22 mars 2013
Critique Alice au Pays des Merveilles
17 ans après L'Étrange Noël de Monsieur Jack, Tim Burton fait son grand retour chez Disney avec sa version live d'Alice au Pays des Merveilles. Mais ne vous attendez pas à voir une simple conversion du film d'animation des Walt Disney Animation Studios de 1951, il s'agit bien d'une toute nouvelle histoire. Tim Burton nous livre en réalité une suite aux deux romans originaux, qui voit Alice retourner au Pays des Merveilles une dizaines d'années après son dernier voyage, le tout dans le plus pure style du réalisateur. Malheureusement le résultat n'est pas à la hauteur de mes espérances...
Mia Wasikowska est quoiqu'on en dise une excellente Alice, rêveuse, douce et un peu marginale. Elle a fait du bon boulot, malheureusement gâché par des dialogues insipides. La fin du film par exemple (attention spoilers) est d'un ridicule sans nom. Elle sort du terrier et dit ses quatre vérités à tout le monde, ce n'était vraiment pas utile. Elle aurait très bien put juste dire non au lord et s'en aller. Et tout le film est comme ça, plein de longueurs et de dialogues sans grand intérêt. Seule Helena Bonham Carter et Paul Whitehouse (le lièvre de Mars) sortent du lot. Johnny Depp ne m'a pas du tout convaincu en Chapelier soit disant fou alors qu'il ne l'est pas vraiment. Certes il est excentrique mais je n'ai pas retrouvé le grain de folie nécessaire au personnage. Le Chat du Sheshire est quant lui très réussi même s'il ressemble un peu trop au chat bus de Mon Voisin Totoro !
C'est visuellement que le film tire son épingle du jeu. On retrouve la patte du réalisateur avec un pays des merveilles d'une extrême richesse. Les images de synthèses sont de grande qualité, les fonds verts se faisant très discrets, hormis sur quelques plans (lorsque Alice chevauche le jaberwookie). Les décors sont variés et surprenants. Alors que la version de Disney de 1951 se contentait de faire du pays des merveilles une sorte de grand jardin, on retrouve ici toute sorte de paysages plus ou moins féeriques. Mon préféré reste la forêt qu'Alice parcours lors de son arrivée, très colorée, fantaisiste et exotique. Le château de la Reine Rouge est également somptueux. Le seul reproche que je pourrais faire c'est que le tout semble parfois un peu trop synthétique, manquant cruellement de consistance. Il aurait été judicieux de construire une partie des décors en dur, et le reste en numérique. En dehors de cela c'est très réussi.
La 3-D est exploitée de manière correcte, mais sans plus. Il est vrai qu'après avoir découvert le fabuleux travail de James Cameron sur Avatar, les autres films en 3-D semblent bien moins réussis! Seules certains plans du film vous rappel que vous regardez un film en relief. Mais dans l'ensemble je trouve que cette technique n'a pas été assez exploitée. La végétation du pays des merveilles semble ainsi bien moins réelle que la jungle de Pandora où l'on sentait une véritable profondeur. Enfin, je pense que cette technique n'en est encore qu'à ses débuts et que l'on doit encore laisser du temps aux studios pour la maîtriser complètement.
Les musiques de Danny Elfmann ne sont par contre pas des plus mémorables. Seul le thème d'Alice m'a vraiment envoûté, mais il est tellement répété dans le film que cela en devient lassant. Tout comme le scénario je trouve qu'il manque à la musique un petit grain de folie.
Bref Alice au Pays des Merveilles m'a déçu, je m'attendais à un film culte mais je me suis retrouvé devant un simple divertissement (plutôt bon je l'avoue) qui ne marquera ni les esprits, ni la carrière de son réalisateur.
Alice au Pays des Merveilles est sorti au cinema le 24 mars 2010, en 3-D dans les salles équipées.
24 avril 2011
Alice au Pays des Merveilles
Alice in Wonderland (Alice au Pays des Merveilles) est le 13ème long métrage des Walt Disney Animation Studios. Il s'agit sans aucun doute du film le plus déjanté et le plus déroutant de toute la filmographie du studio. Adapté du célèbre livre de Lewis Carroll, que Walt Disney adorait, Alice au Pays des Merveilles fut particulièrement difficile à adapter en film d'animation, tant le récit du livre était décousu et ses personnages complètement loufoques. En effet, comment réussir à faire rêver petits et grands avec une histoire sans queue ni tête? Le succès de Cendrillon aidant, les artistes du studio prirent le risque de surprendre...
