12 juillet 2011
Critique Cars 2
(critique rédigée en juillet 2011) Après le très réussi Toy Story 3, les studios d'animation Pixar continuent sur leur lancée des suites en nous dévoilant cette années Cars 2, suite de Cars - Quatre Roues sorti en 2006. Quatre années se sont écoulées depuis la fin du premier film, Flash McQueen est désormais une voiture de course expérimentée qui a remporté quatre Piston Cup d'affilée. Mais un nouveau défi se présente à lui, un riche entrepreneur décide, pour faire la promotion de son nouveau carburant écologique, de créer le World Grand Prix, un championnat réunissant les meilleurs coureurs du monde pour trois courses aux quatre coins du globe. FlashMcQueen part donc vers de nouvelles aventures, accompagné de ses amis de Radiator Springs, dont le loufoque Martin, qui sera bien malgré lui entraîné dans une mystérieuse affaire d'espionnage...
N'étant pas un grand fan du premier opus, je dois bien avouer que lorsque j'ai appris la mise en chantier d'une suite, je n'ai pas sauté de joie... Le premier film n'avait pas été un énorme succès (hormis aux États-Unis), et avait eu des critiques plutôt mitigées. Mais là ou Cars - Quatre Roues avait battu tout les records c'est au niveau du merchandising. Les petits garçons se sont littéralement arraché les petites voitures aux couleurs du film, et autre produits dérivés. Une franchise était née. Ni une ni deux, John Lasseter décide alors de mettre en chantier une première salve de Cars Toon, une mini série dérivée du film mettant en scène Martin dans des situations plus ou moins imaginaire. Mais la franchise ne s'arrête pas là, en 2007 ouvre au parc Walt Disney Studios une attraction aux couleurs du film, alors qu'est mis en chantier en Californie, Cars Land, une nouvelle zone du parc Disney California Adventure entièrement consacrée à l'univers de Cars qui ouvrira en juin 2012. Parallèlement à cela, Brad Lewis (co réalisateur de Cars 2), commence à travailler sur le scénario d'une suite au premier film, il sera rejoint plus tard par John Lasseter à la réalisation.
Jusque ici, seul Toy Story avait eu droit à des suites. Toy Story 2 était excellent (voir mieux que le premier pour certain) et Toy Story 3 également une belle réussite. La raison de ce succès est simple, John Lasseter avait toujours eu comme unique motivation pour mettre en route une suite à ses films d'avoir une bonne histoire à raconter. De quoi rassurer les plus réticents à une suite à Cars - Quatre Roues. Malheureusement le résultat n'est pas vraiment à la hauteur de la réputation des studios... Nous allons tenter de comprendre pourquoi.
Commençons par le gros point positif du film, sa richesse visuelle et technique. Les studios Pixar, pionniers de l'animation 3D, ont depuis toujours été largement au dessus de la concurrence d'un point de vu purement technique. Les artistes des studios ont de nouveau repoussé les limites de l'animation 3D en nous offrant avec Cars 2 un film visuellement bluffant. Techniquement, nous touchons la perfection. Les carrosseries des véhicules sont encore plus belles que dans le premier film, nous offrant une panoplie de reflets au réalisme étonnant. Il en est de même pour les décors, extrêmement nombreux, variés et riches. Les paysages s'affichent à perte de vue, les rues de Londres, Paris et Tokyo sont pleine de vie. Les textures, la lumière, les effets de poussière, les explosions (le film en comporte énormément), tout est maîtrisé à la perfection. Graphiquement, Cars 2 se veut plutôt réaliste en ce qui concerne les décors. Étrangement, seul Paris m'a semblé vraiment stylisé avec ses immeubles asymétriques et son côté très "Paris fantasmé". Mais Pixar oblige, ce sont dans les détails que nous remarquons le génie du studio. Ainsi, quasiment tout les bâtiments réalisé pour le film ont été "carisé". La Tour Eiffel est surmonté d'une antenne faites de boulons, les toits des temples japonais sont fait de pneus, Big Ben(tley) est paré d'une calandre de voiture, etc. La Pixar touch est donc bien présente! En ce qui concerne les nouveaux personnages, ils sont également très réussis. Finn McMissile, l'acolyte de Martin durant une grande partie du film est un bel hommage à la saga James Bond en reprenant le design de l'Aston Martin des premiers films du célèbre espion. Holly Schiftwell est quant à elle plus moderne, mais tout aussi jolie. Par ailleurs les personnages des différents pays reflètent parfaitement le style et la culture qui leur est propre. La reine d'Angleterre est une révision de la classique Rolls Royce, les sumos japonais sont de grosse voiture compactes japonaises, quant aux voitures italiennes, elle reprennent le style si particuliers des vieilles fiat des années 50-60.
Venons en au scénario... Sans nul doute le moins abouti de tout les films Pixar. La grosse erreur des scénaristes selon moi a été de centrer une grosse partie de l'histoire sur le personnage de Martin. Autant son humour à petite dose pouvait faire sourire dans le premier film, autant là, c'est carrément l'overdose! Non, Martin n'est pas si drôle que ça, il est lourd! Malheureusement, John Lasseter semble avoir une affection particulière pour ce personnage et a donc décidé d'en faire le personnage principal de Cars 2. Nous nous retrouvons donc devant une sorte de Cars Toon rallongé, où l'humour et l'action prennent le pas sur l'émotion. Envolé donc toute la subtilité émotionnelle et la poésie qui avaient fait les beaux jours des anciennes productions maison. Cars 2 est un film bourrin.
La grosse nouveauté de ce second volet est d'avoir transcrit le genre du film d'espionnage dans l'univers des voitures. La première scène du film en est une parfaite démonstration et aurait put augurer un bel hommage au genre. Malheureusement le soufflet retombe aussi vite, et le film retombe dans les clichés propre au genre. Le méchant du film, le docteur Z est certainement un des méchants les moins charismatiques de l'univers Pixar. D'un classicisme affligeant et totalement prévisible, il n'est pas l'hommage aux méchants de film d'espionnage que l'on aurait put s'attendre à voir. Son allure de petite voiture ringarde aurait put rendre le personnage comique, mais il n'en est rien. Il est de plus doté en VF d'un accent allemand des plus insupportables et déjà mainte fois entendu au cinéma.
Autre déception du film, cette fois-ci sonore. La voix française de Martin à changé! Michel Fortin, qui doublait Martin dans le premier film est malheureusement décédé quelques semaines seulement avant l'enregistrement du doublage... Il est ici remplacé par un acteur plus connu, Gilles Lellouche... Et autant dire que l'acteur français n'est pas vraiment à la hauteur du premier doublage! Bien moins fidèle à la voix originale de Larry the Cable Guy, Gilles Lellouche a décidemment une voix trop grave pour le personnage. Il est très rare que Disney ne choisisse pas bien ses doubleurs français, mais là c'est bien le cas!
