21 mai 2008
La Belle au Bois Dormant
Sleeping Beauty (La Belle au Bois Dormant), sorti en 1959, est considéré comme le dernier Grand Classique du second âge d'or des studios Disney qui avait débuté avec Cendrillon en 1950 (bien que ceux venant après sont tout aussi bons mais très différents). D'un budget de six millions de dollars, c'était à l'époque le film d'animation le plus cher jamais réalisé. Le film est encore plus ambitieux que n'importe quel autre film d'animation du studio, il permettra à l'animation d'atteindre des sommets, de devenir un art à part entière.
Inspiré d'un conte de Perrault publié en 1697 (réécrit par les frère Grimm en 1812), le scénario de La Belle au Bois Dormant fut adapté par Ed Penner et Joe Rinladi qui s'inspirèrent des deux versions précédentes pour écrire leur propre version. Une première mouture du story board fut soumise à Walt Disney en juin 1952. Il la refusa. Elle présentait trop de similitudes avec Blanche Neige et les Sept Nains et Cendrillon. Accaparé par l'ouverture de Disneyland, la production de documentaires, de films de fiction et d'émissions de télévision, il délégua Ken Peterson, Don Da Gradi et Ken Anderson pour produire La Belle au Bois Dormant. Cependant il assistait souvent aux réunions de scénarios.
Le dessin animé se voulant réaliste, un film live fut tourné sous la direction de Clyde Geronimi et d'Eric Larson afin d'aider les animateurs dans leur travail. Jamais un dessin animé de Walt Disney n'avait bénéficié d'un travail préparatoire aussi poussé. La production du fil dura cinq ans au lieu de trois habituellement en raison de l'utilisation du format Technirama 70 mm (les décors étant bien plus larges, il fallut plus de temps pour les réaliser). Deux caméras multiplanes furent employées : l'une verticale pour les scènes de forêt et l'autre horizontale lorsque l'on pénètre à l'intérieur du château.
Les artistes comme Albert Hurter, Gustaf Tenggren et Mary Blair avaient influencé les dessins animés précédents, mais jamais l'un d'eux n'avait été à la fois le créateur du style graphique du film et le superviseur des décors. Disney choisit Eyvind Earle comme directeur artistique de La Belle au Bois Dormant. Il réalisa entre 1954 et 1959 des centaines d'études péliminaires et décors panoramiques à la gouache, sa technique de prédilection.
Pour la bande originale du film, le choix fut fait d'adapter la musique composée par Tchaïkovsky pour le Ballet du même nom en 1890. Walt Disney demanda à un jeune musicien, George Bruns, de s'occuper de l'adaptation. Bruns composa de nouvelles mélodies dans l'esprit du grand compositeur pour répondre aux exigences narratives du dessin animé.
Le première du film eut lieu le 29 janvier 1959. Malgré un véritable succès d'estime, le budget pharamineux ne fut remboursé que plusieurs décennies plus tard. La Belle au Bois Dormant demeure aujourd'hui l'un des dessins animés préférés des artistes du studio Disney.
Recherches d'Eyvind Earle :
Autres recherches graphiques :
Recherche graphiques de Flora, Pâquerette et Pimprenelle :
Dessins de Kay Nielsen :
Décors HD :
06 octobre 2007
Eyvind Earle
Eyvind Earle est né le 26 avril 1916 à New York. Son père, Ferdinand Earle, peintre professionnel, avait étudié avec Adolphe William Bouguereau et James Abott McNeill Whistler. Conscient des aptitudes de son fils, il l'encourage dans sa vocation et lui enseigne son art. Lorsque les parents se séparent, Ferdinand enlève son fils. Tous deux séjournent à Hollywood, puis à Mexico, à Cuba et dans plusieurs pays européens. Eyvind n'a que 14 ans lorsqu'il expose ses premières peintures à Ascain, dans le sud de la France. Quelques mois plus tard, il quitte son père et retourne en Amérique pour rejoindre sa mère en Californie. Il obtient un travail d'assistant dessinateur aux studios United Artist, puis étudie un temps à l'Art Center School of Design de Los Angeles, où son père enseigne. En 1935, avec l'aide financière d'amis, il part un an à Mexico pour se consacrer à la peinture. Il revient et expose avec succès ses oeuvres à Hollywood.
