20 août 2014
Toy Story 3
Onzième long métrage des Pixar Animation Studios, Toy Story 3 est la première réalisation de Lee Unkrich. Onze ans après leurs dernières aventures, Woody et sa bande de jouets sont de retour au cinéma pour un troisième volet très attendu. D'autant plus attendu que les studios Pixar étaient alors au sommet de leur Art. Ils avaient ainsi sorti trois chef-d'oeuvres d'affilé : Ratatouille en 2007, WALL•E en 2008 et Là-Haut en 2009. Reprendre une saga qui a fait la renommée des studios était également un pari plus que risqué. Mais avec le talentueux Lee Unkrich aux commandes, rien n'est impossible !
Toy Story 3 a beau être le premier film réalisé par Lee Unkrich, l'artiste n'est pas pour autant un débutant, ni un total inconnu. Né le 8 août 1967 à Cleveland, dans l'Ohio, Lee Unkrich a grandi à Chagrin Falls, une petite ville dans la banlieue de Cleveland. Lee a passé la majeure partie de son enfance sur la scène de la Cleveland Playhouse comme jeune comédien. En 1990, il est diplômé de l'école de cinéma de l'Université de Californie du Sud et travaille ensuite durant plusieurs années pour la télévision comme réalisateur et monteur, notamment sur les séries Le Rebelle et Les Dessous de Palm Beach pour laquelle il réalisera également un épisode. Lee Unkrich rejoint finalement les rangs des studios Pixar en 1994 comme monteur sur Toy Story puis sur 1001 Pattes (a bug's life). Il passe ensuite à la réalisation en devenant co-réalisateur sur Toy Story 2, projet sur lequel il participa également au scénario. Il tiendra le même poste sur Monstres & Cie et Le Monde de Nemo, film sur lequel il sera aussi superviseur du montage. Après avoir participé au montage de Cars - Quatre Roues, Lee Unkrich passe enfin réalisateur sur Toy Story 3. Ayant déjà grandement participé aux deux premiers volets de la saga et ayant montré ses talents de réalisateurs sur divers productions, Lee Unkrich était l'homme idéal pour diriger la conclusion des aventures d'Andy et de sa bande de jouets. Après Toy Story 3, Lee Unkrich s'attaque à la réalisation de Dia des Los Muertos (titre provisoire) centré sur la fête des morts méxicaine.
Toy Story 3 est produit par Darla K. Anderson. Née à Glendale, en Californie, Darla K. Anderson a étudié le design environnemental à la San Diego State University. Peu après, elle a entamé sa carrière en travaillant sur des productions cinéma et télévision basées à San Diego. Elle a ensuite travaillé chez Angel Studios à Carlsbad, en Californie, comme productrice exécutive de leur département publicité. C’est là qu’elle a découvert le monde des images de synthèse. Elle s’est alors installée dans la baie de San Francisco avec l’intention d’entrer chez Pixar, elle y rentrera finalement en 1993 comme productrice exécutive du groupe publicité. Elle passe par la suite productrice sur 1001 Pattes (a bug's life), Monstres & Cie, et Cars - Quatre Roues, film pour lequel elle a été couronnée Productrice de l’Année dans la catégorie longs métrages d’animation par la Producers Guild of America. Après avoir produit Toy Story 3, Darla K. Anderson s'occupe en ce moment de la production de Dia des Los Muertos , le nouveau film de Lee Unkrich. Elle a été élue au Producers Council Board de la Producers Guild of America en juillet 2008. Elle est la première productrice du secteur de l’animation à être élue au Conseil.
La production de Toy Story 3 fut certainement l'une des plus chaotiques qu'ait connu les studios Pixar, reflétant parfaitement la relation houleuse qu'entretenaient les studios Disney et Pixar au début des années 2000. Après le triomphe de Toy Story 2, une suite est naturellement très vite envisagée. Ainsi, en 2001 débutent les négociations entre les deux studios pour la mise en chantier de Toy Story 3, négociations qui tournent vite à l'affrontement. Liés par un contrat de cinq films (hors suites) dont les recettes sont partagé à 50/50 entre les deux studios, Pixar commence à se sentir lésés et pas assez rémunéré au vu des recettes extraordinaires qu'ont engrengé leurs films. En effet, Pixar s'occupe des parties les plus importantes des projets (réalisation et production), alors que Disney ne s'occupent que de la partie logistique et commerciale (promotion et distribution). Ils souhaitent désormais avoir plus d'indépendance en ne laissant à Disney que la distribution de leurs films. Néanmoins, les studios Pixar sont dans une impasse car ils ne possèdent pas les droits de leurs personnages. S'ils venaient à rompre leur contrat avec Disney, ces derniers auraient le champs libre pour réaliser des suites à leurs films, sans avoir à leur demander leur accord. Finalement en 2004, Pixar annonce officiellement son divorce avec les studios Disney, et se mettent à la recherche d'un nouveau distributeur. De son côté, les studios Disney ripostent en annonçant le 16 juin 2005 la création d'un nouveau studio d'animation, Disney Circle 7 Animation, qui s'occupera exclusivement de réaliser des suites aux productions Pixar. Sont ainsi mis en chantier Monstres & Cie 2, Le Monde de Nemo 2 et... Toy Story 3. Le pitch de ce troisième volet était alors le suivant : suite à un vice de fabrication, Buzz est envoyé dans une usine à Taïwan pour y être réparé. Woody et ses amis partent alors à sa rescousse.
Affligé par les récentes décisions du patron de Disney Michael Eisner (les suites low-cost sorties directement en vidéo, la gestion désastreuse des parcs à thème, la fermeture du département 2D, etc.), Roy E. Disney, neveu de Walt Disney et dernier membre de la famille à encore travailler pour l'entreprise, tape du point sur la table, quitte son poste au conseil d'administration et pousse Michael Eisner à démissionner de ses fonctions de PDG. Il sera remplacé par Bob Iger alors numéro deux de la Walt Disney Company. Ce dernier prend très vite la décision de rouvrir les négocations avec les studios Pixar, et rachète finalement le studio en 2006. Dans la foulée il convaint John Lasseter et Ed Catmull de rejoindre la direction des Walt Disney Animation Studios, dans le but de lui redonner ses lettres de noblesses. Quant au studios Disney Circle 7 Animation, il est finalement fermé après seulement quelques mois d'existence... Le projet Toy Story 3 revient alors logiquement aux studios Pixar. On efface tout et on recommence !
Au début de l'année 2006, John Lasseter invite Lee Unkrich dans son bureau pour lui parler du projet Toy Story 3 et l'informer qu'il souhaiterait lui confier la réalisation. Lee accepta sans hésiter, malgré le défi que représentait la création d'une suite aux deux films les plus populaires du studio ! Le travail commence en mars 2006, lorsque John Lasseter, Lee Unkrich, Pete Docter, Bob Peterson, Jeff Pidgeon, Darla K. Anderson et Susan Levine se retrouvent dans une petite cabane à Tomales Bay, là où l'idée du premier Toy Story germa, pour une séance de brainstorming afin de trouver la ligne directrice du film. Ils revirent ensemble les deux premiers volets de la saga afin de se remettre dans le bain. Le but avec Toy Story 3 était bien entendu de réaliser un bon film, mais Lee Unkrich avait du mal à trouver dans l'histoire d'Hollywood un troisième volet à la hauteur de l'original ou de sa suite, hormis Le Retour du Roi, troisième partie de la trilogie du Seigneur des Anneaux. C’est en pensant à ce film qu'il eu la révélation : il fallait que les trois Toy Story forment une seule et même grande histoire. Cette idée fut le fil conducteur pour la création de ce troisième opus. L'idée de base qui germa de cette retraite était d'imaginer ce que deviendraient les jouets d'Andy une fois ce dernier parti pour l'université. Ils discutèrent également d'un ours en peluche corrompu et de l'abandon de Woody et sa bande dans une crèche. Ces premières bribes d'histoires adoptées, le scénariste Michael Arndt, récompensé par l'Oscar du meilleur scénario pour Little Miss Sunshine, fut engagé pour écrire le script du film. En tant que grand fan de Pixar et d'animation en général, Micheal fut immédiatement emballé par le projet. Pour autant, écrire un scénario pour un film d'animation est très différent que d'écrire pour un film live. Mais cela se révéla finalement plus facile que prévu car, si pour un film live, une fois le casting choisi et les scènes filmées on ne peut plus revenir dessus, en animation le processus de création de l'histoire peut s'étaler sur plusieurs années, accompagnant une bonne partie de la production et permettant de revenir presque librement sur chaques détails de l'histoire. Micheal apporta une touche réaliste au film et une finesse dans la psychologie des personnages, notamment en définissant le personnage de Lotso et en imaginant sa tragique histoire.
