14 mars 2010
Francis Glebas
Son nom ne veut dit peut-être rien, et pourtant, Francis Glebas est à l'origine de certaines des plus belles scènes de films d'animation Disney de ces quinze dernières années. On lui doit notamment la séquence mémorable de la chanson Ce Rêve Bleu dans Aladdin, et la fin magistrale de Pocahontas, une Légende Indienne. C'est avec une grande gentillesse que l'artiste spécialiste du storyboard m'a généreusement envoyé des scans d'une grande partie de ses travaux, dont des dessins de deux séquences inédites de Fantasia 2000. Vous pouvez les consulter à la fin de cet article.
Francis Glebas a été bercé par l'animation dès son plus jeune âge. Tout d'abord avec les nombreux cartoons des Looney Toons qu'il regardait avec émerveillement sur la télé noir et blanc de ses parents, puis en découvrant Blanche Neige et les Sept Nains, film qui le marquera à jamais. A l'âge de 13 ans on lui offre sa première caméra super 8. L'absence de son permit au jeune garçon de développer ses histoires de manière très visuelle. Ses premières réalisations mettaient en scène les enfants du voisinage dans des adaptations de Frankenstein, Star Trek ou bien encore la Momie. C'est à la même époque que l'artiste réalisa ses premières animations, il reçu d'ailleurs le prix du Kodak Teenage Movie Awards pour l'un de ses films.
Après l'obtention d'une licence en réalisation agrémentée d'une spécialisation en architecture, Francis Glebas décroche une maîtrise de sciences de la communication. Il développe alors une filière de recherche et de formation à l'animation chez Computer Graphics Lab. Son travail consistait à trouver différentes manière d'améliorer les techniques d'animation grâce à des programmes crées par des scientifiques, dont le Dr Ed Catmull (qui créera plus tard Pixar).
Dès lors entièrement dévoué au monde de l'animation, Francis Glebas rentre chez les studios Disney en 1990, où il débute en tant que dessinateur de storyboard sur Aladdin. L'artiste travaille ensuite sur des séquences du (Le) Roi lion, Pocahontas, une Légende Indienne, Le Bossu de Notre-Dame et Hercule. Par la suite Francis Glebas eut la chance de passer réalisateur sur Fantasia 2000 ou il dirigea la séquence mettant en scène Donald, Pomp and Circumstance. On le retrouve ensuite comme artiste de storyboard sur Dinosaure et La Planète au Trésor. Après la fermeture du département 2-D des studios, Francis Glebas se tourne vers les Disneytoon studios où il réalisera le film Les Aventures de Porcinet puis coréalisera Rox et Rouky 2. On le retrouve par la suite chez Vanguard Animation où il travaillera sur le storyboard de Les Chimpanzés de l'Espace avant de rejoindre le département scénario des studios Blue Sky où il travail encore aujourd'hui.
En plus de son travail d'artiste de storyboard, Francis Glebas a également enseigné et s'est investi dans de nombreuses associations cinématographiques (Academy of Motion Picture Art, Sciences Visual Effect Society, Motion Pictures Srceen Catoonists). En 2008 il publie son premier livre, Directing the Story, où il revient sur son expérience en tant que réalisateur et artiste de storyboard.
Aladdin :
Pocahontas :
Hercule :
Icarus Duck (séquence abandonnée de Fantasia 2000) :
Ugly Goofling (séquence abandonnée de Fantasia 2000) :
Les Pins de Rome (Fantasia 2000) :
Pomp and Circumstance (Fantasia 2000) :
L'Oiseau de Feu (Fantasia 2000) :
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Dinosaure :
La Planète au Trésor :
20 juin 2009
Fantasia 2000 : L'Oiseau de Feu
L'OISEAU DE FEU - VERSION 1919
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Dernier segment de Fantasia 2000, L'Oiseau de Feu d'Igor Stravinsky est le fruit d'une collaboration entre les studios d'animation de Burbank et de Montreuil. Créé par Gaëtan et Paul Brizzi dans les années 80, le studio d'animation de Montreuil débuta en réalisant l'animation d'Astérix et la Surprise de César. Racheté par Disney en septembre 1989 il fut renommé Walt Disney Television. Après avoir travaillé sur des séries comme La Bande à Picsou, Super Baloo, Myster Mask ou bien encore Dingo et Max, le studio fut intégré en 1994 à Walt Disney Feature Animation et devint alors Walt Disney Feature Animation France. C'est ainsi qu'ils travaillèrent sur la réalisation de Runaway Brain (le dernier court métrage de Mickey Mouse), Le Bossu de Notre Dame, Hercule, Tarzan, Fantasia 2000, One by One, Kuzco l'Empereur Mégalo, Lorenzo, Destino et Frère des Ours. WDFAF ferma ses portes en 2003 en même temps que le studio de Floride.
