Critique Cars 2
(critique rédigée en juillet 2011) Après le très réussi Toy Story 3, les studios d'animation Pixar continuent sur leur lancée des suites en nous dévoilant cette années Cars 2, suite de Cars - Quatre Roues sorti en 2006. Quatre années se sont écoulées depuis la fin du premier film, Flash McQueen est désormais une voiture de course expérimentée qui a remporté quatre Piston Cup d'affilée. Mais un nouveau défi se présente à lui, un riche entrepreneur décide, pour faire la promotion de son nouveau carburant écologique, de créer le World Grand Prix, un championnat réunissant les meilleurs coureurs du monde pour trois courses aux quatre coins du globe. FlashMcQueen part donc vers de nouvelles aventures, accompagné de ses amis de Radiator Springs, dont le loufoque Martin, qui sera bien malgré lui entraîné dans une mystérieuse affaire d'espionnage...
N'étant pas un grand fan du premier opus, je dois bien avouer que lorsque j'ai appris la mise en chantier d'une suite, je n'ai pas sauté de joie... Le premier film n'avait pas été un énorme succès (hormis aux États-Unis), et avait eu des critiques plutôt mitigées. Mais là ou Cars - Quatre Roues avait battu tout les records c'est au niveau du merchandising. Les petits garçons se sont littéralement arraché les petites voitures aux couleurs du film, et autre produits dérivés. Une franchise était née. Ni une ni deux, John Lasseter décide alors de mettre en chantier une première salve de Cars Toon, une mini série dérivée du film mettant en scène Martin dans des situations plus ou moins imaginaire. Mais la franchise ne s'arrête pas là, en 2007 ouvre au parc Walt Disney Studios une attraction aux couleurs du film, alors qu'est mis en chantier en Californie, Cars Land, une nouvelle zone du parc Disney California Adventure entièrement consacrée à l'univers de Cars qui ouvrira en juin 2012. Parallèlement à cela, Brad Lewis (co réalisateur de Cars 2), commence à travailler sur le scénario d'une suite au premier film, il sera rejoint plus tard par John Lasseter à la réalisation.
Jusque ici, seul Toy Story avait eu droit à des suites. Toy Story 2 était excellent (voir mieux que le premier pour certain) et Toy Story 3 également une belle réussite. La raison de ce succès est simple, John Lasseter avait toujours eu comme unique motivation pour mettre en route une suite à ses films d'avoir une bonne histoire à raconter. De quoi rassurer les plus réticents à une suite à Cars - Quatre Roues. Malheureusement le résultat n'est pas vraiment à la hauteur de la réputation des studios... Nous allons tenter de comprendre pourquoi.
Commençons par le gros point positif du film, sa richesse visuelle et technique. Les studios Pixar, pionniers de l'animation 3D, ont depuis toujours été largement au dessus de la concurrence d'un point de vu purement technique. Les artistes des studios ont de nouveau repoussé les limites de l'animation 3D en nous offrant avec Cars 2 un film visuellement bluffant. Techniquement, nous touchons la perfection. Les carrosseries des véhicules sont encore plus belles que dans le premier film, nous offrant une panoplie de reflets au réalisme étonnant. Il en est de même pour les décors, extrêmement nombreux, variés et riches. Les paysages s'affichent à perte de vue, les rues de Londres, Paris et Tokyo sont pleine de vie. Les textures, la lumière, les effets de poussière, les explosions (le film en comporte énormément), tout est maîtrisé à la perfection. Graphiquement, Cars 2 se veut plutôt réaliste en ce qui concerne les décors. Étrangement, seul Paris m'a semblé vraiment stylisé avec ses immeubles asymétriques et son côté très "Paris fantasmé". Mais Pixar oblige, ce sont dans les détails que nous remarquons le génie du studio. Ainsi, quasiment tout les bâtiments réalisé pour le film ont été "carisé". La Tour Eiffel est surmonté d'une antenne faites de boulons, les toits des temples japonais sont fait de pneus, Big Ben(tley) est paré d'une calandre de voiture, etc. La Pixar touch est donc bien présente! En ce qui concerne les nouveaux personnages, ils sont également très réussis. Finn McMissile, l'acolyte de Martin durant une grande partie du film est un bel hommage à la saga James Bond en reprenant le design de l'Aston Martin des premiers films du célèbre espion. Holly Schiftwell est quant à elle plus moderne, mais tout aussi jolie. Par ailleurs les personnages des différents pays reflètent parfaitement le style et la culture qui leur est propre. La reine d'Angleterre est une révision de la classique Rolls Royce, les sumos japonais sont de grosse voiture compactes japonaises, quant aux voitures italiennes, elle reprennent le style si particuliers des vieilles fiat des années 50-60.