Visuellement, la production avait fort à faire. Bien que la plupart des personnages étaient déjà créés, il existait un énorme fossé technique entre la dernière apparition à l'écran de nos héros datant de 1999 et ce nouveau volet. Le défi était le suivant : comment utiliser au mieux le ordinateurs et les logiciels actuels sans dénaturer l'aspect des personnages et leur univers ? Il aurait été tout à fait possible de créer un film photoréaliste permettant de créer un fossé encore plus grand entre le monde des jouets et celui des humains. Cela aurait été la voix la plus facile... Mais Pixar déteste la facilité et préfère les défis ! Finalement, il fut décidé de réutiliser le même "monde" et le même design pour les humains mais en version améliorée. Le maître mot était "crédibilité, pas réalisme". Les jouets "classiques" sont ainsi identiques mais avec des textures beaucoup plus fines et une animation grandement améliorée. L'évolution est encore plus flagrante sur les humains qui sont bien différents tout en restant tout à fait reconnaissables et dans le style des deux premiers films. Le quartier d'Andy semble quant à lui beaucoup plus vivant qu'auparavant, la végétation y est plus luxuriante et la lumière extrêmement travaillée. Finalement la plus grosse différence est certainement à trouver du côté du nombre de personnages présents à l'écran. Grâce à l'évolution des logiciels d'animation, il est aujourd'hui beaucoup plus facile d'animer des dizaines de personnages dans un même plan qu'auparavant, ce qui permit par exemple aux designers de personnages de s'en donner à coeur joie en créant de nombreux nouveau jouets sans être limité par la technique. Un bel exemple de technologie au service de la créativié !
La direction artistique de Toy Story 3 fut confiée à Dice Tsutsumi qui pris ainsi le relais de Ralph Eggleston (Toy Story) et Bill Cone (Toy Story 2). Virtuose de la couleur et la lumière, Dice Tsutsumi donna au film une ambiance extêmement chaleureuse et rassurante. Son but était double : offrir au public quelque chose de nouveau d'un point de vu visuel tout en rappelant l'ambiance des deux premiers volets.
Toy Story 3 est sorti le 18 juin 2010 aux États-Unis. Salué par la critique et très attendu par les nombreux fans de la saga, le film engrangea 109 millions de dollars de recettes lors de son premier week-end d'exploitation, soit le meilleur démarrage pour un film Pixar ! Ce troisième volet rapporta finalement plus d'un milliard de dollars de recettes au box office mondial, le plaçant à la première place des films Pixar les plus rentables. Toy Story 3 rafla également de belles récompenses : l'Oscar 2011 du Meilleur film d'animation et de la Meilleure chanson pour We Belong Together ainsi que le Golden Globe et le BAFTA du Meilleur film d'animation. Fort de cet immense succès, les studios Pixar continuèrent par la suite à faire vivre leurs célèbres personnages. Tout d'abord aux travers d'une série de cartoons (Toy Story Toons), dont le premier, Vacances à Hawaï fut diffusé au cinéma en avant-programme de Cars 2, sorti le 24 juin 2011. Suivirent Mini Buzz diffusé en avant-programme du film live Les Muppets, Le Retour sorti le 23 novembre 2011 et Rex, le Roi de la Fête diffusé en avant-programme de la ressortie 3D de Le Monde de Nemo sorti le 14 septembre 2012. Par la suite deux moyens métrages furent spécialement produits pour la télévision : Toy Story of Terror diffusé le 16 octobre 2013 et Toy Story : That Time Forgot diffusé le 2 décembre 2014.
Recherches graphiques (version Disney Circle 7 Animation) :
Color scripts de Dice Tsutsumi :
Recherches graphiques de Robert Kondo :
Recherches personnages de Nate Wragg :
Recherches personnages de Daniel Arriaga :
Autres recherches personnages :
27 juillet 2014
Interview de Dominique Louis
Dominique Louis est un artiste français issu des Gobelins qui a travaillé en tant que directeur artistique chez Pixar entre 1998 et 2006. J'ai eu le bonheur de m'entretenir longuement avec lui il y a quelques semaines, voici la retranscription écrite de cet entretien passionnant.
INTERVIEW :
Bonjour Dominique et merci d'avoir accepter cette interview pour The Art of Disney. Commençons par discuter de votre parcours, comment en êtes-vous arrivé à vous intéresser au monde de l'animation ?
Bonjour ! J'ai toujours été passionné par le cinéma et l'animation. Au milieu des années 80 lorsque j'ai du choisir mon orientation pour mes études supérieures j'étais un peu hésitant, il faut dire qu'à l'époque il y avait très peu d'écoles qui faisaient ce qui me plaisais (l'animation) et les débouchés n'étaient pas nombreuses. Pour autant, j'ai tenté ma chance en passant le concours des Gobelins à Paris pour la section animation et j'ai été accepté à ma plus grand joie ! C'était pour moi une nouvelle vie qui commençait, je quittais ma Bourgogne natale pour venir m'installer à Paris. En tant que créatif c'était bien évidemment un rêve que de venir vivre dans une ville aussi riche culturellement parlant. Ces deux années passées aux Gobelins ont été très utiles dans l'apprentissage du métier d'animateur, mais j'avais encore du mal à me voir faire ce métier, en tout cas en France. Cela a joué sur ma motivation et ma confiance en moi. Bien sur je rêvais déjà à l'époque de faire carrière aux États-Unis, mais je n'ai pas eu le courage de le faire.
A la sortie des Gobelins, j'ai fais directement mon service militaire à l'ECPA (Établissement Cinématographique et Photographique des Armées). J'ai eu la chance de travailler avec un camarade des Gobelins, Stephan Franck, qui est désormais réalisateur chez Sony. Il m'a servi de mentor. Nous avions assez peu de travail ce qui me permettait d'avoir beaucoup de temps libre pour continuer à m'améliorer en peinture.
Durant cette période j'ai réalisé une toile pour un ami. Cela m'a redonné envie de faire de la peinture que j'avais commencé lorsque j'avais 10-12 ans et pendant toute mon adolescence. Je copiais énormément les décors des films des studios Disney. La Belle au Bois dormant me fascinait particulièrement car les décors étaient très complexes, j'aimais beaucoup les reproduire.
Plus jeune j'étais abonné au magazine L'Écran Fantastique dans lequel j'ai découvert le travail de Don Bluth avec des films comme Brisby et le Secret de Nimh, c'est un film absolument magnifique qui m'a énormément inspiré. Il y avait aussi le film Tygra, la Glace et le Feu de Ralph Bakshi dont les décors m'avaient également inspiré. J'avais à cette époque envie de pousser la lumière plus loin que ce que faisait Disney. J'avais envie de les rendre plus en trois dimensions, réalistes et spectaculaires grâce à la lumière comme dans la prise de vue réelle . J'ai donc beaucoup travaillé sur cet aspect grâce à la peinture. J'ai laissé ce travail de peinture de côté pendant mes études. J'ai fait un baccalauréat scientifique puis les beaux-arts de Troyes pendant deux ans. Et c'est ensuite que j'ai rejoins les Gobelins.