De gauche à droite : Lewis Carroll - Alice Liddell qui inspira le personnage d'Alice - Illustration de John Tenniel
Alice au Pays des Merveilles est inspiré de deux romans de Lewis Carroll, Les Aventures d'Alice au Pays des Merveilles et De l'Autre Côté du Mirroir. Lewis Carroll, de son vrai nom Charles Lutwidge Dogson est né la 27 janvier 1832 à Daresbury dans la région anglaise du Cheshire. Après une enfance idylique dans un milieu aisé, le jeune Dogson étudie à Christ Church Collège d'Oxford, qu'il ne quittera plus en y devenant professeur de Mathématique. C'est là bas qu'il rencontrera la famille Liddell dont le père était le doyen de l'école. Dogson tombe alors littéralement sous le charme des trois filles du doyen, et en particulier de la jeune Alice. Le 4 juillet 1862, profitant d'un voyage dans un bateau à rames sur la Tamise (entre Oxford et Godstow), la petite Alice Liddell alors âgée de dix ans demande à Charles Dodgson de la distraire en lui racontant une histoire. Pendant que le révérend Robinson Duckworth se charge de ramer, Charles Dodgson s'exécute en racontant à l'enfant et ses deux sœurs également embarquées, Edith (huit ans) et Lorina (treize ans), l'histoire fantastique d'une petite fille justement appelée Alice après qu'elle fut tombée dans le terrier d'un lapin. Quand il eut fini, Alice Liddell lui demande s'il est possible qu'il couche l'histoire sur le papier, insistant encore et encore, ce qu'il fait finalement. Les Aventures d'Alice au Pays des Merveilles est ainsi édité pour la première fois trois ans plus tard, le 4 juillet 1865. Dogson avait accompagné son manuscrit de 37 illustrations personnelles, mais ne se trouvant pas extrêmement bon dans ce domaine, il demanda finalement à John Tenniel d'illustrer son récit. Le dessinateur était alors réputé pour sa participation à la revue satirique Punch. Le succès du livre ne se fit pas attendre, Dogson se décida alors à en écrire une suite. C'est ainsi qu'en 1871 sorti De l'Autre Côté du Miroir. Le destin du jeune professeur de mathématiques en fut changé à jamais, il devint ainsi un des plus grands romanciers pour enfant de toute l'histoire de la littérature.
De g. à d. : W.D. étudiant les storyboards - Mary Blair et Ken Anderson - Winston Hibler, Ted Sears, W.D. et Ed Penner
Le roman de Lewis Carroll tenait une place particulière dans le coeur de Walt Disney. Il découvre les aventures d'Alice dans son enfance, en lisant le roman, comme bon nombre d'enfants du début du XXème siècle. Dès 1923, il s'en était inspiré pour sa série Alice Comedies, dont le premier cartoon s'appelait justement Alice in Wonderland. L'idée de réaliser un long métrage d'animation s'inspirant des livres de Lewis Carroll date du début des années 30, avant même de s'intéresser à Blanche Neige et les Sept Nains. En 1931, Walt disney acheta les droits des illustrations de John Tenniel, qui étaient toujours protégés par les droits d'auteur. Il put ainsi commencer à étudier la manière d'adapter le livre en animation. Mais en 1933, Paramount Pictures annonça qu'ils s'apprêtaient à créer une adaptation d'Alice en film, avec une brochette de stars. Walt Disney préféra alors mettre de côté son projet. Néanmoins, l'idée était toujours présente, et en 1936 sorti le court métrage De l'Autre Côté du Mirroir avec Mickey Mouse en vedette. Ce dernier s'endort en lisant Alice au Pays des Merveilles et passe à travers le miroir de son salon pour découvrir un monde où les objets s'animent. Ce cartoon était évidemment un bel hommage à l'oeuvre de Lewis Carroll.
Walt Disney hésita pendant plusieurs années sur le type de film adapté à l'histoire d'Alice. Il fut un temps prévu de le réaliser en combinant prises de vue réelles et animation, comme ce fut le cas pour Mélodie du Sud. Ils avaient d'ailleurs trouvé une actrice qui aurait été parfaite dans le rôle d'Alice en la personne de Luana Patten. Ce n'est qu'après différents tests qu'ils se sont rendu compte que le meilleur moyen de rendre hommage au récit de Carroll était de réaliser le film en animation.