Du côté des musiques, Michael Giacchino a fait pour ainsi dire le strict minimum. En même temps comment lui en vouloir, le film est tellement bruyant qu'au final on a à peine le temps de tendre l'oreille pour apprécier ses compositions. Pour avoir longuement écouter la bande originale au calme, je suis tout de même un peu déçu. Le compositeur avait fait des merveilles sur Les Indestructibles, Ratatouille ou bien encore Là-Haut. Je n'ai pas du tout reconnu son style sur Cars 2. Une grosse partie de la bande originale n'est en fait qu'une reprise du thème de Finn McMissile... Bref un résultat plutôt anecdotique.
Nous retrouvons également sur cette bande originale le groupe Weezer, Robbie Williams, mais aussi Bénabar! Et oui, le chanteur français a été contacté par Pixar pour composer une chanson pour le film. Le résultat est plutôt agréable et va à merveille avec les images parisiennes du film. Malheureusement seul un court extrait de quelques secondes apparaît dans le film, le version complète n'étant présente que sur la bande originale. Pour rappel, la chanteuse Camille avait déjà composé un morceau pour Ratatouille en 2007, les chanteurs français ont décidément le vent en poupe chez Pixar!
Les studios Pixar signent avec Cars 2 leur premier véritable échec artistique. Totalement dénué de charme ou de poésie, le film peine à nous émerveiller. Contrairement à ses prédécesseurs, Cars 2 n'a pas plusieurs niveaux de lecture, tout est brut de décoffrage au grand dame du public adulte qui n'y trouvera pas son compte. Pour autant le jeune public (et notamment les garçons) vont adorer... Mais les parents eux, risquent de s'ennuyer! Pour autant comment en vouloir à Pixar, qui nous a fait un parcours sans fausse note pendant plus de 25 ans, ce qui est déjà un bel exploit! En espérant juste que cela ne se reproduise plus...
Cars 2 sortira dans les salles françaises le 27 juillet en Disney Digital 3D dans les salles équipées.
27 juin 2010
Critique Toy Story 3
(critique rédigée en juin 2010) On ne change pas les bonnes habitudes, alors que nous ne sommes plus qu'à quelques semaines de la sortie française de Toy Story 3 prévue pour le 14 juillet prochain, je vous propose aujourd'hui de découvrir ma critique du film en avant-première ! Vous vous doutez bien que j'ai été sans trop de surprise émerveillé par ce troisième volet qui clôt d'une bien belle manière la saga, la boucle est bouclée ! Le film, sorti vendredi dernier aux États-Unis explose le box office avec pas moins de 109 millions de dollars de recettes pour son premier week-end d'exploitation, souhaitons lui la même réussite chez nous !
Toy Story 3 se démarque des deux précédents volets par la grande place que prend l'émotion tout au long du récit. Alors que Toy Story et Toy Story 2 étaient majoritairement construits autour de scènes comiques, ici on tente de nous faire pleurer plusieurs fois dans le film. Bon ça n'a pas marché sur moi, seule une ou deux scènes m'ont donné quelques frissons d'émotion mais sans plus. J'ai trouvé pour comparaison l'introduction de Là-Haut bien plus émouvante.
Par contre je trouve que le thème du temps qui passe a été extrêmement bien développé par les scénaristes du film ! Que ce soit le départ d'Andy de la maison, le chien devenu trop vieux pour courir ou encore la nostalgie présente tout au long du film, tout est très bien maîtrisé. De plus on peut y voir une similitude avec la nostalgie qu'auront les spectateurs à revoir leurs jouets préférés sur grand écran pour une dernière aventure, j'ai été très sensible à ce parallèle.
La mise en scène du film est quant à elle tout simplement parfaite! On sent que la saga n'a pas été mise dans les mains d'un amateur, Lee Unkrich a fait un excellent travail de côté là. Je pense qu'à ce niveau là je mettrais Toy Story 3 juste derrière Ratatouille.
Outre l'humour moins présent dans ce troisième opus et qui surprendra plus d'un spectateur, il y a aussi le bond technologique depuis le second film qui choque au premier abord. La modélisation des anciens personnages jouets n'a pas évolué d'un poil mais les effets de lumières, de matière ou bien encore les décors sont tout simplement fabuleux ! Je pense notamment à la garderie qui regorge de détails et est baignée dans de somptueuses couleurs et lumières chaleureuses. La maison de Bonnie est également somptueuse, respirant les joies de l'enfance, on en prend vraiment plein les mirettes ! Et que dire des humains qui ne ressemblent à aucun autre aperçus dans une production des studios. En effet il était difficile de passer du style relativement réaliste des humains des deux premiers film au graphisme caricaturé des humains des dernières productions du studio. Il a donc été décidé de simplement faire évoluer le style des Toy Story précédent. Le résultat est magnifique, en particulier pour les personnages inédits comme Bonnie ou même l'homme de ménage de Sunnyside.
Toy Story 3 a également profité de la technologie Disney Digital 3-D. Comme pour Là-haut, le relief n'a pas été utilisé à outrance, tout juste permet-il de mieux nous immerger dans le film. Et ce n'est pas plus mal car contrairement à la concurrence cette technologie sait se faire oublier la plupart du temps, tout en intensifiant l'action lors de scènes plus mouvementées.
Les nouveaux jouets sont un des gros points fort du film mais également comme je le craignais un de ses points faibles. Je m'explique : selon moi une histoire, pour être comprise et apprécié dans son ensemble ne doit pas contenir trop de personnages. Les nouveaux jouets sont excellents pour la plupart, mais présents en trop grand nombre, on a pas le temps de les apprécier à leur juste valeur. J'aurai préféré qu'il y ai moins de nouveaux jouets pour permettre au scénaristes d'approfondir la personnalité de chacun d'entre eux. Prenons par comparaison Toy Story 2 qui n'introduisait que cinq nouveaux personnages, ce qui était amplement suffisant. Autre faiblesse du film, ses musiques... Non décidément Randy Newmann devrait prendre sa retraite ! Je n'ai pas retrouvé le côté jazzy des deux premiers films et pire encore, certaines scènes prennent des allures de cartoons avec des orchestrations simplistes (je n'y connais pas grand chose en orchestrations mais c'est ce que j'ai ressenti). Pas non plus de chanson marquante à la "Je suis ton Ami". C'est la première fois que je ne ressens pas le besoin d'écouter la bande originale d'une production Disney en dehors du film, c'est dire! La seule pointe d'originalité au niveau musical est la reprise de la chanson sus nommée par les Gipsy King (surtout restez pendant le générique pour la découvrir dans son entier)
Mais ces défauts sont somme toute anecdotiques face au reste du film qui est extraordinaire. Lee Unkrich a réussi haut la main le défi que représente une première réalisation en solo, on retrouve avec énormément de plaisir nos bon vieux jouets pour les accompagner une dernière fois dans leur ultime aventure. Même si le second volet restera mon préféré de la saga (comment faire mieux?), Toy Story 3 s'en sort avec les honneurs et mérite amplement sa place parmi les meilleurs films des studios Pixar!
