The Art of Disney

Bonjour et bienvenue à tous sur The Art of Disney Animation, le blog entièrement dédié aux recherches artistiques des films d'animation Disney ! Créer un long métrage d'animation c'est tout un art! Dessins d'études, peintures, sculptures, story boards, re

28 mars 2013

Interview Phil Johnston

Les-Mondes-de-Ralph

 

À l'occasion de la sortie de Les Mondes de Ralph en vidéo le 5 avril 2013, Disney France nous propose une interview du scénariste Phil Johnston :

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Quelle a été la première étape de l’écriture du scénario des Mondes de Ralph ? 

Pour ce film, le réalisateur Rich Moore et moi-même avons travaillé seuls pendant plusieurs mois afin de développer l’histoire que nous voulions raconter. Avant tout, il a fallu que nous choisissions les personnages du film. Nous avions une idée générale de l’intrigue, mais toute histoire commence d’abord par ses personnages. Qui sont-ils ? Quel sera leur rôle dans le film ? Que désirent-ils ? Quels obstacles doivent-ils surmonter ?
 

Quelle était l’idée de départ pour le film ?

Initialement, Félix était le personnage principal, puis nous avons réalisé que Ralph était plus intéressant. C’est à ce moment-là que nous avons commencé à réfléchir à la manière de le mettre dans des situations difficiles, mais drôles et intéressantes. Il fallait que nous lui inventions des obstacles à surmonter et des combats à mener. 
 

Que ressent-on lorsqu’on voit son travail prendre vie à l’écran ? 

C’est formidable ! Je suis époustouflé à chaque fois que je regarde le film. Son univers est varié et complexe, il est fait de tellement de détails auxquels je n’avais pas pensé que je découvre quelque chose de nouveau à chaque fois que je le vois. C’est fabuleux !
 

Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ? 

J’ai commencé à travailler sur Les Mondes de Ralph il y a environ quatre ans, lorsque j’ai rencontré Rich Moore, le réalisateur du film. Nous nous sommes tout de suite bien entendus, nous partageons la même sensibilité. Il ne nous a pas fallu longtemps pour nous mettre à rigoler bêtement ensemble, comme deux gamins qui auraient lâché une caisse à l’église ! J’ai adoré l’idée sur laquelle repose cette histoire et dès que nous avons commencé à créer les personnages, j’ai su que ce film allait être très spécial.
 

Pourquoi avoir choisi d’écrire sur l’univers des jeux vidéo et des salles d’arcade ? 

L’idée initiale de Les Mondes de Ralph a jailli de cette question : et si un personnage de jeu vidéo quittait son univers pour aller explorer d’autres mondes ? Tout est parti de là. Nous avons ensuite imaginé l’histoire d’un personnage de jeu vidéo démodé qui se sent dépassé ; il traverse une crise existentielle et s’interroge sur son rôle dans le monde. Les jeux vidéo ont énormément évolué au cours des 30 dernières années, cette comparaison tombait donc à point nommé. L’univers des jeux vidéo constituait le décor idéal pour ce personnage qui se sent dépassé par le monde moderne. 
 

L’histoire a-t-elle beaucoup changé au cours de la production ?

Elle a évolué, elle s’est développée et s’est condensée. Cependant, l’histoire de base d’un méchant qui apprend à s’aimer est restée inchangée, cela nous a permis de tenter plein de choses différentes, passionnantes et délirantes. Certaines scènes ont subi un changement radical, des personnages y ont été ajoutés ou retirés (mais ont parfois été réintroduits). Ce film a subi tant de révisions au cours de ses quatre années de production qu’il est difficile de se souvenir de tout.
 

Comment avez-vous intégré les personnages des jeux d’arcade classiques dans l’histoire ?

Au début, nous ne savions pas quels personnages emblématiques des jeux d’arcade nous allions pouvoir intégrer à l’histoire. Nous avons donc créé nos propres personnages, ceux que nous allions suivre dans leurs aventures. Nous savions que nous pourrions écrire leur histoire car c’était nous qui les avions imaginés, mais nous avions également plein d’idées pour les autres personnages. Nous nous disions que ce serait vraiment cool si Pacman, Q*bert, Frogger ou Zangief apparaissaient dans le film. 