En 1936, il décide d'entreprende un voyage à bicyclette d'Hollywood à New York. Il réalise une aquarelle chacun des 42 jours que compte son périple. Moins d'un an plus tard, ses peintures sont exposées à New York, lors de l'ouverture de la galerie Charles Morgan. Son travail est reconnu et deux ans plus tard le Metropolitan Museum of Art achète l'une de ses aquarelle. En 1940, Eyvind Earle fonde sa propre entreprise de cartes de Noël, qu'il fabrique lui-même en utilisant la technique de la sérigraphie. En 1943, il est contraint de faire son service militaire dans la marine. Il revient deux ans plus tard et reprend son commerce de cartes de voeux, peint des portraits et travaille dans la publicité. En 1947, Earle rejoint la société American Artist Group, pour laquelle il créera en un quart de siècle 580 cartes de Noël qui se vendront à plus de 300 millions d'exemplaires.
Ses illustrations retiennent l'attention de John Hench, responsable artistique aux studios Disney. En 1951, il est engagé comme décorateur et débute sur le courtmétrage The Little House (1952), mis en scène par Wilfred Jackson, puis réalise une centaine de décors pour Peter Pan. Walt Disney apprécie sont style graphique moderne et lui confie la direction artistique du court métrage en trois dimensions Melody, réalisé par Charles Nichols et Ward Kimball. Eyvind Earle expérimente ensuite le nouveau format Cinémascope pour Toot, Whistle, Plunk and Boom!, toujours mis en scène par Kimball, et couronné de l'oscar du meilleur dessin animé. Il supervise les décors de plusieurs autres courts métrages, dont Working for Peanuts (1953) de Jack Hannah, For Whom the Bulls Toil (1953) de Jack Kinney, Pigs is Pigs (1954) de Jack Kinney et Paul Bunyan (1958) de Les Clark.
En 1954, lors de la réalisation de La Belle et le Clochard, il brosse l'ensemble des fonds de la romance nocturne dans le parc, où son style singulier - une palette de couleur limitée et des formes simples - fait merveille.
Les artistes comme Albert Hurter, Gustaf Tenggren et Mary Blair avaient influencé les dessins animés précédents, mais jamais aucun d'eux n'avait été à la fois le créateur du style graphique du film et le superviseur des décors. Disney choisit Eyvind Earle comme directeur artistique de La Belle au Bois Dormant. Entre 1954 et 1958, Earle réalise des centaines d'études préliminaires et décors panoramiques à la gouache, sa technique de prédilection. Il expliquait son travail et ses influences :"Lorsque je suis entré chez Disney en 1951, c'était la première fois de ma vie qu'on m'engageait pour peindre. Auparavant je pratiquais cette le week-end, pendant les vacances et le soir. Voilà que du jour au lendemain on me versait un salaire pour peindre jour et nuit, six jours sur sept, en somme pour faire ce dont j'avais toujours rêvé. Pour moi c'était le plus beau travail au monde. Bien entendu j'ai fait beaucoup de progrés. La réalisation de La Belle au Bois Dormant a pris beaucoup plus de temps qu'une réalisation normale si bien que j'ai put dessiner moi-même la majorité des fonds. Mais pour la forêt, j'ai été secondé par une kyrielle d'assistants auxquels j'ai dû apprendre ma technique. J'ai réalisé une grande planche sur laquelle figuraient une douzaine d'étapes de l'élaboration d'un décor. Ainsi, on était sûr que tout le monde peindrait les fonds de la même manière que moi. J'ai commencé par étudier les peintures françaises, allemandes, flamandes et italiennes d'avant la Renaissance. Dürer, Van Eyck, Breughel m'ont beaucoup inspiré et, plus encore, Boticelli. Partant de là, je me suis orienté vers les artistes persans et japonais. Ils avaient su noter les détails des feuilles, des fleurs et des arbres mieux que quiconque." Il quitte les studios Disney en mars 1958 et fonde deux ans plus tard son propre studio de dessin animé. En 1963, il produit, réalise et peint les décors du dessin animé The Story of Christmas, d'une durée de 18 minutes, pour la chaîne de télévision NBC. Il de sonsacre ensuite à sa passion pour la peinture, jusqu'à sa disparition, le 20 Juillet 2000.
For whom the bulls toil (1953)
Toot, Whistle, Plunk and Boom (1953)
Working for Peanuts (1953)
Pigs is Pigs (1954)
La Belle et le Clochard (1955)
The Truth About Mother Goose (1957)
Paul Bunyan (1958)
La Belle au Bois Dormant (1959)