04 mai 2009
Bernard et Bianca au Pays des Kangourous
29ème long métrage des Walt Disney Animation Studios, The Rescuers Down Under (Bernard et Bianca au Pays des Kangourous) est une première dans l'histoire des studios. En effet, il s'agit de la toute première suite réalisée par les Walt Disney Animation Studios. Seul deux films d'animation Disney ont eu droit à cet honneur : Les Trois Caballeros (suite indirecte de Saludos Amigos) et Fantasia 2000, suite du Fantasia de 1940. Autre fait intéressant, c'est également le premier film à utiliser l'ordinateur comme jamais auparavant, faisant entrer pour de bon le monde de l'animation dans l'ère du numérique.
Grâce au nouveau procédé CAPS (Computer Animation Production System), chaque dessin d'animation du film fut encré et coloré sur ordinateur, mettant ainsi définitivement de côté le procédé long et coûteux de l'encrage et du gouachage des cellos à la main. Le CAPS avait déjà été utilisé pour trois plans de La Petite Sirène (le plan d'introduction du navire, la descente de l'escalier dans le château et l'arc-en-ciel à la fin du film). Le reste avait été peint à la main. Bernard et Bianca au Pays des Kangourous est donc le premier film à avoir été colorisé avec le procédé CAPS dans son intégralité. L'autre intérêt de cette technique était d'avoir une palette de couleurs encore plus large (plusieurs millions de teintes différentes), de créer des ombrages transparents ou bien encore d'effectuer des mélanges de couleurs sophistiqués.
Mais l'utilisation de l'ordinateur ne s'arrête pas là ! Ce nouveau film met également la caméra multiplan à la retraite, la remplaçant par un effet de profondeur de champs identique mais désormais effectué sur ordinateur. Pour se faire chaque partie d'un arrière plan est scanné puis superposé numériquement. Au final l'effet est encore plus saisissant et a nécessité bien moins de temps et d'argent. La 3-D fut également utilisée pour de nombreux plans du film, encore plus que dans Oliver & Compagnie. On la retrouve en introduction avec un magnifique plan nous transportant dans un champs de fleurs, dans le véhicule de McLeach ou bien encore dans la scène du survol de Sidney. Étrangement, toute ces innovations technologiques révolutionnaires passèrent complètement inaperçus à l'époque de la sortie du film, Disney ayant préféré baser sa campagne marketing sur d'autres éléments moins abstraits pour le public. Il faudra attendre la sortie de La Belle et la Bête l'année suivante pour que ces nouveautés soient enfin remarqués.
Bernard et Bianca au Pays des Kangourous sorti le 16 novembre 1990 sur les écrans américains. Malgré des critique positives, une qualité technique indéniable et une histoire riche en rebondissements, le film ne rencontra pas le succès escompté... Avec seulement 25 millions de dollars de recettes, il arrive en bas de tableau du box office des Disney des années 90. Malgré cela un troisième opus des aventures des deux petites souris fut mis en chantier au milieu des années 90, projet vite avorté après la mort d'Eva Gabor (la voix originale de Bianca) en 1995. Mais qui sait, avec le retour de la 2-D chez Disney, peut-être verront nous un jour prochain une nouvelle aventure de nos deux souris préférées !
Storyboards de Glen Keane :
Recherches graphiques de Glen Keane :
25 avril 2009
Les Aventures d'André et Wally B.
LES AVENTURES D'ANDRÉ ET WALLY B. (1984)
Quelques jours après leur retour du SIGGRAPH 1983 qui se déroulait à Detroit, Alvy Ray Smith et Ed Catmull décidèrent que l'équipe infographie de Lucasfilm créerait une animation 3-D d'un personnage pour la prochaine édition du salon. Smith, qui était en charge de la division tracé et modélisation désirait réaliser une histoire simple avec ce personnage : un androïde se réveille au milieu de la forêt, baille, s'étire puis se lève avant d'admirer la beauté du paysage. Selon Smith, l'histoire symboliserait l'animation par ordinateur, qui se réveille en ce début des années 80 et s'ouvre au monde qui l'entoure. A l'époque l'histoire du court était seulement un prétexte pour montrer de quoi était capable l'équipe techniquement parlant.
Le but principal de ce court était ainsi de montrer une animation d'un personnage articulé, par opposition à la rigidité mécanique des images de synthèse qui dominait à l'époque. Ils voulaient également démontrer à Lucasfilm qu'ils étaient capable de constuire une histoire de bout en bout, qu'ils comprenaient les techniques cinématographiques et pourraient ainsi être chargé à l'avenir de travailler sur un long métrage. Leur dernière volonté était de mettre en application les technologies qu'ils avaient mis au point comme le flou de mouvement.
Pour réaliser Les Aventures d'André et Wally B., l'équipe infographie de Lucasfilm avait besoin d'un véritable animateur. A cette époque l'équipe n'était composé que de scientifiques passionnés par l'imagerie 3-D, il leur manquait encore un artiste. Plus tôt dans la même année, Ed Catmull et Alvy Ray Smith avaient rencontré John Lasseter, un jeune animateur de 26 ans travaillant chez Disney. Le jeune arriviste avait fait une grande impression aux deux scientifiques. Selon Smith, Lasseter "a été le premier animateur que l'on a rencontré qui n'avait pas peur de nous".
Lasseter, qui venait de se faire licencier de chez Disney, ne tarda pas à rejoindre l'équipe de Lucasfilm au Nord de San Fransisco. Smith, qui était alors le directeur du court, encouragea le nouveau venu à prendre des initiatives. Il avait également conseillé Lasseter sur la conception du personnage en lui disant d'utiliser uniquement des formes géométriques (ellipsoïdes, cylindres, sphères), seules formes réalisables en 3-D à cette époque. Lasseter fit de l'androïde original voulu par Smith un personnage bien plus cartoon. Pour se faire il s'inspira des premiers dessins de Mickey Mouse, qui était uniquement conçu avec des cercles. Il créa ainsi André (nom découlant du mot "androïde" et étant également un clin d'oeil au film de Louis Malle de 1981, My Dinner with André) mais aussi Wally B., une petite abeille qui viendra narguer André lors de son réveil. Pour l'animation d'André, Ed Catmull inventa la "larme", une forme flexible issu de l'union entre un cône et une sphère. Cette forme permis à Lasseter une plus grande fluidité dans les mouvements du personnage.