Je me retrouve donc ensuite à l'armée avec Stephan Franck et je faisais cette peinture pour un ami. Et au fur et à mesure je me suis posé des questions sur mon orientation professionnelle. C'est à ce moment charnière que j'ai décidé de laisser tomber les personnages et de m'orienter vers les décors. J'aurais pu continuer l’animation. C'était formidable de donner la vie à des personnages. Mais au fond de moi, les décors étaient plus mon truc.
Ce que je préférais c'était plus de faire les recherches que de faire les décors eux-mêmes. Je n'ai jamais estimé que j'étais un très bon décorateur, je n'avais pas une technique très sûre, je n'avais pas suivi de formation spécifique aux décors. Ce qui m’intéressait vraiment c'était de faire les recherches de couleurs et de lumière. Ça c'était clair.
C'est à ce moment là que Stephan Franck est intervenu. A l'époque il faisait un cours métrage avec un ami. J'ai realisé quelques décors pour ce film. Il était très fort pour donner des directions aux gens. Il avait ce sens de la direction artistique, très efficace. Il m'a servi de mentor et m'a beaucoup inspiré. En l'espace de un ou deux mois tout est devenu très clair pour moi. Je me sentais prêt à aborder n'importe quelle ambiance lumineuse. Suite à cela, la plupart de mes amis et camarades des Gobelins sont partis travailler pour Amblimation à Londres. J'ai passé un test chez eux qui n'a pas marché. J'ai trouvé un travail dans le studio Hollywood Road à Battersea, dans la banlieue de Londres, comme assistant du directeur artistique. J'ai travaillé avec Paul Shardlow qui a ensuite travaillé chez Dreamworks. Ça a été une opportunité formidable car Paul me donnait les layouts et je les mettais en couleurs. Cela m'a permis de me constituer un dossier important en six mois. J'ai acquis une expérience professionnelle très intéressante en très peu de temps. À la même époque j' ai également rencontré Hans Bacher qui travaillait sur la comédie musicale Cats, qui lui aussi m'a beaucoup inspiré. Ensuite je suis rentré en France car j'avais l'impression d'être dans une impasse à Londres, je ne m'y retrouvais pas. A mon retour à Paris, Stephan Franck m'a proposé de travailler sur un court-métrage. J'ai faisais les recherches de couleurs et les décors, ça c'est très bien passé. Ensuite il a ouvert un studio à Paris qui s'appelait Franck et Franck avec son frère Emmanuel. J'ai travaillé avec eux pendant trois ans, de 1992 à 1995. On faisait des séries télé, des longs métrages et des publicités pour le télévision. Je faisais la direction artistique sur ces projets. J'ai beaucoup aimé travaillé avec Franck. Puis j'ai été embauché chez Walt Disney Feature Animation France à Montreuil.
Comment se passait vos journées chez Disney ? Comment travailliez-vous ?
J'ai collaboré avec Kevin Lima, le réalisateur de Dingo et Max, en tant que décorateur. Ce fut une experience très sympathique mais également un défi technique pour moi qui n'avait pas de formation de décorateur. Je me suis bien adopte dans l'ensemble et surtout beaucoup appris des recherches couleurs de Fred Warter qui nous servaient de guide pour les decors.
Votre carrière en France bien entamée, vous êtes parti travailler aux États-Unis. Comment s'est passé la transition ?
Après avoir travaillé seize mois chez Walt Disney Feature Animation France je suis retourné travailler avec Stephan sur des projets qu'il a présenté aux studios américains : Fox, Warner, Disney, etc. Au début de l'année 1995, Warner Animation nous proposait un contrat de travail. La porte vers les États-Unis s'ouvrait. On venait nous chercher, c'était formidable ! Pendant deux ans, j'ai travaillé sur sept projets. Les deux principaux étaient Le Géant de Fer et Excalibur, l'Épée Magique. J'ai également travaillé sur plusieurs projets qui n'ont pas abouti : The Jester, Shangrila. Également Barbe Bleue qui était réalisé par Ralph Eggleston (futur réalisateur chez Pixar de Drôles d'Oiseaux sur une Ligne à Haute Tension). Je faisais toute la partie de recherche graphique des décors, en utilisant des pastels. Ça a été une expérience très stimulante de travailler sur Le Géant de Fer. Mais je pense que les visuels que j'ai apporté ne correspondaient pas à la vision que Brad Bird en avait. Il avait une approche très graphique du film et moi plus en trois dimensions, donc on n'était pas sur la même longueur d'ondes. Suite à ce projet mon contrat s'est terminé chez Warner. C'était en décembre et les studios n'embauchaient pas vraiment à cette période de l'année.
Comment s'est passé votre arrivée chez Pixar ?
En janvier 1998 j'ai reçu un appel de Ralph Eggleston qui travaillait à Pixar Animation Studios. Il m'a contacté en tant que réalisateur sur Monstres & Cie mais il a fini par quitter le projet. C'est grâce à lui que j'ai pu rentrer chez Pixar. J'ai commencé à travailler pour eux en avril 1998. D'abord en tant que freelance car j'étais toujours à Glendale (ndlr. les studios Pixar sont basé dans le Nord de la Californie à Emeryville, soit à plus de 500km de Glendale). J'étais très excité de travailler pour eux. C'était une opportunité formidable de travailler sur des films en trois dimensions. J'aime beaucoup le relief, la profondeur, et donc le rendu de la 3D. J'étais donc très heureux et impatient de travailler sur des productions en images de synthèse, surtout à Pixar !
L'époque actuelle est une période fabuleuse de l'histoire de l'animation car aujourd'hui on peut créer des décors en trois dimensions. Je suis heureux de la vivre. Beaucoup de gens essaient de transposer des univers 2D en 3D mais je pense qu'il est vraiment intéressant de se plonger directement dans les possibilités qu'offrent la 3D sur le plan créatif. Il y a beaucoup d'univers visuels à explorer dans cette direction. La porte est ouverte !
J'ai donc travaillé pendant un mois, un mois et demi comme freelance pour Pixar. Ils m'ont ensuite appelé pour me proposer un contrat de direction artistique sur Monstres & Cie. Je n'avais jamais occupé ce poste officiellement sur d'autres projets mais en fait c'est ce que je faisais naturellement et ça correspondait a ma réelle motivation.
Dans la phase de production, je faisais des peintures qu'on appelle des « lighting keys ». Pete Docter (le réalisateur) choisissait 3 à 10 images du film qui étaient des scènes emblématiques. Je les peignais au pastel. J'avais entre deux et trois semaines pour les réaliser. C'est une phase que j'adore car c'est une étude colorée de l'éclairage de la scène. Il faut illustrer l'ambiance, l'atmosphère et par la même l'émotion de la scène. Quand j'étais adolescent je me demandais comment on pouvait réussir à produire et à être inspiré tous les jours au sein d'un studio. Mais en fait avec l'experience, ça se passe bien, J'écoute souvent de la musique en travaillant, cela m'inspire, me transporte dans un autre monde. J'accède rapidement à une vision du film. C’est vraiment ma passion.
Je concentre beaucoup mon énergie dans ma peinture car j'ai hâte de voir ma peinture finalisée, de voir l'univers sous mes yeux, je suis impatient !!
Lorsque je peignais au pastel, je travaillais sur du papier Canson noir car le pastel couvre complètement le noir et il y a un effet saisissant de contraste. Les couleurs ressortent tout de suite et c'est très satisfaisant de voir apparaître son travail rapidement. Le noir est rassurant, ainsi pas de risque d'avoir le syndrome de la page blanche. La couleur recouvre le noir.
Pour la phase de développement j'utilisais des formats raisin (50 cm). Les pastels sont des gros crayons et sur des petits formats c'est parfois difficile de peindre certains details. Les grand formats aident aussi à vendre son travail. Pour les lighting keys, c'était des formats beaucoup plus réduits. Cela fait 10 ans que je n'utilise plus les pastels. Je peins digitalement et du coup revenir au pastel est très difficile pour moi maintenant.
