Caméra multiplane
Tout le monde connait Mickey Mouse, la souris fabuleuse, imaginée par Walt Disney lui-même, et qui a conquis le monde entier. Mais ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que les studios Disney sont à l’origine de nombreuses innovations techniques qui ont révolutionné leur époque et l’univers du cinéma d’animation. Steamboat Willie sorti en 1928 fut ainsi le tout premier cartoon sonore de l'histoire du cinéma, alors que le Silly Symphonie, Des Arbres et des Fleurs sorti en 1932, fut le premier cartoon en couleurs. L'invention majeure qui suivi changea à jamais la profondeur et la qualité visuelle des productions animées du studio, j'ai nommé : la caméra multiplane.
Bill Garity, l'inventeur de la caméra multiplane - Walt Disney et son équipe autour de la caméra multiplane
La recherche d’une nouvelle technique de prise de vue a débuté aux studios de Burbank suite à un constat simple : les films d'animation manquaient de profondeur, de naturel et de réalisme. Les décors et les mouvements étaient plats et ne mettaient pas en valeur les émotions et les attitudes des personnages. Comme l’explique très bien Walt Disney lui-même dans la vidéo ci-dessous, une fois le personnage sorti de la séquence rien ne permet de simuler l’effet de profondeur et lors des mouvements de caméra tel que le zoom, l’ensemble des éléments présents dans la scène grossit sans respecter la perspective.
Dans cette vidéo, on perçoit très nettement la différence entre les films d'animation qui n’ont pas recours à la caméra multiplane et ceux qui en ont bénéficié. Il existe une véritable profondeur de champ, une sensation de trois dimensions, les paysages semblent vivants. Comme le déclare Walt Disney, « l’astuce c’est le mouvement ». Et effectivement les dessins en eux-mêmes sont similaires, ce qui évolue c’est le découpage des plans en différentes couches successives et la vitesse à laquelle chacune évolue.
C’est Bill Garity, ingénieur aux studios Disney, qui s’est penché sur ces problématiques et qui a inventé la caméra multiplane en 1933.
Auparavant, chaque étape du mouvement d’un personnage était peinte sur une feuille transparente, le celluloïd. Ces celluloïds sont placés tour à tour sur un paysage statique lui aussi peint. L’arrière plan était donc totalement plat et immobile, c’est le personnage qui crée l’effet de mouvement en étant animé étape par étape.
Illustrations accompagnant le dépôt de brevet de l'invention en 1936.
Avec la caméra multiplane, chaque couche du paysage est dessinée sur un celluloïd. Par exemple, un celluloïd pour le soleil, un pour les nuages, un pour les maisons, un pour les arbres et un pour le sol. Chacun est ensuite placé sur un banc-titre, c’est-à-dire une grande plaque de verre. Ces bancs-titres sont disposés verticalement avec tout en haut (à environ 4 mètres) une caméra pour réaliser les photographies de chaque étape de l’animation. La partie du décor la plus éloignée (ici dans notre exemple, le soleil) étant placé tout en bas. Ainsi lorsque l’on veut réaliser un mouvement on ne déplace que l’élément nécessaire. On respecte alors la profondeur et la perspective et on crée de véritables zooms, travellings et panoramiques. Un système d’éclairage permet aussi de varier les effets souhaités : moment de la journée, climat, atmosphère, etc. Une fois tous les paramètres en place, la caméra prend une photo de tous les éléments pour capturer un état de l’animation. C’est le principe du cinéma d’animation image par image encore utilisé par Tim Burton. Bien plus qu’une invention artistique, c’est une révolution en termes d’organisation, de temps et de ressources pour les studios. C’est aussi un gain de qualité car on diminue le nombre de dessins pour détailler chaque mouvement d’un personnage et donc l’impression de « sursauts ». On obtient plus de fluidité.