Avez-vous pu intégrer tous les personnages que vous vouliez ? 

Ça n’aurait pas été la fin du monde si certains personnages emblématiques avaient manqué, parce que nous avons des personnages principaux que nous aimons et dont les aventures nous passionnent. Cela dit, nous voulions absolument que Q*bert, Tapper, Clyde le fantôme et Zangief apparaissent dans le film. 
 

Les jeux d’arcade ont-ils une signification particulière pour vous ? 

Enfant, j’allais au cinéma au Valley Fair Mall. Ma mère me donnait un dollar et cela me permettait de jouer pendant une heure en attendant le début du film. Je m’en souviens comme si c’était hier. J’étais excité comme une puce à l’idée d’aller à la salle d’arcade, il y en avait partout aux États-Unis. C’est triste de penser qu’aujourd’hui il n’y en a presque plus.
 

Quels jeux d’arcade aviez-vous le plus envie de porter à l’écran dans Les Mondes de Ralph ?

Je n’ai jamais été très doué à Q*bert mais j’en garde de très bons souvenirs. Q*bert est drôle, étrange et ridicule, c’est pourquoi le fait qu’il apparaisse dans le film est fantastique. Enfant, je jouais tout le temps à Street Fighter, je suis donc ravi que nous ayons pu intégrer Zangief à l’histoire. J’aime tout dans ce personnage, de son large torse velu à son minuscule slip de catcheur. Je suis un fan inconditionnel de Zangief !
 

Les personnages des Mondes de Ralph sont doublés par des acteurs comiques de talent dans la version originale, notamment John C. Reilly (Ralph), Jack McBrayer (Félix), Sarah Silverman (Vanellope von Schweetz) et Jane Lynch (le sergent Calhoun). Dans quelle mesure ces acteurs ont-ils influencé leurs personnages ? 

Un bon acteur apporte à son personnage une profondeur, une force vitale qu’on n’imaginait pas, mais nous avons eu beaucoup de chance car Jack McBrayer, Sarah Silverman et Jane Lynch ont été présents dès la première lecture. John C. Reilly a également pris part au projet très tôt, ça a été une véritable chance. Il n’y a rien de tel que de travailler avec des acteurs comiques de leur trempe. Cela apporte énormément au film car ils peuvent nous donner leur avis.
 

Quand les bons mots invraisemblables et hilarants du sergent Calhoun ont-ils trouvé leur place dans le film ? 

Le sergent Calhoun a toujours eu ces expressions étranges et bourrues issus de son univers et de son jeu. À l’origine, l’une d’elles se démarquait vraiment des autres, elle a beaucoup plu à Ed Catmull, le codirecteur du studio. Il nous a demandé d’où ça venait et comment nous en avions eu l’idée, puis il nous a demandé d’en inventer d’autres. Après ça, j’ai revu la totalité du scénario et inventé cinq ou six « Calhounismes » différents pour chacune de ses interventions.
 

Quelle est votre expression préférée ? 

C’est sans doute sa première réplique, il est question de « faire pipi dans son pantalon de grand garçon ». La manière dont Jane le dit est désopilante. Je trouve hilarant le fait que Calhoun, cette militaire endurcie, cette dure à cuire, dise « faire pipi » !
 

Quel a été le tournant de votre carrière ?

Le premier film que j’ai écrit s’intitulait Bienvenue à Cedar Rapids. Réalisé par Miguel Arteta, il est sorti alors que je commençais à travailler sur le scénario de Les Mondes de Ralph. Avant ça, j’avais écrit quelques scénarios que Rich Moore doit connaître, notamment pour un téléfilm réalisé en 2009 et un film qui n’a pas encore été produit. La route a donc été longue et sinueuse !
 

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes scénaristes qui tentent leur chance à Hollywood ? 