L'Oiseau de Feu est réalisé par les frères fondateurs du studio, Gaëtan et Paul Brizzi. Né en 1951 à Paris, les jumeaux étudièrent à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris avant de créer leur propre studio. Il gagnèrent de nombreux prix tout au long de leur carrière, notamment le Grand Prix de Rome du Ministère de la Culture en 1976 ainsi que la distinction de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres en 1980. Ils travaillent aujourd'hui pour Dreamworks.
Sur L'Oiseau de Feu, Paul et Gaëtan s'occupèrent du scénario et réalisèrent entièrement le storyboard du film. Leur prouesses en dessin facilita grandement le travail de l'équipe artistique, ils définirent vraiment l'allure générale du film. Voici ce que disait Gaëtan sur cette expérience : "Ce qui nous intéressait, c'était de montrer la nature. Ici, la nature n'est pas un arrière-plan. C'est le personnage principal. Et comme on a représenté la nature par trois personnages, la difficulté consistait à montrer que ces personnages n'étaient pas posés sur le fond, mais qu'ils bougeaient avec le fond."
La séquence a certainement été la plus difficile du film pour l'équipe des effets spéciaux. Pour le personnage de l'oiseau par exemple, il a fallut créer de nombreuses couches d'animation pour lui donner un aspect réaliste : animation de l'oiseau, de la lave, de la croûte qui le recouvre, effets de flammes, de fumée et enfin animation des particules de poussières. Le tout fut entièrement animé à la main, un véritable défi pour l'équipe des effets spéciaux! L'elfe fut également très complexe à animer. La moitié de son animation est composé d'effets spéciaux. Il fallait que le personnage se fonde dans la nature car il était la nature, qu'il soit sur de l'herbe, de la roche, de l'eau ou des cendres. Le personnage était en plus en constante évolution. Alors qu'habituellement un personnage a une feuille de modèle avec différents angles de positions pour aider l'animateur, l'elfe n'en avait pas besoin car il était différent sur presque chaque plan. Il changeait de taille, de couleurs et de texture selon l'endroit où il se trouvait. Au final, le personnage est composé d'animation, d'effets spéciaux à la main et enfin d'effets spéciaux numériques pour les particules.
L'élan était quant à lui vu comme un animal royal et majestueux, étant le roi de la forêt. Pour ses bois, l'équipe eu le même problème que Walt et son équipe sur Bambi. En effet, comment faire évoluer le dessin compliqué des bois d'un cerf dans l'espace? Mais ils disposaient d'un outil que leurs prédécesseurs ne connaissaient pas : l'ordinateur. Les bois ont ainsi été crées en images de synthèse et intégrés à l'animation traditionnelle de l'élan.
L'Oiseau de Feu est une parfaite collaboration entre artistes américains et français, mais aussi animateur de personnages, d'effets spéciaux et images de synthèse. Une symbiose qui permit de faire naître un nouveau chef-d'oeuvre de l'animation.
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Storyboards de Paul et Gaëtan Brizzi
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Recherches graphiques
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Color script
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Recherches personnages
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22 mai 2009
Fantasia 2000 : Pomp and Circumstance
POMP AND CIRCUMSTANCE
Septième séquence de Fantasia 2000, Pomp and Circumstance, composé par Sir Edward Edgar entre 1901 et 1907, remet Donald Duck sous les projecteurs après plusieurs années d'absence. En effet le petit canard n'était pas réapparu à l'écran depuis le moyen métrage Le Prince et le Pauvre, diffusé avant Les Aventures de Bernard et Bianca au Pays des Kangourous sorti en 1990.