De g. à d. : Ward Kimball et W.D. - John Hench, Claude Coats et Walt Disney - Walt Disney et l'équipe des décors
Le titre du film est déposé en 1938, et deux personnes sont alors choisies pour travailler sur les esquisses du projet : le scénariste Al Perkins et l'illustrateur David Hall. Ce dernier créa des centaines de dessins, reproduisant tout les aspects de l'histoire, tandis que son partenaire s'afférait à donner une continuité au récit qui n'était fait que d'une suite d'épisodes indépendants. Les dessins de David Hall furent filmés et accompagnés de voix d'acteurs, dont Cliff Edwards (la voix originale de Jiminy Cricket), avant d'être présentés à Walt Disney. Malheureusement le maître n'était pas emballé. Le style graphique de David Hall était trop complexe pour être utilisé en animation. De plus, l'histoire était trop sombre pour concorder avec la vision de Walt. Le projet fut alors à nouveau mis de côté...
Malgré deux tentatives avortés, Wat Disney garda encore en tête le livre de Carroll. Il admirait trop le travail de l'auteur pour laisser tomber aussi facilement! Le projet fut finalement remis sur les rails vers 1947. Le défi principal pour les artistes des studios Disney restait de réussir à adapter l'absurde verbal des romans au médium de l'animation. Pour le style graphique du film, Walt Disney confia la tâche à ses meilleurs artistes dont la talentueuse Mary Blair. Son style épuré et coloré n'a jamais été aussi présent dans un long métrage d'animation que dans Alice au Pays des Merveilles. Elle réalisa ainsi des centaines d'études préliminaires à mille lieux du style de David Hall, dont l'équipe de décorateurs s'inspira fidèlement.
Du côté de l'animation, le style des personnages est en grande partie le fruit du travail de Ward Kimball. Son humour décalé et son talent inimitable pour animer les personnages comique lui valut de diriger quelques séquences du film, en plus d'être l'animateur principal de Tweedle Dee, Tweedle Dum, le Charpentier, Mr Morse et du Chapelier Fou. Alice fut quant à elle principalement confié à Milt Kahl, mais aussi à Les Clark et Marc Davis. John Lousnbery s'occupa du Chat du Cheshire, tandis qu'Eric Larson anima la Chenille. Enfin, Frank Thomas s'occupa de la Reine de Coeur et Ollie Johnston du Roi de Coeur.
De gauche à droite : Walt Disney observant un layout - Ted Sears et Kathryn Beaumont, la voix orignale d'Alice
Comme pour Cendrillon, Alice au Pays des Merveilles fut entièrement tourné en prise de vue réelle afin d'aider les animateurs. La jeune comédienne, Kathryn Beaumont, qui prêta sa voix à Alice se souvient du tournage épique : "Le tournage fut mémorable! Il n'y avait aucun décor sur le plateau sauf quelques structures et des dispositifs nécessaires à certaines scènes. J'en veux pour exemple cette bouteille géante en plastique montée sur une plate-forme roulante prévue pour la séquence ou Alice rencontre le Dodo. Alors que je marchais en vacillant d'avant en arrière pour tenter de m'échapper, les animateurs pouvaient saisir mes mouvements de manière plus réaliste."
A l'occasion de la sortie du film, une émission spéciale fut réalisée pour la télévision et diffusée à Noël 1950. Ce fut le premier programme Disney diffusé sur le petit écran, qui sera par la suite suivi de nombreux autres, grâce notamment à l'émission culte du Mickey Mouse Club.
En avril 1951, Walt Disney écrivait à son producteur anglais Perce Pearce une lettre plutôt enthousiaste sur le résultat final : "Tout semble s'arranger ici. Le film Alice est sur le point d'être bouclé et je pense que nous avons tiré le meilleur, compte tenu de la complexité du sujet. Je crois qu'il s'agira d'une performance très amusante. De nature quelque peu emphatique, le film garde pourtant une bonne dose de fantaisie et devrait satisfaire tout le monde, à l'exception, bien entendu, des éternels mécontents."
Malgré l'enthousiasme de Walt Disney, une excellente animation et de nombreuses chansons réussies, le film fut un échec à sa sortie sur les écrans américains le 28 juillet 1951. Les studios Disney ont pris des risques en adaptant cette histoire très complexe, on ne peut pas gagner à tout les coups... Néanmoins, Alice au Pays des Merveilles gagna en popularité au fil des années, notamment grâce à sa ressortie au cinéma en 1974, en pleine période psychédélique (voir l'affiche ci-dessus), et ses différentes ressorties vidéo. Le film est aujourd'hui considéré comme un des plus réussis du vivant de Walt Disney et reste à jamais gravé dans les mémoires de millions d'enfants.