Le meilleur conseil que je puisse leur donner, c’est de ne jamais arrêter d’écrire. Le second, c’est de se forger une carapace, car devenir scénariste peut être difficile, et la première version n’est jamais la bonne. On est constamment en train de réécrire certains passages, et il faut être prêt à tirer un trait sur ses scènes favorites pour le bien de l’histoire. 

 

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13 décembre 2010

Interview de Nathan Greno

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Nous avons eu la chance de pouvoir interviewer il y a quelques jours Nathan Greno, coréalisateur de Raiponce aux côtés de Byron Howard! L'artiste a ainsi pris le temps de répondre à quelques questions sur sa carrière  chez Disney et son expérience sur Raiponce.

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Nathan Greno est né à Kenosha, dans le Wisconsin, au sud-ouest du lac Michigan. Enfant, il développa une passion pour le dessin qui évolua rapidement vers un véritable goût pour la narration visuelle. Influencé par les comics et les bandes dessinées des magazines et des journaux, il commença à dessiner ses propres croquis, à créer ses personnages, ses univers et ses histoires. C’est sa fréquentation régulière du cinéma local qui fit germer en lui l’idée d’une future carrière au sein des Walt Disney Animation Studios et il vit notamment tous les classiques animés Disney sur grand écran. L’animation est rapidement devenue son moyen favori de raconter des histoires et dès l’âge de 8 ans, il savait déjà qu’il voulait travailler pour Disney.
Nathan Greno consacra son temps à apprendre tout ce qu’il y avait à savoir sur l’animation. Il continua à créer ses propres personnages et à les animer grossièrement sur ses cahiers d’écolier. En 1989, un séjour à Walt Disney World avec sa famille lui permis d’avoir un premier aperçu du travail des animateurs. Il pu ainsi observer les artistes donner vie à leurs personnages, et il était plus déterminé que jamais à rejoindre les studios Disney. Il étudia par la suite au Columbus College of Art and Design à Columbus, dans l’Ohio. En 1996, son portfolio fut accepté par les Studios d’animation Disney en Floride. Il débuta sa carrière comme traceur sur Mulan. Toujours attiré par la narration, il s’orienta rapidement vers la création de storyboards. Fort de ce nouvel intérêt, il rejoint le département storyboard en 1998. Il fit partie des storyboardeurs du court métrage animé John Henry et du long métrage Frère des Ours. En 2003, il s'installe en Californie où il a notamment continué à travailler au sein du département storyboard. Il a ainsi été scénariste, storyboardeur mais également acteur voix sur Bienvenue chez les Robinson avant d’être nommé chef storyboardeur sur Volt, Star Malgré Lui. A ce poste, il supervisa l’histoire du film, dirigea l’équipe de storyboardeurs et supervisa leurs séquences tout en participant lui-même au storyboard. Il fit ses débuts de réalisateur avec le court métrage Super Rhino qui figurait comme bonus sur le DVD et le Blu-Ray de Volt, Star Malgré Lui. Il prêta également sa voix au renne Dasher dans le moyen métrage de Noël, Lutins d’élite - Mission Noël diffusé en 2009. Nathan Greno vit à Glendale, en Californie. Son film préféré est Dumbo.
 

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INTERVIEW :

Bonjour Nathan, et merci d'avoir accepté cette interview pour The Art of Disney Animation! Avez vous aimé votre voyage en France? Était-ce la première fois que vous veniez dans notre pays?

Nathan Greno : Oui, c'était la première fois, et c'est un pays vraiment magnifique. Je me sens bête de ne pas avoir visité votre pays avant! Ma petite amie a tenu à m'accompagner, nous entendons souvent dire que Paris est la ville de l'amour alors, elle a voulu vérifier ça!

Pouvez vous nous en dire plus sur votre carrière, vos études? Comment votre passion pour l'animation a-t-elle débuté, et comment avez vous atterri aux Walt Disney Animation Studios?

