20 septembre 2009
Wild Life
Bien avant Chicken Little sorti en 2005, Wild Life aurait dut-être le tout premier Grand Classique Disney entièrement réalisé en images de synthèse. Il devait également servir de modèle pour la production de longs métrages d'animation au budget plus modeste qui seraient plus rapides à réaliser.
Au départ, l'histoire de Wild Life devait nous montrer la superficialité du monde des paillettes et de la mode. Mais cette dernière évolua vite pour se transformer en un récit plus cynique se passant dans les night clubs de Big City, sorte de version romancée du New York des années 70, l'époque où David Bowie et The Velvet Undergrount traînaient dans les clubs de la ville. Kitty Glitter, gérante d'un de ces clubs et son manager/partenaire Red Pittsain étaient en compétition avec Magda, gérante du club Wild Life la scène centrale du glamour à Big City. Dans certaines versions de l'histoire, Magda était rédacteur en chef du magazine de mode Magazizi. Quand elle écrivait "Kitty est finie, les gens cessaient de venir dans son club. Kitty et Red voulurent alors se venger. Ils trouvèrent ainsi une "arme" ultime pour remonter la pente et discréditer Magda : Ella, une éléphante du zoo de la ville qui était né avec la capacité de parler, chanter et danser. Totalement naïve et confiante, Ella était comme un enfant dans un corps d'adulte, tout était nouveau pour elle.
Dans un aperçu datant de la première moitié de 1999, le film se finissait lorsque Ella retournait finalement au zoo de la ville, ne trouvant pas son bonheur dans la vie nocturne de Big City. Red et Kitty découvrirent quant à eux leur amour l'un pour l'autre.
"Wild Life devint un sujet tabou chez Walt Disney Feature Animation" raconte Carolyn Scoper, la co-productrice du film. "Le problème était qu'il ressemblait plus à une production Touchstone qu'à un film Disney, s'adressant plus aux adultes qu'aux enfants."
Hans Bacher et Mitchell Bernal se chargèrent de définir le style visuel du film, utilisant des couleurs vives et audacieuses ainsi que des graphismes angulaire afin de suggérer l'énergie et l'excitation de la métropole. Ces images très stylisées ont en partie été inspiré par le travail du Studio UPA (studio d'animation surtout connu pour son personnage fétiche, Mr. Magoo) et le look sophistiqué du graphisme américain et européen des années 50.
L'histoire de Wild Life subit tellement de changement que cela posa des problèmes insurmontables, principalement à cause du milieu décadent dans lequel les personnages évoluaient, bien loin des attentes du public Disney habituel comportant un pourcentage important d'enfants. En septembre 2000, Wild Life fut définitivement abandonné. L'histoire originale avait complètement disparue, et le conte cruel qui l'avait remplacé ne justifiait plus d'efforts supplémentaires de la part du studio. Soper conclut : "Il n'y avait plus d'histoire vraiment convaincante, et sans un récit passionnant il était inutile de continuer".
Recherches d'Hans Bacher :
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Dessin de Mac George :
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Recherches de Floyd Norman :
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Recherches de Darryl Kidder :
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Recherches de Doug Walker :
16 septembre 2009
Le Drôle de Noël de Scrooge
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Quatrième film en motion capture du réalisateur Robert Zemeckis (Retour vers le Futur, Qui veut la Peau de Roger Rabbit) après Le Pôle Express, Monster House et La Légende de Beowulf, Le Drôle de Noël de Scrooge est la première collaboration entre ImageMovers Digital et Walt Disney Pictures. Le film s'inspire de la célèbre histoire, Un Conte de Noël de Charles Dickens, tout comme le moyen métrage Disney Le Noël de Mickey sorti en 1983.
Le procédé de motion capture a toujours été fort critiqué depuis son apparition dans le monde de l'animation, étant considéré comme une sorte de "tricherie" face aux animations réalisées par des artistes. Mais Zemeckis a, depuis ses débuts avec cette technologie, toujours repoussé les liimites de cet outil pour créer un spectacle au rendu particulier certe, mais également très impressionnant. Jim Carrey est ainsi méconnaissable en vieux Scrooge grincheux, nous rappelant Picsou dans le moyen métrage de 1983.