Toy Story 3 est sorti le 14 juillet 2010 au cinéma en Disney Digital 3-D dans les salles équipées.
11 juin 2010
Toy Story 2
Toy Story 2 est le troisième long métrage des studios Pixar. Après l'énorme succès du premier film, Disney décida immédiatement que Toy Story devrait avoir une suite. Tout d'abord prévu pour le marché de la vidéo, le film sorti finalement au cinéma en 1999, après que John Lasseter ai joué des pieds et des mains pour prouver que son film méritait de passer dans les salles obscures. En effet, à cette époque, les studios Disney était en pleine production de nombreuses suites de Grands Classiques qu'ils destinaient au marché de la vidéo. Mais tout était différent pour un film en images de synthèse. Cinq ans séparent le premier film de Toy Story 2, la technologie a énormément évolué durant ce court laps de temps. Cela permit aux scénaristes d'imaginer une histoire se passant dans bien plus d'endroits que dans Toy Story où l'on se cantonnait à la chambre d'Andy, la maison de Syd et un bref passage à Pizza Planet. Ils étaient ainsi plus libres de créer une suite exactement comme il l'auraient souhaité. Autre avantage pour cette suite, de nombreuses idées écartées lors de la réalisation du premier film refirent surface pour le second! La scène du cauchemar de Woody par exemple était à l'origine rattaché à Toy Story. Tout ces éléments mis bout à bout firent de Toy Story 2 une des rares suites à surpasser le film original.
L'histoire de Toy Story 2 s'inspire directement de l'expérience de John Lasseter. Ce dernier est un grand collectionneur de jouets, dont beaucoup d'anciens et de pièces uniques hors de prix. Lorsque ses jeunes garçons viennent à son bureau ils adorent jouer avec tout ces objets de collection, ce qui a pour conséquence de mettre Lasseter dans un état de panique permanent! C'est de cette attitude plutôt étrange (les jouets sont fait pour les enfants, pas pour prendre la poussière sur une étagère), qu'est parti le scénario de Toy Story 2.
Nous retrouvons à nouveau John Lasseter à la réalisation de ce second volet, mais cette fois-ci deux co-réalisateurs l'accompagnent : Lee Unkrich et Ash Brannon. Diplômé de l'école de cinéma de l'USC (University of Southern California) en 1991, Lee Unkrich entame sa carrière dans le cinéma et la télévision en prises de vue réelles, travaillant notamment sur la série Les Dessous de Palm Beach. Arrivé en 1994 chez Pixar, il travaille comme monteur sur Toy Story en 1995, puis sur 1001 Pattes (a bug's life) en 1998, pour lequel il assure également certaines voix additionnelles. Co-réalisateur, monteur et à nouveau voix additionnelles sur Toy Story 2 en 1999, Lee Unkrich co-signe par la suite Monstres & Cie en 2001. Deux ans plus tard, il coréalise avec Andrew Stanton, Le Monde de Nemo avant de devenir pour la première fois réalisateur sur Toy Story 3.
Ash Brannon débute sa carrière aux Walt Disney Animation Studios en tant que stagiaire au département animation sur La Petite Sirène. Il rejoint ensuite Warner Bros Feature Animation en tant qu'animateur. On le retrouve par la suite aux studios Pixar où il est engagé en 1994 pour travailler sur l'adaptation vidéoludique de Toy Story puis de 1001 Pattes (a bug's life). Après avoir co-réalisé Toy Story 2, Ash Brannon part rejoindre Dreamworks Animation pour travailler sur Space Monkeys, film qui sera finalement annulé. Brannon quitte alors Dreamworks pour rejoindre les studios d'animation de Sony pour réaliser Les Rois de la Glisse sorti en 2007. Il serait en ce moment en train de travailler sur un nouveau film nommé Turkeys.
La production de Toy Story 2 fut certainement une des plus difficiles pour les artistes du studio. Tout d'abord destiné au marché de la vidéo, Toy Story 2 aurait dut demander moins de temps et de travail. Le second projet de long métrage des studios, 1001 Pattes (a bug's life) était déjà en route lorsque Pixar accepta de réaliser une suite à Toy Story. Disney souhaitait sortir le film uniquement en vidéo, au grand dame de Pixar qui ne voulait pas faire une suite au rabais de son premier bébé.. Ils acceptèrent néanmoins, l'équipe se sentant capable de travailler sur deux projets simultanément, l'un pour le cinéma et l'autre pour la vidéo. Mais la donne changea lorsque Disney décida, sous l'impulsion de John Lasseter, de sortir Toy Story 2 au cinéma. C'était alors deux productions de long métrages destinées aux salles obscures qui étaient mise en chantier pratiquement en même temps! Un gros défi pour Pixar qui ne comptait pas à cette époque une aussi grosse équipe créative qu'aujourd'hui. Alors que Toy Story 2 aurait dut-être produit par une équipe moins expérimentée (pour ne pas dire moins talentueuse) pendant que les "vétérans" travaillaient sur 1001 Pattes (a bug's life), ces derniers durent mettre les bouchées double et travailler sur les deux projets en même temps pour pouvoir sortir Toy Story 2 dans les délais, c'est à dire seulement un an après 1001 Pattes (a bug's life). La production fut ainsi extrêmement rapide... Et éreintante! Le scénario initialement prévu pour la sortie en vidéo fut raboté de tout côté pour ne garder que le meilleur, certaines scènes abandonnées du premier film furent également reprise afin d'allonger l'intrigue. Cette lourde tâche fut confiée à plusieurs hommes ayant déjà fait leur preuves, Pete Docter (futur réalisateur de Monstres & Cie, Là-Haut et Inside Out), Andrew Stanton (futur réalisateur de Le Monde de Nemo et WALL•E) et le regretté Joe Ranft. La pression sur les studios Pixar était grande, Disney leur faisaient entièrement confiance et il n'était pas question de se rater!
Finalement, au grand soulagement de Disney, Toy Story 2 fut terminé dans les temps et sortit à la date prévue, le 13 novembre 1999. Le film fut sans surprise un énorme succès, il rapporta la coquette somme de 245 millions de dollars sur le sol américain et 239 millions de dollars dans le monde. L'engouement pour la bande à Woody est ainsi resté intact durant ces cinq années d'absence! Le film eut droit à une ressortie au cinéma en 2009 en Disney Digital 3-D, tout comme le premier opus, pour patienter avant la sortie du troisième volet de la saga prévu pour 2010. Terminons avec une petite anecdote pour vous la péter devant vos amis : Toy Story 2 fut le premier film à être projeté en numérique en Europe, le 2 février 2000 au Gaumont Aquaboulevard de Paris.