De nombreux films ont bénéficié de cette nouvelle technique de prise de vue : le Silly Symphony Le Vieux Moulin et Blanche-Neige et les Sept Nains en 1937, Pinocchio et Fantasia en 1940 et enfin Bambi en 1942. Le système fut amélioré en 1941 par Ub Iwerks, célèbre compère de Walt Disney. Il fera passer la machine de la position verticale trop encombrante à la position horizontale plus intégrable aux studios. Après Bambi, le système sera ensuite moins utilisé pour des raisons de coûts et de délais. Toutefois, on retrouve cette technique de plans multiples dans nos logiciels actuels de création assistée par ordinateur sous le nom de calques ainsi que dans le cinéma pour recréer des lieux de toutes pièces. Encore une preuve que les studios Disney font partis de ces génies visionnaires qui ont marqué l’histoire du cinéma.
Plan de Bambi utilisant la caméra multiplane.
Envie de voir la véritable caméra multiplane ? Voici le lien vers le musée de la famille Disney, direction la page 5 de la galerie interactive :
http://www.waltdisney.org/interactive-galleries
Un tutorial qui met en lien la technique de la caméra multiplane et les logiciels de PAO actuels :
http://www.video2brain.com/fr/videos-30703.htm
Un blog dédié à la technique de l’image par image : http://www.artuscrea.com/blog/
Dossier réalisé par Camille.
Frankenweenie
Recherches graphiques de Tim Burton :
Recherches graphiques de Tori Davis :
Recherches graphiques d'Helen Chen :
Recherches graphiques de Victor Georgiev :
storyboards de Christian de Vita :
Harald Siepermann
Harald Siepermann est un des meilleurs character designer de sa génération. Il a travaillé pour les studios Disney de manière sporadique de 1986 à 2007, principalement en tant que dessinateur indépendant. On lui doit la conception de nombreux personnages, que ce soit pour Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, Mulan, Tarzan, Kuzco, l'Empereur Mégalo, La Planète au Trésor, Frère des Ours ou bien encore Il Était une Fois. Retour sur un artiste talentueux parti bien trop tôt...
Harald Siepermann est né en 1962 à Bochum, en Allemagne. Le cinéma a toujours été une grande passion pour lui, et ce dès son plus jeune âge. Le premier film qu'il vit au cinéma fut Le Livre de la Jungle (comme un certain Andreas Deja). Étant jeune, il recopiait des personnages vus à la télévision dans les émissions pour enfants et leur inventait de nouvelles aventures. Le character design est alors déjà sa spécialité, d'ailleurs aucun de ses dessins ne comportent de décors, il aimait se concentrer uniquement sur les personnages. Après avoir obtenu son BAC, il rentre à l'école d'Art Folkwang à Essen-Werden. Il a comme professeur Hans Bacher (futur directeur artistique de Mulan). Il y fait également la rencontre d'autres passionnés comme lui par le monde de l'animation. Après avoir obtenu son diplôme en 1987, ils commencent à travailler ensemble pour des agences de publicité de Düsseldorf, Zürich et Londres, comme storyboarder. Ils a alors la chance de travailler pour Richard Williams, qui anima certaines des publicités qu'ils avait dessiné pour la télévision allemande. Peu de temps après, Richard Williams était nommé réalisateur de la partie animée de Qui Veut la Peau de Roger Rabbit. Il invita Harald à le rejoindre sur le projet en tant que character designer puis storyboarder. Il y retrouve son ancien professeur, Hans Bacher, qui le suivra sur de nombreux projets par la suite. Il travailla essentiellement sur la scène d'Eddie Valiant à Toon Town. Harald a désormais un pied dans le monde très fermé du cinéma hollywoodien et compte bien en profiter !
En 1989, Harald Siepermann crée le design des personnages de la série animée Alfred J. Kwak, inspiré du spectacle musical pour enfant Alfred Jodocus Kwak de Herman van veen. La série obtient un franc succès et est diffusé un peu partout dans le monde. Le nom d'Harald Siepermann sera toujours rattaché à ce petit canard très attachant qui le suivra durant une grande partie de sa carrière, notamment avec la création d'une BD dérivée de l'univers de la série. Il travaille sur ce projet avec son ancien professeur Hans Bacher, qui s'occupera de la création des décors et des couleurs.
Harald Siepermann déménage par la suite à Los Angeles, pour se consacrer pleinement au travail de character designer pour les Walt Disney Animation Studios. Son premier projet est la création du design de quelques personnages secondaires de Mulan (avec une nouvelle fois Hans Bacher comme collègue). Mais son gros projet reste la création du design de presque tous les personnages de Tarzan (hormis Tarzan, créé par Glen Keane). On le retrouve ensuite à la création des personnages de Kingdom of the Sun (futur Kuzco, L'Empereur Mégalo), La Planète au Trésor et Frère des Ours. Il travaillera également un peu plus tard sur les personnages de la première version de La Reine des Neiges.