Lasseter décida également que, plutôt que d'essayer de s'approcher du niveau de compétence technique de ses collègues (ce qui serait pratiquement impossible étant tous doté d'un doctorat), ils travailleraient ensemble vers un objectif commun, lui s'occupant du côté artistique, et eux de la technique. Cet esprit de collaboration entre la technologie et l'Art deviendra l'une des pierres fondatrice de Pixar.
Les ambitions de l'équipe infographie de Lucasfilm allait au-delà de la volonté de créer un personnage de cartoon expressif. Chaque aspect du projet a poussé les limites technologiques des ordinateurs de l'époque, comme par exemple l'utilisation du système de particules qui a été développé par Bill Reeves. En infographie, les systèmes particules sont généralement utilisés pour créer des objets de toute petite tailles ou qui n'ont pas de forme propre, comme le feu, la fumée ou l'eau. Reeves avait par le passé utilisé ce système pour créer les flammes du "Genesis Effect" dans Star Trek II: The Wrath of Khan. Pour Les Aventures d'André et Wally B., il utilisa ce système pour créer les millers d'arbres et de brins d'herbe formant la forêt dans laquelle André se réveille.
Les Aventures d'André et Wally B. fut terminé à temps pour le SIGGRAPH de 1984. Le public du salon fut impressionné par le court qui repoussait alors les limites de l'imagerie 3-D et l'intégrait pour la première fois dans un véritable récit. L'équipe de Lucasfilm était les pionniers du genre, ils ont réussi à traîner de force le domaine de l'infographie dans le monde du cinéma. En outre, au début des années 1980, on ne pouvait pas aller dans un magasin et acheter un logiciel pour réaliser un tel film, le groupe a ainsi dû inventer chaque outil utilisé, ce qui fut long et difficile. Ce film permit également à John Lasseter de faire ses premiers pas dans le monde de l'imagerie 3-D, technologie dont il tombera éperdument amoureux et qu'il ne cessera d'améliorer au fil des décennies.
Recherches graphiques de John Lasseter :
24 avril 2009
Les courts métrages Pixar
Introduction
L'histoire et la renommée des studios Pixar n'a pas débuté avec Toy Story en 1995, mais s'est construite au fils des années 80 grâce à la production de courts métrages d'animation de grande qualité. Que ce soit avec une lampe de bureau, un monocycle ou un jouet, l'équipe de Pixar fut la première à rendre véritablement vivant un amas de formes abstraites et froides appelées polygones.
Ed Catmull et Alvy Ray Smith La forme de goutte utilisé pour André & Wally B. Pixar en 1989
L'aventure du studio à la lampe de bureau commence en 1979, quand George Lucas, qui se remet à peine de l'énorme succès du premier volet de la saga Star Wars décide d'ouvrir, au sein d'ILM (sa boîte d'effets spéciaux), un département entièrement dédié à l'animation par ordinateur, Lucasfilm Computer Division. Le but ultime était alors de réaliser des effets spéciaux numériques pour le cinéma. A cette époque, la 3-D n'en était encore qu'à ses balbutiements et toute l'équipe de ce département était vu comme des sortes de pionniers un peu loufoques. L'un d'entre eux, Ed Catmull, était sans aucun doute le plus passionné. Ce fut l'un des premiers, à la fin des années 60, à reconnaître le potentiel graphique de l'ordinateur. Voulant en premier lieu devenir animateur, il se reconvertit dans la physique et la science informatique, ne pensant pas être assez bon pour le premier métier. Il tomba littéralement amoureux de ce nouveau langage et fut ravi d'enfin trouver un métier qui pouvait allier art, informatique et physique. Un de ses premiers travaux fut de réaliser une animation 3-D de sa main gauche, une première étape dans le développement et la création de surfaces courbes, l'application de textures sur ces surfaces et l'élimination des arrêtes. Il décrocha par la suite un doctorat dans cette nouvelle technologie en avance sur son temps. Après avoir travaillé au département images de synthèse du New York Tech, Ed voulait aller encore plus loin et être le premier à réaliser un long métrage entièrement animé par ordinateur. Il fut repéré par Georges Lucas et fut un des premiers à intégrer le département de recherches numériques d'ILM. Le premier projet officiel du département fut de réaliser un plan pour le film Star Trek 2 - The Wrath of Khan en 1982. La caméra devait partir de l'espace et venir jusqu'à la surface de la planète pour la voir se transformer. Le plan aurait été impossible à réaliser sans ordinateur.
Luxo Jr. (1986) John Lasseter travaillant sur Reds Dream (1987) Knick Knack (1989)
En 1984, John Lasseter débarque au département après s'être fait licencier des studios Disney. Fasciné par le film Tron sorti deux ans plus tôt, il avait assisté à une conférence sur les images de synthèse l'année précédente. Ed Catmull était un des intervenants de la conférence et le rencontra pour prendre des nouvelles de son travail sur l'animation 3D chez Disney. Ed lui proposa alors de rejoindre ILM. C'était une merveilleuse occasion pour lui de recruter un véritable animateur, ce qui leur serait très utile pour leur futur projets. Mais John fut au final bien plus qu'un simple animateur, il devint le pôle créatif du département. Par la suite c'est à lui que l'on devra le scénario, l'animation et le design des personnages des premiers courts métrages Pixar. Le premier travail de John consista à créer le court métrage Les Aventures d'André et Wally B. en 1984, le premier et dernier réalisé sous l'égide de Georges Lucas. En 1986, Steve Jobs rachète le département d'ILM pour créer officiellement Pixar (fusion des mots "pixel" et "art"). Conscient du potentiel de l'équipe, il investit dix millions de dollars dans l'entreprise. La même année sorti Luxo Jr., un court métrage avec une petite lampe de bureau démontrant tout le talent du studio. C'est grâce à Luxo Jr. que Pixar commença à se faire connaître dans le monde de l'animation, la petite lampe devint ainsi très vite l'emblème de l'entreprise. La réalisation de court métrage continua à côté de la commercialisation d'ordinateurs Pixar, qui était le véritable but de l'entreprise à ses débuts, les courts métrages ne servant que de démonstration technique. Par la suite Pixar sorti un court métrage par an : Red's Dream (1987), Tin Toy (1988) et Knick Knack (1989). Le partenariat avec Disney signé en 1991 pour la réalisation d'un long métrage changea la donne et les courts métrages (comme la commercialisation d'ordinateurs) furent abandonné pendant un temps. Il faudra attendre 1997 pour découvrir un nouveau court, Le Joueur d'Échecs, qui était surtout une excuse pour tester de manière plus approfondie l'animation d'un humain, de vêtements et des expressions faciales.