Plusieurs idées furent développées pour mettre Donald en scène, dont une avec un Donald-Icare sur La Chevauchée des Valkyries (un des morceaux prévu pour la suite avortée de Fantasia dans les années 40). Mais cela ne fonctionnait pas et tout fut repris à zéro. La Chevauchée des Valkyries fut remplacée par Pomp and Circumstance et Donald fut transposé au XVIème siècle où il était entouré de princes et de princesses. L'équipe alla ainsi très loin dans les recherches avant de trouver la bonne histoire. Depuis longtemps déjà il avait été évoqué de faire une histoire sur l'arche de Noé. Cette idée vint de Francis Glebas, le réalisateur de la séquence. Il s'est dit qu'il serait amusant si les animaux refusait de monter dans l'arche. Au départ ce devait être une colombe qui jouait le rôle de l'assistant de Noé. Cette dernière ressemblait beaucoup à notre cher canard, hormis qu'elle ne souhaitait pas retrouver sa bien aimée mais seulement se reposer dans son hamac. Ce n'est que plus tard qu'il fut décidé de la remplacer par Donald.
C'est Peter Schickele qui s'occupa de l'arrangement du morceau. On lui doit notamment la musique de la série TV Sesame Street ou bien encore la B.O. d'une demi douzaine de films : The Crazy-Quilt (1966), Funnyman (1967), Silent Running (1972), Oh! Calcutta! (1972) et Abduction of Figaro (1984). Pour la séquence, il fut décidé de n'utiliser que les marches 1,2,3 et 4, le tout dans l'ordre chronologique pour donner un sentiment de progression, de mouvement, avec des moments forts et de la diversité.
Au niveau graphique, il fut décidé de rendre les animaux de l'arche semi réalistes. Il fallait en effet qu'il s'allient parfaitement avec le monde qui les entoure mais aussi avec le design de Donald Duck, bien plus loufoque. On retrouve d'ailleurs de nombreuses références au canard dans la séquence : les flaques sont en forme de canard, ainsi que l'arrière de l'arche, la maison de Donald est la caricature d'un œuf posé sur un nid.
Pomp and Circumstance est au final un bien bel hommage au canard le plus célèbre du monde, sorte de réponse à L'Apprenti Sorcier dans lequel son confrère Mickey Mouse avait la vedette.
Recherches de Francis Glebas :
16 avril 2009
Fantasia 2000 : Le Carnaval des Animaux
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Cinquième séquence de Fantasia 2000, Le Carnaval des Animaux était à l'origine une idée de Joe Grant. Artiste chez Disney entre 1932 et 1949, il revint travailler aux studios dans les années 90 en tant que consultant, alors qu'il avait déjà plus de 80 ans! Bouillonnant d'idées malgré son âge avancé, il proposa une séquence pour Fantasia 2000 avec comme personnage principal une autruche de la séquence La Danse des Heures, du Fantasia original, s'amusant avec un yoyo. L'idée fut retenue mais l'autruche fut finalement remplacé par un flamant rose.
Eric Goldberg, le réalisateur de la séquence nous parle de cette expérience : "Pour concevoir Le Carnaval des Animaux, j'ai commencé par faire des recherches auprès de mon collaborateur, Mark Gabriel, qui, en travaillant sur Pocahontas, jouait sans arrêt au yoyo. Je l'ai alors filmé en train de jouer au yoyo, ce qui nous servit de référence pour la suite de notre travail. Après cela il a fallut se demander pourquoi un flamant rose jouerait-il avec un yoyo? Et on s'est dit : "il a un yoyo parce que c'est l'excentrique." Lui il veut jouer, alors que les autres veulent se mettre en ligne. La séquence ressemble beaucoup à un passage de La Danse des Heures, quand les autruches se disputent une grappe de raisin, on peut voir ça comme une sorte de clin d'œil En étudiant des flamants dans des zoos californiens, on a appris qu'ils ont tendance à avoir des comportements de groupe. Si l'un lève la tête, ils le font tous. Si l'un va à gauche, ils le font tous. C'est comme un troupeau de moutons! Et on a pensé que ce serait sympa que le héros soit l'original. Celui qui ne veut pas faire comme les autres."