Quelles libertés avez-vous sur les films en tant que directeur artistique ?
Comme freelance, ils m'ont dit de faire comme je le sentais. Je faisais beaucoup de pastels avec un traitement réaliste des ambiances. En même temps, Pete Docter me demandait de faire des choses plus graphiques ce qui m'a toujours posé des problèmes car je suis moins à l'aise dans ce style.
Cela n'a pas posé de problème pour le poste de directeur artistique. J'ai travaillé avec le production designer Harley Jessup avec qui je m'entendais très bien. Il m'a donné beaucoup de liberté aussi bien sur les couleurs que sur les ambiances.
Au départ j'étais très attiré par les couleurs naturalistes. Avec l'arrivée des films comme Le Roi Lion et Aladdin dans les annees 90 avec des couleurs très vives et éclatantes, je ne savais pas quoi penser de ces nouvelles couleurs, en même temps j'étais très inspiré et me rendait compte du relief qu'apportait l'utilisation de palettes plus saturées. Chez Pixar, Pete Docter voyait les monstres très colorés. Alors que pour moi, le monde des monstres était un univers sombre et sinistre. Cette vision était beaucoup plus légère, gaie et pimpante. J’étais dérouté mais je me suis dit pourquoi pas, allons-y ! Pete Docter continuait à me pousser dans des choses plus graphiques. Finalement on a pris une direction plus traditionnelle dans les éclairages et on m'a laissé une grande liberté dans le choix des palettes de couleurs et des ambiances.
Quelle est la différence entre le production designer et le directeur artistique ?
Le production designer est au dessus du directeur artistique dans la hiérarchie. Il a plus de responsabilités. Il gère tous les artistes du département artistique. Il fait l'interaction avec les autres départements. C’est lui qui définit le style du film sur la base des directions de la réalisation tant au niveau du décor que des personnages et des éclairages. Il chapeaute l'ensemble.
À l'époque où je travaillais chez Pixar, sur certains projets, il y avait des directeurs artistiques dédiés chacun à une spécialité : les décors, les personnages, etc. Par exemple, pour Le Monde de Nemo, Ralph Eggleston travaillait plus sur la couleur et l'éclairage en tant que production designer et il avait un directeur artistique en charge des décors. L'organisation variait selon les projets.
La répartition des tâches était plus flexible chez Pixar que chez Dreamworks. Sur Monstres & Cie, nous étions deux directeurs artistiques : Tia Kratter qui gérait les textures sur les personnages et sur les décors et moi sur les ambiances. C'était un travail très créatif car les personnages étaient multiples et complètement imaginaires. J'ai du passé neuf mois environ à faire des lighting keys pour Monstres & Cie. J'en ai fait environ 300. Pour moi, ce projet a était une totale réussite, je dois dire que Pete Docter est quelqu'un de très sympathique, très abordable et d'une très grande inspiration ! Il portait les projets avec une grande sérénité et un grand plaisir. Il est passionné par son travail et un pilier créatif de Pixar.
Vous avez ensuite travaillé sur Ratatouille, toujours en tant que directeur artistique ?
Tout à fait, j'ai commencé à travailler sur Ratatouille en 2001. On savait que la production allait durer très longtemps parce qu'il y avait d'autres films en production au même moment : Le Monde de Nemo, Les Indestructibles, Cars - Quatre Roues. Le film devait sortir en 2007 donc on se demandait ce qu'on allait faire pendant ces 6 ans car en général les productions durent plutôt 4 ans.
J'ai par la suite travaillé sur Là-Haut pendant quelques semaines. C'était au début du développement du film pour explorer le thème. J'ai également travaillé sur les courts métrages Saute-Mouton et Extra-Terrien, ainsi que sur le film Newt qui a été annulé. Puis j'ai été licencié en octobre 2006. Ils m'ont simplement annoncé qu'il n'avaient plus rien pour moi. Je suis partie faire un voyage au Vietnam pour faire de la photo. À mon retour, l'assistante de John Lasseter m'appella pour me dire qu'il me recommandait auprès du réalisateur Francis Ford Coppola afin de réaliser des étiquettes pour ses bouteilles de vin. J'ai donc rencontré Francis Ford Coppola pour qui j'ai fait ce travail. C'est quelqu'un de charmant. Ensuite Pixar m'a fait travailler comme production designer en freelance sur l’attraction Monsters Inc Laugh Floor à Walt Disney World.
Que pensez-vous des derniers films Pixar (Rebelle, Cars 2 et Monstres Academy) ?
J'ai vu Rebelle mais pas Monstres Academy ni Cars 2. J'ai trouvé des choses intéressantes sur le plan visuel mais l'histoire ressemblait plus selon moi à un court métrage « gonflé ». Je pense que les studios Pixar ont changé leur manière de faire des films ces dernières années. Le succès leur a permis d'aggrandir les équipes de production et de mutliplier les projets. Sur Monstres & Cie, il y avait une super ambiance durant la conception du film, très familiale. Sur Ratatouille on ressentait déjà plus de pression de la part de la production en particulier. Je ne comprenais d'ailleurs pas pourquoi. J'ai appris très récemment par un collègue que Ratatouille était le premier film Pixar a être sorti après qu'ils aient été racheté par Disney. Je m'estime heureux d'avoir travaillé chez Pixar durant leurs premières années de succès, les choses étaient plus petites, l'ambiance plus chaleureuse. Le nouveau studio d'Emeryville (NDLR inauguré en 2001) est d'une magnifique architecture, mais la proximité entre les artistes n'est plus la même.
Vous travaillez désormais en tant que directeur artistique pour Dreamworks Animation. Parlez-nous de cette nouvelle expérience.
Je suis arrivé chez Dreamworks en 2007. J'ai commencé par travailler sur Les Croods. Je me suis éclaté sur ce film, comme jamais. L'équipe était super, très décontracté, on a beaucoup ri, c'était formidable. Il y avait beaucoup d'ondes positives, ce qui s'est ressenti dans le film. Quand Chris Sanders (NDLR le papa et co-réalisateur de Lilo & Stitch) est revenu de la production de Dragons, il avait une vision plus sombre et réaliste . Je suis parti à ce moment là car cela ne correspondait pas à ma vision. Finalement le studio a décidé de revenir à la version d'origine. Il y a eu beaucoup de remu-ménage sur ce film. Pour moi, Les Croods était une bombe . Bien que je pense que c'est un super film, il aurait pu être encore mieux, plus drôle, plus léger.
Aujourd'hui , je pense qu'il existe un complexe à raconter des histoires de facon classiques. On met des gags partout pour être sûr que les gens rient. Il y a une perte de confiance, on force les choses.
Depuis Ratatouille et encore aujourd'hui chez Dreamworks Animation vous travaillez sur support numérique. Cela n'a pas été trop dur de vous séparer de vos pastels ?
Pas du tout ! Quand j’étais chez Warner Animation, le digital commençait petit à petit à faire son entrée dans le studio. J'ai demandé à la productrice si elle pouvait me mettre à disposition un ordinateur. Je me suis jeté sur Photoshop, j'adorais ça. J'y suis donc passé avec plaisir et non par contrainte. A la fin de la production de Monstres & Cie j'avais fais environ 300 pastels pendant 9 mois. Suite à des problèmes respiratoires, (qui finalement n'etaient pas liés) j'ai remis en cause l’utilisation des pastels et j'avais envie de me mettre au digital. Donc la transition s'est passée comme ça. Je me suis également mis à faire de la photo donc cela se complétait très bien avec le numérique. Je suis très épanoui aujourd'hui dans mon travail grâce au digital.
Merci Dominique pour le temps que vous nous avez accordé ! Merci également à Camille pour la retranscription écrite de cette interview. Pour finir je vous invite à découvrir une galerie de recherches graphiques revenant sur le travail de Dominique Louis chez Pixar.