NG : Quand j'étais petit, je passais mon temps à créer des bandes dessinées, je tentais de créer mon propre monde, mes propres personnages. J'adorais aller au cinéma, et y voir les films Disney sur grand écran. Ils créaient les mondes et les personnages les plus fabuleux qui soient, les plus incroyables des histoires, et je ne souhaitais qu'une chose, c'était être dans ces studios et prendre part à tout ça. Et, je devais avoir 11 ans, j'ai commencé à dire à tout le monde autour de moi « Je travaillerais pour Disney! » J'ai passé la plus grande partie de ma vie a essayer d'y rentrer et, je suppose que les choses ont marché pour moi ! (rires)

Nathan, Raiponce est votre premier long-métrage en tant que réalisateur. Pouvez vous nous en dire plus à propos de cette première expérience?

NG : J'avais déjà réalisé un court-métrage pour le DVD/Blu-Ray de Volt, Star Malgré lui, centré sur le personnage de Rhino. C'était un peu comme tremper son orteil dans l'eau pour prendre la température, et avoir une idée de ce que représentait ce travail.
Et c'est fantastique. C'est un travail où l'on collabore avec des centaines de personnes. Peu importe dans quel département vous vous trouvez, que ce soit l'animation, ou l'histoire, ou tout autre département, vous grandissez en tant qu'artiste, car travailler tous ensemble est la meilleure façon au monde d'apprendre. Il y a un tel procédé d'échange! Donc, même en tant que réalisateur, je suis également devenu un meilleur animateur, un meilleur storyboarder, un meilleur scénariste!
Et nous menons cette grand équipe, avec Byron (ndlr : Byron Howard, le second coréalisateur de Raiponce), nous avons une cible, un but, nous savons où nous allons, mais en même temps, nous apprenons des choses tout au long de la réalisation. Byron et moi mettons totalement nos égo de côté et nous sommes très ouverts à toutes les bonnes idées!

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Byron Howard, Roy Conli, Mandy Moore et Nathan Greno - Byron Howard, Zachary Levi et Nathan Greno

Avec chaque nouveau projet viennent de nouveaux challenges. Quelle a été la chose la plus difficile à laquelle vous avez du faire face, sur Raiponce?

NG : En fait, la chose la plus dure fut l'emploi du temps qui était très chargé. D'habitude, nous avons quatre ou cinq ans pour faire un film de la sorte, mais ici nous nous sommes retrouvés avec seulement deux ans devant nous, car les studios avaient déjà bloqué une date de sortie. John Lasseter avait aimé ce que nous avions fait sur Volt, Star Malgré lui, et nous croyait capable de réaliser ce film en un laps de temps si court.
Toute l'équipe en a souffert, nous travaillons tout le temps, même les week-ends, nous faisions des heures supplémentaires, nous n'avons pas pris de vacances durant deux ans, mais à la fin du voyage, nous avions l'équivalent de quatre ans de travail produits en seulement deux ans. C'était extrêmement dur pour tout le monde, mais nous en sommes d'autant plus fiers!

Comment les choses se sont-elles passées lorsque Glen Keane a du abandonner le fauteuil du directeur suite à des problèmes personnels? Avez vous tout repris depuis le début, ou avez-vous continué le travail de Glen tout en apportant votre propre touche?

NG : Quand Byron et moi avons « récupéré » le film, nous avons tout recommencé. Le film était déjà en développement, mais l'idée d'adapter Raiponce trainait dans les studios depuis très longtemps, depuis que j'y travaille, et bien plus. Walt Disney lui-même avait évoqué cette possibilité.
Et c'était là depuis si longtemps que nous avons du regardé tout ce qui avait été fait au fil des ans. Nous avons pris ce qui nous semblait être les meilleures idées, nous avons vraiment pris le meilleur de chaque recherche qui avait été faite. Donc, nous avions un petit peu de ce qui s'était fait dans le passé, mais pour le plus gros nous sommes partis de zéro, nous avons dégagé le terrain.
Car il faut l'avouer, travailler sur un film demande tellement de passion, de dévouement, ça représente tellement d'heures de travail, que l'on ne peut se contenter de récupérer le travail que quelqu'un d'autre à commencé. Nous avions besoin d'y apporter notre propre vision!