Recherches de Mary Blair :
Recherches de David Hall :
25 juillet 2010
Alice au Pays des Merveilles
Alice in Wonderland (Alice au Pays des Merveilles), 262ème film live des studios Disney est une adaptation/réécriture des célèbres romans de Lewis Caroll, Les Aventures d'Alice au Pays des Merveilles et De l'Autre côté du Mirroir. Publié pour la première fois en 1865, Les Aventures d'Alice au Pays des Merveilles fit tout de suite sensation. Les deux mille premiers exemplaires du livre, illustré par John Tenniel se vendirent presque instantanément. Ironique, bizarre, absurde, Les Aventures d'Alice au Pays des Merveilles était loin d'être un simple livre pour enfant. Il offrait non seulement le premier voyage fictionnel dans un monde fantastique, mais aussi une histoire racontée du point de vue d'un enfant. L'Alice du livre était libre de remettre en question le monde, et en particulier les figures d'adultes grotesques, souvent inefficaces qu'elle rencontrait au pays des merveilles. La littérature pour enfant en sera à tout jamais métamorphosée.
Illustrations originales de John Tenniel (1865)
Ce n'est pas la première fois que les studios Disney s'intéressent aux aventures d'Alice, loin de là! En effet il s'agit même d'un des premiers personnages de la firme. En 1923, alors que les cartoons Laugh-O-Gram n'ont presque rien rapporté à Walt Disney, ce dernier misa le peu d'argent qu'il lui restait dans la réalisation d'Alice's Wonderland, le tout premier cartoon d'une longue série mélangeant animation et prises de vue réelle. Dénommée Alice Comedies, cette série comportant 56 cartoons eut son petit succès dans les années 20. En 1936, c'est au tour de Mickey Mouse de se voir projeté de l'autre côté du mirroir dans Thru the Mirror, cartoon librement inspiré du second livre des aventures d'Alice. Mais l'adaptation la plus célèbre des studios reste sans conteste le long métrage d'animation de 1951. Tout d'abord prévu en prise de vue réelle avec des éléments d'animation (dans le style de Mélodie du Sud, sorti quelques années plus tôt), Walt Disney envisageait alors de choisir Ginger Rogers pour interpréter Alice. Finalement le film fut entièrement réalisé en animation. Alice au Pays des Merveilles fut d'ailleurs un flop à l'époque de sa sortie, alors qu'il est aujourd'hui considéré comme un des grands chef-d'œuvre de l'animation.
C'est en 2006 que l'idée de réaliser un film live des aventures d'Alice fait son apparition à Hollywood. On la doit à Linda Woolverton qui s'affaire alors à écrire le scénario du projet. Ce n'était pas la première fois qu'une adaptation des romans de Lewis Caroll était en préparation, mais le scénario de Linda Wollverton se détachait grandement des précédents. Au lieu de simplement reprendre le récit des deux livres, elle proposa une histoire originale, sorte de suite aux ouvrages de Lewi Caroll, mais dont les personnages, les thèmes et les situations étaient très inspirés des œuvres originales, ainsi que du poème du Jabberwocky. Les studios Disney ont été les premiers contacté pour s'occuper du projet, chose qu'ils acceptèrent presque immédiatement après avoir lu le script! Le projet fut alors confié à Tim Burton qui réalisait ainsi son troisième long métrage pour le studios Disney (après L'Étrange Noël de Monsieur Jack et Ed Wood, tous les deux sortis sous le label Touchstone). Le réalisateur était tout destiné à réaliser Alice au Pays des Merveilles. Il s'est toujours intéressé aux personnages de parias, à ceux qui ne sont pas à leur place dans leur monde, ou croient ne pas l'être. Les créatures de Lewis Caroll étaient donc du pain béni pour lui. De plus son style graphique très personnel s'alliaient à merveilles avec le pays des merveilles. Mais la réalisation d'Alice au Pays des Merveilles était également à mille lieux de ce que Tim Burton avait l'habitude de faire. En effet, c'était la première fois qu'il tournait autant de scènes sur fond vert (90% du film) réalisées ici aux studios Culver City de Los Angeles. Mais grâce à son esprit très imaginatif et son talent, le réalisateur réussit à merveille à s'adapter à cette technique très déroutante au premier abord.