Monstres & Cie :
Ratatouille :
Là-Haut :
Newt :
23 juin 2014
Découverte du mini-land Ratatouille
En 2007, les Pixar Animation Studios enchantèrent nos mirettes et nos papilles avec Ratatouille, leur huitième long métrage d'animation. Avec plus de sept millions d'entrées dans les salles françaises (record de l'année 2007) et 623 millions de dollars de recettes dans le monde, la seconde réalisation du génialissime Brad Bird n'a pas déméritée son Oscar du Meilleur film d'animation remporté l'année suivante. Une question se pose alors : pourquoi s'arrêter là ? Conscient du captial sympathie de son petit rat, les studios Disney et Pixar décidèrent de confier à Disney Imagineering le soin de concevoir une attraction autour des aventures du petit chef et de sa bande. Et quel meilleur endroit que Disneyland Paris pour rendre hommage à Rémy et à la ville lumière !
J'ai donc eu le bonheur de découvrir en avant-première l'attraction Ratatouille : L'Aventure Totalement Toquée de Rémy mais également toute la zone du parc Walt Disney Studios lui étant dédié. Après une présentation à l'hôtel New-York durant laquelle les deux imagineers Beth Clapperton et Bjorn Heerwagen sont revenus sur les origines du projet qui s'est étalé sur plus de six années (quatre ans de préparation et deux ans de travaux), c'est non sans une certaine excitation que j'arrive aux portes de ce nouveau mini-land consacrée à l'univers du film Ratatouille.
D'emblée nous plongeons tête la première dans un Paris fantasmé, on ne peut plus fidèle à la vision du film qui est bien évidemment très éloigné de la réalité. Inspirée par la place Dauphine et le Boulevard Haussmann, la Place de Rémy est le centre névralgique de ce nouveau mini-land. Au milieu de celle-ci se dresse une superbe fontaine inspirée de celle de la place des Vosges. Les lions ont ici laissé place aux rats dont certains tiennent une bouteille de champagne entre leurs petites pattes dont jaillissent de grandes gerbes d'eau. Et des rats il y en a vraiment partout ! Que ce soit sur les plaques d'égouts, dans certains lampadaires ou sur les bancs, on est littéralement envahi. Le souci du détail a toujours été la force des parcs Disney, Ratatouille ne déroge pas à la règle.
D'autres détails fourmillent un peu partout sur cette magnifique place et dans les deux rues alentours (la rue des Marchands et la rue Auguste Gusteau), dont de nombreux clins d'œil au film. On retrouve notamment la bicyclette de Linguini, la moto de la charmante Colette ainsi que le scooter du redoutable chef Skinner. Le reste de la déco reprend le mobilier urbain typique de Paris (barrières, bancs, lampadaires), copieusement entouré d'arbres et de pots de fleurs à presque toutes les fenêtre. Le tout rend cette nouvelle zone vraiment crédible et "réaliste", bien loin de la thématisation low-cost et datée de certaines parties du parc (backlot).
Passons au vif du sujet : l'attraction ! 60ème attraction de Disneyland Paris, Ratatouille : L'Aventure Totalement Toquée de Rémy est un dark ride (parcours scénique) 100% inédit réalisé avec des technologies de pointe. Je ne vais pas trop en dire pour ne pas vous spoiler, voici tout de même quelques éléments à retenir. Dès l'entrée dans la file d'attente intérieure, nous nous retrouvons de nuit sur les toits parisiens, accueilli par l'enseigne du restaurant de Gusteau qui s'anime de façon régulière, avant d'être rétréci à la taille d'un rat. Après avoir chopé des lunettes 3-D, nous montons à bord de véhicules pour le moins originaux. Prenant la forme de rats, ces derniers ne sont pas montés sur rails comme dans les autres attractions du même type dans le parc, mais se déplacent librement sur un sol lisse et ce de façon aléatoire (le ballet des véhicules est d'ailleurs déjà un spectacle à lui tout seul). Les "ratmobiles" se déplacent dans l'attraction par groupe de trois, chacune prenant un chemin légèrement différent. Ainsi, vous pourrez refaire l'attraction plusieurs fois sans avoir l'impression de revivre exactement la même expérience.
Le parcours du ride est quant à lui un savant mélange d'immenses décors en tous genres et de projections 3-D du plus bel effet. Allié à des mouvements du véhicule sur vérins et diverses odeurs diffusées tout au long du parcours, l'immersion dans la peau d'un des potes rat de Rémy est totale ! Oui car vous ne jouez ici pas le rôle du "petit chef" mais d'un de ses congénères venus se régaler dans les cuisines du restaurant de Gusteau. Fourmillant de détails et offrant un expérience inédite à Disneyland Paris, Ratatouille : L'Aventure Totalement Toquée de Rémy est une belle réussite qui plaira à toute la famille. Certains regretteront peut-être le manque de sensations fortes (les déplacements sur vérins sont plutôt légers), mais étant donné le large public visé, c'est l'immersion qui a pris le dessus.
En plus de l'attraction Ratatouille : L'Aventure Totalement Toquée de Rémy, cette nouvelle zone du parc Walt Disney Studios est également l'occasion d'offrir au second parc du resort un nouveau restaurant, le Bistrot Chez Rémy. Avec 370 couverts, il devient le restaurant service à table le plus grand du resort (hors restaurants d'hôtels). Dans la plus pure tradition du bistrot français, on retrouve au menu de ce nouvel établissement des classiques du genre : entrecôte grillée ou cabillaud rôti accompagnés de frites ou de pommes de terre écrasées, pour les végétariens une cocote de légumes au tofu et haricots lingots et bien évidemment l'incontournable ratatouille maison. Le tout accompagné de vins rouges et blancs (dont une cuvée spéciale Bistrot Chez Rémy de Cheval Quancard et de Saint Émilion Fleur de Roc, les connaisseurs apprécieront) avec des tarifs allant de 23,99€ à 38,99€ la bouteille. Le menu entrée, plat, dessert est quant lui à 39,99€ (16,99€ pour le menu enfant), ce qui un peu au dessus des tarifs en vigueur dans la capitale pour le même genre de repas mais n'oublions pas que nous sommes à Disneyland Paris, le décor se paie également.
Tout comme dans l'attraction, nous sommes ici réduit à la taille d'un rat. Le restaurant est inspiré de la scènes finale du film où la ribambelle de rats viennent se régaler dans le restaurant que Rémy vient d'ouvrir. Tous le mobilier reproduit ainsi à la perfection des éléments de décors géants. Les chaises sont confectionnées avec des dessus de bouteilles de champagne, les tabourets sont des bouchons de liège et certaines tables son munis d'un parasol qui reprend la forme des ombrelles que l'on met dans les cocktails. On retrouve également d'immenses assiettes qui font office de séparation entres certaines tables ainsi qu'une version géante du livre de recette Tout le monde peut cuisiner d'Auguste Gusteau que l'on voit dans le film. Tout comme dans l'attraction il y a donc ici beaucoup de choses à voir !
Je ne m'avancerai pas trop sur la qualité des plats étant donné que nous n'avons pas eu droit au menu classique mais à un plat et un dessert qui ne seront pas sur la carte (hormis la ratatouille qui est un délice). En tout cas le service lui est de grande qualité. Et puis comment ne pas tomber sous le charme de ce restaurant au décor si atypique et à l'ambiance si charmante !
En résumé, cette nouvelle zone du parc Walt Disney Studios consacrée à Ratatouille est une belle réussite. Que ce soit pour sa thématisation extrêmement poussée, l'expérience inédite et ultra immersive de son attraction ou bien encore la qualité de son restaurant, ce tout nouveau mini-land apporte un vrai gain de qualité et de standing à ce parc qui en avait bien besoin ! En plus d'une nouvelle attraction E-ticket totalement inédite au concept original, le bistrot Chez Rémy apporte enfin un restaurant service à table qui manquait cruellement au studio. Pour info il y aura également une boutique de souvenirs (Chez Marianne) qui ouvrira ses portes en fin d'année dans laquelle on retrouvera de nombreux produits dérivés autour du film et de la ville de Paris ainsi que divers friandises. De quoi venir compléter une expérience déjà parfaite ! L'attraction Ratatouille : L'Aventure Totalement Toquée de Rémy ainsi que le reste de la zone ouvrira officiellement ses portes le 10 juillet prochain !