Extra-Terrien (2007) Presto (2008) Passages Nuageux (2009)
Dans les années 2000 le court métrage refait son apparition plus régulièrement, toujours pour permettre de tester de nouvelles techniques. Dans Drôles d'Oiseaux sur une Ligne à Haute Tension (2000), l'animation des plumes des oiseaux servira par exemple de base à l'animation des poils de Sullie dans Monstres & Cie. Par la même occasion, chaque long métrage se dote désormais d'un court en bonus sur le DVD, mettant en scènes les héros du film. Nous auront ainsi droit à La Nouvelle Voiture de Bob (2002), Baby-Sitting Jack-Jack (2005), Martin et la Lumière Fantôme (2006), Notre Ami le Rat (2007) et BURN•E (2008). Depuis Les Indestructibles (2004) chaque film est également accompagné d'un court métrage au cinéma. Nous découvriront ainsi Saute-Mouton (2003), L'Homme Orchestre (2006), Extra-Terrien (2007), Presto (2008), Passages Nuageux (2009), Jour Nuit (2010), La Luna (2012) et The Blue Umbrella (2013). En 2006 Disney rachète Pixar et emporte avec eux John Lasseter et Ed Catmull qui deviennent les chefs du département animation de Disney en plus de leur poste à Pixar. Ils amènent dans leurs bagages le concept des courts métrages qui refera alors son apparition chez Disney après des années d'absence.
Parallèlement aux courts métrages "traditionnels", les studios Pixar créent deux séries de courts métrages dérivés de leurs deux productions les plus populaires : Cars - Quatre Roues et Toy Story. La série Cars Toon débarque en 2008 sur Disney Channel, avec un bref passage au cinéma en avant programme de Volt, Star Malgré Lui pour le court métrage Tokyo Martin en 2008. La série Toy Story Toons commence quant à elle sa carrière sur les chapeaux de roue avec Vacances à Hawaï, diffusé en avant-programme de Cars 2 au cinéma, en 2011. S'en suivront Mini Buzz et Rex, le Roi de la Fête, resspectivement diffusés en avant-programme de Les Muppets, Le Retour en 2011 et de la ressortie 3D de Le Monde de Nemo, en 2012. Ces deux séries sont réalisées non pas aux studios Pixar d'Emeryville mais à Vancouver, où Pixar a ouvert un nouveau studio en 2011.
Air Martin (2011) Vacances à Hawaï (2011) Rex, le Roi de la Fête (2012)
Aujourd'hui les studios Pixar restent très attachés à la réalisation de courts métrages qui permettent, en plus de tester de nouvelles technologies et de faire revivre des personnages connus, à de jeunes réalisateurs du studio de faire leurs preuves, et pourquoi pas réaliser un long métrage par la suite !
16 avril 2009
Fantasia 2000 : Le Carnaval des Animaux
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Cinquième séquence de Fantasia 2000, Le Carnaval des Animaux était à l'origine une idée de Joe Grant. Artiste chez Disney entre 1932 et 1949, il revint travailler aux studios dans les années 90 en tant que consultant, alors qu'il avait déjà plus de 80 ans! Bouillonnant d'idées malgré son âge avancé, il proposa une séquence pour Fantasia 2000 avec comme personnage principal une autruche de la séquence La Danse des Heures, du Fantasia original, s'amusant avec un yoyo. L'idée fut retenue mais l'autruche fut finalement remplacé par un flamant rose.
Eric Goldberg, le réalisateur de la séquence nous parle de cette expérience : "Pour concevoir Le Carnaval des Animaux, j'ai commencé par faire des recherches auprès de mon collaborateur, Mark Gabriel, qui, en travaillant sur Pocahontas, jouait sans arrêt au yoyo. Je l'ai alors filmé en train de jouer au yoyo, ce qui nous servit de référence pour la suite de notre travail. Après cela il a fallut se demander pourquoi un flamant rose jouerait-il avec un yoyo? Et on s'est dit : "il a un yoyo parce que c'est l'excentrique." Lui il veut jouer, alors que les autres veulent se mettre en ligne. La séquence ressemble beaucoup à un passage de La Danse des Heures, quand les autruches se disputent une grappe de raisin, on peut voir ça comme une sorte de clin d'œil En étudiant des flamants dans des zoos californiens, on a appris qu'ils ont tendance à avoir des comportements de groupe. Si l'un lève la tête, ils le font tous. Si l'un va à gauche, ils le font tous. C'est comme un troupeau de moutons! Et on a pensé que ce serait sympa que le héros soit l'original. Celui qui ne veut pas faire comme les autres."
Techniquement, la séquence se démarque du reste du film par l'utilisation de l'aquarelle pour les personnages. Alors qu'il était devenu habituel de scanner et peindre les cellos sur ordinateur, il fut décidé ici de tout coloriser à la main avec la technique de l'aquarelle, donnant ainsi encore plus de vie aux personnages animés. L'impression de peinture vivante était également accru. Côté animation, les Six Snobs (les flamant roses poursuivant le héros) ont été animé par le réalisateur Eric Goldberg. Il se chargea en fait d'en animer un seul, puis son animation fut démultiplié pour donner l'illusion d'un groupe d'oiseaux parfaitement synchrone.