Techniquement, la séquence se démarque du reste du film par l'utilisation de l'aquarelle pour les personnages. Alors qu'il était devenu habituel de scanner et peindre les cellos sur ordinateur, il fut décidé ici de tout coloriser à la main avec la technique de l'aquarelle, donnant ainsi encore plus de vie aux personnages animés. L'impression de peinture vivante était également accru. Côté animation, les Six Snobs (les flamant roses poursuivant le héros) ont été animé par le réalisateur Eric Goldberg. Il se chargea en fait d'en animer un seul, puis son animation fut démultiplié pour donner l'illusion d'un groupe d'oiseaux parfaitement synchrone.
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Recherches graphiques :
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Dessins de Joe Grant :
24 mars 2009
Fantasia 2000 : Concerto pour Piano n°2, Allegro, Opus 102
CONCERTO POUR PIANO N°2, ALLEGRO, OPUS 102
(LE PETIT SOLDAT DE PLOMB)
Quatrième segment de Fantasia 2000, Le Petit Soldat de Plomb était un projet de longue date aux studios Disney. Inspiré du conte d'Hans Christian Andersen (l'auteur de La Petite Sirène et de La Petite Fille aux Allumettes), il devait déjà faire parti du premier Fantasia sorti en 1940. Ce fut alors Bianca Majolie qui en réalisa le storyboard. Malheureusement la fin du segment ne satisfaisait pas Walt Disney et l'histoire fut mise de côté. Il faudra attendre 1991 pour que le projet soit remis sur les rails sous l'impulsion de Roy E. Disney, le neveu de Walt, qui désirait réaliser une suite à Fantasia.
Steve Goldberg (superviseur artistique) test d'animation Eamonn Butler (animateur)
La nouvelle version de Le Petit Soldat de Plomb est très proche du storyboard original, seul la fin a été modifié. Dans la première version (très fidèle au conte d'Andersen) le soldat et la ballerine finissent dans le feu et fondent. Leurs deux corps fondus forment alors un cœur. Pour la nouvelle version, les scénaristes voulaient que la fin de l'histoire soit plus en accord avec le concerto de Dimitri Shostakovich, qui se termine sur une note positive. Il fut alors décidé que c'était le diable qui devait finir dans le feu et non les deux amants.
Lorsque la production de cette séquence débuta en 1991, l'ordinateur était déjà bien installé au sein des studios Disney. Il avait déjà servi à de nombreuses reprises sur divers productions animées (Basil, Détective Privé, Oliver & Compagnie, La Petite Sirène et La Belle et la Bête). Mais ce fut la première fois que l'outil informatique était utilisé pour animer des personnages principaux. L'idée était de dissimuler le plus possible le fait que ces personnages soient animés par ordinateur, de peur que leur rendu soit dépassé lors de la sortie du film (qui devait se faire en 1996 mais se fera finalement en 2000). Le reste de la séquence est animée et réalisée de façon plus traditionnelle, tout à la main.
Le résultat final est un excellent mélange d'animation 2D et 3D, l'alliance parfaite du passé et du futur de l'animation.
Storyboards de Bianca Majolie (1938) :
Recherches graphiques :
Line test (1995) :
08 mars 2009
Fantasia 2000 : Rhapsody in Blue
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Troisième segment de Fantasia 2000, Rhapsody in Blue est le résultat d'un mariage artistique de deux génies, l'un de la musique et l'autre du dessin. Composée en 1924 par George Gershwin, Rhapsody in Blue est une œuvre atypique. Crée en moins de quinze jours en raison d'un oubli de l'auteur, le morceau fut immédiatement un triomphe. Pour la première fois le public avait l'occasion d'écouter du jazz dans une salle de concert, ce qui était à l'époque quelque chose d'exceptionnel. Le morceau comportait des parties lentes, d'autres rapides, des parties drôles, des reprises, etc. Des éléments parfaits pour être retranscrit en animation.
