23 octobre 2008
Qui veut la Peau de Roger Rabbit?
Who Framed Roger Rabbit (Qui Veut la Peau de Roger Rabbit), sorti en 1988 remit au goût du jour la technique consistant à mélanger prises de vue réelles et animation. Ce procédé pourtant très attractif avait été mis de côté depuis l'échec de Peter et Elliott le Dragon sorti en 1977... Avant la production de ce film, Disney avait déjà une grande expérience dans cette technique, en effet cela faisait plus de cinquante ans qu'ils l'utilisaient en la faisant évoluer au fil des productions. Elle fut tout d'abord exploitée durant les années 20 dans les Alice Comedies, une série de cartoons où une véritable petite fille se mêlait à un monde animée. On la retrouve ensuite en 1943 dans Les Trois Caballeros où cette fois-ci ce sont des personnages animés qui se retrouvent dans le monde réel. Puis en 1946 dans Mélodie du Sud, en 1947 dans Coquin de Printemps et en 1949 dans Danny le Petit Mouton Noir. Quinze plus tard on la retrouve dans Mary Poppins, sous la direction de Ub Iwerks, le créateur de Mickey Mouse qui s'est reconverti dans les effets spéciaux! La technique fait une dernière apparition dans L'Apprentie Sorcière en 1971.
Steven SpielbergSpielberg et Robert ZemeckisZemeckis - Une équipe d'animateur regarde un storyboardstoryboard animé - Maquette pour la scène finale
L'histoire de Qui Veut la Peau de Roger Rabbit est inspiré du roman de Gary K. Wolf, Who Censored Roger Rabbit édité en 1981. C'est au milieu des années 80 que Disney, Robert Zemeckis et Steven Spielberg s'associent pour en réaliser l'adaptation cinéma. Comme pour la trilogie Indiana Jones avec son acolyte George Lucas, Spielberg tient ici le rôle de producteur et Robert Zemeckis celui de réalisateur. Zemeckis n'était à cette époque qu'aux tout début de sa carrière cinématographique, c'est après le succès fulgurant du premier épisode Retour vers le Futur en 1985 qu'il fut choisi pour réaliser Qui Veut la Peau de Roger Rabbit.
Le tournage commença à Los Angeles au mois de décembre 1986 avec les scènes en extérieure. Les scènes en intérieure furent quant à elles tournée plusieurs mois après en Angleterre. Les séquences animées ne furent pas réalisés aux studios Disney comme on aurait put le penser mais aux Cannon Elstree film studios situés en Angleterre. La raison de cet "exode" des parties animées est simple, le responsable de l'animation sur le film, Richard Williams refusait catégoriquement de travailler à Los Angeles! D'origine canadienne, Richard Williams est surtout connu pour son livre, The Animator's Survival Kit considéré comme une référence dans le domaine. Il est également le réalisateur du film inachevé et pourtant prometteur The Thief and the Cobbler produit à l'époque par Miramax (une filiale de Disney) et dont Disney s'inspirera d'ailleurs fortement pour Aladdin...
L'acteur Bob Hoskins devait faire preuve de beaucoup d'imagination dans son rôle d'Eddie Valiant - L'artiste Walt Stanchfield dirigeant un cours d'études pour les différents personnages animés du film (ici Jessica Rabbit)
Plus de trois-cent artistes travaillèrent sur le séquences animés du film, parmis eux on retrouve de grands artistes Disney en devenir comme Andreas Deja (animateur de Jafar, Scar, Lilo, etc.), Hans Bacher (développeur visuel sur Aladdin et Le Roi Lion et directeur artisitique sur Mulan) ou bien encore Harald Siepermann (character designer sur Mulan, Tarzan et Frère des Ours).
Qui Veut la Peau de Roger Rabbit était un projet ambitieux au budget conséquent (70 millions de $) dut en grande partie à l'intégration d'animations dans des scènes live, procédé long et couteux à réaliser. La technique a d'ailleurs été grandement amélioré pour ce film. Tout d'abord de nombreux robots ont été crées afin de remplacer chaque personnage animé qui réalisait une action à l'écran (prendre un verre, casser des assiettes, tenir un plateau etc.). Ces robots étaient ensuite cachés par l'animation qui les recouvrait. D'autre part l'intégration des personnages animés a été peaufiné grâce à l'étroite collaboration des animateurs avec ILM, la société d'effets spéciaux de Georges Lucas qui s'est occupé de tout les effets visuels (ombres, reflets, scintillements de la robe de Jessica Rabbit). C'est la première fois que l'ordinateur était utilisé pour ce procédé d'intégration, et le résultat est encore aujourd'hui tout à fait bluffant!
Vous vous demandez peut-être pourquoi le film n'est pas sorti sous le label Walt Disney Pictures mais sous Touchstone Pictures (une filiale de Disney)? Tout simplement parce que les studios voisins ayant prêté leurs stars animées (Bugs Bunny, Daffy Duck, Betty Boop, etc.) ne voulaient pas les retrouver sous un label aussi reconnaissable que Walt Disney Pictures, Touchstone faisant plus "passe partout" auprès du grand public.
Dessin de recherche pour l'affiche du film - Maquette d'un des plateaux - décors de la scène finale
Qui Veut la Peau de Roger Rabbit sorti le 22 juin 1988 aux Etats-Unis (le 18 octobre 1988 en France) et fut un énorme succés, le film engrangea 154 millions de dollars de recette rien qu'aux Etats-Unis et près de 195 millions de dollars dans le reste du monde. L'animation renouait enfin avec les succès d'entan après des dizaines d'années d'errance! L'acceuil du publique fut tels que le film connu de nombreuses déclinaisons commerciales tels qu'une série de BD, le film sous forme de roman, des jouets McDonalds (qui deviendront légions avec les futurs productions Disney), etc. Le film remporta trois Oscars® l'année suivante pour les Meilleurs effets spéciaux, les Meilleurs effets sonores et le Meilleur montage. Il fut également nominé pour le César® du Meilleur film étranger mais ne remporta pas le prix.
Disney décida de surfer sur le succès du film en lançant très vite la production d'un court métrage mettant en scène Roger Rabbit et Baby Hermann, Roller Coaster Rabbit qui sera diffusé en avant-programme de Dick Tracy sorti le 15 juin 1990. De nouveau le cartoon ne sortira pas sous le label Disney mais Touchstone et Amblin (la société de production de Steven Spielberg), bien que ce soit Disney qui le distribua (Buena Vista Pictures).
Une suite du nom de Roger Rabbit II: Toon Platoon a été pendant un moment planifié avant d'être abandonnée. Elle devait se dérouler en 1940 (sept ans avant le premier opus) et raconter comment Roger Rabbit avait sauvé Jessica Rabbit des griffes du patron de la radio pour laquelle elle travaillait et qui était en fait un espion nazi. Mais Spielberg qui reçut le script en 1992 alors qu'il travaillait sur La Liste de Schindler refusa que l'on fasse un film mettant en scène un nazi sous forme de cartoon. D'autres suites furent envisagé, tout d'abord en 1994 (Who Discovered Roger, qui se concentrait sur les origines de Roger Rabbit) puis en 1999 (projet de films en 3D) mais rien ne put se concrétiser. Aujourd'hui une suite est toujours envisagé mais personne ne sait encore si elle se fera ou pas...
Dessins d'Harald Siepermann :
Recherches personnages :
Chuck Jones dessine Donald Duck (séquence des canards au piano) :
Recherches graphiques :