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Recherches graphiques :
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Dessins de Joe Grant :
06 avril 2009
Toy Story
L'aventure de Toy Story débute officiellement en mai 1991, lorsque Disney signe un contrat avec les studios Pixar pour la réalisation d'un long métrage d'animation en images de synthèse. A l'origine, Pixar avait proposé à Disney un programme télévisuel de trente minutes pour Noël inspiré du court métrage Tin Toy sorti en 1988. Mais Disney, impressionné par le parcours du petit studio californien depuis sa création en 1979 au sein d'ILM, leur donna en échange le feu vert pour un long métrage! John Lasseter, le leader créatif des studios Pixar n'en revenait pas, dix ans après son licenciement de chez Disney, voilà qu'ils avaient à nouveau grand besoin de lui. Et vice et versa, autant Pixar avait de l'imagination et de l'enthousiasme à revendre, autant Disney leur permettrai un financement et une campagne marketing de premier choix.
La réalisation d'un long métrage d'animation en images de synthèse était le but premier des studios Pixar depuis leur création. Au départ Pixar n'était qu'une petite entité d'ILM concentré sur l'animation et les effets spéciaux assistés par ordinateur. Après un premier court métrage, The Adventures of André & Wally B., en 1984, l'équipe se pencha sur les effets spéciaux d'une scène du film Le Secret de la Pyramide, qui sera alors le premier film avec effets spéciaux numériques. Après le rachat du studio par Steve Jobs en 1986 (Lucas Film ayant fait la grosse erreur de se séparer d'eux) et la sortie du court métrage Luxo Jr., Pixar commençait à être de plus en plus reconnu dans le monde de l'animation. En plus d'avancées technologiques impressionnantes, les artistes de Pixar (en particulier John Lasseter), avaient insufflé de la vie à leurs personnages, ce qui rendait cette 3D encore balbutiante beaucoup moins froide qu'auparavant. Après divers courts métrages (Red's Dream, Tin Toy, Knick Knack) et la réalisation de plusieurs publicités, les studios allaient enfin pouvoir réaliser leur rêve de long métrage grâce à Disney, qui financera leur projet. La tâche va s'avérer ardu, pratiquement personne chez Pixar n'avait déjà travaillé sur un long métrage, ils auraient énormément de choses à apprendre. De plus leur film allait être le tout premier film d'animation entièrement réalisé en images de synthèse, c'était un grand pas vers l'inconnu et un sacré défi. Mais ce n'est pas ça qui les auraient découragé, bien au contraire.
La ligne de conduite pour ce long métrage était la suivante : pas de conte de fée, pas de personnages qui chante, en gros Pixar ne voulait pas faire un film Disney traditionnel, mais trouver leur propre style. De ce côté Disney leur avait laissé carte blanche, et cette liberté angoissait quelque peu les artistes des studios Pixar. John Lasseter voulait un film dans la continuité de Tin Toy, une histoire de jouets. Au départ Toy Story (nom provisoire du film qui sera finalement le titre définitif) devait être l'histoire de Tinny (le personnage principal de Tin Toy) qui part en vacances avec son propriétaire. Celui-ci l'oubli sur une aire d'autoroute, il est alors trouvé par un chineur qui le jette dans son camion. Il y fait la rencontre d'une marionnette ventriloque et ils décident de s'entraider. A la fin les deux compères finissaient dans une sorte de paradis des jouets (une école maternelle) où ils ne seraient plus jamais perdus, ni délaissés. Puis le scénario fut modifié et on déplaça l'histoire dans une chambre d'enfant. Un jeune garçon reçoit un nouveau jouet à son anniversaire qui rejoint ses vieux jouets. Mais ça paraissait étrange qu'un vieux jouet démodé comme Tinny devienne le jouet préféré d'un petit garçon. Il fut alors décidé de créer des jouets de toutes pièces. Tinny fut remplacé par Lunar Larry (qui sera par la suite renommé Buzz Lightyear) et la marionnette ventriloque échangea son chapeau haut de forme contre un costume de cow-boy.
Un première version du film sous forme de storyboards fut présenté aux dirigeants des studios Disney en décembre 1993. Même si les scénaristes de Pixar avaient de grandes libertés sur leur film, l'accord des dirigeants était indispensable pour lancer la production. Et ce fut un désastre. Rien ne fonctionnait, ce n'était ni drôle, ni émouvant et le récit manquait cruellement de rythme. Les personnages ne fonctionnaient pas. Woody était le personnage le plus énervant jamais vu à l'écran. En fait, à force de se plier à toutes les rectifications que voulait apporter Disney au film, Toy Story ne ressemblait plus à ce que John Lasseter avait imaginé. Disney voulut alors stopper la production et demanda à Pixar de faire des coupes dans le budget en licenciant une partie de leurs employés, ce qu'ils refusèrent de faire. A la place ils se remirent immédiatement au travail et réécrivirent le scénario. Tout le monde était extrêmement motivé, ils savaient que c'était leur dernière chance de prouver de quoi ils étaient capables et il ne fallait pas la laisser passer. En seulement trois semaines l'équipe du film avait réalisé un nouveau storyboard! Il fut présenté à Disney qui l'approuva, ce n'était pas parfait mais cela prouvait que le film avait un potentiel. La production de Toy Story pouvait enfin commencer.
Thom Hanks et Tim Allen furent choisit pour interpréter Woody et Buzz. Contrairement à beaucoup de films d'animation, les acteurs eurent ici une grande influence sur la conception des personnages. Tim Allen par exemple insuffla beaucoup de douceur à Buzz, qui était à la base un simple héros venu de l'espace, fier et arrogant. Il en fit une sorte de policier intergalactique égocentrique, rempli d'humour et de naïveté. Tom Hanks accepta quant à lui très vite le rôle de Woody, et ce grâce à un test d'animation du personnage avec sa voix tiré d'un de ses précédents films. Il trouva cela génial et accepta sur le champs de participer au projet. Sa voix chalereuse permit de rendre Woody un peu plus enthousiaste et sympathique.
