24 février 2013
Harald Siepermann
Harald Siepermann est un des meilleurs character designer de sa génération. Il a travaillé pour les studios Disney de manière sporadique de 1986 à 2007, principalement en tant que dessinateur indépendant. On lui doit la conception de nombreux personnages, que ce soit pour Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, Mulan, Tarzan, Kuzco, l'Empereur Mégalo, La Planète au Trésor, Frère des Ours ou bien encore Il Était une Fois. Retour sur un artiste talentueux parti bien trop tôt...
Harald Siepermann est né en 1962 à Bochum, en Allemagne. Le cinéma a toujours été une grande passion pour lui, et ce dès son plus jeune âge. Le premier film qu'il vit au cinéma fut Le Livre de la Jungle (comme un certain Andreas Deja). Étant jeune, il recopiait des personnages vus à la télévision dans les émissions pour enfants et leur inventait de nouvelles aventures. Le character design est alors déjà sa spécialité, d'ailleurs aucun de ses dessins ne comportent de décors, il aimait se concentrer uniquement sur les personnages. Après avoir obtenu son BAC, il rentre à l'école d'Art Folkwang à Essen-Werden. Il a comme professeur Hans Bacher (futur directeur artistique de Mulan). Il y fait également la rencontre d'autres passionnés comme lui par le monde de l'animation. Après avoir obtenu son diplôme en 1987, ils commencent à travailler ensemble pour des agences de publicité de Düsseldorf, Zürich et Londres, comme storyboarder. Ils a alors la chance de travailler pour Richard Williams, qui anima certaines des publicités qu'ils avait dessiné pour la télévision allemande. Peu de temps après, Richard Williams était nommé réalisateur de la partie animée de Qui Veut la Peau de Roger Rabbit. Il invita Harald à le rejoindre sur le projet en tant que character designer puis storyboarder. Il y retrouve son ancien professeur, Hans Bacher, qui le suivra sur de nombreux projets par la suite. Il travailla essentiellement sur la scène d'Eddie Valiant à Toon Town. Harald a désormais un pied dans le monde très fermé du cinéma hollywoodien et compte bien en profiter !
En 1989, Harald Siepermann crée le design des personnages de la série animée Alfred J. Kwak, inspiré du spectacle musical pour enfant Alfred Jodocus Kwak de Herman van veen. La série obtient un franc succès et est diffusé un peu partout dans le monde. Le nom d'Harald Siepermann sera toujours rattaché à ce petit canard très attachant qui le suivra durant une grande partie de sa carrière, notamment avec la création d'une BD dérivée de l'univers de la série. Il travaille sur ce projet avec son ancien professeur Hans Bacher, qui s'occupera de la création des décors et des couleurs.
Harald Siepermann déménage par la suite à Los Angeles, pour se consacrer pleinement au travail de character designer pour les Walt Disney Animation Studios. Son premier projet est la création du design de quelques personnages secondaires de Mulan (avec une nouvelle fois Hans Bacher comme collègue). Mais son gros projet reste la création du design de presque tous les personnages de Tarzan (hormis Tarzan, créé par Glen Keane). On le retrouve ensuite à la création des personnages de Kingdom of the Sun (futur Kuzco, L'Empereur Mégalo), La Planète au Trésor et Frère des Ours. Il travaillera également un peu plus tard sur les personnages de la première version de La Reine des Neiges.
En 2000, Harald Siepermann rentre en Allemagne. Afin d'expliquer la raison de ce retour, il dira ironiquement "je préfère revenir en Europe car je voudrais que mon fils sache marcher avant de savoir conduire." En réalité, il y a fort à parier que les studios Disney n'avaient plus grand chose à lui proposer. Il travaille alors pour le studio TFC Trickompany à Hamburg, tout en donnant des cours à des étudiants à l'école d'animation de la ville. Grand pédagogue, ses cours étaient très appréciés et reconnus comme une référence en la matière. Après le faste du studio hollywoodien, Harald se retrouve à travailler avec seulement quatre personnes pendant des mois. Il travaille sur le projet d'adaptation en film d'animation de la BD allemande Nick Knattertonen, projet qui tombe finalement à l'eau après huit mois de travail...
Mais Harald n'a pas dit son dernier mot concernant son travail chez Disney. On le retrouve en tant que character designer indépendant sur Il Était une Fois, sorti en 2007. Il créera le design des personnages 2D de Giselle, du prince Edward, des animaux de la forêt et du troll. Entre temps, Harald continu à donner des cours de dessin un peu partout en Allemagne, à travailler sur divers projets de productions animées et à s'occuper de son fidèle canard Alfred, devenu ambassadeur de l'UNICEF. Il est également un habitué du festival international du film d'animation d'Annecy.
Harald Siepermann disparaît le 16 février 2013, des suites d'un cancer.