Le Drôle de Noël de Scrooge est prévu pour le 6 novembre 2009 aux Etats-Unis et le 25 novembre en France. En outre, une grande avant-première mondiale du film aura lieu le 3 novembre à Londres (là où se déroule l'action du film) en présence de toute l'équipe du film qui participera à la traditionnelle illumination de Regent Street et d’Oxford Street. Le film sera projeté ce soir-là dans trois grands cinémas de Leicaster Square réunissant pas moins de 4000 spectateurs dans la même soirée.
A noter pour finir que Disney n'a pas attendu la sortie de Le Drôle de Noël de Scrooge pour mettre en chantier un second film en collaboration avec ImageMovers Digital, qui sera un remake du film d'animation de 1968, Yellow Submarine où nous suivions les Beatles dans une aventure psychédélique haute en couleur. Le film sera toujours réalisé par Robert Zemeckis en motion capture, sortie prévu pour 2011!
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13 septembre 2009
Knick Knack
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Après Tin Toy, qui fut le premier court métrage réalisé par ordinateur à remporter l'Oscar® du meilleur court métrage d'animation, l'équipe d'animateur de Pixar décida de réaliser un court dans le style des cartoons de Chuck Jones, rythmé et rempli de gags en tout genre. A cette époque le département animation de l'entreprise ne comptait pas plus de dix personnes, et chacun mis la main à la patte pour cette nouvelle réalisation. Pour la première fois, John Lasseter ne s'occupa pas entièrement de l'animation du court, chacun anima le personnage qu'il avait crée.
Techniquement Knick Knack se voulait plus modeste que ses prédécesseurs, aucune grosse nouveauté ne fut utilisé pour le réaliser. Lasseter décida même de mettre de côté l'outil de capture point par point qui avait été utilisé pour modéliser le clown dans Red's Dream et le bébé dans Tin Toy, technique jugée trop onéreuse et au final pas vraiment au point. Au lieu de cela, il conçu tous les personnages du film dans un style plus sobre et facile à réaliser sur ordinateur grâce à des formes simples et géométriques.
Inspiré par la vaste collection de snow globes de sa femme Nancy, Lasseter imagina l'histoire d'un bonhomme de neige pris au piège dans une boule à neige qui aspire à rejoindre les bibelots des pays chauds se trouvant de l'autre côté de l'étagère. Le cactus, la pyramide, et le flamant rose semblent vraiment plus heureux que lui là-bas. Le bonhomme de neige solitaire jette en particulier son dévolu sur une charmante jeune femme en maillot de bain, un bibelot souvenir de Miami.
Le but de Knick Knack était de consolider les acquis de l'équipe tout en apportant plus de fantaisie à l'animation. Il leur permit de se servir plus longuement des outils qu'ils avaient mis tant de temps à concevoir, tout en créant quelque chose de très divertissant et de drôle.
Le véritable challenge sur ce film fut l'utilisation de la 3-D stéréoscopique. L'équipe voulait en effet que le film soit présenté en 3-D relief au SIGGRAPH de 1989. Cette version ne fut présenté au public qu'en 2006 en version amélioré, en avant-programme de la ressortie en 3-D de L'Etrange Noël de Monsieur Jack. Knick Knack fut également diffusé en 2003 avant Le Monde Nemo au cinéma, mais dans une version censurée. Ainsi, la poitrine généreuse de la figurine en maillot de bain et de la sirène furent tout bonnement retiré du film et remplacé par un torse plat. Cette censure fut vivement critiqué par les fans qui pensaient que Disney était responsable de cette censure ridicule. John Lasseter répliqua qu'il avait pris cette décision tout seul. En tant que père il pensait à tous les enfants qui allaient voir ce court métrage avant Le Monde Nemo , et ne trouva pas raisonnable de montrer une telle image de la gente féminine.