En 2000, Harald Siepermann rentre en Allemagne. Afin d'expliquer la raison de ce retour, il dira ironiquement "je préfère revenir en Europe car je voudrais que mon fils sache marcher avant de savoir conduire." En réalité, il y a fort à parier que les studios Disney n'avaient plus grand chose à lui proposer. Il travaille alors pour le studio TFC Trickompany à Hamburg, tout en donnant des cours à des étudiants à l'école d'animation de la ville. Grand pédagogue, ses cours étaient très appréciés et reconnus comme une référence en la matière. Après le faste du studio hollywoodien, Harald se retrouve à travailler avec seulement quatre personnes pendant des mois. Il travaille sur le projet d'adaptation en film d'animation de la BD allemande Nick Knattertonen, projet qui tombe finalement à l'eau après huit mois de travail...
Mais Harald n'a pas dit son dernier mot concernant son travail chez Disney. On le retrouve en tant que character designer indépendant sur Il Était une Fois, sorti en 2007. Il créera le design des personnages 2D de Giselle, du prince Edward, des animaux de la forêt et du troll. Entre temps, Harald continu à donner des cours de dessin un peu partout en Allemagne, à travailler sur divers projets de productions animées et à s'occuper de son fidèle canard Alfred, devenu ambassadeur de l'UNICEF. Il est également un habitué du festival international du film d'animation d'Annecy.
Harald Siepermann disparaît le 16 février 2013, des suites d'un cancer.
Qui Veut la Peau de Roger Rabbit :
Mulan :
Tarzan :
Kuzco, l'Enpereur Mégalo :
La Planète au Trésor :
Fraidy Cat :
La Reine des Neiges (version 2003) :
Frère des Ours :
Il Était une Fois :
Cent Alantar
Cent Alantar fait parti des talentueux artistes français ayant eu la chance de travailler pour Walt Disney Feature Animation France dans les années 90 et 2000. Son talent ? Dessiner à merveille les décors de films tels qu'Hercule, Tarzan, Kuzco, l'Empereur Mégalo ou bien encore du court métrage surréaliste Destino ! Et pourtant, rien ne le prédestinait au départ à travailler pour Disney...
Cent et Roy E. Disney durant la production de Destino - Glen Keane et Cent durant la production de Tarzan
Né le 27 juin 1960 à Istambul en Turquie, Cent Alantar baigne dès son plus jeune âge dans le monde de l'art. Son père, Erdal Alantar, était artiste peintre et sa mère pianiste. Un cocktail artistique détonnant qui fera de Cent un passionné du dessin. Arrivé à Paris à l'âge de 6 mois, il y passe toute son enfance. Dès l'âge de 9 ans, le jeune Cent sait déjà qu'il voudra faire du dessin son futur métier. Mais il avait également comme rêve de construire un jour sa propre maison. Ces deux passions le mèneront plus tard à deux métiers très différents. Après des études au prestigieux lycée Henry IV, Cent Alantar débute en 1979 des études d'architecture à l'Université Paris 7 puis Paris 8, dont il ressortira diplômé en 1985. Il fait ses premiers pas dans le monde de l'architecture auprès du cabinet Claude Franck, travaillant sur divers projets aux envergures de plus en plus impressionnantes. En 1989, suite à une annonce, il a l'immense opportunité de travailler pour le roi du Maroc Hassan II, sous la houlette de Michel Pinseau, pour lequel il réalisera des bâtiments majestueux comme la villa du Prince Héritier d'Arabie Saoudite (16 000 m2 habitables !).
