23 mars 2013
Silly Symphonies
Les Silly Symphonies (ou parfois appelés Symphonies Folâtres en français) sont une série de cartoons produits par les studios Disney de 1929 à 1939. Durant cette décennie, ces cartoons seront le terrain d'entraînement favori de Walt Disney et de son équipe pour tester toute une série d'innovations : la couleur, le design réaliste et l'animation d'humains, la caméra multiplane, etc. Contrairement aux autres séries des studios, les Silly Symphonies ne comportent pas de héros principaux et accordent une place très importante à la musique.
De gauche à droite : Le compositeur Carl W. Stalling - La Danse Macabre (1929) - Printemps (1929)
La création des Silly Symphonies revient à Carl W. Stalling, le premier compositeur ayant collaboré avec Walt Disney. Les deux hommes se connaissaient déjà depuis quelques années, ils avaient notamment travaillé ensemble sur un cartoon de la série Laugh-o-Grams (qui à l'époque étaient muets certes, mais on composait souvent une partition qui était ensuite jouée en direct lors de la diffusion du cartoon dans les salles de cinéma). En 1928, Stalling fut embauché par Disney pour composer les musiques des deux premiers cartoons de Mickey Mouse, Plane Crazy et The Gallopin' Gaucho. Quelques mois plus tard, alors que le parlant a fait son apparition dans le monde de l'animation avec Steamboat Willie, Walt Disney le convoque à nouveau. Stalling viendra avec un concept inédit dans ses cartons : combiner danse comique et musique classique dans un cartoon macabre. Walt est séduit par l'idée et va même plus loin en imaginant une nouvelle série de cartoons qui mettrait en scènes des personnages inédits qui se renouvelleraient continuellement.
La première de La Danse Macabre, le tout premier cartoon de la série des Silly Syphonies, se déroule en juin 1929 au Carthay Circle Theater de Los Angeles, en avant-programme du film de Murnau Les Quatres Diables. L'essai s'avérera concluant, il faut dire que les deux programmes étaient faits pour aller ensemble ! La société Columbia Pictures décide alors de produire la série. Cependant, les exploitants de salle étaient eux bien plus réticents, préférant de loin diffuser des cartoons de Mickey Mouse. Ainsi, pour ne pas désappointer les exploitants (et le public), il fut très vite décidé de placer en introduction de chaque cartoon un "Mickey Mouse presents a Walt Disney Silly Symphony", phrase que l'on retrouvera au début de chaque cartoon de la série durant de nombreuses années.
De g. à d. : Des Arbres et des Fleurs (1932) - L'Atelier du Père Noël (1932) - Les Enfants des Bois (1932)
Les Silly Symphonies eurent très vite bonne réputation, on leur reconnaissait de grandes qualités techniques et artistiques. En synchronisant parfaitement les mouvements des personnages avec la musique, Walt Disney avait crée une nouvelle étape dans la manière de réaliser un cartoon "moderne". Et ce n'était que la première d'une longue liste ! En perpétuelle recherche de nouveauté, Walt Disney découvre en 1932 une nouvelle version du procédé technicolor, améliorée par Herbert Kalmus. Depuis 1915, le technicolor proposait un système de couleurs via deux teintes : le rouge et le vert. Onéreux et au résultat pas franchement convaincant, cette première version eu tout de même son petit succès à Hollywood, sans pour autant convaincre Walt Disney. La version que met au point Herbert Kalmus est bien plus intéressante. Composée cette fois-ci de trois couleurs (le rouge, le vert et le bleu), elle permet enfin de restituer à l'écran toute la palette de couleurs que nous connaissons. Après une projection test, Walt Disney est emballé par le procédé et négocie avec la société Technicolor une exclusivité de trois ans pour l'exploitation du procédé dans un cartoon.
Des Arbres et des Fleurs sera le tout premier cartoon a en bénéficier. En manque de reconnaissance publique face à un Mickey Mouse toujours plus populaire, la couleur était un parfaite outils pour redorer le blason des Silly Symphonies. Le résultat s'avérera magnifique, la couleurs apportant un réel plus au cartoon. Pour l'anecdote, Des Arbres et des Fleurs avait tout d'abord été réalisé presque entièrement en noir et blanc avant d'être totalement recréé en couleurs. Il fallut ainsi repeindre tout les décors et tout les celluloïds ! Des Arbres et des Fleurs remporta un Oscar en 1932 en récompense de ses innovations techniques. C'était la premier fois qu'un cartoon remportait cette illustre prix. Le premier d'une longue liste pour les Walt Disney Animation Studios !
De g. à d. : Les Trois Petits Cochons (1933) - Une Petite Poule Avisée (1934) - La Déesse du Printemps (1934)
Le temps passant, l'apparition de la couleur ne suffit plus à séduire le public. Walt Disney l'a bien compris et travaille d'arrache pied avec son équipe pour améliorer la qualité des scénarios, des nouveaux personnages et des techniques d'animation. Le meilleur exemple de cette évolution est le cartoon Les Trois Petits Cochons, sorti en 1933. Doté de trois personnages charismatiques mais foncièrement identiques, ils se distinguent pourtant les uns des autres par leurs caractères très différents. L'aimation est également de bien meilleure qualité. Fred Moore et Dick Lundy font des merveilles avec les trois petits cochons, tandis que de Norman Ferguson donne au loup un côté à la fois extrêmement comique mais aussi menacant. Le cartoon se distingue également par sa bande son, dont l'inoubliable chanson Qui a Peur du Grand Méchant Loup ? composée par Frank Churchill. Ce morceau fut le véritable premier succès musical du studio. Les Trois Petits Cochons reçu l'Oscar du Meilleur Court-Métrage en 1933, le second après Des Arbres est des Fleurs gagné l'année précédente. Fort de ce succès, le cartoon eu droit à trois suites (une premier pour le studio) : Le Grand Méchant Loup (1934), Les Trois Petits Loups (1936) et Le Cochon Pratique (1939).