Glen Keane a décidé de réaliser Raiponce en 3D. Pensez vous que le film aurait été différent en 2D?

NG : Définitivement différent! Bien que la 2D et la 3D ne soient que deux instruments pour raconter une histoire. Vous avez besoin d'utiliser le meilleur outil pour construire votre histoire, et dans ce cas, le meilleur outil était la 3D. Les mouvements de caméras que l'on peut se permettre en 3D étaient ce dont on avait besoin pour ce film. Certaines scènes sont superbes grâce à cette possibilité, comme la scène des lanternes, et c'était incroyable de pouvoir faire ça avec la 3D! Tout comme les scènes d'action, car on peut faire bouger la caméra comme une caméra de film live.
La chose géniale avec les studios Disney est que nous faisons à la fois des films en 2D et des films en 3D. Ils sont très fiers de leurs projets en 2D, certaines choses à propos de la 2D sont juste incroyables. On doit vraiment utiliser le média qui servira le mieux notre film.

Raiponce et le personnage le plus chevelu jamais animé. Comment avez vous réussi à créer cette impressionnante chevelure?

NG : Oh la, oui, les cheveux étaient incroyablement difficile à créer! Si vous observez bien les films en 3D, que ce soit les films de Pixar, de Dreamworks, de Sony, ou n'importe quel autre studio, vous vous apercevez que les plus longs cheveux qu'un personnage puisse avoir arrivent en dessous des épaules, ou alors qu'ils sont rassemblés en une queue de cheval, ou une tresse.
Ce que nous nous apprêtions à faire avec ce film est quelque chose qui n'avait jamais été fait auparavant. Des cheveux si longs! Même la façon dont Raiponce interagit avec ses cheveux est incroyable, car d'habitude, jamais vous ne verriez un personnage toucher ses propres cheveux, c'est effroyablement complexe.
Nous avons d'abord défini l'histoire, la façon dont elle pourrait fonctionner, ce que nous voulions voir. C'était notre première approche, avec Byron, et une fois cette étape réalisée, nous nous sommes demandé comment nous allions porter ça à la vie. On voulait vraiment faire en sorte que Raiponce fasse toutes ces choses avec ces cheveux, les utiliser comme arme, comme corde, pour grimper dans la charpente du toit, s'y cacher, et toutes ces choses dingues! Et également avoir les cheveux mouillés. C'est un autre problème, en général on ne voit jamais ça car c'est très compliqué.
Un peu plus tôt cette année, vers janvier, nous étions encore en train de nous demander si le film ne pourrait jamais être fait! Nous avions des « jours sans » (ndlt: en anglais, « bad-hair day », littéralement « jours de cheveux rebelles » ) où les cheveux étaient carrément hors de contrôle, et ne réagissaient pas comme nous le souhaitions! Nous étions très nerveux au début de l'année. Nous avons fini par trouver le moyen d'y arriver, mais ce fut une étape très éprouvante.

Le développement artistique de Raiponce est incroyable. Pourriez vous dire un mot sur l'équipe qui s'en est occupé?

NG : Byron et moi avons un véritable amour pour les classiques de Disney, et nous étions fiers de pouvoir réaliser le 50ème film des Studios. Nous voulions honorer ce qui avait été fait auparavant, la façon dont Walt Disney faisait ses films, comme Pinocchio, Peter Pan, Alice au Pays des Merveilles... Nous voulions vraiment capturer ce style, car c'est ce qui fait que les gens aiment tant les films Disney. Mais en même temps, nous avions envie de voir comment cela serait en 3D, nous avions besoin d'un nouveau départ, de faire quelque chose de jamais vu auparavant. Nous voulions combiner ce style classique avec des choses innovantes.
Au niveau de l'histoire, nous avons une princesse, mais elle aussi n'est pas comme toutes les autres princesses classiques. Elle est très forte, elle n'attend pas qu'on vienne à son secours, elle n'attend pas l'amour, mais elle a un rêve, et elle est prête à prendre la situation en main et faire de son mieux pour réaliser ce rêve.
Flynn aussi n'est pas le prince type, ne serait-ce que parce que nous l'avons changé en voleur! Et même le cheval blanc n'est pas la monture royale mais celui qui court après le voleur!