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07 mai 2010
Don Quichotte
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Après Blanche Neige et les Sept Nains et Pinocchio, et alors que Fantasia était quasiment terminé, Walt Disney mis en chantier de nombreux projets de films d'animation. Parmi ces projets on retrouvait les premières ébauches de Peter Pan, Alice au Pays des Merveilles, La Belle et le Clochard, ou bien encore Mickey et le Haricot Magique, qui deviendra finalement un moyen métrage incorporé au film Coquin de Printemps. C'est durant cette période que le projet de long métrage sur les aventures de Don Quichotte commença à titiller les artistes du studio.
Une première équipe d'artistes dirigée par Bob Carr se mit à travailler sur l'aspect visuel du projet. Artiste prolifique, Carr exécuta des aquarelles par douzaines pour établir les situations et les personnages, en tirant souvent son inspiration de Velazquez et d'autres peintres espagnols. Ses premières études de personnages sont très soignées et détaillées, comme si ces dessins devaient servir pour un film historique en prise de vue réelle. En parallèle Carr s'occupa également de dessiner un premier storyboard, dans un élégant style calligraphique.
A peu près à la même époque, un autre artiste (ou plusieurs) méconnu préparait deux séries d'études additives, plus simples mais plus vives. Carr fit ensuite des peintures complètes d'un rendu minutieux ; l'artiste anonyme déployait un style moins guindé, moins détaillé, utilisant de petites surfaces colorées pour suggérer l'essentiel d'une armure ou le flamboiement d'une ligne au pastel évoquant les plis d'une cape.
Malheureusement, après quelques semaines de développement, Don Quichotte fut mis de côté, probablement à cause de de la guerre et des économies effectués par le studio après les pertes subies par Pinocchio et Fantasia.
Mais en 1946, le projet refit surface! Une nouvelle équipe, dirigée par Jesse Marsh, se remit au travail sur le film. Cette version aurait été une adaptation du poème symphonique Don Quichotte de Richard Strauss : des variations fantastiques sur le thème du personnage chevaleresque pour grand orchestre, opus 35. Marsh prépara des centaines de caricatures d'une grande netteté, à la plume, à l'encre de chine et à l'aquarelle, en notant les thèmes de musique destinées à accompagner l'intrigue. Il fit assez de dessins de storyboards pour un film complet, en commençant par un plan du livre posé sur une table et flanqué d'armures et en concluant sur une sorte d'apothéose : après la mort de Don Quichotte, ce dernier, Dulcinée et Sancho Panza chevauchaient à travers les nuages jusqu'à un étincelant château sous un arc en ciel. Comme la version précédente, cette incarnation de Don Quichotte fut mise de côté, apparemment avant qu'une réunion des scénaristes n'eut lieu ou que des dialogues aient été préparés.
En avril 1951, la préproduction du film recommença pour la troisième fois. Cette nouvelle équipe simplifia encore davantage son style, qui fut sous l'influence des caricaturistes du New Yorker comme Sol Steinberg et Otto Soglow : les personnages arrondies consistent en quelques traits à l'encre avec quelques applications monochromes de vert foncé ou d'ocre en guise de rehaut. Le travail sur le film a dû cesser peu après avoir commencé, car quelques douzaines de dessins seulement furent réalisés.
Ces trois tentatives sont celles qui ont laissé le plus de traces dans les archives du studio mais nul doute que Walt Disney s'y reprit encore à plusieurs reprises pour tenter d'adapter les aventures de Don Quichotte. Et même après la disparition du maître, le studio tenta à nouveau sa chance, comme l'attestent les esquisses de John Watkiss et Sandro Cleuzo que l'on peut trouver sur le net, vestiges d'une énième version sous la houlette de Paul et Gaëtan Brizzi.
Adapter les aventures de Don Quichotte en long métrage d'animation était donc apparemment mission impossible.On peut trouver plusieurs raisons à cela. Tout d'abord les artistes ayant travaillé sur les différentes versions du film tentèrent à chaque fois de préserver les évènements majeures de l'histoire : l'adoubement de Quichotte comme chevalier, ses combats contre les moulins à vent et les moutons, les livres sur la chevalerie brûlés par sa nièce, les aventures avec Carderino et Dorothée, etc. La liste est encore longue! Il se passait beaucoup trop de chose et le film n'aurait jamais put tenir en 1h30. Un autre facteur dont les artistes oublièrent de tenir compte fut comment changer un fou en personnage sympathique. Le Don Quichotte, que les artistes avaient dépeint, était la caricature outrancière de celui du roman et non pas l'idéaliste transi de l'Homme de la Mancha.
Don Quichotte restera un des projets les plus frustrant pour Walt Disney et ses équipes d'artistes, se voyant dans l'incapacité de l'adapter sur grand écran. En dépit de la qualité du matériel préliminaire, le film restera une doux rêve que l'on voudrait voire réalité, tant le potentiel de l'histoire est fort. Mais qui sais, peut-être que le projet ressortira à nouveau un jour de cartons...
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Dessin de Bob Carr :
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Dessin de Ferdinand Horvath :
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Dessins de Jess March (version 1946) :
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Version 1951 :
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Version années 90 :
Dessins de Sandro Cleuzo :
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Storyboards de John Watkiss :
29 avril 2010
Atlantide, l'Empire Perdu
Atlantis, the Lost Empire (Atlantide, l'Empire Perdu) est le 41ème long métrage des Walt Disney Animation Studios. Après Le succès de Le Bossu de Notre-Dame, toute l'équipe du film se remis presque immédiatement au travail sur un nouveau projet. En effet Kirk Wise et Gary Trousdale, les deux réalisateurs souhaitaient continuer à travailler avec ces artistes qui avaient fait leur preuves sur le Bossu. Dès le départ, Kirk et Gary voulaient réaliser quelques chose d'inédit chez Disney, loin des comédies musicales des dernières années. Leur choix se porta vite sur le film d'aventure, genre encore inexploré par les artistes du studio. "Moins de chansons, plus d'explosions", tel était le maître mot du projet qui donnera bientôt vie au mythe de l'Atlantide.