Voici quelques photos supplémentaires pour terminer l'article :
14 novembre 2013
Exposition Pixar, 25 ans d'Animation
Débuté en 2005 au MoMA de New York, l'exposition Pixar, 25 ans d'Animation a depuis parcouru le monde (Angleterre, Japon, Écosse, Australie, Finlande, Corée, Mexique, Taiwan, Singapore, Chine, Italie, Allemagne et Pays Bas). Huit ans plus tard, nous pouvons enfin la découvrir en France du 16 novembre 2013 au 2 mars 2014 ! Évolutive, l'exposition s'est étoffée au fils des années, s'enrichissant de nouvelles recherches, storyboards et autre color scipts tirés des productions plus récentes. Plus de 500 œuvres sont ainsi présentées dans une dizaine de salles du tout nouveau musée Art Ludique, le premier musée au monde entièrement consacré à l'Art du divertissement !
Et quel plaisir (quelque peu chauvin) de voir ce genre de musée nouvelle génération s'ouvrir chez nous à Paris ! Qui plus est à deux pas de chez moi, mais ça vous vous en foutez... C'est donc au 34 quai d'Austerlitz dans le 13ème arrondissement de Paris que Jean-Jacques et Diane Launier ont décidé d'implanter leur tout nouvel espace entièrement dédié aux artistes du divertissement. Le couple n'en n'est pas à sa première initiative dans le domaine, c'est en effet à eux que l'on doit la création de la galerie Arludik sur l'Île Saint-Louis, une sorte de mise en bouche avant la création du musée. Je m'y étais d'ailleurs rendu à plusieurs reprises, notamment pour l'exposition consacrée à Glen Keane et celle sur Alice au Pays des Merveilles.
Installé aux Docks, qui abritent également la Cité de la Mode et du Design, le Musée Art Ludique est situé en bord de Seine dans un bâtiment à l'originalité et à la modernité surprenante qui divisa le public lors de la présentation du projet. Surnommé le « Beaubourg vert » par ses admirateurs (Nicolas Sarkozy, guère fan de ce genre d'architecture l'avait nommé le « truc vert » ) le bâtiment est composée d’acier et de verre sérigraphié, son enveloppe, appelée « plug-over » (de l’anglais « to plug », brancher) vient se greffer sur la structure en béton de l'ancien bâtiment qui abritait autrefois les magasins généraux de transit qui servaient à transférer les marchandises des péniches aux trains. A la nuit tombée, son éclairage fluorescent en fait un bâtiment très futuriste. Je ne sais pas pour vous mais pour ma part je le trouve tout simplement somptueux !
Venons en à l'exposition en elle-même : il y a de quoi voir ! Riche de ses 500 et quelques œuvres exposées, vous aurez le bonheur de découvrir les coulisses des productions Pixar de Les Aventures d'André et Wally B., le premier court métrage des studios à Le Parapluie Bleu, en passant par tous les longs métrages maison (hormis Monstres Academy). Son ainsi exposés au mur les plus beaux dessins de production, mais aussi de nombreuses sculptures de personnages et pas mal de vidéos. Ces vidéos (la plupart en version originale sous-titrés) s'attardent notamment sur la vie des artistes aux studios. Certaines sont déjà visibles en bonus sur les éditions Blu-ray des films, mais il y a également de l'inédit. Bien évidemment toutes les oeuvres exposées sont signées de leurs auteurs, histoire de ne pas faire oublier au pubic que de nombreux artistes ont participé à l'élaboration de tout ces films. Nous retrouvons ainsi des noms bien connus comme Lou Roumano, Teddy Newton, Carter Goodrich, Joe Ranft ou bien encore John Lasseter himself pour les premiers courts métrages. Si vous êtes de fidèles lecteurs du site vous reconnaîtrez certainement la plupart des dessins exposés, ces derniers étant déjà présents en nombre sur le site. J'ai tout de même eu la bonne surprise de découvrir quelques œuvres inédites jamais publiés. Mais le but premier de cette exposition est bien découvrir la richesse artistique des studios Pixar de vos propres yeux, d'admirer de près les fondations d'un studio devenu culte au fils des décennies. Par contre, avancées technologiques oblige, pratiquement tous les dessins réalisés à partir de Ratatouille sont entièrement numérique et nous avons donc juste droit à des reproductions imprimés grand format. Pas très glamour mais bon, il faut savoir vivre avec son temps...
Bien qu'extrêmement riche, l'exposition Pixar, 25 Ans d'animation n'a tout de même pas la même ambition que l'exposition Il Était une Fois Walt Disney, aux Sources de l'Art des Studios Disney qui eu lieu en 2006 au Grand Palais. Ici pas de comparaison avec les artistes et œuvres ayant influencé le studio. L'aménagement de l'exposition se veut également assez sobre et ma foi plutôt classique. Mais le cheminement est agréable, bien qu'il ne se fasse non pas de manière chronologique mais par thème : les personnages, l'histoire et l'univers.
En dehors de tous les dessins, sculptures et vidéos présentés, nous avons également droit à deux "attractions" qui méritent le coup d'oeil. Tout d'abord le fameux zootrope Toy Story fait de centaines de figurines fixés sur un socle tournant. Grâce à une lumière stroboscopique, les personnages prennent littéralement vie devant nos yeux pour un rendu assez impressionnant. Vous pouvez voir le zootrope dans des vidéos sur le net mais inutile de vous dire que le rendu en vrai est bien plus réussi. Autre animation de l'expo, la diffusion dans une salle à part d'une vidéo nommée Artscape. Longue d'une dizaine de minutes elle nous permet de parcourir les différentes productions du studio au travers des recherches graphiques animées par ordinateur accompagnées d'une ambiance sonore propre à chaque film. Extrêmement bien réalisé, cette ballade numérique à travers les films et le temps est un condensé de la richesse artistiques des studios Pixar, à ne surtout pas rater !
Comme vous vous en doutez je suis ressorti conquis de cette exposition d'une richesse incroyable, malgré le peu d'œuvres inédites présentées. Mais il faut dire qu'à par moi et une poignée de passionnés, le grand public ne connaît absolument pas le travail titanesque des artistes des studios Pixar, et c'est bien lui que cette exposition vise. Dommage cependant de ne pas avoir pris la peine de mettre plus de textes explicatifs, les moins éclairés d'entres eux risquent d'être légèrement perdu, ne sachant pas vraiment ce qu'ils regardent. Ils auraient pu par exemple expliquer plus en détails les différentes étapes de production.
Malgré cela l'exposition Pixar, 25 Ans d'Animation est un vrai régal pour tous les passionnés du studio à la lampe de bureau, tout comme pour les néophytes qui découvriront que réaliser un film d'animation est tout un art !
Voici quelques oeuvres que vous pourrez découvrir en chair et en os (enfin en papier) à l'exposition :
29 juin 2013
Critique Monstres Academy
Mercredi 26 juin 2013 avait lieu l'avant-première française de Monstres Academy. C'est dans le cadre somptueux de la Sorbonne que j'ai eu le plaisir de découvrir le dernié né des studios Pixar, en présence des voix françaises : Jamel Debbouze, Catherine Deneuve, Malik Bentalha, Éric Métayer et Xavier Fagnon, ainsi que de nombreuses célébrités. Cadre somptueux certes mais pas idéal pour la découverte d'un film : bancs en bois extrêmement inconfortables et son très mauvais. Mais qu'importe, ce fut tout de même un plaisir de découvrir Monstres Academy dans un cadre aussi prestigieux. Surtout que le film ne déçoit pas... Ou presque.