Knick Knack fut une étape importante pour le département animation de Pixar. Durant la création du film, l'équipe s'agrandit et pour la première fois, John s'occupait principalement de superviser une équipe au lieu d'animer les différents personnages, une étape cruciale pour le projet encore lointain de réalisation d'un long métrage d'animation.
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Storyboards de John Lasseter :
04 septembre 2009
Mary Poppins
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Mary Poppins est de retour en DVD pour fêter son 45ème aniversaire! Quoi de neuf dans cette nouvelle édition exclusive par rapport à l'édition collector de 2005? Sans surprise l'image et le son sont identiques à l'édition précédente, les bonus également (making-of, court métrage The Cat That Looked Like a King, galerie d'images, etc.), hormis un reportage fort intéressant sur les coulisses de la musical Mary Poppins de Broadway. Retrouvez à l'occasion de cette ressortie une nouvelle galerie de recherches graphiques du film.
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01 septembre 2009
Peter et Elliott le Dragon
Pete's Dragon (Peter et Elliott le Dragon) est un des projets de comédie musicale abordé après le succès phénoménale de Mary Poppins en 1964. Tout comme L'Apprentie Sorcière sorti en 1971, l'idée de réaliser Peter et Elliott le Dragon ne date pas d'hier. Les studios Disney avaient en effet acquis les droits du livre écrit par Seton I. Miller et S.S. Field dans les années 50. À l'origine cette acquisition devait déboucher sur la réalisation d'un téléfilm pour l'émission Disneyland, projet qui ne vit finalement pas le jour. Après la mort de Walt Disney en 1966, le studio s'est retrouvé orphelin. Il avait perdu son âme et la créativité ne fut plus de mise pendant un temps. N'osant pas (ou ne voulant pas) trop s'éloigner des productions antérieures à la disparition de Walt, les studios Disney ont, pendant un temps, repris les projets abordés ou abandonnés durant les années précédentes. C'est ainsi que L'Apprentie Sorcière, Les Aventures de Bernard et Bianca et Peter et Elliott le Dragon furent mis en chantier.
La production de Peter et Elliott le Dragon débuta en 1975, quand le producteur Jerome Courtland engagea Malcom Marmonstein pour adapter l'histoire à l'écran. Cette dernière subit de nombreux changements par rapport à l'œuvre originale. Tout d'abord dramatique, nous devions suivre Peter tout à tour dans le monde réel puis dans un monde imaginaire étrange qu'il s'était inventé où il aurait fait la rencontre d'Elliott le dragon. Pour finir, exit le monde imaginaire jugé trop bizarre pour être intégré à une production Disney, quant à Elliott il ne devait apparaître qu'une seule fois dans le film. Poussé par les animateurs en charge du personnage, le dragon apparaîtra finalement à l'écran durant plus de vingt minutes.
Elliott fut crée par le talentueux Ken Anderson, un des vétérans des studios. Né à Seattle en 1909, Ken intégra les studios Disney en 1934 après une formation d'architecte débutée en France et terminée à Washington. "Forcé" de se reconvertir dans l'animation à cause de la dépression, il y pris finalement goût et continua sa carrière au studio pendant plus de quarante ans. Tout d'abord animateur sur plusieurs Silly Symphonies, il devient ensuite artiste layout sur Blanche Neige et les Sept Nains, puis directeur artistique sur Pinocchio et enfin scénariste sur de nombreux projets durant les années 40. Grâce à sa formation d'architecte, il rejoint WED Entreprise au début des années 50 et participe à la conception de Disneyland. Il revient à l'animation au début des années 60 en tant que directeur artistique sur Les 101 Dalmatiens. C'est à lui que l'on doit la décision d'utiliser le fameux procédé de xérographie mis au point par Ub Iwerks. Il redevient par la suite animateur sur Le Livre de la Jungle en supervisant l'animation de Shere Khan et enfin créateur d'Elliott sur Peter et Elliott le Dragon. Ken partit à la retraite en 1978, il reçut le titre de Disney Legend en 1991 avant de disparaître deux ans plus tard.