Kirk Wise est né à San Francisco en 1963. Enfant il se fait vite remarquer pour ses talents de dessinateur, il gagne ainsi sa première "paie" en tant qu'artiste à l'âge de sept ans en gagnant le Junior Art Champion, concours récompensant les jeunes artistes en devenir. Durant toute son enfance, Kirk se passionne pour le dessin et spécialement pour l'animation en image par image. Il développe ainsi des techniques d'animation en papier découpé, technique qu'il continuera d'expérimenter lors de ses études supérieures à CalArts. Kirk débute sa carrière en tant qu'animateur sur The Brave Little Toaster, puis anime un épisode de la série TV Histoires Fantastiques, Family Dog. Il entre chez Disney en 1985 où il débute comme assistant animateur sur Basil, Détective Privé. Il y retrouve son ancien camarade de classe de CalArts, Gary Trousdale. Après avoir travaillé comme artiste de storyboard sur Bernard et Bianca au Pays des Kangourous et Le Prince et le Pauvre, on lui confie la réalisation de La Belle et la Bête, aux côté de Gary Trousdale. Le film sera un énorme succès et permettra au duo de passer à un nouveau projet, Le Bossu de Notre-Dame, puis Atlantide, l'Empire Perdu.
Gary Trousdale est né le 18 juin 1960 à La Crescenta, en Californie. Contrairement à la plupart de ses anciens camarades de CalArts tels John Lasseter, Henry Selick ou bien encore Tim Burton, Gary ne rentre pas directement chez Disney après ses trois années d'étude. Il débute ainsi sa carrière aux sein des productions Carter/Mendez où il est animateur sur Stanley, the Ugly Duckling, un programme spécial pour la chaîne ABC. Gary accepte ensuite un travail d'illustrateur pour une chaîne de restaurant américaine. On retrouve ainsi les dessins du jeune homme sur les menus ou les serviettes de nombreux bars et restaurant du pays. Gary débute par la suite sa carrière à Disney au département effets spéciaux en tant qu'intervalliste sur Taram et le Chaudron Magique, puis en tant qu'assistant animateur sur le film live Les Aventuriers de la Quatrième Dimension. Par la suite, Gary attira l'attention en caricaturant ses collègues et en créant des gags, ce qui eu pour conséquence de le voir transférer au département scénario du studio. Il fut crédité pour la première fois au générique de La Petite Sirène en tant qu'artiste de storyboard, poste qu'il gardera sur Bernard et Bianca au Pays des Kangourous et Le Prince et le Pauvre avant de devenir réalisateur aux côtés de son ami Kirk Wise sur La Belle et la Bête. Après avoir co-réalisé Le Bossu de Notre-Dame et Atlantide, l'Empire Perdu, Gary Trousdale "passe à l'ennemi" en postulant chez Dreamworks en tant qu'artiste de storyboard, poste qu'il occupe encore aujourd'hui.
Le mythe de l'Atlantide était un sujet parfait pour un film d'animation. Les studios Disney avaient en effet pour habitude d'adapter des livres ou des contes de fée en animation, ce qui laissait peu de place à la création pure. Mais avec l'Atlantide tout leur était permis, étant donné qu'il n'existe aucune preuve de son existence, cela restait un concept assez flou. Les artistes purent ainsi s'en donner à coeur joie et recréer tout un monde sous-terrain! Pour cela l'équipe se mis à étudier beaucoup de livres et de documents sur ce continent perdu afin de s'imprégner des fait et de récolter le maximum d'information. Toute ces recherches permirent de nourrir leur imagination.
En plus de traiter d'un sujet encore inédit en animation chez Disney, le style graphique d'Atlantide l'Empire Perdu se veut également très éloigné des standards du studio. L'idée première était de créer un film d'animation se rapprochant du comic book. Pour cela, le studio fit appel à des artistes freelance ayant plutôt l'habitude de travailler sur des films en live. Ces artistes qui n'avaient pas été "formaté" au style classique des films d'animation Disney permirent d'avoir une vision extérieure sur le projet. Quatre artistes en particulier ont été d'une aide précieuse : Matt Code (artiste concepteur sur Jurassic Park et Men in Black) qui s'occupa essentiellement du Leviatan et du sou-marin, Jim Martin qui s'occupa également du sous-marin mais aussi de nombreux véhicules, Ricardo Delgado (auteur de comic) s'est quant à lui attardé sur certains décors comme les grottes et le monde des atlantes, et pour finir celui qui a le plus influencé la ligne graphique du film, Mike Mignola. Grand dessinateur de comics, Mike Mignola est surtout connu pour avoir créé Hellboy. Les deux réalisateurs du film étaient de grands fans du style très contrasté de Mignola et se rendirent vite compte que son style était très proche de ce qu'ils recherchaient. Par chance, en plus d'un style très percutant, Mike était également un excellent scénariste! Celui-ci ne se contenta donc pas de réaliser quelques dessins pour le film, il participa également aux réunions sur l'histoire et proposa bon nombres d'idées qui se retrouvèrent dans le film, comme par exemple les véhicules volant en forme de poisson ou les géants de pierre que l'on voit à la fin du film.
Atlantide, l'Empire Perdu sorti le 15 juin 2001 et fut un échec au box office américain. Avec un budget de 120 millions de dollars, le film en rapporta 84 millions... La barre symbolique des 100 millions de dollars (ce qui fait qu'un film est considéré comme un succès outre atlantique) était encore loin! Les recettes mondiales s'élevèrent tout de même à 111 millions de dollars, le film rapporta donc 230 millions de dollars en tout, ce qui est loin d'être mauvais. En France, le film fut également un succès avec un peu plus de quatre millions de spectateurs. Malgré ce succès, le film fut considéré comme un échec, beaucoup lui reprochant son style graphique trop original et son genre très éloigné des films Disney classiques. Atlantide, l'Empire Perdu paya donc pour son originalité... Pour autant on peut saluer le courage qu'il a fallut à Disney pour s'aventurer dans un style qu'ils n'avaient jamais expérimenté en animation.
17 février 2010
Dumbo
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C'est la sortie évènement de ce début d'année, Dumbo est de retour en vidéo aujourd'hui et pour la première fois en haute définition! Annoncée il y a seulement quelques mois, cette nouvelle édition est en tout point exceptionnelle. John Lasseter est un grand fan du film et a voulu rendre ses lettres de noblesse à ce chef-d'œuvre qui n'avait pas encore eu droit à une édition digne de ce nom. C'est chose faite avec cette édition 70ème anniversaire où l'on retrouve le film entièrement restauré accompagné d'un long making-of, d'une grande galerie de dessins et de bien d'autres petites réjouissances. Pour en savoir un peu plus sur le contenu de cette nouvelle édition je vous invite à lire son test sur le site Planète HD. A l'occasion de cette sortie, retrouvez ci-dessous une nouvelle galerie de dessins se concentrant sur les storyboards et les model sheets des personnages.