Les musiques de Toy Story furent confié à Randy Newman. Tout d'abord musicien, Randy devint compositeur en 1965 avec la réalisation de la bande originale du film Peyton Place. Il se fit surtout connaitre dans ce domaine à partir de 1981 avec la musique de Ragtime puis Maverick en 1994. Toy Story était son premier projet de musique de film d'animation, ce qui était parfait pour l'équipe qui désirait une musique tout aussi différente que le scénario. En plus de la musique, Randy Newman écrivit plusieurs chansons pour le film dont You've Got A Friend In Me, qui devint très vite populaire lors de la sortie du film. Son style et ses sonorités mélangeant jazz et country étaient parfaites pour le film, le résultat final était tout a fait celui recherché.
Toy Story sorti le 22 novembre 1995 aux Etats-Unis et fut un véritable triomphe dès les premiers jours d'exploitations. Malgré un budget très serré, le film engrangea plus de 350 millions de dollars de recettes dans le monde et ouvrit la voie à une toute nouvelle génération de films d'animation. Sorte de Blanche Neige et les Sept Nains des temps modernes, Toy Story reste, des années après sa sortie toujours aussi bon, malgré une 3D dépassée depuis longtemps. Le secret du film est bien entendu un scénario en béton et des personnages charismatiques et attachants, la technologie 3D n'étant au final qu'un "banal" outil. Voilà pourquoi Toy Story restera un film inoubliable, qui fait désormais parti de l'histoire.
Recherches décors :
Recherches personnages :
Woody
Buzz Lightyear
24 mars 2009
Fantasia 2000 : Concerto pour Piano n°2, Allegro, Opus 102
CONCERTO POUR PIANO N°2, ALLEGRO, OPUS 102
(LE PETIT SOLDAT DE PLOMB)
Quatrième segment de Fantasia 2000, Le Petit Soldat de Plomb était un projet de longue date aux studios Disney. Inspiré du conte d'Hans Christian Andersen (l'auteur de La Petite Sirène et de La Petite Fille aux Allumettes), il devait déjà faire parti du premier Fantasia sorti en 1940. Ce fut alors Bianca Majolie qui en réalisa le storyboard. Malheureusement la fin du segment ne satisfaisait pas Walt Disney et l'histoire fut mise de côté. Il faudra attendre 1991 pour que le projet soit remis sur les rails sous l'impulsion de Roy E. Disney, le neveu de Walt, qui désirait réaliser une suite à Fantasia.
Steve Goldberg (superviseur artistique) test d'animation Eamonn Butler (animateur)
La nouvelle version de Le Petit Soldat de Plomb est très proche du storyboard original, seul la fin a été modifié. Dans la première version (très fidèle au conte d'Andersen) le soldat et la ballerine finissent dans le feu et fondent. Leurs deux corps fondus forment alors un cœur. Pour la nouvelle version, les scénaristes voulaient que la fin de l'histoire soit plus en accord avec le concerto de Dimitri Shostakovich, qui se termine sur une note positive. Il fut alors décidé que c'était le diable qui devait finir dans le feu et non les deux amants.
Lorsque la production de cette séquence débuta en 1991, l'ordinateur était déjà bien installé au sein des studios Disney. Il avait déjà servi à de nombreuses reprises sur divers productions animées (Basil, Détective Privé, Oliver & Compagnie, La Petite Sirène et La Belle et la Bête). Mais ce fut la première fois que l'outil informatique était utilisé pour animer des personnages principaux. L'idée était de dissimuler le plus possible le fait que ces personnages soient animés par ordinateur, de peur que leur rendu soit dépassé lors de la sortie du film (qui devait se faire en 1996 mais se fera finalement en 2000). Le reste de la séquence est animée et réalisée de façon plus traditionnelle, tout à la main.
Le résultat final est un excellent mélange d'animation 2D et 3D, l'alliance parfaite du passé et du futur de l'animation.
Storyboards de Bianca Majolie (1938) :
Recherches graphiques :
Line test (1995) :
16 mars 2009
Claude Coats
Claude Coats est né le 17 janvier 1913 à San Francisco. Il fait ses études à l'université de Californie du Sud et obtient son diplôme d'architecte en 1934. Il s'inscrit au Chouinard Art Institute de Los Angeles, puis intègre le département décor des studios Disney en juin 1935.
Il y fait la connaissance de Gustaf Tenggren, avec qui il collabore sur Little Hiawatha (1937), réalisé par David Hand. Après quelques mois d'apprentissage, il rejoint l'équipe de décorateurs de Blanche Neige et les Sept Nains, dirigée par Samuel Amstrong.
En 1938, il crée les fonds du plus célèbre court métrage de Mickey, L'Apprenti Sorcier. Il retrouve Gustaf Tenggren lors de la production de Pinocchio et réalise les magnifiques décors de l'atelier de Geppetto. Claude Coats dispose d'une aptitude unique à transcrire une ambiance et apporter de la matière aux objets, ce qui leur confère une vie propre. Il s'inspire des harmonies colorées de Tenggren, mais impose aussi son originalité. Les décors peints par Claude Coats possèdent un style, reconnaissable à l'équilibre des couleurs, l'utilisation de la lumière et l'impression de profondeur.
En trente ans de carrière, nous lui devons quelques-uns des plus beaux décors de Fantasia, Dumbo, Saludos Amigos, Victory Through Air Power, Les Trois Caballeros, La Boîte à Musique, Mélodie du Sud, Mélodie Cocktail, Le Crapaud et le Maître d'Ecole, Cendrillon, Alice au Pays des Merveilles, Peter Pan et La Belle et le Clochard. Il signe aussi les décors de nombreux courts métrages comme The Art of Skiing (1941) et Tiger Trouble (1945) de Jack Kinney, Dog Watch (1945) et Cat Nap Pluto (1948) de Charles Nichols, Motor Mania (1950) de Jack Kinney, The Little House (1952) de Wilfred Jackson, How to Dance (1953) et How to Sleep (1953) de Jack Kinney, Ben and Me (1953) de Hamilton Luske, et Up a Tree (1955) de Jack Hannah.
En 1955, Walt Disney lui demande de rejoindre l'équipe de conception de Disneyland. On lui doit les décors des plus célèbres attractions, dont "it's a small world", Mr Toad's Wild Ride, Snow White's Scary Adventures, Pirates of the Caribbean et The Haunted Mansion. Dans les années 1970, il continue son travail de directeur artistique pour Disneyworld et EPCOT Center en Floride, et Tokyo Disneyland au Japon.
