13 novembre 2009
Drôles d'Oiseaux sur une Ligne à Haute Tension
DRÔLES D'OISEAUX SUR UNE LIGNE À HAUTE TENSION (2000)
Edgar Allan Poe, en décrivant sa théorie de ce qui fait un bon poème, a identifié quelques traits essentiels: la concision, la beauté, la logique. Quand l'artiste des studios Pixar Ralph Eggleston a voulu aborder la poésie dans le court métrage d'animation, il a proposé trois éléments essentiels: la concision, la clarté et la sincérité. Drôles d'Oiseaux sur une Ligne à Haute Tension, réalisé par Eggleston, se révèle un cas d'école de ces trois éléments. Considéré comme l'un des meilleurs courts métrages des studios Pixar, Drôles d'Oiseaux sur une Ligne à Haute Tension en est également un des plus courts. Sa grande qualité est de réussir à faire rire en seulement pas plus de trois minutes. Il n'est ainsi pas surprenant d'entendre Ralph Eggleston citer Dumbo, Grand Classique au rythme rapide et au fort potentiel comique comme son long métrage d'animation préféré.
La naissance de Drôles d'Oiseaux sur une Ligne à Haute Tension remonte au début des années 80, lorsque que Ralph Eggleston réalisa une série de dessins avec un flamant rose et une bande de petits oiseaux pour le cours de Bob Winquist à CalArts. C'est Ken Bruce, un de ses camarades de classe qui suggéra à Eggleston de faire un film avec ses esquisses. «J'ai effectivement abordé une projet de court métrage à CalArts,» se souvient Eggleston, «mais je n'ai pas pu le finir parce que je paniquais à l'idée d'avoir à dessiner autant de petits oiseaux.» De plus il n'avait pas trouvé de fin satisfaisante à son histoire, il décida alors de mettre ce travail de côté.
Bien qu'il soit surtout connu pour son travail de directeur artistique sur des films tels que Le Monde de Nemo ou WALL•E, Ralph Eggleston débuta sa carrière chez Pixar en 1993 comme animateur. Il dira plus tard qu'il «est tombé dans l'art de la réalisation par accident», et qu'il se voit moins comme un artiste qu'un cinéaste qui «essaie de toujours penser aux personnages, à l''histoire et à comment assembler le tout".
Après Le Joueur d'Échecs, les studios Pixar décidèrent de continuer à produire de nouveaux courts métrages. C'est ainsi qu'une sorte d'appel d'offre fut lancé aux studios pour trouver un nouveau sujet à exploiter. C'était l'occasion rêvée pour Ralph Eggleston de sortir de ses cartons son projet de court métrage inachevé à CalArts. Il opéra néanmoins quelques changements, le flamant rose fut par exemple remplacé par un oiseau quelconque, mais plus déluré. Au cours de la présentation de son projet aux pontes du studio, Eggleston utilisa un klaxon de voiture ancienne pour le bruitage de l'oiseau loufoque, ce qui fit beaucoup rire John Lasseter. Ces effets sonores colorés seront plus tard réenregistrés à l'identique pour le film. Pour créer les sons des petits oiseaux, Eggleston utilisa des jouets sifflants de la collection de l'artiste de storyboard Jeff Pidgeon.
L'esprit économe d'Eggleston (sa maîtrise des limites enseigné par Bob Winquist) est évidente tout au long du film, en particulier dans sa décision d'utiliser un modèle unique pour l'ensemble des petits oiseaux. Cette uniformité accentue le contraste flagrant entre le groupe d'oiseaux et le grand oiseau loufoque. À un moment donné de la production, Eggleston commença à craindre que la conception des petits oiseaux soit peut être trop simple. Il étudia donc l'anatomie et la structure osseuse de petits oiseaux réels. Quand il présenta une version révisée des ses personnages à John Lasseter, «John vint littéralement m'embrasser et me dit: "Arrêtes toi là! Retourne maintenant au storyboard!"» dit Eggleston. Le réalisateur s'est rendu compte que le modèle antérieur était plus proche de son intention initiale de rendu "cartoon" mais ne regretta pas ce changement.