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02 février 2010
King of the Elves
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King of the Elves (Le Roi des Elfes) faisait parti des projets de films d'animation mis en chantier après l'arrivée de John Lasseter comme directeur créatif des Walt Disney Animation Studios en 2006. Officiellement annoncé lors d'une conférence de presse en avril 2008, en même temps que plusieurs autres projets des studios, la production du film fut finalement arrêtée en décembre 2009.
Le Roi des Elfes était une adaptation d'une nouvelle de Phillip K. Dick publiée en 1953 et devait être réalisé par le duo de réalisateurs Aaron Blaise et Robert Walker déjà auteurs du film Frère des Ours. Il racontait l'histoire d'un homme habitant le delta du Mississippi qui devait malgré lui aider un groupe d'elfes qui ont fait de lui leur roi.
En novembre 2009, Robert Walker quitta la réalisation du film pour laisser Aaron Blaise seul aux commandes, officiellement pour raisons de santé. Ce départ aurait-il contraint Disney à abandonner le projet? Aaron Blaise n'avait-il pas la capacité de réaliser le film tout seul? On ne le saura jamais... Prévu pour sortir en 2012, le projet ne verra finalement jamais le jour.
D'autres rumeurs faisaient état d'une trop grande similitude avec l'univers de la saga Arthur et les Minimoys de Luc Beson. Le film aurait également eu quelques soucis scénaristiques et laissa les artistes dans une impasse. Il faut dire que les œuvres de Phillip K. Dick sont peu enclin à être adapté en film d'animation Disney.
Retrouvez ci-dessous quelques croquis de Rune Brandt Bennicke, un artiste danois ayant travaillé sur le film. On y voit les premiers tests graphiques des elfes et du vieillard. Le résultat final aurait bien entendu été différent mais ces dessins nous donnent tout de même une idée de ce que l'on aurait put voir dans le film terminé.
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09 janvier 2010
Aladdin
31ème long métrage des Walt Disney Animation Studios, Aladdin est la troisième réalisation du duo John Musker/Ron Clements après Basil, Détective Privé et La Petite Sirène. Le film est inspiré d'un des célèbres contes des Mille et Une Nuits, un ensemble d'histoires orales rassemblées vers l'an 1000 ap. J.C. En 1704, Antoine Galland écrit une adaptation des Mille et Une Nuits en langue française, c'est le texte que l'on connaît aujourd'hui. Comme souvent, la version Disney d'Aladdin s'éloigne grandement de l'histoire originale. Dans le livre le tapis n'existe pas, il fut inventé par la production pour aider Aladdin lors de sa sortie de la grotte. Jafar est également bien moins machiavélique dans le conte original, ce n'est d'ailleurs pas lui qu'il veut voir épousé avec la princesse mais son fils. Aladdin a des parents, son père meurt et il reste avec sa mère. Au début de la production la mère d'Aladdin devait être présente mais elle fut supprimé par la suite. Elle y jouait le rôle de médiatrice entre Aladdin et le Palais. Enfin dans l'histoire originale le génie donne à Aladdin un nombre infini de souhait, Disney a préféré limiter ce nombre à trois.
La création de la version Disney d'Aladdin débuta en 1990. Un an plus tôt, La Petite Sirène fut un énorme succès populaire et remit au goût du jour le cinéma d'animation, alors tombé dans l'oubli depuis plusieurs années. Après ce coup de génie, John Musker et Ron Clements réfléchirent à un nouveau projet, mais comment faire encore mieux que leur dernier film... Au départ la direction des studios leur proposa de réaliser La Belle et la Bête, mais aussi étrange que cela puisse paraître, ils refusèrent! En effet les deux compères sortaient tout juste de plusieurs années de travail acharné et ne se sentirent pas de taille à repasser tout de suite à la réalisation sans quelques semaines de repos. C'est le regretté Howard Ashman et Alan Menken qui leur proposèrent le projet Aladdin quelques mois plus tard. Les deux compositeurs avaient travaillé sur quelques chansons orientales inspirées du conte original deux ans plus tôt. A l'époque la direction refusa de développer leur projet, préférant se concentrer sur La Belle et la Bête. Howard écrivit tout de même une première version du script qui enchanta John Musker et Ron Clements. Les deux réalisateurs s'intéressèrent au projet, puis finalement acceptèrent de le réaliser alors qu'ils étaient pressenti pour s'occuper d'un petit film sans prétention qui racontait l'histoire d'un jeune lion dans la savane...
Au mois de mars 1991, une première version du storyboards monté est projeté pour les dirigeants des studios, dont Jeffrey Katzenberg, le directeurs des studios (qui partira créer Dreamworks Animation avec Steven Spielberg quelques années plus tard). Ce dernier détesta cette première version du film et demanda aux deux réalisateurs de tout recommencer! John et Ron furent tout d'abord surpris puis effrayé par cette décision. En effet, la production de La Belle et la Bête était presque terminée et ils auraient bientôt toute l'équipe créative des studios à leur disposition pour Aladdin. Il fallait donc faire vite pour remettre sur pied un scénario plus solide.
Le gros changement entre les deux versions était la disparition de la mère d'Aladdin. Leur relation était un élément clé du film mais ralentissait trop le récit. Une chanson dut par ailleurs être supprimée en raison de ce remaniement, Proud of your Boy (que vous pouvez retrouver sur le DVD du film). Aladdin fut également vieilli de quelques années pour le rendre plus mature et charismatique. Le gros défi sur ce personnage était de le garder sympathique sans idéaliser son comportement de voleur, ce qui demanda énormément de réflexion. Son animation fut confié au virtuose Glen Keane, déjà responsable de l'animation d'Ariel sur La Petite Sirène, Marahute dans Bernard et Bianca au Pays des Kangourous. et la Bête sur La Belle et la Bête. Il fit de ce personnage un véritable voleur au cœur d'or. Souvent ennuyeux, les héros masculins de film d'animation Disney n'avaient jamais été mémorables. Pour la première fois avec Aladdin, le personnage masculin allait être exceptionnel. Glen Keane imagina tout d'abord le personnage comme petit et frêle. En effet il ne voulait pas tomber dans les stéréotypes du héros grand et fort. Jeffrey Katzenberg aima l'idée mais demanda tout de même à Glen de retravailler son personnage. L'une des raisons était que le design de Jasmine était déjà finalisé et n'allait pas avec celui d'Aladdin, beaucoup trop jeune. Celui-ci s'inspira alors de Tom Cruise, un des acteurs d'Hollywood les plus en vogue de l'époque. Le résultat fut surprenant et apprécié de tous.
Jasmine fut confiée à Mark Henn, le spécialiste des personnages féminins du studio. Il travailla par exemple aux côtés de Glen Keane sur le personnage d'Ariel puis sur le personnage de Belle pour La Belle et la Bête. Mark fit de Jasmine un personnage sexy et moderne, loin des stéréotypes des femmes orientales. Par la suite on le retrouvera sur l'animation de Mulan et plus récemment de Tiana pour La Princesse et la Grenouille.