En 1996, Cent Alantar postule pour venir travailler au studio France Animation (à qui l'on doit entre autres les séries animées Albert, le 5ème Mousquetaire, Gadget Boy ou plus récemment Titeuf). Impressionnée par son niveau, la directrice du studio lui conseille de voir plus grand et de frapper à la porte des studios Disney de Montreuil (Walt Disney Feature Animation France). Grâce à sa formation et son parcours exemplaire, Roy Conli (directeur des studios de Montreuil à l'époque et futur producteur de Raiponce) et Bruno Gaumetou (chasseur de tête) décident de l'embaucher sur le champs ! Pour autant Cent n'est pas un grand connaisseur du monde de l'animation... Lors de son entrée au studio, Roy Coneli décide de lui faire faire un tour des départements afin de lui expliquer les différentes étapes de production d'un film Disney. Durant cette visite, ils croisent un animateur qui montre à Cent une animation de Tarzan en faisant dérouler des feuilles de dessin dans ses mains. Cent trouve ça intéressant mais ne semble pas très impressionné. Roy Coneli le regarde alors un peu surpris, il lui présente alors cet homme qui n'est autre que Glen Keane ! Par la suite les deux hommes deviendront très amis, partageant tous deux la passion de l'architecture.
Cent Alantar devant les studios d'animation de Burbank - L'équipe française de Kuzco, l'Empereur Mégalo
Normalement tous les artistes rentrés au studio doivent passer par une formation de trois à neuf mois avant d'intégrer l'équipe de production. Pour Cent il fut décidé de le faire passer en production au bout d'un mois seulement ! De par son expérience en tant qu'architecte, il fut sans trop de surprise intégré au département layout. Le layout est une étape importante de la production d'un film d'animation, c'est durant cette étape que l'on décide des différents angles de vu de chaque plans, et de leur durée. C'est également à ce moment que sont dessinés les décors définitifs, avant de passer au département décors qui s'occupera de leur mise en couleurs.
Cent Alantar débute donc son travail chez Disney en tant que layoutman sur Hercule, alors en fin de production. Il y dessina essentiellement des décors pour la scène de destruction d'Athènes par le cyclope, un comble pour un architecte! Cent passe ensuite à la production de Tarzan durant deux longues années. Il y tient un rôle bien plus important que sur Hercule, ayant été choisi par Dan St Pierre (directeur artistique sur le film) pour créer les Establishing Shots (dessins de références) de nombreuses scènes. Cent s'occupa ainsi de créer les décors de la scène du combat entre Tarzan et Sabor, la séquence de la rencontre de Jane avec les gorilles, ou bien encore la scène de la cascade d'où saute le jeune Tarzan. Durant la production du film il eut également la chance de partir cinq semaines en formation aux studios de Burbank.
Par la suite, Cent Alantar travaille sur les décors de Kuzco, l'Empereur Mégalo, mais aussi sur la création de l'introduction du film en workbook (cahier de référence pour toutes les équipes de production). Il travaille ensuite sur le court métrage One By One et durant quelques mois sur les décors d'Il Etait une Fois, avant de s'atteler à ce qui sera son plus grand projet pour Disney : le court métrage Destino. Débuté au milieu des années 40, Destino devait être le résultat d'une alliance entre Salvador Dali et Walt Disney. Le projet ne vit finalement pas le jour. Il fallut attendre 2000, et l'impulsion de Roy E. Disney, pour que le projet refasse surface. Ce dernier ne voulait pas voir les droits des dessins de Dali passer dans le domaine public, le studio ayant la propriété de ses oeuvres durant une période limitée. Cent fut choisi pour la réalisation de l'intégralité des décors du film, un travail fastidieux mais passionnant qui s'étala sur deux années. Cela reste un de ses plus beaux souvenirs au sein des studios Disney. Malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin, Walt Disney Feature Animation France ferme ses portes en 2003, laissant sur le carreau des centaines d'artistes...
Cent et Paul Brizzi à la galerie parisienne Daniel Maghen - Illustration pour le livre La Dernière Terre
Cent reprend alors son activité d'architecte, non sans une pointe de nostalgie de ces années passées au royaume de Mickey. Pour autant l'artiste garde son imaginaire à l'affut et participe à de nombreux projets artistiques, le plus récent étant sa participation à la saga de livres de Fantasy La Dernière Terre, préfacés par le grand illsutrateur John Howe (pour le tome 1) et le directeur artistique Disney Dan Cooper (pour le tome 2), pour laquelle il réalise plusieurs illustrations. Cent Alantar garde un souvenir ému de ses années chez Disney, expérience qui lui a permis d'assouvir sa passion pour le dessin architectural tout en y ajoutant cette petite pointe de magie qui font des films d'animation Disney des oeuvres uniques et inoubliables. Je vous invite à découvrir une partie de ses travaux dans la galerie de dessins ci-dessous.
