productions des années 60 (cartoons, films live et séries TV) mais aussi celles des différents films des Walt Disney Animation Studios : Merlin l'Enchanteur, Le Livre de la Jungle et Les Aristochats. C'est donc tout naturellement qu'on lui proposa de composer les musiques de Robin des Bois. Il s'agira de son avant-dernière composition pour Disney avant de prendre une retraite bien méritée.
Robin des Bois est sorti le 8 novembre 1973 aux États-Unis où il fut accueilli tièdement par la critique. La plupart reprochait au film son manque d'ambition dans son scénario, malgré une animation de qualité et des personnages attachants. Le public quant à lui fut plus chaleureux et s'attacha bien vite à Robin et sa bande. Le film reçut une nomination aux Oscars dans la catégorie Meilleure Chanson, mais ne gagna pas la précieuse statuette. De l'avis des experts, Robin des Bois est considéré comme un des films d'animation les moins aboutis des studios. Malgré ce statut peu enviable, le public n'oublia pas le film et fut enchanté de retrouver ses héros favoris lors de la ressortie du film au cinéma en 1982. Par la suite, Robin des Bois continua de charmer des générations d'enfants grâce à sa sortie en VHS, DVD et Blu-ray. Houdelali !
Recherches graphiques de Ken Anderson :
Recherches graphiques de Milt Kahl :