Le génie fut confié à Eric Goldberg, qui fit par la même occasion ses premiers pas aux studios. Tout droit débarqué d'Angleterre où il avait crée son propre studio d'animation pour le marché publicitaire, Pizzaz Studios, Eric Goldberg fut un élément important dans la réalisation d'Aladdin. Son caractère décalé et son humour l'influencèrent fortement pour le personnage du génie, ce qui permit à la production de prendre un nouveau tournant, plus comique et débridée. D'un point de vue graphique, Eric s'inspira pour son personnage du célèbre caricaturiste Al Hirschfeld, amateur de lignes courbes épurées. En tant que grand fan d'Hirschfeld, Eric Goldberg s'inspira à nouveau du travail de l'artiste quelques années plus tard pour Rhapsody in Blue, une séquence de Fantasia 2000 qu'il réalisa.
Le machiavélique Jafar fut confié au talentueux Andreas Deja, déjà responsable de l'animation de Gaston sur La Belle et la Bête.
Graphiquement parlant, deux artistes inspirèrent fortement le style d'Aladdin : Hans Bacher et Francis Glebas. Le premier pour ses croquis colorés et fouillés donnant l'impression d'une oasis dans le désert, le second principalement pour la séquence de la chanson A Whole New World qu'il storyboarda et développa. Visuellement le film se veut également très cartoon, avec des bâtiments très déformés et tout en rondeurs, dans le but de rendre plus imaginaire le royaume d'Agrabah.
Aladdin est sorti dans les salles américaines le 11 novembre 1992. Après l'énorme succès de La Belle et la Bête un an plus tôt (qui fut le seul film d'animation de l'histoire des studios a être nommé pour l'Oscar du meilleur film), les dirigeants n'en attendaient pas autant d'Aladdin, en effet comment faire mieux que les 145 millions de dollars de la Bête ? Et pourtant, à la surprise générale le film dépassa les recettes de ce dernier ! Avec un budget estimé à 28 millions de dollars, Aladdin en rapporta 217 millions sur le seul sol américain (504 millions en tout), soit près de dix fois plus ! Fort de ce succès, Michael Eisner décida de mettre immédiatement en chantier une suite destinée au marché de la vidéo. Le Retour de Jafar, sorti en 1994, fut ainsi la toute première suite d'un long métrage des Walt Disney Animation Studios à sortir directement en vidéo, la première d'une longue liste de suites de piètres qualité, mais ceci est une autre histoire...
Recherches graphiques d'Hans Bacher :
Autres recherches graphiques :
Storyboards de Francis Glebas :
09 décembre 2009
Dingo
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Dingo est apparu pour la première fois à l'écran le 25 mai 1932 dans le court métrage de Mickey Mouse, Mickey's Revue. Il est encore loin de son apparence définitive, (il porte des lunettes et ressemble à un vieillard) ne s'appelle pas Goofy mais Dippy Dawg (surnom donné par les artistes du studio) et joue un rôle mineur. En effet, Dingo est ici au centre d'un gag récurrent : tout au long du cartoon, il fait bruyamment craquer des coquilles de cacahuètes avant de les avaler et rie de manière grossière, dérangeant au passage ses voisins de l'auditoire. Pinto Colvig, qui deviendra la voix officielle du personnage pendant plus de trente ans répond déjà présent dès cette première apparition. Né le 11 septembre 1892 à Jacksonville dans l'Orégon, Pinto Colvig débute sa carrière d'artiste en 1928 comme intervalliste pour les studios de Charles Mintz. Il animera ainsi quelques cartoons d'Oswald the Lucky Rabbit, quelques mois seulement après que Mintz ait volé le personnage à Walt Disney! Doté d'une aisance scénique et d'une voix hors paire, Pinto Colvig est engagé par Disney au début des années 30 en tant qu'acteur vocal pour ses cartoons. Outre son célèbre doublage de Dingo, il fut également la voix de Pluto, Grincheux et Dormeur dans Blanche Neige et les Sept Nains, ainsi que de nombreux animaux ou insectes. Il quitta les studios en 1937 pour continuer sa carrière en tant qu'indépendant, puis reviendra en 1944 jusqu'en 1965 pour continuer à doubler son plus célèbre personnage. Pendant son absence, Dingo sera doublé par Stuart Buchanan et George Johnson entre 1939 et 1943. Pinto Colvig décéda en 1967, il reçut le titre de Disney Legend en 1993.
Après Mickey's Revue, Dingo (toujours surnommé Dippy Dawg) fera quelques autres apparitions remarqué dans différents cartoons de Mickey Mouse. Il apparait ainsi pour la seconde fois dans The Whoopee Party, sorti le 17 septembre 1932, perdant par la même occasion ses lunettes et quelques années, le rapprochant de son apparence classique. Il n'a par contre toujours pas de pantalon... Son rôle est ici un peu plus important, il aide ainsi à la préparation des hors-d'oeuvres pour les invités, aux côtés de Mickey et Horace. Dippy Dawg fera encore cinq apparitions entre 1932 et 1933 avant de prendre le nom définitif de Goofy dans le cartoon Orphan's Benefit sorti le 11 août 1934. Il devient par la même occasion un membre récurrent de la bande à Mickey, au même titre que Clara et Donald Duck.
Entre 1934 et 1938, Dingo formera avec Donald et Mickey un trio de choc à l'écran. Mickey's Service Station, sorti le 16 mars 1935 sera le premier cartoon d'une longue série mettant en scènes les trois personnages. Parmi ces derniers on retiendra notamment deux cartoons devenus cultes, Clock Cleaners sorti le 15 octobre 1937 et Lonesome Gohsts sorti le 24 décembre de la même année. En 1939, le succès grandissant de Dingo amène les studios Disney à lui confier sa propre série de cartoons. Goofy and Wilbur, sorti le 17 mars 1939, met ainsi en scène le chien maladroit aux côtés de Wilbur, un Grillon qui l'aidera à pêcher.