Qui Veut la Peau de Roger Rabbit :
Mulan :
Tarzan :
Kuzco, l'Enpereur Mégalo :
La Planète au Trésor :
Fraidy Cat :
La Reine des Neiges (version 2003) :
Frère des Ours :
Il Était une Fois :
03 décembre 2009
Frère des Ours
44ème long métrage des Walt Disney Animation Studios, Brother Bear (Frère des Ours) doit sa création à la production du (Le) Roi Lion. En effet en 1993, Michael Eisner, alors président de la Walt Disney Company, est convaincu du potentiel de ce film (l'avenir lui donnera en effet raison). Il demande alors aux artistes du studio de réfléchir à un nouveau film animalier. L'animateur Aaron Blaise eut l'idée d'une histoire se passant sur le sol américain avec des ours comme héros. C'est sous le nom de Bear que le projet commença à prendre forme, ce n'est que plusieurs années plus tard qu'il fut renommé Brother Bear.
Frère des Ours est le troisième et dernier projet de film d'animation entièrement réalisé aux studios d'Orlando en Floride, après Mulan et Lilo & Stitch. En effet, le studio ferma ses portes juste après la fin de la production de Frère des Ours, la direction ayant décidé de stopper la production de films d'animation 2-D et de concentrer ses troupes au seul studio de Burbank en Californie. Il en sera de même pour le talentueux studio de Montreuil, en France, qui ferma la même année...
L'histoire de Frère des Ours a beaucoup évolué depuis les prémices du projet. Au départ, Frère des Ours était un film tragique dont certains éléments rappelaient Le Roi Lear de Shakespeare. Aaron Blaise commença à travailler sur le projet en 1997, vite rejoint pas son confère Robert Walker. Chuck Williams, le producteur, nous parle de cette expérience aux côté d'Aaron : Aaron et moi avons commencé par lire différents mythes et histoires traditionnelles des Indiens d’Amérique. Nous avons ensuite élargi notre recherche, pour découvrir que presque toutes les cultures du monde comportent sous une forme ou une autre des histoires d’êtres humains se métamorphosant en animaux. Plusieurs de ces histoires parlent de garçons transformés en ours, comme un rite de passage à l’âge adulte. Quelques-unes parlent même d’humains faisant semblant d’être des ours pendant un certain temps, s’isolant avant de revenir pour être considérés comme des hommes adultes par le reste de la tribu. Notre idée, à l’origine, mettait en scène un père et un fils. Le fils rebelle était changé en ours et devait s’amender pour retrouver sa forme humaine.
Aaron Blaise ajoute : Les mythes de transformation ont pour but d’enseigner une leçon de vie ; c’est pour cette raison qu’ils se transmettent de génération en génération dans toutes les cultures. Ils ont une structure différente des contes de l’Occident, avec cette idée que l’on peut aller d’une culture à l’autre, passer du monde humain au monde animal. On y a le sentiment que les animaux sont simplement d'autres êtres vivants dans un costume différent... C'est une vision du monde, une philosophie très séduisante.
Aaron Blaise est un véritable amoureux de la nature, réaliser un film sur ce thème était une évidence pour lui. Pour Frère des Ours, il partit avec une partie de l'équipe peindre des paysages en pleine nature durant plusieurs mois. De l'Alaska à la Californie, en passant par le Wyoming, toutes sortes de forêts et de paysages montagneux furent étudié pour le film. L'équipe s'est ainsi rendu au Denali National Park, au Sequoia National Park, et dans la Vallée aux 10 000 Fumées, une région volcanique du Katmai National Park - c’est cette dernière qui a inspiré la séquence de la Vallée du Feu.. En plus de sa passion pour le monde sauvage, Aaron Blaise a également une belle expérience dans l'animation d'animaux. Il fut par exemple chef animateur sur le personnage de Rajah sur Aladdin et Nala sur Le Roi Lion .
Robert Walker, le second réalisateur, est quant à lui arrivé pendant le développement du film. Alors qu'Aaron Blaise s'intéressait aux paysages naturels, Robert était plus concentré sur les animaux. Pour autant sa carrière chez Disney s'est faite jusque là au département layout (dessins préparatoires pour les décors). Arrivé chez Disney à la fin des années 80, Robert Walker travailla sur les décors de nombreux films (Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, La Belle et la Bête, Aladdin, Le Roi Lion, Mulan et Lilo & Stitch) avant de passer à la réalisation avec Frère des Ours.
Chuck Williams, le producteur du film, est arrivé aux Walt Disney Animation Studios au début des années 70. Tout d'abord intervalliste sur Robin des Bois, il passa animateur sur le troisième court métrage de Winnie l'Ourson, Winnie l'Ourson et le Tigre Fou. Il travailla ensuite sur Les Aventures de Bernard et Bianca, Peter et Elliott le Dragon, Taram et le Chaudron Magique, Basil, Détective Privé, Oliver & Compagnie et La Petite Sirène. Après un passage par l'édition, Chuck Williams commença sa carrière de producteur sur Pocahontas (et tant que producteur associé) avant de devenir producteur de Frère des Ours.