L'animation d'Elliott fut supervisé par le déjà très prometteur Don Bluth. Né à El Paso en 1937, Don se passionne pour le dessin après avoir découvert Blanche Neige et les Sept Nains à l'âge de six ans au cinéma. Il déménage avec sa famille en Californie en 1954, l'opportunité pour lui de débuter une carrière d'animateur et de vivre de sa passion. Il est engagé aux studios Disney en 1955 en tant qu'intervalliste sur La Belle au Bois Dormant, alors qu'il est encore étudiant en littérature anglaise. Mais il quitte très vite les studios pour se lancer dans le théâtre avec son frère Frederick. Il ouvre ainsi sa propre salle de spectacle, le Bluth Brothers Theater à Santa Monica. Il y produira des comédies musicales durant près de trois ans. Mais il revient très vite à ses premiers amours, l'animation. En 1968 il devient artiste layout pour la télévision à Los Angeles avant d'être réengagé par Disney en 1971. Il y exercera pendant huit ans, travaillant sur Robins des Bois, Les Aventures de Winnie l'Ourson, Les Aventures de Bernard et Bianca, Peter et Elliott le Dragon et Rox et Rouky, avant de quitter définitivement les studios afin de créer son propre studio d'animation. Cela faisait déjà plusieurs années que ce projet lui trottait dans la tête, voulant renouveler la magie Disney, qui selon lui avait quitté les studios depuis la mort de Walt. Accompagné par deux autres animateurs Disney, Gary Goldman et John Pomeroy, il créa Don Bluth Productions. Après un premier moyen métrage, Banjo, the Woodpile Cat, Don Bluth réalisa son premier long métrage sorti en 1982, Brisby et Le Secret de NIMH. Mais c'est avec Fievel et le Nouveau Monde sorti en 1986 et réalisé en collaboration avec Steven Spielberg que le succès frappa à sa porte. Suivirent d'autres réalisations plus ou moin réussites, jusqu'au décevant Titan A.E. sorti en 2000 qui mis un terme à l'aventure...
Malgré un casting de grande qualité (Sean Marshall, Mickey Rooney, Helen Reddy), des effets spéciaux impressionnants pour l'époque et des chansons dignes des plus grandes comédies musicales, Peter et Elliott le Dragon fut un échec lors de sa sortie le 3 novembre 1977. D'un budget estimé à près de 10 millions de dollars, le film en remporta 18 millions, honorable mais insuffisant pour Disney. A vouloir trop surfer sur la vague du succès de Mary Poppins, les studios Disney n'ont pas réussi à se renouveler avec ce nouveau projet, ce qui était le problème principal des productions du studio à cette époque. Le public comme les critiques boudèrent cette nouvelle production, trop réchauffé pour être réellement intéressante. A noter que Peter et Elliott le Dragon fut le tout premier film Disney à sortir en VHS de location aux États-Unis en 1980. Le film ressortit par la suite au cinéma en version raccourci en 1984. Malgré son échec, Peter et Elliott le Dragon fut tout de même nominé aux Oscars dans la catégorie de la Meilleure Musique Originale et de la Meilleure Chanson pour Candle on the Water.
Recherches graphiques :
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Storyboards :
27 août 2009
Albert Hurter
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Albert Hurter est considéré comme un des premiers grands artistes des studios Disney. Durant une décennie (de 1932 à 1942), il marqua de sa patte graphique la plupart des productions de l'époque, dont principalement Blanche Neige et les Sept Nains et Pinocchio. Albert Hurter est né à Zurich le 11 mai 1883. En 1894, son père devient professeur de dessin en construction mécanique dans une école professionnelle de Zurich. Il écrit et illustre deux livres techniques pour ses cours. Il encourage d'ailleurs ses trois fils à s'intéresser au dessin et à la mécanique. C'est ainsi que le jeune Albert entre à l'école d'architecture de Zurich. Par la suite, de 1903 à 1910, il quitte ses parents pour entreprendre des études artistiques à Berlin.