Il prend sa retraite en 1989 et s'éteint le 9 janvier 1992 à Los Angeles. De l'avis de tous, il fut le plus talentueux décorateur de l'histoire des studios Disney. Il reçut le titre de Disney Legend en 1991, quelques mois seulement avant sa disparition.
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Blanche Neige et les Sept Nains :
Pinocchio :
Fantasia :
Cendrillon :
Alice au Pays des Merveilles :
Peter Pan :
La Belle et le Clochard :
Attraction The Haunted Mansion :
11 mars 2009
Pinocchio
Si Blanche Neige et les Sept Nains peut être considéré comme le joyaux de l'animation mondiale à sa sortie en 1937, Pinocchio en est indubitablement la parfaite évolution. Walt Disney l'avait bien souligné à l'époque de la sortie (et de l'énorme succès) de son premier film, il était hors de question pour lui de réaliser un Blanche Neige et les Sept Nains 2, malgré les nombreux appels du public pour retrouver leurs héros préférés dans de nouvelles aventures. C'est ainsi que vers la la fin de la production de Blanche Neige et les Sept Nains, le studio mis en chantier plusieurs films en parallèle, tous très éloignés de l'univers de la princesse star. Parmi ces projets on retrouvait Dumbo, Bambi, la séquence de L'Apprenti Sorcier qui finira par donner Fantasia, Peter Pan ou bien encore Alice au Pays des Merveilles. C'est au milieu de ce pot pourri créatif que Pinocchio fit son apparition.
Pinocchio était déjà un projet de longue date lors du début de sa production en 1938. En effet, c'est en 1935, lors d'un voyage en Europe afin de réunir une collection d'ouvrages illustrés qui serviraient d'inspiration aux artistes des studios que Walt Disney découvrit le célèbre conte de Carlo Collodi et en négocia immédiatement les droits d'adaptation. Né à Florence en 1826, Carlos Lorenzini (de son vrai nom) a débuté sa carrière par des articles politiques avant de devenir critique littéraire. Parallèlement à ses activités journalistiques, il publie des ouvrages à destination du jeune public. C'est en juillet 1881 que débute sous forme de feuilleton la publication de La Storia di un burattino (Histoire d'une marionnette) dans la revue Giornale per i Bambini. Achevée en 1883, l'œuvre comptait au final pas moins de 36 chapitres qui ressortirent sous la forme d'un livre unique sous le titre Le Avventure di Pinocchio. Le succès fut au rendez-vous et l'ouvrage se vendu à plus d'un million d'exemplaires.
Walt Disney commanda une nouvelle version du conte au Printemps 1937 à la scénariste Bianca Majolie afin de raccourcir le récit du livre, bien trop long pour être retranscrit en long-métrage d'animation. La version de Disney s'éloigne de l'œuvre originale sur plusieurs points, supprimant quelques personnages, en valorisant d'autres, lissant de nombreux éléments pour faire rentrer tout cet univers dans le moule des productions Disney. Mais qu'importe car cette version du petit pantin de bois est encore considéré aujourd'hui comme la plus belle jamais réalisée. Et c'est qui fera la force des nombreuses futurs productions des studios, ne jamais se contenter de retranscrire avec précision les œuvres à l'écran.
La production de Pinocchio débuta officiellement en mars 1938. Mais les difficultés ne tardèrent pas à montrer le bout de leur nez, et après six mois de travail acharné, la première version de l'histoire achevée ne satisfaisait pas Walt Disney. Il décida alors de tout reprendre à zéro. Les dépenses étaient déjà en train de s'accumuler alors que le film n'en était encore qu'à l'étape du storyboard et aux premiers tests d'animation! Dans la seconde version du scénario, le gros changement fut de donner plus d'importance au personnage de Jimminy Cricket qui, dans la première version plus fidèle au roman ne tenait qu'un rôle mineure. Il sera désormais la conscience et le fidèle ami du petit pantin de bois et aura une grande importance dans le déroulement de l'histoire.
Le design de Pinocchio fut confié à Fred Moore, Frank Thomas et Mitl Kahl. Tout d'abord réaliste, le pantin pris peu à peu sa forme définitive grâce aux talents combinés de ces trois artistes. Frank Thomas s'occupait principalement du visage du personnage, Fred Moore (également responsable de l'animation de Crapule) l'humanisa un peu plus et lui offrit des gants blancs, quant à Mitl Kahl il se démenait pour animer convenablement le corps de la marionnette, s'inspirant des mouvements de vrais petits garçons.
Une grosse innovation fit son apparition durant la production de Pinocchio et simplifia grandement le travail des artistes. Walt Disney décida de créer tout les modèles des personnages et véhicules du film en volume. Ces sculptures qui étaient ensuite polies puis peintes permirent aux animateurs de mieux de se rendre compte de l'espace que prenait leur personnage dans les décors, et de pouvoir les visualiser en trois dimensions.
Le design et l'animation de Jiminy Cricket fut confié à Ward Kimball. Voilà ce que dit plus tard l'artiste sur cette expérience : "A l'origine je dessinais le criquet comme une sauterelle noire, avec des pattes et de longues antennes. A chaque fois que je montais voir Walt, il prenait un air désapprobateur. J'en ai dessiné douze ou quatorze version et j'ai graduellement supprimé tous les appendices de l'insecte." Au final Jiminy ne ressemblait plus vraiment à un criquet mais avait au moins le mérite d'être plus agréable à l'œil!
Le personnage de Geppetto fut confié à Arthur Babitt et Bill Tytla, qui animait également Stromboli. Figaro, un des personnages ajoutés par les scénaristes, fut quant à lui animé par Eric Larson. L'artiste adora s'occuper de ce chaton car il eu toute les libertées sur sa création et son animation, étant un personnage inédit. Après des centaines d'esquisses et d'études du personnage, Eric Larson en fit un des personnages les plus réussis du film. Pour finir, Gédéon fut animé par John Lounsbery (sa première animation de personnage important) et Norman Ferguson, Grand Coquin par Preston Blair et Monstro par Wolfgang Reitherman.