Hercule :
Tarzan :
Kuzco, l'Empereur Mégalo :
Destino :
Il Était une Fois :
La Planète au Trésor
43ème long métrage des Walt Disney Animation Studios, Treasure Planet (La Planète au Trésor) est un des derniers "grands" projets 2D des studios avant la fermeture du département en 2004. Le film est une adaptation fantastique du roman de Robert Louis Stevenson, L'Île au Trésor. Les studios Disney s'étaient déjà inspiré de cette œuvre populaire pour la réalisation de leur tout premier long métrage entièrement filmé, logiquement nommé L'Île au Trésor, sorti en 1950. Mais cette fois-ci, le jeune Jim Hawkins ne s'aventure plus sur les mers de notre bonne vieille Terre mais aux quatre coins de l'univers!
Robert Louis Stevenson est né le 13 novembre 1850 à Edimbourg. De constitution fragile, le jeune Louis passe une grande partie de son enfance alité, avec pour seul distraction son imagination. Devenu adulte, il suit d'abord le parcours de son père en intégrant une école d'ingénieur. Mais il ne tarde pas à changer de voie. Il s'oriente vers le droit, qu'il abandonne aussi pour se consacrer à l'écriture. Atteint de tuberculose, Stevenson parcoura le monde toute sa vie, à la recherche d'un climat plus clément. C'est dans ses nombreux voyages qu'il puise son inspiration littéraire. En 1879, Robert Louis Stevenson est considéré comme une étoile montante au sein du milieu littéraire, mais ne vit pas encore de sa plume. C'est grâce à son roman L'Île au Trésor qu'il deviendra l'un des plus célèbres auteurs de sa génération. Le roman parut d'abord dans le magazine Young Folks du 1er octobre 1881 au 28 janvier 1882 sous forme d'épisodes signés « Captain George North ». La parution en volume intervint en 1883, après que Stevenson eut apporté de nombreuses modifications à son texte. En 1885, il remporte également un succès retentissant avec son roman Docteur Jekyll et Mister Hyde (1885), où se mêle aventure, psychologie et manichéisme. Parmi ses nombreux écrits, il publie également des poèmes (Sous-Bois, 1887) et des nouvelles (Les Nouvelles Mille et une Nuits, 1882). En 1890, toujours pour fuir les symptômes de la maladie, il s'installe aux îles Samoa, où il y passe ses dernières années. Robert Louis Stevenson disparaît le 3 décembre 1894 d'une crise d'apoplexie.
La Planète au Trésor est réalisé par John Musker et Ron Clements. Célèbre duo de réalisateurs, on leur doit quelques uns des plus beaux films du studio aux grandes oreilles des années 80-90.
Né le 8 novembre 1953 à Chicago, John Musker sait dès son plus jeune âge qu'il voudra être animateur. Au lycée il dessine pour le journal de son école, de même à l'université où il obtiendra une license d'anglais. John Musker déménage ensuite en Californie pour suivre des cours à CalArts, célèbre école d'Art où Disney forme ses futurs recrues. C'est durant un stage au sein des studios Disney que John Musker débute finalement sa carrière d'animateur, ses responsables ayant été très impressionnés par le talent du jeune homme. John passe ainsi directement de l'école aux studios, sans même avoir eu le temps d'obtenir son diplôme! Il débute en tant qu'animateur sur le court métrage The Small One et Peter et Elilott le Dragon. Il passe ensuite superviseur de l'animation sur Rox et Rouky, production durant laquelle il fait la connaissance de Ron Clements.