A la fin de celles-ci, il retourne vivre chez ses parents à Zurich. En 1912, à la mort de son père, il émigre en Amérique et s'installe à New-York. On sait peu de chose sur ses premières années en Amérique. Hurter effectue un voyage à Paris en 1914 et retourne à New-York peu de temps avant la Première Guerre mondiale.
Il entre aux studios Barre-Bowers comme animateur en 1916 et participe à la réalisation de la série Mutt et Jeff. Vers la fin des années 1920, il séjourne au Mexique, puis s'installe dans un vieil hôtel situé au sud de Los Angeles. A cette époque, il travaille comme dessinateur chez un imprimeur. Il rejoint les studios Disney en 1931. Walt Disney lui confie la création graphique des personnages et décors. Il crée d'innombrables personnages, idées de gags et storyboards pour les Silly Symphonies.
Quand Walt Disney entreprend Blanche Neige et les Sept Nains, Albert Hurter est le premier dessinateur à travailler sur le projet. Hurter exécute chaque jour des dizaines de croquis plus inventifs les uns que les autres, travaillant sur tous les aspects graphiques du film, aussi bien personnages que décors. Ses premières esquisses des nains en lutins barbus s'inspirent des créatures de l'illustrateur suédois John Bauer. Mais c'est dans l'élaboration du style de la chaumière que son influence transparaît. Nichée dans la forêt, elle trouva sa source dans les dessins au style bavarois de Ludwig Richter et dans ceux de son disciple Hermann Vogel qui, en 1890, avait mis en images les contes de Grimm. Mais c'est probablement l'anglais Arthur Rackham, illustrateur de nombreux contes et légendes, dont ceux des frères Grimm, qui inspire au départ le travail d'Hurter.
A la fin de la production de Blanche Neige et les Sept Nains, Hurter se consacre aux différents projets d'adaptation envisagés par Walt Disney. Il participe à la création des personnages et décors de Pinocchio, Fantasia, Dumbo, Le Dragon Récalcitrant, Peter Pan et La Belle et le Clochard.
Albert Hurter meurt le 28 mars 1942, victime d'une attaque cardiaque. Fait unique dans l'histoire des studios, Walt Disney décide en 1948 de lui rendre hommage en publiant un recueil de ses meilleurs dessins intitulé He Drew as He Pleased.
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Filmographie :
- Le Vilain Petit Canard (1931)
- Mélodie Egyptienne (1931)
- The Cat's Nightmare (1931)
- Rien qu'un Chien (1932)
- La Cigale et la Fourmi (1934)
- Une Petite Poule Avisée (1934)
- Bébés d'Eau (1935)
- Carnaval des Gâteaux (1935)
- Blanche Neige et les Sept Nains (1937)
- Pinocchio (1940)
- Fantasia (1940)
- Le Dragon Récalcitrant (1941)
- Dumbo (1941)
- Peter Pan (1953)
- La Belle et le Clochard (1955)
20 août 2009
The Tale of a Mouse
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The Tale of a Mouse est un projet des studios Disney datant des années 70. Il s'agissait d'une version longue du cartoon Cousin de Campagne, un Silly Symphony sorti en 1936. On y suivait une souris des champs venu rendre visite à son cousin des villes. Après la mort de Walt en 1966, la branche animation de l'empire Disney, comme toutes les autres branches de l'entreprise, s'est retrouvée orpheline. Le studio avait perdu son âme et la créativité ne fut plus de mise pendant un temps. N'osant pas (ou ne voulant pas) trop s'éloigner des productions antérieurs à la disparition de Walt, les studios ont, pendant un temps, repris les projets abordés ou abandonnés durant les années précèdentes. C'est ainsi que L'Apprentie Sorcière, Les Aventures de Bernard et Bianca ou bien encore Peter et Elliott le Dragon furent mis en chantier. C'est durant cette période trouble que The Tale of a Mouse fut développé. Le projet fut vite mis de côté en raison de la reprise du projet de film sur Bernard et Bianca. En effet, deux films avec des souris comme héros dans une période aussi proche, cela aurait été malvenu. De plus le projet en question était bien moins porteur que Les Aventures de Bernard et Bianca, qui lui était tiré d'une série de livres à succès et de plus déjà abordé avant la mort de Walt. La sécurité l'a emporté et The Tale of a Mouse ne fut jamais produit... Retrouvez ci-dessous une série de recherches graphiques du film au pastel signées Mel Shaw.