Le premier gros challenge de la production était de trouver une actrice digne d'interpréter Alice. C'est à Londres que débute la quête de l'Alice parfaite. Susie Figgis, chargée du casting du film passe en revue une foule de jeunes actrices britanniques, avant d'étendre ses recherches de l'autre côté de l'Atlantique et même au delà. Quoi qu'il en soit, Tim Burton tenait à choisir une inconnue pour le rôle. Le nombre de filles de tous âges qui se sont présenté était impressionnant, certaines bien trop âgées et d'autres beaucoup trop jeunes. La quasi totalité des stars féminines du moment s'y sont présenté, chacune voulant tenter sa chance, mais sans succès. C'est finalement Mia Wasikowska, une jeune australienne de 19 ans qui remporta le rôle. Née en 1989 à Camberra, Mia suit d'abord une formation de ballerine avant de se tourner vers la profession d'actrice à l'âge de quinze ans. Elle décroche rapidement un rôle récurrent dans le feuilleton télévisé australien All Saints. Elle remporte le prix de la meilleure jeune actrice de l'Institut du film australien pour son premier rôle au cinéma dans Suburban Mayhem (Le Feu sous la Peau). Elle est ensuite acclamée pour son interprétation de la gymnaste dérangée, Sophie, dans la série HBO In Treatment avant de décrocher le rôle tant convoité d'Alice en 2008.
Le reste du casting principal est quant à lui purement Burtonien. Johnny Depp revient une nouvelle fois derrière la caméra du réalisateur après déjà six films réalisé ensemble. Linda Woolverton avait déjà à l'esprit Johnny Depp lorsqu'elle (re)créa le chapelier, bien avant que Tim Burton ne choisît le projet et n'amenât l'acteur avec lui. Le personnage a alors été quelque peu retravaillé, de manière à coller spécifiquement à l'acteur. Johnny Depp s'impliqua comme à son habitude grandement dans ce rôle jusqu'à dessiner lui même son costume! Chose amusante, au même moment à l'autre bout du monde, Tim Burton réalisa lui aussi une esquisse du personnage qui se révéla extrêmement proche de celle de l'acteur, preuve du lien unique qu'il existe entre les deux artistes.
Helena Bonham Carter est quant a elle choisie pour interpréter la Reine Rouge. Helena rencontre pour la première fois Tim Burton sur le tournage de La Planète de Singes. Devenue sa compagne, elle le suit alors sur tout ses tournages, glanant au passage un rôle plus ou moins important. Elle se dit pourtant étonné d'avoir été choisi pour interpréter la Reine Rouge!
L'autre gros challenge du film était la création d'un pays des merveilles à la hauteur des attentes du public. Parmi les nombreuses adaptations d'Alice à l'écran, très peu ont réussi à représenter un pays des merveilles digne de ce nom. Mais qui mieux que Tim Burton pour relever le défi? Son sens unique du design, son style audacieux et ses effets visuels époustouflants font de lui l'un des plus remarquables pionniers du cinéma contemporain, capable de projeter des univers entiers. Tout le monde a sa propre idée du pays des merveilles, pour la plupart des gens, c'est un monde de dessins animés, un monde de couleurs éclatantes. Mais cette vision ne cadrait pas avec la nouvelle version de l'histoire. Tim Burton conçut ainsi avec son équipe d'artiste un pays des merveilles plus sombre et adulte, mais loin d'être terrifiant (Disney oblige). Il voulait qu'il soit à la fois classique et nouveau. Pour lancer le processus de conception, il est retourné aux sources avec le chef décorateur Rob Stromberg. Ils ont réuni les créations de tous les artistes qui avaient illustré Alice au Pays des Merveilles au fil des décennies pour en décorer les murs du bureau de Tim Burton, histoire de se mettre dans le bain. Les illustrations de la première édition du livre sont devenus l'un des modèles favoris, c'était le seul moyen dont disposait l'équipe artistique de se rapprocher au plus près de ce que Lewis Caroll avait approuvé ou pensait approprié à l'époque.
Chaque fois qu'il se lance dans un nouveau projet, Tim Burton commence par peindre quelques aquarelles de certains personnages de l'histoire. Pour sa version d'Alice au Pays des Merveilles, il a choisi de se focaliser sur la Reine Rouge, le Valet de Coeur, les Tweedles et le Chapelier Fou. Un groupe d'illustrateurs pris ensuite le relais, chapeauté par Michael Kutsche, un illustrateur berlinois issu du monde de la publicité et du jeu vidéo. C'est après avoir découvert ses productions sur internet que Tim Burton a choisi de l'engager, lui offrant par la même occasion sa première expérience cinématographique.