Né le 25 avril 1953 à Sioux City dans l'Iowa, Ron Clements commence a s'intéresser à l'animation lorsqu'il découvre Pinocchio au cinéma à l'âge de 10 ans. Adolescent il réalise ses premières séquences d'animation grâce à une caméra super 8, ce qui lui permis de gagner un peu d'argent en réalisant quelques publicités animées pour des commerçants locaux. Le jeune Ron déménage ensuite en Californie pour concrétiser son rêve : travailler pour Disney. Malheureusement le studio ne recrute pas à ce moment là. Ron se rabat alors sur un poste d'animateur chez Hanna Barbara, tout en suivant les cours du soir à CalArts. Après avoir obtenu son diplôme, Ron Clements rentre finalement aux studios Disney en tant qu'apprenti animateur, sous la houlette de Frank Thomas, qui lui apprendra les bases du métier. Il débute ainsi sa carrière en tant qu'animateur sur Les Aventures de Bernard et Bianca et Peter et Elliott le Dragon.
Après sa rencontre avec John Musker durant la production de Rox et Rouky, les deux compères deviennent scénaristes sur Taram et le Chaudron Magique avant de passer réalisateurs sur Basil, Détective Privé. C'est avec leur seconde réalisation (La Petite Sirène) que John et Ron entrent dans le cercle très fermé des réalisateurs stars de la maison. Nous les retrouvons ensuite à la réalisation d'Aladdin, autre immense succès des studios. Leur réalisation suivante, Hercule, n'aura pas le même privilège... Après La Planète au Trésor, et la fermeture annoncée du département 2D, John Musker et Ron Clements partent en retraite anticipée, ne se retrouvant plus dans ce studios en pleine restructuration. Avec l'arrivée de John Lasseter à la tête des Walt Disney Animation Studios, les deux réalisateurs font leur grand retour et dirigent le tout nouveau projet 2D des studios, La Princesse et la Grenouille. Ils travaillent en ce moment à un nouveau projet de film d'animation.
La création graphique du personnage de John Silver : un savant mélange de dessin, sculpure et animation 3D.
Le projet d'adpater l'œuvre de Robert Louis Stevenson en version fantastique remonterait à 1985. A cette époque, John Musker et Ron Clements présentèrent plusieurs projets de film d'animation à Jeffrey Katzenberg (dont un film sur une certaine sirène), alors directeur de la branche animation des studios. Ce dernier ne fut tout simplement pas intéressé. Qui plus est, les deux réalisateurs souhaitaient en faire un grand film d'aventure, avec de grands mouvements de caméra, chose pratiquement impossible à cette époque. Le projet ressortit finalement des placards après la production d'Hercule, à la fin des années 90. Entre temps la technologie avait progressé à pas de géant, pour le plus grand bonheur de nos deux réalisateurs!
Selon Roy Conli, Ron Clements a voulu créer avec La Planète au Trésor un univers bien plus chaleureux que dans plupart des films de science fiction. L'animation permettant plus d'écart que dans un film live, les couleurs de l'espace sont ici chatoyantes, le "vide spatiale" n'existe pas. De même pour les combinaisons spatiales qui auraient cassé tout le romantisme du film, Ron Clements l'a détourné en créant le concept d'Etherium, un monde où tous l'univers possèderait une atmosphère. Cela rendait les choses bien plus simples!
C'est le scénariste Rob Edward qui eut la lourde tâche de transformer le roman de Stevenson en épopée spatiale, aux côtés de John Musker et Ron Clements. L'homme a fait ses armes à la télévision, sur des séries tels que La Fête à la Maison ou Le Prince de Bel Air. La Planète au Trésor est son premier scénario pour le cinéma. On le retrouvera quelques années plus tard, aux côtés de John Musker et Ron Clements, à l'écriture du scénario de La Princesse et la Grenouille. Selon Edward, adapter le roman de Stevenson ne fut pas une mince affaire, étant donné le style très classique du récit. Il fut alors décidé dès le départ que de nombreux éléments de S.F. tels que les vaisseaux spatiaux ou plus généralement la "froideur" de l'espace seraient éclipsés. Le but étant de fusionner l'époque à laquelle se passe le roman avec un monde fantastique et futuriste. La règle des 70/30 fut mise en place : 70% d'ancien et 30% de fantastique. Cette règle sera également utilisé pour tous les éléments visuels du film. Ainsi, un bâtiment ressemblerait à première vue à une maison du XIXème siècle, mais il comporterait également des éléments plus modernes, comme une cheminée métallique.
Les peintures de N.C. Wyeth pour la version illustrée du roman L'Île au Trésor ont beaucoup inspiré les artistes Disney.
