14 novembre 2013
Exposition Pixar, 25 ans d'Animation
Débuté en 2005 au MoMA de New York, l'exposition Pixar, 25 ans d'Animation a depuis parcouru le monde (Angleterre, Japon, Écosse, Australie, Finlande, Corée, Mexique, Taiwan, Singapore, Chine, Italie, Allemagne et Pays Bas). Huit ans plus tard, nous pouvons enfin la découvrir en France du 16 novembre 2013 au 2 mars 2014 ! Évolutive, l'exposition s'est étoffée au fils des années, s'enrichissant de nouvelles recherches, storyboards et autre color scipts tirés des productions plus récentes. Plus de 500 œuvres sont ainsi présentées dans une dizaine de salles du tout nouveau musée Art Ludique, le premier musée au monde entièrement consacré à l'Art du divertissement !
Et quel plaisir (quelque peu chauvin) de voir ce genre de musée nouvelle génération s'ouvrir chez nous à Paris ! Qui plus est à deux pas de chez moi, mais ça vous vous en foutez... C'est donc au 34 quai d'Austerlitz dans le 13ème arrondissement de Paris que Jean-Jacques et Diane Launier ont décidé d'implanter leur tout nouvel espace entièrement dédié aux artistes du divertissement. Le couple n'en n'est pas à sa première initiative dans le domaine, c'est en effet à eux que l'on doit la création de la galerie Arludik sur l'Île Saint-Louis, une sorte de mise en bouche avant la création du musée. Je m'y étais d'ailleurs rendu à plusieurs reprises, notamment pour l'exposition consacrée à Glen Keane et celle sur Alice au Pays des Merveilles.
Installé aux Docks, qui abritent également la Cité de la Mode et du Design, le Musée Art Ludique est situé en bord de Seine dans un bâtiment à l'originalité et à la modernité surprenante qui divisa le public lors de la présentation du projet. Surnommé le « Beaubourg vert » par ses admirateurs (Nicolas Sarkozy, guère fan de ce genre d'architecture l'avait nommé le « truc vert » ) le bâtiment est composée d’acier et de verre sérigraphié, son enveloppe, appelée « plug-over » (de l’anglais « to plug », brancher) vient se greffer sur la structure en béton de l'ancien bâtiment qui abritait autrefois les magasins généraux de transit qui servaient à transférer les marchandises des péniches aux trains. A la nuit tombée, son éclairage fluorescent en fait un bâtiment très futuriste. Je ne sais pas pour vous mais pour ma part je le trouve tout simplement somptueux !
Venons en à l'exposition en elle-même : il y a de quoi voir ! Riche de ses 500 et quelques œuvres exposées, vous aurez le bonheur de découvrir les coulisses des productions Pixar de Les Aventures d'André et Wally B., le premier court métrage des studios à Le Parapluie Bleu, en passant par tous les longs métrages maison (hormis Monstres Academy). Son ainsi exposés au mur les plus beaux dessins de production, mais aussi de nombreuses sculptures de personnages et pas mal de vidéos. Ces vidéos (la plupart en version originale sous-titrés) s'attardent notamment sur la vie des artistes aux studios. Certaines sont déjà visibles en bonus sur les éditions Blu-ray des films, mais il y a également de l'inédit. Bien évidemment toutes les oeuvres exposées sont signées de leurs auteurs, histoire de ne pas faire oublier au pubic que de nombreux artistes ont participé à l'élaboration de tout ces films. Nous retrouvons ainsi des noms bien connus comme Lou Roumano, Teddy Newton, Carter Goodrich, Joe Ranft ou bien encore John Lasseter himself pour les premiers courts métrages. Si vous êtes de fidèles lecteurs du site vous reconnaîtrez certainement la plupart des dessins exposés, ces derniers étant déjà présents en nombre sur le site. J'ai tout de même eu la bonne surprise de découvrir quelques œuvres inédites jamais publiés. Mais le but premier de cette exposition est bien découvrir la richesse artistique des studios Pixar de vos propres yeux, d'admirer de près les fondations d'un studio devenu culte au fils des décennies. Par contre, avancées technologiques oblige, pratiquement tous les dessins réalisés à partir de Ratatouille sont entièrement numérique et nous avons donc juste droit à des reproductions imprimés grand format. Pas très glamour mais bon, il faut savoir vivre avec son temps...
