08 novembre 2009
Taram et le Chaudron Magique
25ème long métrage des Walt Disney Animation Studios The Black Cauldron (Taram et le Chaudron Magique) est considéré comme le "vilain petit canard" des studios. Qui plus est, sa production fut aussi longue que chaotique...
Inspiré des Chroniques de Prydain de Lloyd Chudley Alexander, le projet d'adaptation en long métrage remonte à 1971, lorsque Disney acheta les droits sur les livres (cinq tomes en tout) parus entre 1964 et 1970. Durant toute la décennie 70, les studios Disney tentèrent d'adapter cette longue histoire compliquée aux nombreux personnages, mais sans succès. Il faudra attendre 1980, et la nomination de Joe Hale comme producteur du film pour que tout se mette enfin en route. Son idée principale était de donner plus de place au Seigneur des Ténèbres qui ne faisait que de brèves apparitions dans le roman.
Joe Hale, Art Stevens et Ted Berman - Andreas Deja - Phil Nibbelink
Le début des années 80 n'est pas une période bénie pour les studios Disney, bien au contraire. Après le décès de Walt en 1966, les nouveaux dirigeants décidèrent tout d'abord de suivre les traces du maître (grave erreur) et tentèrent de rester fidèle à son état d'esprit en ressortant des placards bon nombres de projets qu'il avait mis de côté de son vivant. Pourtant ce n'était pas le genre de Walt Disney qui allait toujours de l'avant! S'en suivirent quelques échecs plus ou moins retentissants durant la décennie suivante. Au début des années 80, les mentalités changent, les derniers Nine Old Men partent à la retraite, remplacés par une nouvelle génération d'artistes prêts à tout pour montrer de quoi ils sont capables. Nous découvrons ainsi de grands artistes en devenir : Glen Keane, Andreas Deja, Tim Burton, John Musker, Ron Clements, ou bien encore John Lasseter. Après Rox et Rouky, qui fit le lien entre l'ancienne et la nouvelle génération, Taram et le Chaudron Magique est la première production animée des studios sans aucun Nine Old Men dans son équipe de production. Avec ce film, la direction comme les artistes voulaient du changement, une sorte de révolution créative. Cette révolution eut lieu, mais pas forcément dans le sens souhaité...
James Coleman - Le département encre, couleur et caméra - Art Stevens et (artiste inconnu)
Pourtant, Taram et le Chaudron Magique eu un traitement de roi aux studios. Il bénéficia de nombreuses nouvelles technologies de l'époque comme le procédé Animation Photo Transfer. Inventé par Dave Spencer en 1985, ce procédé était une sorte d'évolution de la xérographie, utilisée aux studios Disney depuis Les 101 Dalmatiens. Il permettait d'avoir des contours moins "crayonné" pour les personnages, ainsi que des couleurs plus précises. Cette invention valut à Dave Spencer un prix technique par l'académie des Oscars en 1986. Malheureusement, avec l'arrivée de l'informatique, ce système fut vite remplacé par le Computer Animation Production System qui permettait d'informatiser le processus d'encrage et de colorisation. Cette technologie fit d'ailleurs ses premiers pas sur Taram et le Chaudron Magique. En effet certains objets du décor ont été multiplié numériquement pour ainsi être utilisé plusieurs fois.
Taram et le Chaudron Magique est également le premier film depuis La Belle au Bois Dormant à utiliser le Super Technirama 70 (format 2,20:1), preuve du traitement particulier dont le film bénéficiait. Mais il ne fallait pas pour autant en oublier le scénario...
Après moult remaniements, Taram et le Chaudron Magique sorti finalement le 24 juillet 1985 aux États-Unis et le 27 novembre de la même année en France. Le film reçut la certification PG (parental guidance) en raison des scènes violentes qu'il contenait, une première pour un long métrage d'animation Disney! Le film fut un échec avec seulement 21 millions de dollars de recettes, alors que sa production avait coûté 25 millions de dollars. On pourrait se dire que c'est tout à fait mérité, le film est un des plus sombres de Disney, l'histoire est bancale et les personnages peu sympathiques. Trop noir pour un public familial, trop enfantin pour les ados, Taram fut victime des nombreux tâtonnements de sa production. Les studios Disney oublièrent d'ailleurs très vite leur dernier bébé, jusqu'à le renier complètement. Les productions suivantes leur permirent en effet de montrer qu'ils n'avaient rien perdu de leur superbe, pour le plus grand bonheur du public!
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Dessins de Tim Burton :