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Byron Howard, Mandy Moore et Nathan Greno - Nathan Greno, Alan Menken, Donna Muphy, Glenn Slater et Byron Howard

A Pixar, on donne a un animateur une séquence à animer, et pas seulement un personnage. Avez vous utilisé le même procédé sur Raiponce?

NG : Plus ou moins, car nous n'avons pas un animateur s'occupant d'un personnage précis, contrairement à un film en 2D. Nous choisissions simplement les animateurs qui seraient les meilleurs dans la scène que nous leur proposions.
Quand nous avions une scène émouvante, nous choisissions un animateur qui était doué pour gérer ces émotions, et pour les scènes drôles, les animateurs ayant le plus de facilités dans les situations humoristiques. Et c'était fantastique car chaque animateur apportait un peu plus au personnage, et le rendait encore plus vivant, plus réel.
Quand un animateur faisait un très bon travail, un bon acting sur une action (par exemple, Flynn marchant), nous lui demandions d'apporter sa patte sur d'autres actions. On avait besoin de son style pour rendre le personnage constant.

Quelles étaient vos influences pour le nouveau couple de Disney?

NG : Raiponce devait être un modèle pour les jeunes femmes et les petites filles. J'ai deux nièces, et quand j'allais leur rendre visite, elles jouaient tout le temps avec ces poupées d'héroïnes Disney. Mon frère m'a dit, lorsque que nous avons commencé le film « Peux-tu faire une héroïne proche de Mulan? C'est une fille tellement forte. Tu as besoin de créer un personnage fort car les fillettes s'identifient à ces héroïnes, tu sais qu'elles sont souvent influencées par les personnages de Disney. » J'ai aimé l'idée, nous avions besoin d'un bon modèle pour les enfants. Ce fut le même procédé avec Flynn, nous avions besoin d'un personnage qu'on l'on pouvait admirer comme on admire son grand frère.

Était-ce une volonté de votre part de revenir au style visuel plus traditionnel du studio? Avez vous été influencé par un artiste en particulier?

NG : Oui, nous avions l'impression que rien n'avait été fait depuis longtemps dans les style des années 40' 50 ', où les films étaient très différents les uns des autres tout en gardant la même essence.
Nous sommes donc allés à Fantasyland, à Disneyland, qui prend son inspiration de ces films. Et Fantasyland est tellement attrayant, cela vous renvoie immédiatement au charme de ces films. Tout le monde était enthousiaste de remonter le temps ainsi; nous observions ce qui avait été fait, comment ils avaient créé cette unité visuelle, et comment nous allions nous y prendre pour garder ce style.

Effectivement, quand elle arrive au royaume la première fois, elle a cette expression que nous avons pu avoir étant enfant en arrivant pour la première fois à Disneyland, c'était très drôle et touchant à la fois!

NG : C'est amusant, c'est quelque chose que nous avons tenté de mettre dans le film, effectivement! Raiponce n'est jamais sortie voir le monde auparavant. Quand vous allez pour la première fois dans un endroit – peu importe où dans le monde, mais prenons Disneyland comme nous en parlions - avec un enfant qui s'y rend pour la première fois, c'est comme si vous y alliez pour la première fois également, vous voyez le monde à travers ses yeux, et c'était une des choses que l'on voulait rendre avec ce film.
J'ai emmené ma petite amie à DisneyWorld il y a deux ans, elle n'avait jamais été là-bas, et elle était tout à fait comme Raiponce sur le pont, un grand sourire sur son visage, très excitée d'être là, et c'est génial que vous le mentionniez car c'est exactement ce que nous voulions traduire!