Réaliser une suite à un film devenu classique n'est pas simple. Les studios Pixar nous ont prouvé que dans ce domaine ils étaient capable du meilleur (Toy Story 2 et Toy Story 3) comme du pire (Cars 2). Mais Monstres Academy n'est pas une suite à proprement parlé mais une préquelle, car l'action se déroule avant le film original. On y retrouve donc Bob et Sulli quelques années auparavant, lors de leurs études à l'académie des monstres, section terreur (la section d'élite où tout monstre rêve d'entrer). C'est à peu près le seul lien qu'il y aura entre ce nouveau film et le premier opus. Personnellement je m'attendais à plus de clins d'oeil à Monstres & Cie, avec notamment la présence de plus de personnages déjà connus. Mais apparemment les scénaristes ont décidé de faire table rase et de ne garder du premier film que le strict minimum (Bob, Sulli et l'entreprise Monstres & Cie). On se retrouve alors devant tout un panel de nouveau personnages, certain très réussis (Art et Squishy), mais la plupart ne sont malheureusement pas à la hauteur des personnages originaux... Je pense notamment à la Doyenne Hardscrabble qui manque de consistance malgré un physique original. C'est également le cas des personnages des différentes fraternités qui ne brillent pas par leur originalité. Bien que Bob et Sulli soient présents dans Monstres Academy, ils n'ont plus du tout le même caractère que dans Monstres & Cie. Bob, qui était le moteur comique du film original, est devenu un étudiant plein d'espoir et d'ambition qui ne rêve que d'une chose : devenir une terreur d'élite. Il est par la même occasion devenu ennuyeux mais surtout beaucoup moins drôle. Quant à Sulli, qui était la grosse boule de poil au grand coeur, on le retrouve en fils à papa qui n'en glande pas une mais que tout le monde adore. Le duo fonctionne toujours mais est moins touchant.
L'histoire en elle-même est finalement assez classique. On se retrouve devant un "teen movie" à la sauce monstre avec une morale assez mièvre : crois en toi et tu pourra réaliser tout tes rêves. Mouais, difficile de faire moins original ! Cependant on ne s'ennuie pas une seconde, le rythme est soutenu, les personnages nombreux et l'action omniprésente. Je regrette juste de ne plus retrouver l'humour du premier film, les mini gag et le jeux de mots qui étaient la marque de fabrique des premiers longs métrages des studios Pixar. Même si l'humour est bien présent dans Monstres Academy, le film n'a pas le même charme que le premier opus. Toute la poésie a également disparu, sans aucun doute en raison du choix d'en faire un "teen movie". Tous les ingrédients de ce genre de film sont ainsi présents : l'université, les fraternités, les fêtes, les rivalités entre groupes (les sportifs, les losers, etc.). Tout sauf l'alcool et les filles bien évidemment (on reste chez Disney tout de même). Tout cela me fait regretter l'absence de Pete Docter à la réalisation, je suis persuadé que Monstres Academy aurait été meilleur avec le créateur du premier film aux commandes... Je me demande d'ailleurs pourquoi avoir choisi Dan Scanlon pour réaliser cette préquelle. Alors que le choix de Lee Unkrich pour réaliser Toy Story 3 était évident (il avait travaillé sur les deux premiers volets et avait co-réalisé plusieurs films), celui de Dan Scanlon, qui n'a même pas participé à la réalisation de Monstres & Cie, ne me semble vraiment pas justifié. Je ne suis pas contre donner leur chance à de nouveau réalisateurs, mais quand il s'agit d'une suite autant reprendre quelqu'un de l'équipe originale.
Techniquement, Monstres Academy est tout simplement magnifique. Autant on peut reprocher à Pixar de nous pondre des scénarios un peu moins aboutis ces dernières années, autant graphiquement ils restent numéro un. La gestion de la lumière a tout particulièrement fait un énorme bon en avant grâce à un nouveau processus d'éclairage nommé Global Illumination. En plus de prendre en compte les sources lumières directes, ce processus permet de mieux gérer toutes les lumières indirectes provenant de la réflexion de la lumière sur l'environnement. Cet éclairage plus abouti rend le monde des monstres plus crédible que jamais, et donc un peu moins cartoon que dans le film original. On aime ou on aime pas, personnellement je trouve que Pixar a trouvé le juste milieu entre monde imaginaire et rendu réaliste.
Douze ans après Monstres & Cie, la technologie a énormément évolué, on retrouve ainsi beaucoup plus d'environnements, de personnages et de rendus gourmand en mémoire. Par exemple, alors que Sulli était un des seuls personnages poilu du premier film (à cause du temps de calcul de la fourrure qui était interminable), ici on se retrouve avec des dizaines de personnages à poils plus ou moins longs, dont le délirant Art, un de mes coups de coeur du film avec ses grande jambes, ses petits bras et son passé mystérieux.
Malgré ses quelques défauts et son éloignement par rapport au film original, Monstres Academy reste un bon Pixar, bien au dessus de leurs deux dernières productions (Rebelle et Cars 2). Mais qu'on se le dise, le film ne surpasse en rien Monstres & Cie, il apporte simplement une profondeur supplémentaire au film original qui était déjà parfait. De là à dire que Monstres Academy ne sert à rien... À nous divertir, c'est déjà pas mal ?
Monstres Academy sortira au cinéma le 10 juillet en 3D dans les salles équipées.
05 juin 2013
Monstres Academy
Recherche de Shelly Wan :
Recherche de Peter Chan :
Recherches de Daniela Strijileva :
Recherches de Ricky Nierva :
Recherches de Jason Deamer :
Artistes inconnus :
29 avril 2013
Extra-Terrien
Lifted (Extra-Terrien) est le douzième court métrage des studios Pixar. C'est la première réalisation de Gary Rydstrom, célèbre sound designer d'Hollywood maintes fois oscarisé. On lui doit notamment les ambiances sonores de films tels qu'Indiana Jones et le Temple Maudit, Terminator 2, Jurassic Park, Titanic, Il Faut Sauver le Soldat Ryan ou bien encore la seconde trilogie Star Wars. Sound designer attitré des longs et courts métrages Pixar depuis Luxo Jr., c'est tout naturellement là bas que Gary se décide à passer à la réalisation en mettant en scène les déboires de Stu, un extra-terrestre apprenti pilote de soucoupe volante.
En 2004, Gary Rydstrom se dit qu'il était temps de donner un nouveau souffle à sa carrière. En effet, après plus de vingt annnées passées à créer l'univers sonore des plus grands films, il était nécessaire selon lui de trouver un nouveau challenge. Le son était un élément qui arrivait en toute fin du processus de production d'un film, Gary souhaitait désormais être impliqué dès le départ. Quoi de mieux pour cela que de passer réalisateur ? C'est tout naturellement qu'il se tourna vers les studios Pixar, son studio de prédilection, pour leur présenter son idée de court métrage, Extra-Terrien.
Même si Rydstrom n'avait aucune expérience en tant que réalisateur, cela ne l'intimidait pas plus que ça. Il présenta son projet à John Lasseter avec des simples esquisses très sommaires. Par la suite, au lieu de parler de son projet au travers de dessins, comme l'aurait fait n'importe quel autre réalisateur ayant une expérience en animation, il discuta surtout du panel d'émotions de son personnages principal. Il désirait en effet que Stu passe par toutes les émotions possibles et imaginables en moins de cinq minutes.
Jeff Pidgeon s'occupa de réaliser une première version du storyboard. On y voyait alors deux petites consoles de commandes dans le vaisseau spatial, une pour Stu et l'autre pour Mr. B. son examinateur. En voyant cette première première ébauche, John Lasseter conseilla à Gary de ne mettre qu'une seule énorme console, le même genre de machine que Gary utilisait tous les jours pour ses mixages sonores. L'effet était ainsi bien plus impressionnant ! Gary réalisa alors qu'il était en train de dépeindre ce qu'il vivait au quotidien : dompter une console rempli de centaines de boutons et se voir juger sur son travail.