À partir de 1934, et le début de la production de Blanche Neige et les Sept Nains, les Silly Symphonies deviennent un grand laboratoire, permettant de tester les différentes techniques qui seront exploités dans le film. Les animateurs ont désormais la possibilité (voir l'obligation) d'assister à des courts d'anatomie, on fait venir des animaux au studio afin d'étudier leurs mouvements et améliorer l'animation des personnages, etc. L'animation d'humains est encore, en 1934, un défi à relever. Il est pourtant indispensable pour faire du personnage de Blanche Neige une héroïne inoubliable. Les animateurs s'entaînent ainsi sur le cartoon La Déesse du Printemps. On est encore loin de la qualité d'animation de Blanche Neige mais les artistes sont sur la bonne voie.
De g. à d. : Elmer l'Eléphant (1936) - Hiawatha, le Petit Indien (1937) - Le Vieux Moulin (1937)
En dehors de l'animation, les effets spéciaux ont également droit à une batterie de test dans les Silly Symphonies. Les ombres sont ainsi testées avec plusieurs techniques différentes selon le cartoon, avant de trouver la plus adéquate. La pluie, les effets de fumée ou bien encore de reflets sont également étudié sous tous les angles. En 1937, le cartoon Le Vieux Moulin réunit toutes ces innovations. Mais c'est surtout le premier cartoon à utiliser la toute dernière invention des studios : la caméra muliplane. Cette nouvelle génération de caméra, inventé par Bill Garity, permet de donner une impression de profondeur encore jamais vu en animation, grâce à l'utilisation ingénieuse de décors peints sur des plaques de verre placées plus ou moins loin de la caméra. Alliée aux décors, effets spéciaux et animations très réalistes, cela donne une oeuvre inoubliable, récompensée par l'Oscar du Meilleur Court Métrage en 1937.
Après la sortie de Blanche Neige et les Sept Nains,, la réalisation de nouveaux Silly Symphonies commence à s'éssouffler. Les raisons sont multiples. Tout d'abord, grâce à son nouveau contrat avec la RKO, Walt Disney n'a plus l'obligation de sortir un nombre défini de cartoon de cette série. Même si le nombre de cartoons à produire reste identique, il est désormais libre de choisir quelle série mettre plus en avant. Ensuite, les animateurs sont désormais très occupés avec la réalisation de plusieurs long métrages d'animation. Enfin, depuis sa création, la série des Silly Symphonies a vu naître d'autres séries centrées sur des personnages emblématiques (Donald Duck, Pluto, Dingo) au nombre de cartoons croissant. Ainsi, après dix années d'existence, la série des Silly Symphonies tire sa révérence en 1939, après la sortie du cartoon Le Vilain Petit Canard. Une fin en beauté, le cartoon ayant reçu l'Oscar du Meilleur Court-Métrage la même année !
De g. à d. : Symphonie de Court de Ferme (1938) - Le Cochon Pratique (1939) - Le Vilain Petit Canard (1939)
S'étalant sur une décennie riche en évolution, les Silly Symphonies ont su au fil du temps devenir la vitrine des innovations techniques des Walt Disney Animation Studios. Bien que ne possédant pas de personnages principaux récurrents, la série a réussi à marquer son époque grâce à des musiques entraînantes, des scénarios toujours plus fouillées, une technique toujours en avance sur son temps et des personnages inoubliables. Récompensée de huit Oscars du Meilleur Court Métrage, la série des Silly Symphonies pose la première pierre de la reconnaissance des Walt Disney Animation Studios comme meilleur studio d'animation de leur temps !
La Danse Macabre (1929) :
The Clock Store (1931) :
Des Arbres et des Fleurs (1932) :
Les Enfants des Bois (1932) :
Les Trois Petits Cochons (1933) :
L'Arbre de Noël (1933) :
La Cigale et la Fourmi (1934) :
Une Petite Poule Avisée (1934) :
La Déesse du Printemps (1934) :
Bébés d'Eau (1935) :
Carnaval des Gâteauxl (1935) :
Jazz Band contre Symphony Land (1935) :
Trois Petits Orphelins (1935) :
Broken Toys (1935) :
Elmer l'Eléphant (1936) :
Les Trois Petits Loups (1936) :
Trois Espiègles Petites Souris (1936) :
Cousin de Campagne (1936) :
Cabaret de Nuit (1937) :
Hiawatha, le Petit Indien (1937) :
Le Vieux Moulin (1937) :
Le Papillon et la Flamme (1938) :
Au Pays des Étoiles (1938) :
Symphonie de Court de Ferme (1938) :
Mother Goose Goes Hollywood (1938) :
Le Vilain Petit Canard (1939) :