Graphiquement, Pinocchio doit beaucoup au travail de deux grands illustrateurs européens, Gustaf Tenggren et Albert Hurter. Tenggren est arrivé aux studios Disney durant la production de Blanche Neige et les Sept Nains, sur lequel il ne travailla que sur deux séquences. Après avoir participer au Silly Symphonie Little Hiawatha il se penche sur Pinnochio, où il aura une grande influence, en particulier sur les décors. Albert Hurter s'occupa quant à lui des innombrables objets présents dans l'atelier de Geppetto. Comme sur Blanche Neige et les Sept Nains il eu surtout un rôle important dans la stylisation de ces objets, et les créa de A à Z. Ces deux artistes permirent au film d'avoir ce style européen tant recherché par Walt Disney.
Pinocchio sort le 7 février 1940 dans les salles américaines et fut acclamé par le public et la presse. Malgré cela le film n'arriva pas à réitérer l'exploit commerciale de son prédécesseur, en partie à cause du marché européen fermé par la guerre... Avec un budget de 2,6 millions de dollars, Pinocchio ne rapporta pas autant aux studios que prévu et contraint Walt Disney à restreindre le budget de ses futurs productions. Malgré cela, Pinocchio reste un chef-d'œuvre intemporel qui a réussit à gommer tout les défauts de Blanche Neige et les Sept Nains pour nous offrir un film techniquement parfait. Le film a par la suite séduit l'Europe (premier sortie française en 1946) et le monde entier, jusqu'à faire oublier à bon nombre le roman original de Collodi. Le film reçut en 1940 l'Oscar® de la meilleure chanson pour Quand on prie la Bonne Etoile (qui deviendra très vite l'hymne de Disney) écrite par Ned Washington et composée par Leigh Harline et un second pour la partition musicale signé Paul Smith.
Recherches de Gustaf Tenggren :
Autres recherches graphiques :
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Model sheets :
Décors de production :
storyboards :
08 mars 2009
Fantasia 2000 : Rhapsody in Blue
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Troisième segment de Fantasia 2000, Rhapsody in Blue est le résultat d'un mariage artistique de deux génies, l'un de la musique et l'autre du dessin. Composée en 1924 par George Gershwin, Rhapsody in Blue est une œuvre atypique. Crée en moins de quinze jours en raison d'un oubli de l'auteur, le morceau fut immédiatement un triomphe. Pour la première fois le public avait l'occasion d'écouter du jazz dans une salle de concert, ce qui était à l'époque quelque chose d'exceptionnel. Le morceau comportait des parties lentes, d'autres rapides, des parties drôles, des reprises, etc. Des éléments parfaits pour être retranscrit en animation.
Le projet fit son apparition aux studios Disney en 1995, lorsque que Eric Goldberg (animateur du Génie dans Aladdin et réalisateur de Pocahontas, une Légende Indienne), arrivé chez Disney quelques années auparavant, présenta le projet aux dirigeants du studio. Son idée était d'allier le style graphique de l'illustrateur Al Hirschfeld avec le morceau de Gershwin, le tout dans la ville de New York des années 20. Le projet n'emballa guère les pontes du studios et fut mis de côté... Il fallut attendre 1998 pour que la production du court métrage prenne enfin son envol et ce pour une raison peu glorieuse. En effet à cette période la production de Kuzco, l'Empereur Mégalo (alors encore nommé Kingdom of the Sun) avait pris du retard, ce qui eut pour fâcheuse conséquence de mettre les animateurs du studio au chômage technique. Pour éviter cela, la direction remit en marche le projet Rhapsody in Blue afin d'occuper les animateurs durant leurs six mois de trou! C'est aussi à ce moment qu'il fut décidé d'intégrer le court métrage à Fantasia 2000 alors qu'il n'en était nullement question à l'origine.
Eric Goldberg (réalisateur) George Gershwin (compositeur) Donald Ernst (producteur)
En plus d'en être la principale inspiration, l'illustrateur américain Al Hirschfeld était aussi le consultant artistique sur la séquence. Le style graphique de Rhapsody in Blue est ainsi la parfaite retranscription animée du style d'Hirschfeld. L'équipe du film a eu la permission de l'artiste d'utiliser tout son travail déjà existant afin de s'en inspirer. Eric Goldberg, qui tenait le rôle de réalisateur sur Rhapsody in Blue a toujours été un grand admirateur d'Al Hirschfeld. Il trouvait que le style de l'artiste se prêtait vraiment bien à l'animation. La plupart des personnages crées par Al Hirschfiled qui inspirèrent la galerie de personnages du film ont été utilisé tels qu'il les avait dessiné à l'origine, tant son trait était fin et fluide. Il pouvait ainsi exprimer tout un panel d'émotions avec une simple ligne. La ligne a d'ailleurs une grande importance dans le travail d'Hirschfeld, et donc dans Rhapsody in Blue. Voici ce que disait l'artiste à ce propos : "La ligne domine. Elle exprime l'intention émotionnelle de l'artiste. Quand on trace une ligne, elle communique. Quand on déplace cette ligne, ça prend une autre dimension. Elle ne communique plus."
En animation la ligne sert surtout à délimiter les différentes zones de couleurs, sur Rhapsody in Blue elle avait en plus un rôle important dans la retranscription du caractère des personnages.
Susan McKinsey Goldberg (art director) Al Hirschfeld (consultant artistique) Les décors ont été colorisés à l'ordinateur
La palette de couleurs de Rhapsody in Blue est logiquement basée sur la couleur bleue. Ce bleue fut ensuite détourné pour avoir des violets, des mauves, des verts, qui contiennent toujours beaucoup de bleu. L'équipe voulait conserver une palette très limitée, mais qui exprime un éventail de luminosités. De temps en temps, ils utilisaient une couleur chaude, pour faire remarquer un détail, comme la sacoche de Duke (l'ouvrier fan de jazz), ou la balle rouge de Rachel (la petite fille). Ca attire l'oeil car tout le reste est bleu. Cela permet au spectateur de remarquer certaines choses qui vont s'avérer intéressante dans l'histoire.