L'artiste Dan Lee a accompagné Gary Rydstrom dès le début du processus de création, afin de concrétiser sur le papier sa vision des personnages. Gary voulait que le premier extra-terrestre se sente comme un adolescent, tandis que l'extra-terreste instructeur ressemblerait à un moniteur d'auto école très imposant et tenant un clipboard. Après que Lee ait réalisé les premières ébauches des personnages, Gary Rydstrom organisa des sessions de dessins avec d'autres artistes des studios, tels que Teddy Newton, Ricky Nierva ou bien encore Bud Luckey, afin d'aller encore plus loin dans la recherche des personnages. Le design de Mr. B. (l'extra-terrestre instructeur) a en grande partie été réalisé par Jeff Pidgeon, qui le voyait comme une grosse masse triangulaire faite de gellatine, avec une petite calotte sur la tête. Les designs de tous les personnages ont ensuite pris leur forme définitive entre les mains du sclupteur Greg Dykstra, qui a crée les maquettes en trois dimensions des personnages, et par Jason Deamer qui a réalisé les dessins définitifs à partir desquels ont été construits les modèles numériques.
Tout comme Gary Rydstrom passant de sound designer au siège de réalisateur, l'artiste Mark Cordell Holmes fut promu production designer (responsable de l'aspect visuel du film) sur Extra-Terrien. Et c'est bien là aussi le but de courts métrages chez Pixar : donner une opportunité aux vétérans des studios de gravir les échellons de la production. Mark Cordell Holmes est arrivé che Pixar en 1995 et a travaillé à de nombreux postes créatifs, mais s'est toujours senti limité dans son travail qui était alors guidé par un superviseur. Ici Mark se sentait pour la première fois libre, il n'y avait pas de limites à son imagination, hormis celles de l'histoire. Il prit ainsi un grand plaisir à travailler sur Extra-Terrien, où il eu lapossibilité de repousser ses limites au delà de son petit confort habituel. Il avait enfin le sentiment d'avoir grandement collaboré au produit fini.
Visuellement parlant, Extra-Terrien s'inspire des classiques de la science fiction (la saga Star Wars, Rencontre du Troisième Type). À un détail près : Gary Rydstrom ne voulait pas que le vaisseau de Stu et Mr. b ait l'air cool, mais plutôt qu'il ressemble à un engin utilitaire qui ne craindra pas les manoeuvres douteuses de l'apprenti pilote. Pour l'intérieur du vaisseau, Gary Rydstrom et Mark Cordell Holmes voulaient qu'il soit fade et sans âme. Ils s'inspirèrent pour cela de cabinets dentaires et des bureaux du Department of Motor Vehicles (organisme public aux États-Unis où sont remis les permis de conduire).
La forme du vaisseau est directement inspirée des cookies Mallomar, tandis que l'aspect des deux extra-terrestres s'inspire de la gellatine Jell-O (très célèbre outre atlantique). Le choix de cette matière ne s'est pas nons plus fait par hasard, Gary Rydstrom recherchait un aspect qui lui permettrait une grande liberté dans l'expressivité du personnage principal, tout en ayant une apparence originale.
Etrangement, c'est sur la partie sonore du court métrage que Gary Rydstrom a eu le plus de difficultés ! En effet, en tant que réalisateur et non plus sound designer, il n'avait plus personne vers qui se tourner pour demander son avis sur tel ou tel effet. Finalement, Gary se tournait vers John Lasseter quand il avait besoin de conseils. La seule chose que ce dernier lui disait toujours c'était "Plus de caisson de basse".
Extra-Terrien est sorti le 29 juin 2007 au cinéma en avant-programme de Ratatouille. Après avoir réalisé Extra-Terrien, Gary Rydstrom se voit proposer la réalisation de son premier long métrage d'animation, Newt. Prévu pour une sortie dans les salles en 2011, le projet fut finalement abandonné début 2010... Depuis, Gary Rydstrom est retourné à sa console et continu de travailler sur les films les plus prestigieux d'Hollywood.
Recherches de Jeff Pidgeon :
Recherche de Dan Lee :
Recherche de Bud Luckey :
Recherches de Jason Deamer :
Recherches de Mark Cordell Holmes :
01 avril 2013
Là-Haut
Recherches graphiques de Daniel Arriaga :
Recherches graphiques de Don Shank :
Recherches graphiques de Sandeep Menon :
19 mars 2013
Zoom sur Pixar
Du 14 au 17 mars 2013 se déroulait à Lille et Tourcoing la 9ème édition de la Fête de l'Anim'. Cultivant un positionnement original avec une programmation qui conjugue projections, salon et espaces professionnels, la Fête de l'Anim est devenu au fils des années un rendez-vous incontournable pour tous les passionnés et les professionnels de l'animation. Cette année, les studios Pixar étaient mis à l'honneur avec la projection de plusieurs de leurs films (Là-Haut, WALL•E, Monstres & Cie, Toy Story et Rebelle) mais surtout la présence de l'animateur Erick Oh qui livra une masterclass de qualité au Fresnoy.
Bien que n'étant pas un grand habitué de ce genre de prestation, Eric Oh s'en est très bien sorti, expliquant de façon très détaillé les différentes étapes de production des films. Il s'est bien évidemment surtout attardé sur la partie animation, étant à ce poste au sein de Pixar. Il est d'ailleurs amusant de voir qu'Erick Oh a été embauché sans même savoir animer en 3D. Animateur 2D de formation, il passa une année entière chez Pixar par le biais d'un programme étudiant, à apprendre le métier d'animateur 3D. En réalité, comme il l'a si bien dit, les métiers d'animateur 2D et 3D sont très similaires, seuls les outils changent. La qualité indispensable à ces deux métiers est de savoir incarner le personnage que l'on anime, avoir un bon jeu d'acteur est ainsi indispensable. Malgré cela, ce n'est pas toujours suffisant pour être embauché chez Pixar. Sur les 80 étudiants en formation en même temps que lui, seul cinq ou six furent embauché. Tous talentueux, c'est surtout la chance qui a joué en leur faveur. En effet, tous les employés étant en CDI, les places sont rares !
Après sa présentation, Erick Oh se livra très cordialement au jeux des questions/réponses avec le public. J'en profita pour lui poser une question qui me trottais dans la tête depuis un moment : est-ce que oui ou non les studios Pixar et les Walt Disney Animation Studios s'échangent leurs secrets de fabrication, leurs logiciels ? Il répondit que non, les studios Pixar, malgré leur rachat par la Walt Disney Company en 2006, ont gardé cet esprit indépendant qui les animent depuis leur création. Cependant vous aurez sans doute remarqué que la qualité technique des films 3D des Walt Disney Animation Studios a grandement progressé depuis ce rachat. Pour ma part je pense qu'il y a tout de même un échange entre les deux studios, soit par l'intermédiaire de consultants, soit par le débauchage d'artistes et techniciens Pixar partant pour les Walt Disney Animation Studios.
Le reste des questions fut plus ou moins intéressantes : comment fait-on pour entrer chez Pixar, touchez-vous des bonus lorsqu'un film a beaucoup de succès, avez-vous des conseils sur la manière d'animer un serpent géant (?), etc. Les réponses furent d'ailleurs un peu trop convenu, dommage...
Pour conclure je voudrais simplement remercier les organisateurs du Festival de l'Anim' de nous offrir l'opportunité de pouvoir rencontrer des artistes tels qu'Erick Oh, chose assez rare en dehors de Paris et Annecy ! Seul regret, l'artiste français Maël François, chef éclairagiste chez Pixar, qui devait tenir une masterclass juste après celle d'Erick Oh, n'a pas pu venir suite à un décalage dans le planning de production de Monstres Academy... Ce n'est que partie remise !