Le projet fit son apparition aux studios Disney en 1995, lorsque que Eric Goldberg (animateur du Génie dans Aladdin et réalisateur de Pocahontas, une Légende Indienne), arrivé chez Disney quelques années auparavant, présenta le projet aux dirigeants du studio. Son idée était d'allier le style graphique de l'illustrateur Al Hirschfeld avec le morceau de Gershwin, le tout dans la ville de New York des années 20. Le projet n'emballa guère les pontes du studios et fut mis de côté... Il fallut attendre 1998 pour que la production du court métrage prenne enfin son envol et ce pour une raison peu glorieuse. En effet à cette période la production de Kuzco, l'Empereur Mégalo (alors encore nommé Kingdom of the Sun) avait pris du retard, ce qui eut pour fâcheuse conséquence de mettre les animateurs du studio au chômage technique. Pour éviter cela, la direction remit en marche le projet Rhapsody in Blue afin d'occuper les animateurs durant leurs six mois de trou! C'est aussi à ce moment qu'il fut décidé d'intégrer le court métrage à Fantasia 2000 alors qu'il n'en était nullement question à l'origine.
Eric Goldberg (réalisateur) George Gershwin (compositeur) Donald Ernst (producteur)
En plus d'en être la principale inspiration, l'illustrateur américain Al Hirschfeld était aussi le consultant artistique sur la séquence. Le style graphique de Rhapsody in Blue est ainsi la parfaite retranscription animée du style d'Hirschfeld. L'équipe du film a eu la permission de l'artiste d'utiliser tout son travail déjà existant afin de s'en inspirer. Eric Goldberg, qui tenait le rôle de réalisateur sur Rhapsody in Blue a toujours été un grand admirateur d'Al Hirschfeld. Il trouvait que le style de l'artiste se prêtait vraiment bien à l'animation. La plupart des personnages crées par Al Hirschfiled qui inspirèrent la galerie de personnages du film ont été utilisé tels qu'il les avait dessiné à l'origine, tant son trait était fin et fluide. Il pouvait ainsi exprimer tout un panel d'émotions avec une simple ligne. La ligne a d'ailleurs une grande importance dans le travail d'Hirschfeld, et donc dans Rhapsody in Blue. Voici ce que disait l'artiste à ce propos : "La ligne domine. Elle exprime l'intention émotionnelle de l'artiste. Quand on trace une ligne, elle communique. Quand on déplace cette ligne, ça prend une autre dimension. Elle ne communique plus."
En animation la ligne sert surtout à délimiter les différentes zones de couleurs, sur Rhapsody in Blue elle avait en plus un rôle important dans la retranscription du caractère des personnages.
Susan McKinsey Goldberg (art director) Al Hirschfeld (consultant artistique) Les décors ont été colorisés à l'ordinateur
La palette de couleurs de Rhapsody in Blue est logiquement basée sur la couleur bleue. Ce bleue fut ensuite détourné pour avoir des violets, des mauves, des verts, qui contiennent toujours beaucoup de bleu. L'équipe voulait conserver une palette très limitée, mais qui exprime un éventail de luminosités. De temps en temps, ils utilisaient une couleur chaude, pour faire remarquer un détail, comme la sacoche de Duke (l'ouvrier fan de jazz), ou la balle rouge de Rachel (la petite fille). Ca attire l'oeil car tout le reste est bleu. Cela permet au spectateur de remarquer certaines choses qui vont s'avérer intéressante dans l'histoire.
Avec Rhapsody in Blue, les artistes des studios Disney expérimentèrent une nouvelle technique aujourd'hui devenue courante. La totalité des décors de la séquence ont été peint numériquement. Ainsi les artistes n'était pas obligé de peindre les décors briques par brique, cela simplifia beaucoup la production. Le rendu finale est très plat, mais c'était l'effet voulu. Hirschfeld lui-même peignait des fonds unis en arrière-plan de ses dessins.