Avec Rhapsody in Blue, les artistes des studios Disney expérimentèrent une nouvelle technique aujourd'hui devenue courante. La totalité des décors de la séquence ont été peint numériquement. Ainsi les artistes n'était pas obligé de peindre les décors briques par brique, cela simplifia beaucoup la production. Le rendu finale est très plat, mais c'était l'effet voulu. Hirschfeld lui-même peignait des fonds unis en arrière-plan de ses dessins.
Rhapsody in Blue est une des séquences les plus réussies de Fantasia 2000, et la première introduction de musique dite "populaire" dans un Fantasia. Al Hirschfeld fut enchanté du résultat final, et George Gershwin aurait certainement été du même avis!
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Dessins d'Al Hirschfeld :
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Color keys :
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Conception des personnages :
28 février 2009
Peter Pan
14ème long métrage des Walt Disney Animation Studios, Peter Pan avait une place de choix dans le cœur de Walt Disney. Peter Pan était à l'origine une pièce de théâtre écrite par James Matthew Barrie, romancier et dramaturge écossais. Peter Pan or the boy who would not grow up, fut joué pour la première fois en 1904 au Duke of York's Theatre de Londres. Ce fut le plus grand succès de l'auteur sur scène. Pour la première fois une pièce de théâtre réussissait à ravir enfants comme adultes. Walt Disney découvrit l'œuvre en 1913, à l'âge de 12 ans, quand une troupe de théâtre vint à Marceline pour une représentation de la pièce. Le jeune garçon en ressorti bouleversé et n'oublia jamais Peter et sa bande. Peu après il rejoua Peter Pan dans son école, aux côtés de son frère Roy qui s'occupait de le faire voler à l'aide d'une corde. Il y tenait bien sur le rôle de Peter. En 1924, Walt découvrit avec joie la première adaptation cinématographique de Peter Pan, avec Bettie Bronson dans le rôle principal (Peter était toujours interprété par une femme avant la version de Walt Disney).
Il n'est donc pas surprenant de découvrir que Peter Pan aurait dut-être le second long-métrage d'animation des studios. Pourtant, le film ne sorti qu'en 1953, soit quatorze ans après que Walt Disney ait acheté les droits de la pièce en 1939. Deux raisons principales à ce retard : le souci de peaufiner au mieux le scénario, étant donné l'énorme affection que Walt porte à l'oeuvre originale, et bien évidemment la Seconde Guerre mondiale.
Dès 1939, Walt Disney confie l'esthétique générale du film à David Hall, illustrateur anglais qui avait déjà travaillé sur la première version d'Alice au Pays des Merveilles en 1938. Ses superbes esquisses à l'aquarelle s'avérèrent bien plus sombre que l'atmosphère de la pièce originale. En 1941 le storyboard du film est presque fini quand les Etats-Unis entrent en guerre et que les studios sont réquisitionné par l'armée américaine. Il faudra attendre 1947 pour que la production du film commence enfin. La version de David Hall est alors mis de côté et la direction artistique est confié à Mary Blair, qui s'était déjà faite remarqué durant la production de Saludos Amigos et Les Trois Caballeros. Le scénario est également remanié et mis entre les mains de Bill Peet et son équipe de scénaristes. Contrairement à la première version du scénario, on vit apparaître dans ce second essai de nombreux changements par rapport à l'œuvre de Barrie. La plus grosse différence était que Nana, la chienne, n'accompagnait pas les enfants au Pays Imaginaire.
Walt disney confia l'animation de Peter Pan à Milt Kahl. La principale difficulté était de reproduire l'apesanteur, d'animer un personnage qui flottait dans les airs plus qu'il ne volait. C'est un jeu très subtile faisant appel à la fois aux principes de l'apesanteur et à l'imaginaire. Seul de très bons animateurs étaient capable de réaliser un tel défi. Milt Kahl, considéré comme le meilleur dessinateur des Nine Old Men était parfait pour ce rôle.
Le Capitaine Crochet fut confié à Frank Thomas, aidé de Wolfgang Reitherman pour les scènes d'action avec le crocodile. Le scénariste Ed Penner le voyait comme un dandy raffiné et prétentieux, alors que le réalisateur le voyait plus comme un dur sans foi ni loi qui n'hésitait pas à tuer des membres de son équipage. Frank Thomas fit un mix des deux versions tout en y ajoutant une touche comique qui rendait le personnage encore plus ridicule et attachant. Monsieur Mouche, le fidèle compagnon de Crochet fut évidemment confié à Ollie Johnston, l'équipier favoris de Franck Thomas.
Marc Davis s'occupa d'animer la Fée Clochette. Habitué à animer des personnages féminins, l'artiste était le mieux placé pour donner vie à la petite fée. Le personnage évolua beaucoup au fil des années, suivant les canons de la beauté de l'époque. Etant muette, Clochette était très intéressante à animer, tout ses émotions passant uniquement par ses mouvements. Le personnage devint très vite le préféré du public. Fier et indépendante, elle représentait la femme moderne, à mille lieux d'une Blanche Neige ou d'une Cendrillon, soumise et fée du logis. Sa tenue minimaliste la rendait également terriblement attrayante pour un personnage de dessin animé, ressemblant au pin-up que l'on trouvait dans les magazines. Beaucoup la comparèrent à Marilyn Monroe.
Peter Pan sorti dans les salles américaines le 3 février 1953 et fut un énorme succès dès son premier jour d'exploitation. Malgré des critiques mitigées (certaines reprochaient au film de Disney de trop s'éloigner de la version originale), le public se déplaça en masse pour découvrir le film. Contrairement à Alice au Pays des Merveilles, l'équipe en charge de Peter Pan avait réussi à rendre hommage à l'œuvre originale tout en donnant leur propre version de l'histoire. Le film coûta quatre millions de dollars et en rapporta un peu plus, ce qui permit à Walt Disney de financer en partie Disneyland, mais ça c'est une autre histoire...
Recherches graphiques de David Hall :
Recherches graphiques de Mary Blair :
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Décors de production :
Recherches personnage Peter Pan :
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Recherches personnage Fée Clochette :