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Alan Menken, Roy Conli, Grace Potter, Nathan Greno et Byron Howard - Glenn Slater, Donna Murphy et Alan Menken

L'animation a été réalisée en très peu de temps, et pourtant, elle est remarquable. Avez vous reçu de l'aide de Pixar?

NG : Non, pas du tout! La seule chose que John Lasseter ait fait, est qu'il nous a aidé à construire une structure pour notre réalisation, ça nous a beaucoup aidé.
Nous observons bien sûr les films de Pixar car ils font de vrais bons films, et c'est ce que tout artiste fait, vous regardez autour de vous pour des influences.
Mais nous ne devons Raiponce qu'à l'équipe de Disney, les artistes étaient si passionnés, dévoués! Je pense que ce qui a fait toute la différence, ce qui a donné le ton du film, c'est que nous avions Glen Keane. Il a créé des personnages aussi fort que Ariel, Aladdin, la Bête... Il a vraiment été notre mentor quant à la création des personnages.
Nous avions un groupe de jeune animateurs dévoués, et Glen leur a montré comment extraire le meilleur de la 2D, à choisir ce que la 2D pouvait apporter à la 3D. Nous avons des amis dans d'autres studios d'animation, et, en voyant notre travail, ils nous demandaient: « Mais comment avez-vous fait ceci? C'est tellement différent et vivant! » . Nos animateurs ont vraiment mis la barre très haut!

Vous devez encore avoir l'esprit Raiponce, avec toute la promotion qui entoure le film et qui continue, mais avez vous déjà d'autres projets en tête?

NG : Tout à fait, Byron et moi allons à nouveau travailler ensemble comme nous l'avons fait sur Raiponce. Nous n'aurions pas pu être plus heureux du résultat, et nous voulons vraiment faire un autre film ensemble! Nous avons soumis plusieurs idées à John Lasseter. Il en a choisi une, et donc, nous avons commencé à la développer. Mais nous n'en sommes qu'aux balbutiements et je ne peux malheureusement pas en dire plus, excepté que ce sera dans la veine de Raiponce, avec de grandes scènes d'actions, mais aussi beaucoup d'émotion, de cœur, et d'humour. C'est à la fois différent – vous le verrez d'ici quelques années quand le film sortira – mais très similaire dans le « cœur » du projet. Nous voulons continuer à travailler dans cette direction.

Pouvez vous nous en dire plus à propos de Reboot Ralph, le prochain long métrage des Walt Disney Animation Studios prévu pour 2013? Avez vous des détails sur les réalisateurs?

NG : Je ne suis pas la meilleure personne pour en parler, à vrai dire, je n'en sais pas grand chose. J'ai eu l'occasion de voir quelques morceaux, ça va être un très bon film, mais il traverse beaucoup de changements, tout comme l'a fait Raiponce. Mais je pense que ça sera extrêmement drôle.

Tous les fans français Disney vous remercient pour votre gentillesse et votre disponibilité, et nous espérons vous rencontrer bientôt à nouveau!

NG : Merci à vous de votre soutien!


Interview et traduction réalisées par Crystal. Encore un grand merci à elle pour son aide précieuse!

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18 février 2009

Interview de Lella Smith

 

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Walt_Disney_Animation_Studios_The_Archive_Series___Story_02Depuis l'arrivée de John Lasseter et d'Ed Catmull à la direction des studios d'animation Disney en avril 2006, beaucoup de choses on changé. Parmis ces changements il y eu la décision de mettre plus en valeur le patrimoine des studios. Pour ce faire John Lasseter a pris l'initiative de créer une nouvelle collection de livres officiels avec pour chacun un thème particulier. Le premier à sortir (en décembre 2008) est centré sur l'art du storyboard. Il sera suivi par d'autres volumes centrés sur l'animation, les décors, etc. À cette occasion retrouvez ci-dessous une interview de Lella Smith, responsable des archives des studios d'animation Disney, réalisée par Didier Ghez, le webmaster de Disney History, un excellent blog sur l'histoire de l'animation Disney.