Rhapsody in Blue est une des séquences les plus réussies de Fantasia 2000, et la première introduction de musique dite "populaire" dans un Fantasia. Al Hirschfeld fut enchanté du résultat final, et George Gershwin aurait certainement été du même avis!
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Dessins d'Al Hirschfeld :
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Color keys :
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Conception des personnages :
23 février 2009
Fantasia 2000 : Les Pins de Rome
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Seconde séquence de Fantasia 2000, Les Pins de Rome est le résultat d'un savant mélange d'animation 2D et 3D. Composé en 1924 par Ottorino Respighi, Les Pins de Rome était à l'origine inspiré par les paysages de la Rome Antique. Les artistes des studios Disney en ont fait un sublime ballet aérien de baleines en Antarctique. Réalisé en 1994-95, Les Pins de Rome est une des premières réalisations des studios alliant images de synthèse et animation traditionnelle. La technique fut d'abord expérimenté dans un court métrage sorti et 1992 peu connu du grand public, Off his Rockers, où l'on suivait les mésaventures d'un cheval de bois délaissé par un enfant préférant jouer à un jeu vidéo. Le thème de ce cartoon où un jouet prend vie n'est pas sans rappeler Tin Toy, court métrage des studios Pixar où des jouets étaient martyrisé par un bébé (court qui inspirea par la suite Toy Story). Ce fut certainement une des raisons de l'impopularité d'Off his Rockers, pas assez original pour réellement exister aux yeux des studios Disney.
Roy E. Disney (producteur exécutif) Hendel Butoy (superviseur de l'animation)
Le style graphique de Les Pins de Rome n'a rien de très original. L'équipe a décidé de rester très réaliste dans les rendus, que ce soit pour le graphisme, les textures ou les décors. Voici les explications de Roy E. Disney (producteur exécutif) sur ce choix visuel : En animation tout peut arriver. Et si une baleine pouvait voler? Il m'a semblé que la seule chose à faire pour qu'on y croit, c'était de faire ça dans un style réaliste. Les faire ressembler à de vraies baleines, pour qu'on voie le volume énorme et le poids de ces animaux. Et qu'on puisse croire qu'elles sont capable de voler. Si c'est une baleine imaginaire c'est facile : on peut la dessiner en train de voler. Mais si elle est réaliste... Ca permet de conserver ce mélange de réalité et d'imaginaire de façon harmonieuse.
Le seul personnage un peu fantaisiste est le baleineau, le personnage principal de la séquence. Ses mouvements sont éxagérés, il est plus joueur, il a plus de personnalité que les autres baleines. Ce choix n'est pas anodin, il fallait que le personnage se démarque du groupe, qu'on le remarque dès le début. Les couleurs sont également un peu plus imaginaires, elle sont saturées et flamboyantes. Le résultat est un parfait mélange de réalisme et d'imaginaire.
Craig Thayer (supervieur artistique des imageries numériques)
Mélanger 2D et 3D était un véritable défi pour l'époque, la technique en étant encore à ses balbutiements. Les studios durent créer des logiciels spéciaux pour mettre à bien le projet. Plusieurs problèmes difficiles n'avaient pas été résolus avant la réalisation de la séquence. Il y avait des rides sur le peau des baleines dont il fallait se débarasser pour que la peau soit lisse. il a donc fallut créer un logiciel sur mesure pour supprimer les rides. Il fallait aussi que l'eau bouge en fonction des mouvements des baleines. Un système de particules à vaguelettes fut alors crée pour que l'eau ondule au passage des baleines et se propage par la suite. Mais malgré tout leurs efforts, il y a un éléments qui ne fonctionnait pas en images de synthèse. L'équipe ne parvenait pas à rendre les yeux des baleines assez expressifs. Il fut donc décidé de faire les yeux en animation 2D et de les ajouter aux baleines en 3D. Le baleineau est ainsi le tout premier personnage Disney réalisé en animation 2D et 3D. La technique ne sera plus très souvent utilisé par la suite car trop compliqué à mettre en oeuvre. L'exemple le plus réussi de cet union reste le personnage de John Silver dans La Planète au Trésor, dont le bras cybernétique est entièrement réalisé en 3D.