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16 août 2009
La Petite Sirène
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Voilà près de 20 ans que la vague La Petite Sirène a déferlé sur les écrans du monde entier, balayant au passage tous les préjugés du public sur Disney. La recette était simple : revenir à ce qui fit le succès des films d'animation de la firme à l'époque de Walt Disney : un conte de fée, une comédie musicale et une équipe d'artiste libre de ses mouvements. Ajoutez à cela une touche de modernité et d'humour, et vous obtenez un cocktail créatif détonnant! Je ne remercirai jamais assez Michael Eisner, Roy Disney et Jeffrey Katzenberg d'avoir permis cette renaissance. Grâce à ces trois hommes (et aux nombreux artistes talentueux du studio), la firme au grandes oreilles retrouvaient enfin son cachet d'entan! Retrouvez ci-dessous quelques recherches graphiques des personnages d'Ariel et de Ursula.
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14 août 2009
Le Crapaud et le Maître d'Ecole
11ème long métrage des Walt Disney Animation Studios, The Adventures of Ichabod and Mister Toad (Le Crapaud et le Maître d'Ecole) est le dernier des films dit "package", de la décennie. Ces films "package" sont apparus en 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale, afin de permettre aux studios Disney de rester présent dans les salles de cinéma, tout en faisant des économies au niveau de la production. En effet ces films constitués de plusieurs cartoons inédits étaient au moins deux fois moins cher à réaliser qu'un long métrage normal. L'animation était moins étudiée, les décors plus simples, et les scénarios moins élaborés étant donné la durée des cartoons. Nous retrouvons parmi ces films "package" Saludos Amigos, Les Trois Caballeros, La Boîte à Musique, Coquin de Printemps, Mélodie Cocktail, et enfin Le Crapaud et le Maître d'Ecole.
Ce dernier est constitué de deux moyens métrages : La Mare aux Grenouilles (The Wind in the Willows) et La Légende de la Vallée Endormie (The Legend of Sleepy Hollow). Le premier est inspiré d'un classique de la littérature anglaise, Le Vent dans les Saules, de l'auteur écossais Kenneth Grahame. Il raconte l'histoire de Crapaud Baron Têtard dont la passion débordante pour les automobiles inquiète grandement ses amis Taupe, Rat et Angus McBlaireau, surtout quand Crapaud échange son manoir ancestral à des fouines contre un bolide volé... Monsieur Crapaud se met rapidement à flâner sans but sur les routes, jusqu'au jour où sa drôle d'escapade le mène derrière les barreaux. Ses amis s'acharnent à prouver son innocence en allant chercher des preuves dans son ancien manoir occupé par des bandits. Publié pour la première fois en 1908, le roman est directement inspiré d'histoires que l'auteur racontait à son fils avant de s'endormir. L'ouvrage ne rencontra guère de succès à sa sortie, il devint un classique qu'après de nombreuses années. C'est la seconde adaptation d'une histoire de Kenneth Grahame par les studios Disney qui avaient déjà adapté Le Dragon Récalcitrant sorti en 1941.
La Légende de la Vallée Endormie est quant à lui tiré du recueil de nouvelles de Washington Irving, The Sketch Book of Geoffrey Crayon, publié en 1819. Nous suivons les aventures d'Ichabod Crane qui, un jour d'automne, est nommé nouveau professeur du village de Sleppy Hollow. Arrivé sur les lieux, il rencontre une jeune fille riche, Katrina Van Tassel, dont il tombe immédiatement amoureux. Il réussit à écarter Katrina de Brom Bones, la brute de la bourgade qui aime lui aussi la séductrice. Furieux, Brom décide pour se venger de raconter aux villageois l'effrayante légende du Cavalier sans tête à la soirée d'Halloween. Mais après la fête, Ichabod doit retourner seul chez lui en pleine nuit, en passant par la forêt… Bien plus américain que son voisin batracien, cette nouvelle a également eu droit à une adaptation en film live par Tim Burton (qui fut animateur puis réalisateur pour Disney) en 1999.