Avant-première mondiale du film à Londres le 25 février 2010
Alice au Pays des Merveilles est sorti le 5 mars 2010 aux Etats-Unis. Le film était très attendu, et malgré quelques problèmes de scénario, très réussi dans l'ensemble. Le public ne s'y trompa guère et fut extrêmement nombreux à se déplacer dans les salles obscures, et ce dans le monde entier. Le film rapporta ainsi plus d'un milliard de dollars au box office mondial, devenant le cinquième plus gros succès cinématographique de tous les temps, dépassant par la même occasion le score titanesque de The Dark Night!
Recherches de Michael Kutsche :
Recherches de Tim Burton :
Autres recherches graphiques :
07 avril 2010
Alice au Pays des Merveilles s'expose chez Arludik
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Le 24 mars 2010 sortait au cinéma le film de Tim Burton, Alice aux Pays des Merveilles. Inspiré du célèbre conte de Charles Lutwidge Dodgson alias Lewis Carroll, le film connu un énorme succès. Ceci grâce à la présence d’acteurs doués comme Mia Wasikowska (Alice), Helena Bonham Carter (La Reine Rouge), Johnny Depp (Le Chapelier fou), Anne Hathaway (La Reine blanche) et Crispin Glover (Ilosovic Stayne, le Valet). Mais c’est aussi grâce aux fabuleux décors et personnages créés par des artistes talentueux. Une galerie parisienne vous propose de découvrir les dessins originaux des artistes sélectionnés par Tim Burton pour donner vie à son Pays des Merveilles.
La Galerie Arludik située rue Saint Louis en l’Île, à Paris, se consacre aux artistes qui créent les chefs-d’œuvre de la bande dessinée, du cinéma d’animation, du jeu vidéo, des mangas, etc. Elle se déclare d’un nouveau courant artistique contemporain : l’art ludique ! Jusqu’au 17 avril, ce lieu vous propose de découvrir une soixantaine de dessins, de peintures numériques, d’aquarelles réalisées en grande partie par Kei Acedera, Bobby Chiu mais aussi par Michael Kutsche, Claire Wendling, Barbara Canepa et Alessandro Barbucci. Ces œuvres ont été utilisées pour créer les personnages et les univers d’Alice aux Pays des Merveilles mais aussi simplement pour rendre hommage au conte de Lewis Carroll. La plus grande partie des œuvres proposées sont celles de Kei Acedera et Bobby Chiu, characters designers sur le film de Tim Burton. Ces deux artistes appartiennent à un collectif d’artistes indépendants Imaginism Studios spécialisé dans la publicité, la télévision et la pré-production cinématographique. Kei Acedera est illustratrice et directrice artistique au sein du studio. Spécialisée dans les livres pour enfants, elle propose un univers doux, charmant, magique et tendre avec des personnages mignons et attachants. Kei est née aux Philippines et est arrivée à Toronto, (Canada) à l’âge de 12 ans. Elle commence sa carrière d’artiste dès 16 ans où elle peint des fresques murales pour des particuliers et des casinos. C’est grâce à Chuck Gammage, célèbre animateur canadien, qu’elle découvre le cinéma d’animation. Elle étudie au Sheridan College for Animation (Oakville, Ontario) où elle rencontre Bobby Chiu. C’est lui qui lui proposera de rejoindre l’Imaginism Studios. Kei et Bobby se complètent parfaitement, travaillent ensemble sur plusieurs projets et gagnent de nombreuses récompenses. Bobby, illustrateur pour la télévision et le cinéma, offre un monde où se mêlent humour, féérie et étrangeté. Ses personnages et univers sont moins « doux » que ceux de Kei et se rapprochent plus de l’originalité de Tim Burton. Tous deux possèdent une technique irréprochable et un talent immense.
Michael Kutsche, est un illustrateur et character designer américain qui vit à Los Angeles. Michael créait des univers plus sombres, plus adultes, ce qui a sûrement plu à Tim Burton dans le choix de l’artiste. C’est Michael qui a réalisé les versions finales des personnages à partir des nombreux concept arts faits par les characters designers travaillant sur le film comme Kei et Bobby.
Claire Wendling, est une artiste française née en 1967. Elle réalise une série de bandes dessinées Les Lumières de l’Amalou, illustre des livres et des jeux vidéo. Les dessins de Claire sont très fournis, détaillés et fantastiques, un travail minutieux et talentueux !