Bien qu'extrêmement riche, l'exposition Pixar, 25 Ans d'animation n'a tout de même pas la même ambition que l'exposition Il Était une Fois Walt Disney, aux Sources de l'Art des Studios Disney qui eu lieu en 2006 au Grand Palais. Ici pas de comparaison avec les artistes et œuvres ayant influencé le studio. L'aménagement de l'exposition se veut également assez sobre et ma foi plutôt classique. Mais le cheminement est agréable, bien qu'il ne se fasse non pas de manière chronologique mais par thème : les personnages, l'histoire et l'univers.
En dehors de tous les dessins, sculptures et vidéos présentés, nous avons également droit à deux "attractions" qui méritent le coup d'oeil. Tout d'abord le fameux zootrope Toy Story fait de centaines de figurines fixés sur un socle tournant. Grâce à une lumière stroboscopique, les personnages prennent littéralement vie devant nos yeux pour un rendu assez impressionnant. Vous pouvez voir le zootrope dans des vidéos sur le net mais inutile de vous dire que le rendu en vrai est bien plus réussi. Autre animation de l'expo, la diffusion dans une salle à part d'une vidéo nommée Artscape. Longue d'une dizaine de minutes elle nous permet de parcourir les différentes productions du studio au travers des recherches graphiques animées par ordinateur accompagnées d'une ambiance sonore propre à chaque film. Extrêmement bien réalisé, cette ballade numérique à travers les films et le temps est un condensé de la richesse artistiques des studios Pixar, à ne surtout pas rater !
Comme vous vous en doutez je suis ressorti conquis de cette exposition d'une richesse incroyable, malgré le peu d'œuvres inédites présentées. Mais il faut dire qu'à par moi et une poignée de passionnés, le grand public ne connaît absolument pas le travail titanesque des artistes des studios Pixar, et c'est bien lui que cette exposition vise. Dommage cependant de ne pas avoir pris la peine de mettre plus de textes explicatifs, les moins éclairés d'entres eux risquent d'être légèrement perdu, ne sachant pas vraiment ce qu'ils regardent. Ils auraient pu par exemple expliquer plus en détails les différentes étapes de production.
Malgré cela l'exposition Pixar, 25 Ans d'Animation est un vrai régal pour tous les passionnés du studio à la lampe de bureau, tout comme pour les néophytes qui découvriront que réaliser un film d'animation est tout un art !
Voici quelques oeuvres que vous pourrez découvrir en chair et en os (enfin en papier) à l'exposition :
09 octobre 2008
Exposition Il Eait une Fois Walt Disney
Le 16 septembre 2006 s'ouvrait à Paris la plus grande exposition jamais consacrée à l'art des studios Disney en Europe : Il Etait une Fois Walt Disney, aux Sources de l'Art des Studios Disney. C'était la première fois que Walt Disney faisait son entrée dans un musée aussi prestigieux, au grand dame de certains intellectuels qui ne voyaient en lui qu'un simple producteur de cinéma et non un artiste à part entière. Mais Bruno Girveau, le conservateur de l'exposition percevait les choses d'un autre oeil. Pour lui Walt Disney (et toutes les productions de son studio) était un visionnaire qui a sut allier Art et divertissement avec brio et développer l'animation jusqu'à un niveau encore jamais atteint auparavant. Après moult négociations avec les musées nationaux de France, Bruno Girveau réussit à monter cette exposition au Grand Palais avec la collaboration de Dominique Païni et de l'historien d'animation Pierre Lambert.