Le Crapaud et la Maître d'Ecole est sorti le 5 octobre 1949 sur les écrans américains et fut bien accueilli par la presse et le public, sorte d'avant-goût du renouveau des films d'animation Disney, à l'aube d'un nouvel âge d'or. Le film n'est par la suite plus jamais ressorti sous sa forme originelle au cinéma. Néanmoins on retrouve les deux moyens métrages sur le petit écran en 1955, diffusés dans la célèbre émission Disneyland. La Légende de la Vallée Endormie ressort ensuite seul au cinéma en 1958, suivi de La Mare aux Grenouilles en 1975. Il faudra attendre 2003, et la sortie du film en DVD, pour enfin redécouvrir ce Grand Classique dans sa version d'origine, avec ses scènes de transition d'époque.
11 août 2009
Tin Toy
Durant la production de Red's Dream, au printemps de 1987, le groupe d'animateur de chez Pixar commençait à se rendre compte des points faibles de leur logiciel d'animation, Motion Doctor. L'outil était désormais dépassé. L'animation du clown organique a porté le système à un quasi statu quo. "L'interaction entre le logiciel et l'animation était extrêmement lente, j'ai cru me tuer», se rappela John Lasseter. Il compara ce logiciel à l'écriture sur un traitement de texte dans lequel chaque lettre tapée sur le clavier mettait cinq minutes à apparaître à l'écran. Il fallait faire quelque chose.
Dès 1986, l'équipe d'animation de Pixar a reconnu la nécessité de développer un logiciel d'animation plus puissant. Un week-end à l'automne 1986, une grande partie de l'équipe partit en caravane sur la côte californienne, à Stillwater Cove. Ils avaient organisé une retraite de quelques jours durant laquelle ils pourraient réfléchir ensemble dans un endroit serein. Parmi les personnes présentss on retrouvait Bill Reeves, Eben Ostby, Rob Cook, Loren Carpenter, Sam Leffler, David Salesin, et John Lasseter. Le livre blanc, où ils écrivirent collectivement leurs idées devint le fondement du nouveau logiciel de modélisation et d'animation qu'ils inaugurèrent avec Tin Toy: MENV (modeling evironment).
Le logiciel d'animation Motion Doctor a été conçu avant l'arrivée de John Lasseter à Lucasfilm et n'était donc pas adapté à sa formation artistique. MENV a quand à lui été conçu à la base pour accueillir le fruit du travail d'un animateur formé traditionnellement comme Lasseter. L'idée fondamentale derrière MENV était de créer un programme d'animation qui sépare les différentes étapes de l'animation par ordinateur (modélisation, animation, éclairage) dans des modules de chargement rapides. Le programme devait également être personnalisable et extensible, de sorte qu'il puisse se développer au fil du temps pour répondre aux demandes de plus en plus sophistiquées du studio en animation de personnage.
Selon Bill Reeves, la production de Tin Toy fut la plus difficile sur laquelle il a travaillé. Plusieurs nouveaux outils technologiques ont été intégrés durant la production. En plus du logiciel MENV, ce fut également les débuts de Renderman, le logiciel phare des studios Pixar responsable des rendus 3-D. C'est dans cet environnement de production difficile que John Lasseter décida de placer la barre encore plus haute qu'auparavant. L'équipe de Pixar allait tenter un des plus grands défis en matière d'animation: créer un personnage humain. Même les animateurs de Disney à leurs débuts, eurent du mal à animer de façon convaincante un homme ou une femme. Qu'en est-il aujourd'hui avec l'ordinateur comme outil?