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Recherches graphiques :
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Conception des personnages :
09 février 2009
Fantasia 2000 : La Cinquième Symphonie
LA CINQUIEME SYMPHONIE
La Cinquième Symphonie de Ludwig van Beethoven fut choisi pour la première séquence de Fantasia 2000. Ce fut le morceau sur lequel les artistes des studios Disney ont eu le plus de difficultés à trouver une idée de scénario. Il y eu quatre ou cinq histoires différentes mais, pour une raison ou une autre aucune ne fonctionnait correctement. Jusqu'à ce que Pixote Hunt arrive avec une idée géniale pour cette partition. L'artiste nous parle de sa vision du morceau : Pour moi cette séquence de la Cinquième Symphonie est un conflit entre deux types de formes : les gentilles formes multicolores et les méchantes formes sombres. Pour mettre fin à ce conflit, on utilise les quatre notes célèbre de la Cinquième Symphonie. Ce n'est pas une musique que l'on écoute en restant passif. On est réveillé, quelque chose va se produire, on le sent et on l'attend.
Suite aux difficultés à mettre en route cette séquence, La Cinquième Symphonie fut le tout dernier morceau de Fantasia 2000 à être réalisé. Il ne restait plus beaucoup de temps pour finir le film, il était donc indispensable de trouver une technique simple et rapide pour terminer la séquence au plus vite. Pixote Hunt a toujours adoré le pastel, il décida donc d'utiliser cette technique pour sa séquence, il voulait que cela ressemble à un dessin au pastel animé. Avec le pastel on peut obtenir tout une gamme d'effets : un dessin lisse comme de la soie avec un degradé de couleurs comme en peinture, ou des textures crayeuses et grumeleuses. Les deux effets étaient parfaits pour La Cinquième Symphonie, tantôt violente, tantôt douce.
Les formes choisies étaient des sortes de papillons pour le bien et des chauves-souris pour le mal. L'équipe a alors étudié ces deux espèces en allant observer des papillons au zoo de San Diego et en étudiant des films de chauves-souris volant au ralenti. Le rendu final des formes ne devaient pas être trop reconnaissables, le tout devait rester assez abstrait.
Pour tourner cette séquence, des problèmes épineux durent être résolu. Pour filmer des dessins avec une caméra il faut pauser une plaque sur chacun d'entre eux. Mais la technique du pastel ne le permettait pas : si on met un verre ou une plaque sur un dessin au pastel, le dessin reste collé au verre quand on le retire. Il fut donc décidé d'utiliser un logiciel informatique afin de scanner chaque dessin pour pouvoir les manipuler sur ordinateur en toute sécurité. Chaque couche des différents plans a ainsi été scanné séparement. C'est là que réside le grand intérêt de travailler sur ordinateur : aucun pastel n'en touche un autre, qu'il soit au-dessus ou en-dessous. Donc quoi qu'il arrive, malgré sa fragilité, le pastel restera parfait.
Pour les fonds, les artistes utilisèrent uniquement de la couleur, le noir était proscrit. Pour avoir un large éventail de couleurs, l'équipe est allé dans un magasin de bricolage pour acheter de la peinture domestique. Au départ plus de 130 couleurs différentes avaient été choisies, ils n'en retiendront que quinze.
Malgré sa durée minime (deux minutes trente), La Cinquième Symphonie en impose, et dix ans après la sortie du film, reste toujours aussi spectaculaire. Retrouvez ci-dessous les recherches aux pastels de cette séquence :
08 février 2009
Fantasia 2000
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Introduction : prochainement...
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La Cinquième Symphonie
Les Pins de Rome
Rhapsody in Blue
Concerto pour Piano n°2, Allegro, Opus 102
Le Carnaval des Animaux
L'Apprenti Sorcier
Pump and Circomstances
L'Oiseau de Feu - Version 1919
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