Ralph Eggleston passa deux ans sur la réalisation de Drôles d'Oiseaux sur une Ligne à Haute Tension. Deux années éprouvantes et pleine de défis en tout genre. La fin du court métrage en particulier lui donna beaucoup de fils à retordre. «J'ai dû redessiner la fin du storyboard une vingtaine, voire une trentaine de fois simplement parce qu'elle n'était pas drôle», se souvient Eggleston. D'autres artistes, notamment Jeff Pidgeon et Joe Ranft, firent des suggestions pour la fin du court métrage. Joe Ranft imagina une fin au cours de laquelle une bande de belettes enragés bondissaint hors des buissons et mangeaient tous les oiseaux. Dans une autre fin non utilisée, les oiseaux étaient électrocutés par le fil sur lequel ils étaient posé et se transformaient en poulet frit.
For the Birds fut diffusé au cinéma en avant-programme du film Monstres & Cie sorti en 2001. Il gagna l'Oscar du Meilleur court métrage d'animation la même année. Pour Eggleston, une telle reconnaissance était très gratifiante mais hors sujet. Tout ce qu'il voulait c'était divertir le public avec son film: «Il ne s'agit pas d'essayer de résoudre les problèmes du monde mais juste de tenter de faire rire quelqu'un.» conclut l'artiste.
Storyboards de Ralph Eggleston :
30 janvier 2009
WALL•E
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WAAAAAALLL-E! A l'occasion de la sortie aujourd'hui de WALL•E en DVD édition simple et collector et Blu-ray deux disques, retrouvez une nouvelle galerie de recherches graphiques du film évènement de l'année 2008! Le dernier né des studios Pixar est actuellement en course pour l'Oscar® du meilleur film d'animation aux côtés de quatorze autres productions tels que Volt, Star Malgré Lui (le premier film d'animation Disney nominé depuis Frère des Ours), Kung Fu Panda ou bien encore Madagascar 2.
Retrouvez d'autres recherches graphiques de WALL•E dans l'excellent livre The Art of WALL•E aux éditions Chronicle Books!
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Dessins digitaux de Ralph Eggleston :
Dessins digitaux de John Lee :
Dessins de Noah Klocek :
Shade paint de Laura Phillips :
Ernesto Nemesio :
Shaun Taun :
Victor Navone :
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16 juillet 2008
Le Monde de Nemo
Finding Nemo (Le Monde de Nemo) est le cinquième film d'animation des studios Pixar et la seconde réalisation d'Andrew Stanton. Cette fois-ci il a comme coréalisateur Lee Unkrich, futur réalisateur de Toy Story 3.
Andrew Stanton est né le 3 décembre 1965 à Rockport dans le Massachusetts. Il est arrivée chez Pixar en 1990 après une formation à CalArts en tant qu'animateur. Ce sont ses courts métrages animés, Somewhere in the Arctic, lauréat du Nissan/ Focus Award, et A Story qui lui ont permis d'être sélectionné comme directeur de l'animation et réalisateur de films publicitaires au sein de Pixar. Il fut le neuvième employé à rejoindre le studio. Scénariste sur chacun des longs métrages du studio, il a gagné l'Oscar du Meilleur Script pour Toy Story sorti en 1995 réalisé par John Lasseter et a coréalisé 1001 Pattes (a bug's life) en 1998, toujours avec John Lasseter. Par la suite il fut producteur exécutif de Monstres & Cie tout en débutant en même temps l'écriture du (Le) Monde de Nemo en 1998. Pendant la production de ce dernier, Andrew Stanton commence un nouveau projet en tant que scénariste et réalisateur qui donnera WALL•E sorti en 2008. Il quitte ensuite les studios Pixar mais ne part pas très loin puisqu'on le retrouve, toujours pour Disney, à la réalisation de John Carter, son premier film live sorti en 2012.
Tout comme John Lasseter et l'univers automobile, Andrew Stanton a toujours été fasciné par le monde sous-marin. Il a longtemps cherché un moyen d'exploiter cet univers dans un film jusqu'à ce que des retrouvailles avec son jeune fils, après de longues séances de travail, servent d'élément déclencheur pour l'écriture du scénario. Pour convaincre John Lasseter que Le Monde de Nemo pouvait être le nouveau projet des studios Pixar, Stanton lui prépara une salle pleine à craquer d'éléments de développement visuel et en fit une présentation complète de plus d'une heure, au terme de laquelle Lasseter lui répondit simplement qu'il avait été convaincu dès que le mot "poisson" avait été prononcé!