Venons en au scénario... Sans nul doute le moins abouti de tout les films Pixar. La grosse erreur des scénaristes selon moi a été de centrer une grosse partie de l'histoire sur le personnage de Martin. Autant son humour à petite dose pouvait faire sourire dans le premier film, autant là, c'est carrément l'overdose! Non, Martin n'est pas si drôle que ça, il est lourd! Malheureusement, John Lasseter semble avoir une affection particulière pour ce personnage et a donc décidé d'en faire le personnage principal de Cars 2. Nous nous retrouvons donc devant une sorte de Cars Toon rallongé, où l'humour et l'action prennent le pas sur l'émotion. Envolé donc toute la subtilité émotionnelle et la poésie qui avaient fait les beaux jours des anciennes productions maison. Cars 2 est un film bourrin.
La grosse nouveauté de ce second volet est d'avoir transcrit le genre du film d'espionnage dans l'univers des voitures. La première scène du film en est une parfaite démonstration et aurait put augurer un bel hommage au genre. Malheureusement le soufflet retombe aussi vite, et le film retombe dans les clichés propre au genre. Le méchant du film, le docteur Z est certainement un des méchants les moins charismatiques de l'univers Pixar. D'un classicisme affligeant et totalement prévisible, il n'est pas l'hommage aux méchants de film d'espionnage que l'on aurait put s'attendre à voir. Son allure de petite voiture ringarde aurait put rendre le personnage comique, mais il n'en est rien. Il est de plus doté en VF d'un accent allemand des plus insupportables et déjà mainte fois entendu au cinéma.
Autre déception du film, cette fois-ci sonore. La voix française de Martin à changé! Michel Fortin, qui doublait Martin dans le premier film est malheureusement décédé quelques semaines seulement avant l'enregistrement du doublage... Il est ici remplacé par un acteur plus connu, Gilles Lellouche... Et autant dire que l'acteur français n'est pas vraiment à la hauteur du premier doublage! Bien moins fidèle à la voix originale de Larry the Cable Guy, Gilles Lellouche a décidemment une voix trop grave pour le personnage. Il est très rare que Disney ne choisisse pas bien ses doubleurs français, mais là c'est bien le cas!
Du côté des musiques, Michael Giacchino a fait pour ainsi dire le strict minimum. En même temps comment lui en vouloir, le film est tellement bruyant qu'au final on a à peine le temps de tendre l'oreille pour apprécier ses compositions. Pour avoir longuement écouter la bande originale au calme, je suis tout de même un peu déçu. Le compositeur avait fait des merveilles sur Les Indestructibles, Ratatouille ou bien encore Là-Haut. Je n'ai pas du tout reconnu son style sur Cars 2. Une grosse partie de la bande originale n'est en fait qu'une reprise du thème de Finn McMissile... Bref un résultat plutôt anecdotique.
Nous retrouvons également sur cette bande originale le groupe Weezer, Robbie Williams, mais aussi Bénabar! Et oui, le chanteur français a été contacté par Pixar pour composer une chanson pour le film. Le résultat est plutôt agréable et va à merveille avec les images parisiennes du film. Malheureusement seul un court extrait de quelques secondes apparaît dans le film, le version complète n'étant présente que sur la bande originale. Pour rappel, la chanteuse Camille avait déjà composé un morceau pour Ratatouille en 2007, les chanteurs français ont décidément le vent en poupe chez Pixar!
Les studios Pixar signent avec Cars 2 leur premier véritable échec artistique. Totalement dénué de charme ou de poésie, le film peine à nous émerveiller. Contrairement à ses prédécesseurs, Cars 2 n'a pas plusieurs niveaux de lecture, tout est brut de décoffrage au grand dame du public adulte qui n'y trouvera pas son compte. Pour autant le jeune public (et notamment les garçons) vont adorer... Mais les parents eux, risquent de s'ennuyer! Pour autant comment en vouloir à Pixar, qui nous a fait un parcours sans fausse note pendant plus de 25 ans, ce qui est déjà un bel exploit! En espérant juste que cela ne se reproduise plus...
Cars 2 sortira dans les salles françaises le 27 juillet en Disney Digital 3D dans les salles équipées.