La direction artistique du film a été confié à Andy Gaskill. Andy démarre sa carrière aux studios Disney en 1974 en tant qu'animateur sur le court métrage Winnie l'Ourson et le Tigre Fou (intégré au long métrage Les Aventures de Winnie l'Ourson sorti en 1977), ainsi que sur Les Aventures de Bernard et Bianca. On le retrouve ensuite sur le film live Les Yeux de la Forêt, en tant que designer d'un alien, puis sur le storyboard de Tron. Il quitte Disney durant la période de crise et travaille sur divers projets personnels. Il y revient au début des années 90 en tant que directeur artistique sur Le Roi Lion, poste qu'il tiendra également sur Hercule et La Planète au Trésor.
En dehors de la règle des 70/30, les artistes Disney se sont beaucoup inspiré du travail de l'artiste N.C. Wyeth pour l'aspect visuel du film, notamment de ses superbes peintures pour la version illustrée de L'Île au Trésor du début du XXème siècle. Son style est décrit par les artistes du studio comme "romanesque classique". Ses oeuvres ont la particularité d'avoir les touches de pinceaux apparentes et des teintes de couleurs très chaleureuses. C'est cette chaleur et cette vie ressortant de ses peintures qui a particulièrement retenu l'attention des artistes Disney. On la retrouve dans la manière dont est diffusé la lumière tout au long du film, et la palette chaude de couleurs utilisée.
Paradoxalement à ce désir de chaleur et de vie dans l'aspect visuel du film, la grande majorité des décors ont été crée par ordinateur. Pour se faire, les techniciens sont parti du procédé Deep Canvas, crée et merveilleusement exploité pour les scènes d'action en pleine jungle de Tarzan. Ici l'outil, utilisé en collaboration avec le Virtual Set, a permis aux réalisateurs de choisir leurs différents plans grâce à des décors entièrement réalisés en image de synthèse. Ils pouvaient ainsi mouvoir leur caméra dans les décors, comme le ferait un réalisateur de film live. Cette technique fut du pain béni pour la réalisation de scènes complexes, avec de grands mouvements de caméra, ce qui était impossible à réaliser en 2D. Cependant les décors perdent peut-être par la même occasion un peu de leur charme...
En plus d'avoir une majorité des décors réalisés en 3D, La Planète au Trésor est aussi le premier film d'animation mêlant animation 2D et 3D sur un même personnage. C'est sans surprise au grand animateur Glen Keane que fut confié ce nouveau défi. Le personnage de John Silver est ainsi composé d'un bras bionique modélisé et animé par ordinateur, alors que le reste de son corps est animé à la main. Pour tester la viabilité de cette fusion, un test fut réalisé avec une animation du Capitaine Crochet dont le bras fut remplacé par un bras cyborg. Les sculptures de l'artiste Kent Melton ont également beaucoup aidé Glen Keane dans son travail.
La musique de La Planète au Trésor a été confié à Jame Newton Howard. Le compositeur en est à sa troisième collaboration avec les Walt Disney Animation Studios. Il a ainsi auparavant composé les musiques de Dinosaure et d'Atlantitde, l'Empire Perdu. On le retrouve quelques années plus tard en tant que compositeur pour le film Touchstone Pictures, Gnomeo et Juliette. Il composera également les musiques du futur film live Maleficient.
La Planète au Trésor est sorti le 27 novembre 2002 aux États-Unis. Malgré des critiques plutôt positives, le film n'eut pas le succès escompté... Avec un budget estimé à 140M$, le film n'en rapporta que 38M$ sur le sol américain et 70M$ dans le monde, même pas de quoi rembourser le budget initial! Il n'en fallait pas plus pour finir de convaincre les dirigeants des studios Disney du manque d'intérêt du public pour l'animation 2D... Une nouvelle ère était en train de se préparer, de grand chamboulements (et licenciements) allaient changer l'image du studio comme jamais. Mais ceci est une autre histoire...
Recherches graphiques :
Recherches personnages :
Recherches d'Harald Siepermann :
Storyboard de Glen Keane :
Toy Story 3
Recherches personnages de Nate Wragg :
Autres recherches graphiques :
Color scripts de Dice Tsutsumi :