L'animation par ordinateur, qui n'en était encore qu'à ses balbutiements, voulait s'attaquer à l'animation d'un bébé. L'idée a été suggérée par Bill Reeves, qui a eu son premier enfant, Julia, en 1986. Lasseter aima l'idée d'un bébé, mais n'avait pas d'histoire pour aller avec. Par la suite il regarda une vidéo de son neveu, Timmy. Dans cette vidéo, Timmy est assis sur une couverture et joue avec ses jouets, comme le font tous les enfants. Ce simple document fut déterminant pour Lasseter, qui l'étudia avec l'oeil d'un animateur aguerri. Il remarqua que tous les jouets que le bébé touchait allaient directement dans sa bouche. Lasseter pensa alors, "Wow, ce jouet doit imaginer que ce bébé est un monstre!" Ce fut l'étincelle nécessaire à Lasseter pour l'élaboration d'un nouveau court métrage. Il serait question d'un bébé et d'un jouet mais vu du point de vu du jouet.
L'histoire fut assez facile à trouver, mais l'animation du bébé par ordinateur le sera beaucoup moins. Malgré l'expérience aquise avec l'animation du visage du clown dans Red's Dream, animer un bébé présenta une nouvelle série de défis. La plupart des animations sont réussis car on ne sait pas vraiment comment, par exemple, Woody Woodpecker pourrait marcher ou comment un coyote pourrait chuter d'un falaise. Mais un bébé humain est quelque chose de très familier pour le public. Un seul faux mouvement et l'illusion est brisée.
Le premier défi pour Lasseter et Reeves, qui s'occupait de la partie technique sur le bébé, était de comprendre comment les muscles du visage fonctionnaient. Ils s'aidèrent pour cela des recherches de Paul Ekman et Wallace V. Friesen, qui, à la fin des années 1970, avaient développé le Facial Action Coding System (FACS). Ce système permettait d'identifier chaque muscle du visage et d'analyser la manière dont ils se contractaient selon les expressions et les émotions.
Pour appliquer ces résultats à leur bébé, Lasseter et Reeves achetèrent une poupée à Toy "R" Us, et firent une grille sur son visage, afin de le numériser. Après avoir modélisé le visage du bébé dans une position neutre, Reeves créa un logiciel qui permit à la structure musculaire de se placer sur la grille. Pour réaliser les expressions du visage complexe comme un sourire ou un froncement de sourcils, Reeves créa des macro-muscles. Lasseter compara ce processus à la "sculpture des expressions du visage." La gamme de mouvements mis en œuvre par Reeves dans le système permis des expressions asymétriques du visage, l'une des clés de la création d'un personnage humain convaincant. Le résultat peut paraître assez effrayant aujourd'hui mais pour l'époque c'était une véritable prouesse. De plus le bébé devait-être considéré comme un montre par le jouet, donc son visage servait finalement plutôt bien l'histoire.
La création de Tinny, le jouet miniature en fer blanc, fut une évidence pour Lasseter. Ce dernier était un passionné de jouets et avait commencé à en collectionner lorsqu'il travaillait encore pour les Walt Disney Animation Studios. Il avait ainsi amassé une collection assez importante, dont des jouets miniatures en fer blanc. Il fut aussi inspiré par un voyage au Japon en 1987, durant lequel il visita le Kitahara Tin Toy Museum de Yokohama. Lasseter conçu ce personnage comme un homme orchestre. Cette caractéristique lui donna une richesse sonore que Gary Rydstrom, sound designer, dut sublimer."Le gros travail sonore sur Tin Toy a été de synchroniser le son avec l'animation", se rappela Rydstrom. "John n'avait pas animé les cymbales et les tambours de son personnage avec l'idée d'une musique particulière en tête. C'était juste une sorte de modèle."
Alors que Luxo Jr. et Red's Dream, peuvent passer pour des films expérimentaux, Tin Toy se veut quant à lui plus cinématographique. Certains plans sont plus recherchés, comme le point de vue à travers le plastique translucide de la boîte à jouets: nous voyons une image déformée de l'enfant avec une tête étrange. Le film permit également à Pixar de faire un nouveau bond technologique qui les rapprocha un peu plus de leur rêve : la réalisation d'un long métrage d'animation par ordinateur.
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