Le but premier de l'exposition était de montrer les influences européennes et artistiques de Disney à travers une grande partie de ses productions (de Steamboat Willie en 1928 à (Le) Livre de la Jungle en 1967). Aux côtés de centaines de peintures, croquis, statues des différents films des studios Disney se trouvaient de nombreux ouvrages et dessins d'illustrateurs et de peintres ayant servit de modèles au maître de l'animation et à son équipe. Parmis eux on retrouve Heinrich Kley, Eugène Grasset, Grandville, Philippe Rousseau, Richard Doyle, William Blake ou bien encore Beatrix Potter. Tous de grands artistes du XIXème siècle. C'est lors d'un voyage en Europe en 1935 que Walt découvrit un grand nombre d'entre eux, il revint de son périple avec une bibliothèque entière pour lui et ses artistes. Son but était de s'imprégner de tout ces dessinateurs et peintres pour leur projet de premier long métrage d'animation, Blanche Neige et les Sept Nains alors en préparation. Inspiré d'un conte des frères Grimm, le film se devait d'être également respectueux du style graphique de l'Art européen.
Walt Disney sera énormément influencé par l'Europe durant toute sa carrière, l'exposition s'attarde ainsi longuement sur cet aspect. Nombre de ses productions seront des adaptations de contes et récits européens très célèbres comme Pinocchio, Cendrillon, Alice au Pays des Merveilles ou La Belle au Bois Dormant. Bien évidement chaque histoire fut soigneusement remaniée et presque tout les aspects violent ou négatifs supprimées. Certainement une des raisons du mépris de certains pour les films Disney qu'ils jugent alors trop gentils et niais... Dans les années 50, Walt Disney crée Disneyland et de nouveau l'influence européenne est frappante, il en sera de même dans tout les resorts de la firme. On retrouve d'ailleurs posée au milieu d'une des pièces de l'exposition un maquette du château de La Belle au Bois Dormant de Disneyland Resort Paris.
La dernière partie de l'exposition s'attardait non plus sur les influences des films mais sur les artistes ayant été influencés par Disney. Les productions des studios Disney font depuis longtemps partie intégrante de l'inconscient collectif. Dès le début des années 30 Mickey Mouse était exploité sur de nombreux supports jusqu'à l'écoeurement pour certain (cinéma, BD, produits dérivés). En très peu de temps il devint le symbole de tout une Amérique. En 1948, l'artiste Eduardo Paolozzi est le premier à faire référence à Disney en associant dans une de ses oeuvres le visage de Minnie et de l'actrice Lucie Ball, archétype de la femme américaine des années 40. Dans les années 60 le mouvement Pop Art exploite à nouveau la marque, Disney représentant le summum du monde la consommation qui était le fond de commerce du mouvement. En 1981, Andy Wharol crée ainsi plusieurs sérigraphies mettant en scène la souris aux grandes oreilles (l'une d'elle est d'ailleurs présente sur la bannière de ce blog). Les références à Disney furent également très nombreuses dans les années qui suivirent et présentes dans la majorité des mouvements artistiques contemporains.
L'exposition s'étala sur quatre mois du 16 septembre 2006 au 15 janvier 2007 et fut un immense succès! Après Paris toute les oeuvres partirent pour Montréal pour encore trois mois et demi supplémentaires, du 8 mars au 24 juin 2007. Plusieurs ouvrages sortirent à l'occasion de cette exposition exceptionnelle, le catalogue de l'exposition bien sur mais aussi un documentaire en DVD développant certain point abordés dans l'exposition ainsi qu'un livre à destination des plus jeunes (qui n'étaient d'ailleurs pas la cible visée de cette expo). Enfin, Pierre Lambert profita de cet évènement pour sortir son nouveau livre Walt Disney L'Age d'Or retraçant en partie l'histoire de la production des films d'animation Disney de 1928 à 1967 accompagné de magnifiques dessins de productions.
L'exposition Il Etait une Fois Walt Disney, aux Sources de l'Art des Studios Disney fut plus qu'une simple exposition, c'était une véritable reconnaissance du milieu de l'Art au maître du divertissement moderne et à son studio d'animation, la preuve indéniable que ses films sont désormais considérés par tous comme de véritables oeuvres d'Art. Pour terminer je vous invite à découvrir ci-dessous un reportage qu'avait réalisé à l'époque de l'exposition le site DLRP.fr (aujourd'hui fermé) avec en prime une interview de l'instigateur de cet évènement, Bruno Girveau :
Il était une fois Walt Disney
envoyé par DLRP-fr