Si Pixar avait jusqu'à présent donné naissance à des jouets, des insectes et des monstres, créer des poissons s'est révélé plus difficile encore. Dans leur démarche de création, les réalisateurs se sont tour à tour inspirés de visites d'aquariums et de conférences données par un ichtyologiste, spécialiste dans l'étude des poissons. N'hésitant pas à effectuer des plongées à Monterey et Hawaï, les cinéastes ont également installé leur propre aquarium chez Pixar, tout en allant chercher l'inspiration dans quelques scènes sous-marines extraites de Grands Classiques Disney comme Merlin l'Enchanteur, La Petite Sirène ou (plus étonnant) Bambi, qui par l'attention portée aux mouvements et à l'expressivité des animaux est finalement devenue la référence principale pour créer le film.
Le superviseur de l’animation Dylan Brown et ses deux directeurs de l’animation, Alan Barillaro et Mark Walsh, ont guidé une équipe d’animation comptant entre 28 et 50 personnes. Avec une gamme de personnages allant d’une petite crevette, Jacques, à une énorme baleine bleue, ils ont beaucoup appris sur la locomotion des poissons et ont dû faire interpréter à leurs personnages tout un éventail d’émotions et d’actions alors qu’ils n’ont ni bras, ni jambes, ni même un corps traditionnel...
Sur le plan visuel, Le Monde de Nemo est aussi séduisant du point de vue esthétique que novateur sur le plan technique. Le chef décorateur Ralph Eggleston, lauréat de l’Oscar pour la réalisation du court métrage For the Birds, et chef décorateur de Toy Story, a conçu le style visuel global du film. Il s’est rendu en Australie pour visiter le port de Sydney, et a visionné d’innombrables documentaires du Commandant Cousteau, de National Geographic et de la BBC.
Les deux directeurs de la photographie, Sharon Calahan et Jeremy Lasky, ont apporté leur approche pionnière de la mise en lumière et de la composition de l’image. La lumière créée par Calahan confère au film une densité visuelle digne d’un Technicolor moderne, et ses décors harmonieux, ses couleurs vibrantes et ses superbes reflets renforcent la richesse du monde sous-marin. L’expérience de Lasky en matière de composition de l’image (mouvements de caméra, mise en place des éléments) a ajouté à la sensation de se trouver sous l’eau et a renforcé les possibilités dramatiques du film.
La bande originale du film est l'oeuvre de Thomas Newman, qui succède à son cousin Randy Newman, pour l'illustration musicale d'un film Pixar. Le compositeur qui a débuté aux côtés de John Williams s'était notamment distingué pour ses partitions des films de Sam Mendens, American Beauty et Les Sentiers de la Perdition. La chanson du générique, Beyond the Sea, interprétée pour l'occasion par Robbie Williams est la variation anglo-saxonne de La Mer de Charles Trénet.
En 2004 Disney fut attaqué par un petit éditeur français du nom de Flaven Scene qui leur reprocha d'avoir tout simplement plagié le personnage de Nemo sur celui d'un de leur livre Pierrot le Poisson-clown. Malheureusement pour l'éditeur, Disney rapporta les preuves formelles que le film ainsi que ses personnages avaient été crée plusieurs années avant la publication de leur livre en novembre 2002, bien que Le Monde de Nemo ne soit lui sorti qu'en mai 2003. C'est ainsi que la balle changea de camps et que Flaven Scene se retrouva à payer 30.000 dollars de dommages et intérêts à Disney et Pixar ainsi que 8.000 euros à Disney Hachette édition pour plagiat!
Le Monde de Nemo fut un véritable tsunami au box office mondial avec plus de 700M$ de recettes, pour un budget initial estimé à 94M$, dépassant ainsi le record pour un film d'animation établit par Le Roi Lion en 1994. En France, Le Monde de Nemo fut le plus gros succès ciné de l'année 2003 en attirant plus de 9 millions de spectateurs dans les salles obscures. Devenu culte, le film aura droit à une ressortie en Disney Digital 3D le 14 septembre 2012 aux US (41M$ de recettes supplémentaires) et le 16 janvier 2013 en France. Par ailleurs, une suite serait en préparation et prévue pour une sortie courant 2016, mais rien n'a encore été officiellement annoncé...
Recherches personnages de Carter Goodrich :
Recherches personnages de Peter de Sève :
Coloscripts de Ralph Eggleston :
Concept arts :