Barbara Canepa, est une dessinatrice française. Elle offre une version très originale d’Alice, nébuleuse, entourée d’éléments marins et très manga. Ses dessins sont habituellement plus noirs, sombres et oniriques comme les aime Tim Burton. Barabara Canepa est surtout connue pour ses séries Sky Doll et Witch créées avec l’artiste Alessandro Barbucci, son mari.
La galerie Arludik propose donc les dessins merveilleux et magiques de tous ces artistes. Les deux petites salles claires et accueillantes mettent en valeur les œuvres qui rendent hommage au monde étrange et fantastique de Lewis Caroll, tout ceci dans une atmosphère calme et enveloppante de boudoir. Pour ceux qui ont la chance de vivre sur Paris ou ceux qui prévoiraient une escapade dans la capitale, ne ratez surtout pas cette petite exposition qui se tient jusqu’au 17 avril !
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Quelques liens intéressants pour en apprendre encore plus :
Interview de Kei Acedera et Bobby Chiu sur Alice aux Pays des Merveilles :
http://www.allocine.fr/personne/fichepersonne-425298/interviews/?cmedia=18996030
http://www.excessif.com/cinema/actu-cinema/news-dossier/alice-au-pays-des-merveilles-interview-bobby-chiu-et-kei-acedera-5767141-760.html
Interview et portfolio de Kei Acedera :
http://kei-acedera-interview.blogspot.com
Galerie de Bobby Chiu:
http://digital-bobert.cgsociety.org/gallery
Blog et portfolio de Michael Kutsche :
http://michaelkutsche.blogspot.com
http://michaelkutsche.cgsociety.org/gallery
Blog dédié à Claire Wendling :
http://www.claire-wendling.net
Blog de Barbara Canepa :
http://canepabarbara.blogspot.com
Blog d’Alessandro Barbucci :
http://alessandrobarbucci.blogspot.com
Blog de Benjamin Lacombe :
http://benjaminlacombe.hautetfort.com
Galerie Arludik, Paris
http://www.arludik.com
Imaginism Studios :
http://www.imaginismstudios.com
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Dessins de Bobby Chiu :
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Dessins de kei Acedera :
Article rédigé par Camille
22 juillet 2009
David Hall
David Samuel Hall est né en Irlande en 1905. Sa famille émigre et s'installe à Los Angeles quelques années plus tard. Après des études artistiques, il débute comme dessinateur sur le film The Kings of Kings, réalisé par Cecil B. DeMille en 1927. Il contribue ensuite à la création artistique de nombreux films comme Hot for Paris de Raoul Walsh (1929), The Iron Mask d'Allan Dwan (1929), The Dancers de Chandler Sprague (1930), Woman of All Nations de Raoul Walsh (1931), Wee Willie Winkie de John Ford (1937), pour lequel il reçoit une nomination aux oscars dans la catégorie meilleur direction artistique, et Three Musketeers d'Allan Dwan (1939).
David Hall entre aux studios Disney le 1er mars 1939 comme concepteur graphique. Il crée en moins d'un an plusieurs centaines de dessins et d'aquarelles pour les projets d'adaptation de Bambi, Alice au Pays des Merveilles et Peter Pan. Dessinateur virtuose à l'imagination fertile, son style graphique rappel celui de l'illustrateur anglais Arthur Rackham. Les quatre cents dessins réalisés en seulement trois mois par David Hall pour Alice au Pays des Merveilles sont filmés au banc-titre et présenté à Walt Disney en novembre 1940. Cependant, malgré l'enthousiasme de Disney, le projet est reporté en raison des restrictions budgétaires imposées aux studios durant la Seconde Guerre Mondiale. David Hall quitte Disney le 6 janvier 1940, moins d'un an après son arrivée et devient producteur associé de la société Lester Cowan. Il poursuit sa carrière comme directeur artistique pour la Twentieh Century Fox et la Metro-Goldwyn-Mayer. Il participe à de nombreux films tels Ladies in Retirement de Charles Vidor (1941), Story of G.I. Joe de William A. Wellman (1944), National Velvet de Clarence Brown (1944), Quo Vadis de Mervyn LeRoy (1951), Raintree Country d'Edward Dmytryk (1958), Ben Hur de William Wyler (1959), Solomon and Shelba de King Vidor (1959), The Four Horsemen of the Apocalypse de Vincente Minnelli (1962) et The Greatest Story Ever Told de George Stevens (1965), pour lequel il reçoit une nomination aux oscars. Au début des années 1960, il contribue à la création du parc d'attractions Freedomland, situé à New York dans le quartier du Bronx. Il est victime d'un arrêt cardiaque le 1er juillet 1964.