L'histoire de Frère des Ours est inspiré de croyances et mythes amérindien. D'après la légende, certains indiens étaient transformé en animaux afin d'en tirer une leçon de vie. C'est ce côté très spirituel qui attira l'équipe du film. Le choix des ours comme personnages principaux était alors évident. Avec leur grosse pattes, leur fourrure touffue et leur démarche maladroite, les ours avaient un capital sympathie indéniable. Par la même occasion, Frère des Ours remet sur le devant de la scène les indiens d'Amérique, déjà mis en avant dans Pocahontas.
Le film comporte de nombreuses similitudes avec Le Roi Lion. Tout d'abord il s'agit de deux histoires originales, malgré leurs similitudes avec des récits déjà connus (les mythes indiens pour Frère des Ours et Le Roi Léo pour Le Roi Lion). Les deux films racontent un voyage initiatique qui fera changer de point de vue son personnage principal. Pour finir, les deux histoires ont comme héros des animaux. Toute ces similitudes encouragées par Michael Eisner, ont au final desservi le film qui fut vite comparé à son aîné...
D'un point de vue purement visuel, Frère des Ours est une parfaite réussite. Son développement a demandé des années de recherches afin d'aboutir au résultat espéré. Robh Ruppel, directeur artistique sur le film nous raconte : Les réalisateurs souhaitaient un style naturaliste, c’est-à-dire un style visuel basé sur la nature réinterprétée à travers l’art. Il nous a été très utile de visiter l’Alaska et le Wyoming pour un voyage d’étude de peinture. Nous avons été frappés par les paysages bruts, primitifs, par les immenses chaînes de montagnes, les ciels aux multiples nuances de bleu, les nuages de formes et de styles tellement différents… Nous avons dessiné, peint, et pris des centaines de photos. Quand vous vous installez là-bas, votre carnet de croquis en main, vous vous sentez en prise directe avec la nature. Vous pouvez vous immerger, vous en imprégner. Cela nourrit votre inspiration. Vous devenez alors plus proches de ce qui se déroule autour de vous. Nous avons voulu pour Frère des Ours un style crédible, et cette volonté a présidé aux choix de mise en lumière et de composition d’image. Le film ne ressemble pas à un spectacle mis en scène, on a plus l’impression de se trouver dehors, d’avoir tourné dans des décors naturels. Nous avons essayé de donner une impression de grand air, de vent et de lumière.
Malgré des qualités indéniables (capital sympathie des ours, soins apporté à l'animation et aux décors, musiques et chansons de Phil Collins), Frère des Ours fut un échec au box office lors de sa sortie en 2003... Il ne rapporta que 85 millions de dollars sur le sol américain alors que Le Monde de Nemo, sorti quelques mois plus tôt, en avait rapporté le triple. Cela conforta malheureusement les convictions des dirigeants pour qui la 2-D n'avait plus lieu d'être aux studios... Avant-dernier film 2-D de la firme (avant la réouverture du département en 2006), Frère des Ours souffre d'un trop grand nombre de similitudes avec Le Roi Lion et d'un scénario peu original. Il reste des personnages attachants et une qualité artistique hors paire, mais cela ne suffit pas à faire un chef-d'œuvre.
15 octobre 2007
Recherches personnages Frère des Ours
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Avant-dernier Grand Classique 2D des studios Disney (le dernier en date est La Ferme se Rebelle sortie en 2004), Frère des Ours ne fut pas le succes qui aurait put sauver la 2D de sa chute inéluctable. Pourtant tout les éléments étaient réunis pour faire de Frère des Ours un nouveau chef-d'oeuvre : scénario épique, de gros nounours tout mignons, une qualité graphique indéniable, la participation de Phil Collins pour la musique et les chansons (ce dernier reçut l'oscar de la meilleure chanson originale en 2000 pour "You'll Be in My Heart" extraite de Tarzan), etc... Oui mais voilà, la sauce ne prend pas et Frère des Ours tombe assez vite dans le médiocre voire la niaiserie, piège dans lequel ses ainés n'étaient pas tombés (Le Roi Lion, Pocahontas, Tarzan). Mais que les amoureux de la 2D se rassurent, cette dernière n'est pas morte pour autant et refera bientôt son grand retour chez Disney avec tout d'abord Il Etait une Fois en fin d'année (film mélant scènes en 2D et en live et dont je reparlerai en temps et en heure) puis La Princesse Grenouille en 2009! Pour plus d'info sur ces deux films je vous invite à venir faire un tour sur le forum Disney Central Plaza où vous trouverez tout ce qu'il faut savoir sur ces deux nouvelles productions. Vous trouverez ci-dessous une galerie d'études de personnages de Frère des Ours que l'on doit à Harald Siepermann et Rune Bennicke, artiste allemand ayant travaillé sur plusieurs films du studio (Qui Veut le Peau de Roger Rabbit, Frère des Ours, Mulan, Il Etait une Fois).
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