Mais qui se cache derrière la création de Dingo? Il semblerait que l'on doit sa première forme visuelle à Frank Webb. Mais c'est surtout Art Babbit qui s'occupa de l'évolution du personnage dans les années 30, lui donnant sa forme classique connue de tous. Né le 8 octobre 1907 à Omaha dans le Nebraska, Arthur Harold Babitsky, plus connu sous le nom d'Art Babbit, débuta sa carrière d'animateur aux studios Terrytoons à New York en 1929. Il y fit la rencontre de Bill Tytla qui deviendra vite un des ses plus fidèles amis. En 1931, Babitt s'envole pour la Californie pour aller travailler aux Walt Disney Animation Studios où il sera rejoint par Tytla trois ans plus tard. Son embauche aux studios sera des plus originales. En effet, l'artiste propose à Walt Disney de travailler pour lui pendant trois mois gratuitement avant de, soit de le licencier, soit de l'engager et lui payer ce qu'il mérite! Les trois mois passés, il fut engagé et débuta sa carrière chez Disney sur le cartoon Babes in the Woods, puis sur Les Trois Petits Cochons avant de s'attaquer au personnage de Dingo auquel il donna son caractère et son apparence finale. Il travailla par la suite sur plusieurs longs métrages tels que Blanche Neige et les Sept Nains (animation de la Reine/Sorcière), Pinocchio (Gepetto), Fantasia (les champignons) et enfin Dumbo (la cigogne). Art Babbit fut licencié le 26 mai 1941 pour ses activités syndicales, seulement quelques jours avant la grande grève des studios qui n'avait alors aucun syndicat. Après avoir servi dans les Marines durant la Seconde Guerre mondiale, Babbit revient au studio Disney vers 1947 et participe à quelques productions (Bootle Beetle, Coquin de Printemps, Foul Hunting et Alice au Pays des Merveilles) avant de définitivement quitter les studios en 1948. En 1949, il est approché par ses anciens collègues de Disney, licenciés après la grève de 1941 et qui ont fondé le studio United Productions of America (UPA). En 1952, alors animateur au studio Tempo Productions, Babbit est mis à l'écart en raison de ses engagements syndicaux et politiques dans cette période soumise au Maccarthisme de même que le studio UPA. Il reprend sa carrière d'animateur en 1958 mais de façon assez disparate. Il participe ainsi à un film de John Hubley (ancien de UPA) et à un film des studios Warner Bros, The Incredible Mr. Limpet en 1964, aux côtés de Bill Tytla, son ami de toujours. A la fin de sa vie il participe à nouveau à un long métrage, The Princess and the Cobbler mais meurt quelques mois avant sa sortie, le 4 mars 1992 d'une insuffisance rénale.
Revenons en à notre ami Dingo. Malgré le départ de sa voix et de son créateur principal, le personnage continue son petit bonhomme de chemin à l'écran. Selon Léonard Maltin, il semblerait tout de même que le départ de Pinto Colvig ait poussé les artistes du studio à créer la série des "How to...". C'est d'ailleurs sous cette forme que les cartoons de Dingo auront le plus de succès. Comme le personnage n'a plus de voix, l'idée était de le faire évoluer à l'écran de façon muette dans des situations d'apprentissage, secondé par une voix off indiquant la marche à suivre. La série débuta avec How to Ride a Horse, implanté au sein du long métrage Le Dragon Récalcitrant sorti le 20 juin 1941. Par la suite Dingo aura l'occasion de participer à d'autres longs métrages comme Saludos Amigos en 1943 et Coquin de Printemps en 1947.
Le début des années 50 voit débarquer un Dingo nouvelle génération. Fini la série des "How to..." (Pinto Colvig est de retour au studio), place à l'homme moderne! Dingo devient ainsi la caricature de l'homme des années 50, travaillant pour nourrir sa femme et ses enfants et habitant dans un pavillon de banlieue. Cette nouvelle apparence d'américain moyen arrive à point nommé pour relancer la carrière du personnage. Au début des années 60, Dingo se fait de plus en plus rare à l'écran avant de complétement disparaître après le non moins excellent Goofy's Freway Trouble.
Il faudra attendre 1983 pour le voir revenir sur le devant de la scène dans le moyen métrage Le Noël de Mickey, dans lequel il joue le fantôme de Jacob Marley, l'ex-associé de Scrooge, incarné à l'écran par Balthazar Picsou. Après une apparition dans Qui Veut la Peau de Roger Rabbit en 1988, Dingo revient au moyen métrage avec Le Prince et le Pauvre aux côtés des Mickey, Donald, Pluto et tous les autres personnages emblématiques des cartoons Disney en 1990. En 1995, c'est la consécration avec la sortie d'un long métrage qui lui est entièrement consacré, Dingo et Max. Ce film arrive à la suite d'une série animée dont il était le héros, La Bande à Dingo, diffusée entre 1992 et 1993. Enfin plus récemment, Dingo participera au film sorti directement en vidéo Mickey, Donald, Dingo - Les Trois Mousquetaires, sorti en 2003. Il reviendra ensuite au format court métrage et à la série des "How to..." dans How to Hook up Your Home Theater sorti en 2007 et diffusé en France au cinéma avant le film live Disney Baby-Sittor.
Après plus de soixante ans de carrière au cinéma, à la télévision et en vidéo, Dingo restera à jamais gravé dans le coeur du public. Ses gaffes mémorables et sa voix délirante en on fait un des personnages Disney les plus populaires. Mais son histoire n'est pas fini pour autant! Alors qu'il est encore en ce moment présent à la télévision dans la série animée La Maison de Mickey, gageons que nous le retrouveront un de ces jours à nouveau au cinéma dans de nouvelles aventures... L'avenir nous le dira!
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Model sheets :
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Mickey's Amateur (1937)
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Clock Cleaners (1937)
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Goofy's Glider (1940)
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Baggage Buster (1941)
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How to Ride a Horse (1941)
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The Art of Skiing (1941)
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The Art of Self Defense (1941)
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How to Play Baseball (1942)
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The Olympic Champ (1942)
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How to Swim (1942)
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Hockey Homicide (1945)
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How to Hook up Your Home Theater (2007)
26 novembre 2009
La Princesse et la Grenouille
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La Princesse et la Grenouille a fait ses premiers pas dans les salles américaines hier! La sortie nationale n'est prévue que pour le 11 décembre prochain, mais le film est déjà sorti à New-York et Los Angeles. Pour nous, pauvres français il faudra attendre le 27 janvier 2010 pour le voir débarquer chez nous... Mais sachez que des avant-premières sont prévues le 13 décembre prochain dans de nombreux cinémas, n'hésitez pas à vous renseigner près de chez vous! Pour ma part je découvrirais La Princesse et la Grenouille le 18 décembre, lors de la projection privée organisée à Paris pour les dix ans de Zuzu Disney, site de référence des productions du château enchanté. Je vous rappel d'ailleurs que le concours pour gagner des places pour cette projection est toujours ouvert ici. Je vous ferait bien sur part de mes impressions après la projection. En attendant je vous invite à découvrir une nouvelle galerie de recherches graphiques du film. Certain dessins vous diront certainement quelque chose, c'est tout à fait normal, je les avait déjà publié il y a quelques mois. Mais vous pouvez désormais les découvrir sous un nouveau jour en très haute définition. Enjoy!
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