En 1986, la maison d'édition Methuen Children's Books lui rend hommage en publiant une sélection de ses magnifiques dessins et aquarelles pour Alice au Pays des Merveilles. Vous pouvez commander ce livre à cette adresse.
David Hall ne sera pas resté très longtemps aux studios Disney, mais aura marqué de son style trois films majeurs des studios dans les années 40-50, aux côtés de Mary Blair.
Bambi (1942)
Alice au Pays des Merveilles (1951)
Peter Pan (1953)
13 août 2007
Mary Blair
Mary Brown Robinson est née à McAlester, dans l'Oklahoma, le 21 octobre 1911. Jeune artiste très douée, elle gagne en 1931 une bourse d'étude au Chouinard Art Institute de Los Angeles. Elle décroche son diplôme deux ans plus tard, mais, ne trouvant pas de travail, retourne vivre quelque temps chez ses parents à San Jose. Elle rêve d'une carrière de peintre, cependant la conjoncture économique liée à la grande dépression est difficile. Le 3 mars 1934 elle épouse Lee Blair, rencontré au Chouinard Art Institute. Artiste de grand talent, Lee Blair est nommé à 23 ans président de la California Watercolor Society. Les époux Blair exposent ensemble leurs aquarelles dans de nombreux salons de peintures. En 1938, lorsque Lee Blair est engagé aux studios Disney comme superviseur de la couleur pour Pinocchio, Mary prend sa place au département animation des studios Metro-Goldwyn-Mayer.
En avril 1940, sur les conseils de Lee, elle rejoint l'équipe de création des studios Disney. Elle fait ses débuts sur la séquence Babby Ballet de la seconde version abandonnée de Fantasia, puis crée de nombreuses aquarelles pour le premier projet de La Belle et le Clochard, écrit par Joe Grant. En juin 1941, Mary Blair accompagne Walt Disney et quelques membres de son équipe pour un voyage d'étude de trois mois en Amérique du Sud. Admiratif du travail effectué par Mary Blair durant ce voyage, Walt Disney la nomme superviseur artistique pour Saludos Amigos (1943), puis Les Trois Caballeros (1945). Pendant la décennie suivante, elle assume le poste de directrice artistique pour les principaux projets de dessin animé. Elle abandonne sa technique de prédilection, l'aquarelle, pour la gouache. C'est sur Alice au Pays des Merveilles (1951) que son influence est la plus marquante. Elle réalise des centaines d'études préliminaires, qui servent de base aux décorateurs. Après la conception de Peter Pan (1953), elle quitte les studios Disney pour se consacrer à la peinture. En 1963, Walt Disney lui demande de revenir pour assurer la création artistique de l'attraction it's a small world, destinée à la foire internationale de New York (1964-65). Cette célèbre attraction est finalement rapatriée à Disneyland en 1966. Mary Blair continue son travail de création pour le parc de Californie et réalise des fresques murales pour l'Inner Space Building et le Circle-Vision Building de Tomorrowland.
En 1970, pour sa dernière collaboration avec Disney, elle signe la décoration de l'hôtel Contemporary Resort de Walt Disney World en Floride. Dans les dernières années de sa vie, Mary rencontra de nombreux problèmes personnels et de famille, qui étaient aggravé par l'usage trop intense de la boisson... Tout ceci contribua à la détérioration de sa santé physique et mentale et de son art... Mary est morte en 1978, à Soquel en Californie, à l'âge de 67 ans (seulement...)...
Mary reste à ce jour une des artistes de Disney les plus appréciée (bien qu'à l'époque, beaucoup d'artistes n'aimaient pas son travail et étaient jaloux de ses relations privilégiées avec Walt Disney), bien qu'aucun de ses dessins ne fut utilisé comme tel dans un film d'animation Disney.
Babby Ballet (projet pour la suite avortée de Fantasia) (1941)
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La Belle et le Clochard (concept art de 1943)
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Don Quichotte (projet abandonné)
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Saludos Amigos (1943)
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Les Trois Caballeros (1945)
Mélodie du Sud (1946)
Mélodie Cocktail (1948)
Danny le Petit Mouton Noir (1949)
Le Crapaud et le Maître d'Ecole (1949)
Cendrillon (1950)
Alice au Pays des Merveilles (1951)
The Little House (1952)
Peter Pan (1953)
"it's a small world" (1963)