Didier Ghez : Comment en êtes-vous venu à participer à ce projet?

Lella Smith : L'ARL (Animation Research Library) offre souvent des images pour divers livres de la Walt Disney Company, les Art-of et autres livres à thèmes. (La bibliothèque est dépositaire de quelque 60 millions de pièces, toute de véritables œuvres d'art de l'animation Disney) Cela fait un certain temps que nous voulions faire un livre sur les collections de l'ARL, nous en avons maintenant l'occasion. Nous sommes heureux que John Lasseter et Disney Publishing nous donnent enfin cette possibilité.

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      Steamboat Willie (1928)                                    Blanche Neige et les Sept Nains (1937)

DG : Quelles ont été vos critères pour choisir les différentes œuvres du livre?

LS : Nous voulions des images destinées à inspirer les artistes et à intriguer les novices.  Ce fut un vrai défi de réduire la quantité d'œuvres, pour correspondre à la taille du livre (environ 275 pages). Nous avons dû faire des choix difficiles mais nous sommes fiers de la sélection finale.


DG : Quels ont été les plus surprenantes découvertes que vous avez fait en choisissant les œuvres publiées?

LS : Fox Carney, notre chercheur principal, répondra à cette question  : "Nous avons découvert de nombreux styles de dessins, chacun reflettant l'époque à laquelle il a été réalisé. Nous avons étudié le rendu détaillé des crayonnés de la première ère de l'animation, dans les années 1920 et 1930. Nous avons une nouvelle fois été émerveillé par le style dépouillé de Bill Peet, typiques des années 1940 et 1950. Chaque période artistique semble être exposé à travers les décennies, ces recherches nous ont vraiment permis d'étudier toute l'histoire de l'animation Disney.

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Recherches de Kay Nielsen pour la première version de La Petite Sirène (années 40)

Nous avons appris que certains animateurs ont prêté leur talent créatif non seulement pour l'animation, mais étaient également très investi dans la construction du récit. Les storyboards de Marc Davis par exemple montrent vraiment la joie de vivre de Bambi quand il était enfant. Ceux de Glen Keane sont puissants, il expérimente des techniques mixtes, ses fusains montrent bien la férocité de l'ours dans la scène finale de Rox et Rouky. Nous avons appris, par le biais de recherches sur la façon dont ces dessins sont réalisés que chaque storyboard est un travail essentiel, pas seulement pour la structure de l'histoire, mais aussi pour la transmission des émotions, le style ou l'essence du film dans sa totalité. "

DG : Pour de véritables connaisseurs de Disney, quelles seront les temps forts de l'ouvrage?

LS : Nous avons cherché dans nos archives pendant de longues heures, questionner les artistes des studios. Nous avons aussi rencontré John Lasseter qui nous a parlé des ses œuvres favorites. Il est vraiment intéressant de voir que les même travaux ont été mentionnés  un bon nombre de fois.
Les dessins de la scène des éléphants roses dans Dumbo sont fantastiques. Beaucoup de ces pastels monochromes ont été réalisés assez rapidement sur du papier de construction, mais ils sont dynamiques et ils évoquent magnifiquement l'ambiance du film. Susie the Little Blue Coupé est un autre favori des artistes en raison de la période à laquelle il a été réalisé, de son style et de son humour
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Cendrillon (1950)                                                     Roxk et Rouky (1980)

DG : Le titre du livre suggère fortement qu'il est le premier d'une série. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur l'avenir de cette série?

LS : Quand John Lasseter est devenu le Chief Creative Officer des studios Disney et Pixar, il a pensé à l'idée de créer une série de livres regroupant les ouevres des studios par catégorie : histoire, animation, conception de base et layouts. Nous voulons également produire des petits livres supplémentaires qui mettent l'accent sur des artistes, des séquences, etc. Notre premier livre mettra en lumière les œuvres de l'artiste Bill Peet.

 

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